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Peut on concevoir un pouvoir juste ?

Publié le 04/02/2005

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III.             Un pouvoir juste est-il réalisable ?   a.       L'altérité radicale du pouvoir et de la justice   Cependant, nous dirons qu'un pouvoir juste peut à la rigueur se concevoir, mais nullement se réaliser dans les faits. En effet, pour qu'un pouvoir soit juste, il faut qu'il ne bafoue les droits de personne. Or, l'altérité absolue des individus entraine qu'il est impossible que ce qui n'aliène jamais les droits de l'un ne soit pas une offense pour les droits des autres. En effet, je peux avoir un tempérament à ce point indépendant que la seule perspective de recevoir un ordre ou de voir mon action déterminée par une autre volonté que la mienne me soit insupportable. Par conséquent, il est impossible qu'un pouvoir abstrait soit absolument juste, en raison de la différence des individus sur lesquels il s'exerce.   b.      Un pouvoir nécessairement injuste A la suite de ce développement, nous dirons que le pouvoir est nécessairement injuste, dans la mesure où il remplace mon libre arbitre par une autorité qui oriente et détermine mon action, ce qui, même à un faible degré, ne peut apparaître que comme une insulte faite à mes droits.

 

Le verbe concevoir peut s’entendre en plusieurs sens : il renvoie à la fois à une activité de conceptualisation et de construction. Concevoir quelque chose, c’est en former une idée précise, un concept qui en donne les principaux traits sinon la définition. Mais on conçoit aussi des objets, au sens où on les fait passer d’une définition abstraite à une concrétisation matérielle.

Le pouvoir est la force exercée par un être ou une institution sur un individu ou un groupe d’individus, de sorte que ces derniers règlent leur action sur la volonté du détenteur de la force.

Quelque chose de juste, homme ou institution, est quelque chose qui agit en fonction d’une reconnaissance des droits et des mérites de chacun. Etre juste est une qualité de l’individu qui orientera ses actions dans le sens d’une reconnaissance exacte du mérite et des droits de chacun. Pressé de choisir entre son intérêt privé et l’intérêt d’autrui, entre son intérêt privé et l’intérêt général, l’homme juste ne choisira d’être utile à lui-même que s’il existe une raison moralement acceptable à ce choix. Dans le cas contraire, il servira plutôt les intérêts divergents des siens au nom du sens de la justice qui l’anime. Nous pouvons donc dire qu’un homme juste est celui qui présuppose une égalité absolue entre lui et les autres, de sorte qu’il règlera son action en fonction des normes morales.

La question qui nous est soumise pose un double problème : il s’agit en effet de se demander si l’idée d’un pouvoir juste est concevable, conceptualisable, c'est-à-dire, si elle ne comprend pas de contradiction interne. Mais, d’autre part, il s’agit de se demander si un tel pouvoir est réalisable, susceptible d’être incarné dans le monde concret, de passer de l’univers des idées à celui de la réalité.

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