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Peut on définir la religion par sa fonction sociale ?

Publié le 26/05/2009

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Peut on définir la religion par sa fonction sociale ?

La religion est encore partout présente dans le monde. On trouve ainsi une multitude de croyances religieuses et de Dieux et il existe d’innombrables formes de religion, dans le temps comme dans l’espace. Mais cela n’empêche pas le fait religieux d’être universel : il n’est pas une société où l’on ne puisse pas repérer des traces, des manifestations de la vie religieuse. Il existe deux versants du phénomène religieux : un aspect subjectif qui est le sentiment religieux et un aspect objectif à savoir les cérémonies, rites,...

 Mais qu’est-ce qui lie toutes ces croyances entre elles ? Le terme possède deux étymologies – l’une et l’autre latine - utilisées par les philosophes tout au long de la tradition. Il y a ainsi « religare « qui signifie relier et religere qui est lié à la notion de respect et qui est traduit comme le fait «  de rendre un culte «. On peut voir dans la première étymologie soit un lien entre les hommes soit le rattachement de l’homme à une transcendance de la divinité. La plupart des religions sont en effet basées sur le principe d’un être transcendant. La transcendance évoque étymologiquement le fait de « passer au-delà «, de « surpasser «. Est transcendant ce qui est d’une nature supérieure et qui est séparée de notre nature sensible. La question posée peut surprendre. Il s’agit en effet de savoir si le principe de la religion se trouve dans ses effets sur la société. On entend par « société « tout ensemble plus ou moins vaste d’individus entre lesquels existent pour une durée variable des relations organisées. Un simple agrégat fortuit d’individus réunis dans une salle de cinéma pour regarder un film ne fait pas encore une société. Pour qu’une somme d’individualités constitue une société, il faut que leur rassemblement témoigne qu’elles ont quelque chose en commun. Or, dans un premier temps, si la religion est la foi en un être ou principe transcendant et éternel, on ne peut pas comprendre en quoi elle serait rattachée à la société. Pourtant, on ne peut pas nier qu’une même religion créait entre les individus une communauté et que cela permet de créer du ciment social. Le verbe « définir « renvoie à l’essence d’une chose. Peut-on réellement dire que toute l’essence de la religion renvoie aux liens sociaux ? N’y-a-t-il pas plutôt un principe dans l’être humain même ? 

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« de joie, extase où elle s'absorbe, ravissement qu'elle subit : Dieu est là, et elle est en lui ».

Dans l'antiquité, Plotinreconnaissait un sentiment similaire à la base de la religion.

Pour lui, l'évidence religieuse était atteint dans lacontemplation et la religion s'expliquait par l'amour..

Ce sentiment existera donc toujours dans le cœur de l'homme etn'a rien à voir avec la société.

La religion a des effets sociaux et permet de lier les hommes 1.

La religion crée un lien entre les hommes.Pourtant la religion est une pratique communautaire, institutionnalisée.

Ainsi Durkheim dans sa définition de lareligion indique bien qu'elle unit "en une même communauté morale, appelé Eglise, tous ceux qui y adhèrent." Pour lesociologue, la religion est un système de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées.

Tout religion estadministration du sacré, elle repose sur une distinction du sacré et du profane.

L'étymologie de profane veut dire cequi est à l'extérieur du temple, du lieu consacré.

Le sacré appartient comme nous l'avons dit à un ordre de chosesséparé, réservé et inviolable.

De fait, la religion crée une communauté de personnes, réunie autour du sacré etséparée du reste des hommes, appelés profanes.Le philosophe Tocqueville est parti au début de la démocratie américaine étudier la structure du pays et l'avènementde l'homme démocratique.

Pour lui, l'ordre de la religion permet de lier les individus d'un pays entre eux, notammentpar la hiérarchie des classes.

Chacun a besoin de l'autre pour pouvoir vivre.

Mais dans la démocratie, les hommesdeviennent égaux et chacun peut trouver son propre bonheur sans recours aux autres.

De fait, le lien social tend àdistendre voire à se dissoudre.

C'est là un des plus grands dangers pour la démocratie pour le philosophe.

En parlantde la religion, il écrit dans De la démocratie en Amérique : « Il n'y en a point non plus qui n'impose à chacun des devoirs quelconques envers l'espèce humaine, ou en commun avec elle, et qui ne le tire ainsi, de temps à autre, dela contemplation de lui-même.

» On le voit la religion lie les hommes dans l'idée d'humanité et impose des devoirs,tels que la bienveillance qui oblige les hommes à penser aux autres.

De fait, la seule possibilité pour que ladémocratie ne voit pas une société d'hommes complètement isolés est le recours à la religion.

Il écrit à la suite :« ce qui fait bien voir de quelle importance il est que les hommes gardent leur religion en devenant égaux.

»Rousseau souligne dans Le contrat social que pour être bien constitué, un État doit posséder une religion qui soit commune à l'ensemble ou du moins au plus grand nombre des citoyens.

2.

La création d'une société semble liée à l'avènement d'une religion- La religion semble être présente dans toutes les civilisations, mêmes dans les sociétés dites primitives.

AinsiBergson affirme : "on trouve dans le passé, on trouverait même aujourd'hui des sociétés qui n'ont ni science, ni art,ni philosophie.

Mais il n'y a jamais eu de société sans religion." Ainsi, il semble que la religion soit nécessaire àl'édification d'une société.

En tant que pratique collective, elle soude le peuple autour de croyances communes.

Lareligion ne saurait se passer de rituels qui réaffirment l'appartenance du croyance à une religion.

Elle ne peut doncêtre séparée d'une organisation chargée de conserver, de promouvoir la doctrine et le credo d'une église.C'est parce que les sociétés sont normalement fondés sur une volonté de vivre en commun sous des valeurscommunes que l'oubli même de ce qui fait la spécificité de la société peut être dangereux.

Giambattista Vico, auteurde la Science nouvelle , qui pose justement une nouvelle manière d'étudier les sociétés civiles, pose les valeurs communes comme le ciment de la société.

De fait, une société qui oublierait les valeurs et la religion qui ont présidésa fondation, amènerait à un déclin rapide et une disparition même de la société.

Les sociétés se créent pour luigrâce aux sentiments religieux.

Il évoque ainsi comment les premiers hommes, encore bêtes, qu'il appelle lesbestion i, ont commencé à croire en Dieu quand ils ont vu pour la première fois la foudre.

Ils ont pris peur et ont été persuadés qu'un Dieu supérieur les menaçait.

De fait, pour la première fois, ils se sont faits sédentaires et se sontfixés avec une seule femme.

La société était née en même temps que l'idée de Dieu.

3.

La religion permet aux sociétés de garder les hommes dans leurs loisDe plus, la religion peut être considéré comme le produit de la société.Pour Marx, l'homme, c'est avant tout "le monde de l'homme", "la société".

L'essence de l'homme" dans sa réalité, estl'ensemble des rapports sociaux." Et dans cet esprit, "L'esprit religieux est lui-même un produit social." En effet, lafoi religieuse est le produit de la pauvreté effective de l'homme.

" La religion est le soupir de la créature opprimée".Aliéné économiquement, exploité socialement, l'homme se réfugie dans un monde imaginaire.

C'est pourquoi Marxcritique la religion parce que lutter contre la religion, c'est lutter contre le monde de l'exploitation des ouvriers.

Lareligion est donc un outil des puissants pour maintenir les hommes dans leurs chaînés, sans qu'ils aient le désir de serévolter.Il explique dans la critique de la philosophie d'Hegel que la « religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur ».

C'est une illusion qui « est l'opium du peuple », asservi aux puissances du capital.

Pour lui,l'avènement d'une société sans distinction de classe verra naître une société sans religion, parce que celle-cideviendra inutile.Dans une même optique, Freud montre dans L'avenir d'une illusion , que les exigences répressives entrent en conflits avec les désirs de l'homme.

L'homme est défini comme un être sanguinaire, qui désire des choses qui sont contrairesà la bonne vie en communauté.

L'individu est donc obligé en entrant en société de réfréner ses désirs et le principede plaisir trouve comme contre-parti le principe de réalité.

D'ailleurs, la morale pour Freud n'est que l'intégration desinterdits parentaux et sociaux dans l'instance appelée le sur-moi.

La religion a une fonction consolante parce qu'elleoffre la pensée d'un au-delà où tous nos désirs seront satisfaits.

De fait, la religion permet effectivement de donnerun exutoire aux passions humaines.

Sans cela, leurs pulsions qui vont à l'encontre de la société prendraient lepouvoir et la société même serait en danger.. »

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