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Peut-on distinguer de vrais et de faux besoins?

Publié le 11/06/2013

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Pour reprendre nos exemples de la voiture ou du téléphone, ils 

illustrent très bien que nos besoins sont directement les produits des 

biens ou des services offerts par l'industrie automobile ou celle des 

télécommunications. Assurément, ils ne sont pas naturels, au sens 

d'Épicure : la vie de l'individu n'est pas en jeu. Néanmoins, on peut voir 

en eux de véritables besoins, si l'on envisage les conditions modernes de 

vie et de travail. La frontière entre ce qui est naturel et ce qui est artificiel 

s'estompe, de ce point de vue-là. Demeure simplement une différence 

entre les produits banalisés et de consommation courante, et les produits 

de luxe (ceux-ci pouvant d'ailleurs se démocratiser, comme la voiture). 

Le luxe ne renvoie pas alors au caractère démesuré des désirs humains, 

mais à l'existence d'une catégorie sociale dotée d'un pouvoir de 

« monde, comme le dira plus tard Descartes (1596 -1650) (Discours de la méthode.

3 e partie). Certains désirs correspondent à de vrais besoins, d'autres à de faux besoins.

I l y a en effet d'un côté les désirs naturels, qui se bornent en fait à désirer ce qui satisfait les besoins primaires, et d'un autre côté, les désirs non naturels, qui ne se rapportent plus à aucun besoin.

Ces derniers sont démesurés ; ils ne sont pas le p roduit d'un besoin naturel, dont la satisfaction est nécessaire, mais d'une « vaine opinion ». Épicure (342 -270 av.

J. -C.) écrit ceci : « Celui qui connaît parfaitement bien les limites que la vie nous trace sait combien il est facile de se procurer ce qui supprime la douleur causée par le besoin, et rend la vie tout entière parfaite de sorte qu'il n'a plus besoin de choses dont l'acquisition exige de l'ef fort .

» (Maximes fon damentales, 21). A l'inverse, « Tous les désirs naturels qui ne provoquent pas de douleur quand ils restent insatisfaits, et qui cependant impliquent un ef fort soutenu , sont des produits de la vaine opinion...

». (Maximes fondamentales, 30). L'éthique d'Épicure juge donc des désirs humains d'après le critère du besoin, plus précisément d'après le caractère naturel ou non, nécessaire ou non, du besoin dont la chose désirée serait la satisfaction.

Les règles de vie qui nous sont recommandées reposent donc sur l'idée suivante, qui fait office de principe à toute son éthique : on peut, et m ême on doit distinguer les vrais et les faux besoins, la nature nous indiquant suffisamment quels sont les vrais, quels sont les faux.

Les vrais besoins sont en effet ceux qui entraîneraient une vive douleur, et à terme la mort, s'ils n'étaient pas satisfa its, comme le besoin de boire ou de manger. La distinction de vrais et de faux besoins n'est donc pas mineure en philosophie.

La philosophie et l'éthique d'Épicure reposent sur elle.

Cela montre aussi à quel point nous allons trop vite quand nous voyons en Épicure, et dans l'épicurisme, la recherche frénétique de la jouissance et du plaisir à tout prix.

En fait, l'éthique d'Épicure se caractérise moins par la recherche positive du plaisir que par l'effort pour éviter la souffrance.

Le plaisir véritable se d éfinit négativement comme l'absence de douleur, et ne se goûte que dans la satisfaction d'un besoin naturel et nécessaire.

Point d'apologie, chez Épicure, des plaisirs liés à la richesse et au luxe, mais ce mot qu'on lui attribue : «Je m'épanouis de plaisi r corporel en me nourrissant de pain et d'eau.

» Seul goûtera les vrais plaisirs celui qui connaît ses vrais besoins. La difficulté vient de ce que les hommes travaillent, et produisent un monde de biens destinés à la satisfaction des besoins.

Ces biens on t en. »

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