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Peut-on être citoyen du monde ?

Publié le 04/03/2004

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Car c'est d'une question de principe qu'il s'agit. Et c'est là ce qui fait tout le prix de cette thèse selon laquelle le monde progresse du mal vers le bien. Il y a, dit Kant, qui semble bien épouser cette position, dans la "nature humaine", une disposition à ce progrès. Il ne vient pas du dehors, il est interne à l'homme. Reste ouverte la question de savoir par quelle médiation la nature accomplit en l'homme, avec l'homme, un tel progrès. Appartient-il à la nature (par la médiation de l'histoire), appartient-il à l'homme (qui doit s'affranchir des déterminismes de la nature)? La question est simplement posée. D'autres textes, témoignant de la réflexion propre à Kant, y apporteront réponse. Ici, Kant se contente de poser l'opposition de la plainte et de l'opinion sur la question controversée d'un sens à donner au monde.   Les problèmes politiques sont désormais cosmopolitiques A la fin de sa vie, Emmanuel Kant rédige, sous la forme de neuf propositions, un court essai qui suggère que l'Histoire pourrait avoir un point final.

Problématique : Comment peut-on être citoyen du monde et non d'une nation déterminée ? Est-il possible de se voir comme le minuscule fragment d'un tout unique ? Mais n'est-ce pas notre raison qui nous fait citoyen du monde ? Tous les hommes ne sont-ils pas liés par une raison universelle qui implique leur participation à l'univers entier ?    

« contraire, du mal vers le mieux, sans arrêt (il est vrai d'une manière à peine sensible) et que tout aumoins on trouve une disposition à cet égard dans la nature humaine.” KANT. C'est dans "La religion dans les limites de la simple raison” (1794) qu'il entreprend la tâche de répondre à laquestion: que m'est-il permis d'espérer? On comprend dès lors que, pour réfléchir sur l'espérance, soit élucidéela question de la méchanceté radicale (ou non) de l'homme.

Si l'homme n'est pas totalement méchant, alorsune philosophie de l'espérance n'est pas vaine.

D'où l'importance de la question du mal, au niveau del'humanité posée dans ce texte. Dans quel sens le monde progresse-t-il?1) Kant expose tout d'abord la thèse de ceux qui estiment qu'aujourd'hui le monde est mauvais, alors, quejadis il a commencé par le Bien.2) Puis, sans trancher vraiment, Kant expose l'opinion de ceux qui soutiennent au contraire que le mondeprogresse du mal vers le mieux. 1) Dire que "le monde est mauvais”, ce n'est pas une thèse, mais une plainte.

Aussi, il n'a pas à exposer lesraisons de cette thèse, il se contente d'en souligner l'ancienneté.

Et de repérer, avec humour, trois niveau, deplus en plus anciens, de cette ancienneté. Ces niveaux mettent à chaque fois e scène ceux qui propagent cette plainte: d'abord les historiens, quiappartiennent à notre temps, puis les poètes qui dépeignent des âges mythiques, enfin les prêtres présentsdès le début de l'humanité.

Ce qui définit pour l'humanité des "moments” successifs.

D'abord la religion, puis lapoésie, enfin l'histoire.

Moments qui pourtant se succédant ne s'abolissent pas.

Autrement dit, il y aaujourd'hui encore, des prêtres et des poètes, et donc trois sources possibles de cette plainte sempiternelle:"le monde est mauvais”.On peut imaginer cependant, malgré le silence de Kant sur cette question, que le caractère répétitif de cetteplainte lui enlève de sa "crédibilité”, sans qu'on ait à s'interroger sur l'intérêt que les historiens, les poètes oules prêtres aient, eux-mêmes, à propager un tel point de vue.

Mais ne serait-ce pas que ce thème est surtoutcelui des prêtres: les poètes et les historiens ne faisant alors que le reprendre.

La promesse du bonheur au-delà faite par la religion, n'est-elle pas plus convaincante si le monde d'ici-bas est mauvais? Mais la plainteselon laquelle le monde est mauvais a sa place à l'intérieur d'un raisonnement qui fait appel à une doublefiction.

D'une part, une fiction sur l'avant de ce monde mauvais.

Car toute notion est "couplée” à sa notionopposée.

Celle du mal n'a de sens que par celle du bien.

La méchanceté du monde est relative, elle s'inscritdans le temps, elle s'oppose à un bien absolu, antérieur et extérieur au monde qui mérite la majuscule: le Bien.Un temps initial qui prend nom d'âge d'or, et l'on songe ici à la formulation des poètes; de Paradis, et l'onsonge ici à la formulation des prêtres.

Et si l'on peut pour ces songeries aller plus encore à l'excès, ce temps,hors du temps, est celui d'une vie extraterrestre partagée ("en commun”) avec des êtres célestes.

Kantrapporte cela, sans que le sourire de l'ironie vienne éclairer son visage; mais on le devienne pourtant moqueuret en "distance”.

Ce n'est pas de sa croyance qu'il s'agit.

Il se contente de rapporter une croyance: "Pour euxtous...”. D'autre part, une fiction sur l'après de ce monde mauvais.

D'où l'idée de fin du monde, sans qu'o soitpourtant, le moins du monde, éclairé sur le déroulement, le conteu de cet après-monde.Mais on devine la symétrie de l'avant et de l'après.

Un Bien absolu, avant de commencer; un Mal absolu, aprèsle temps de l'histoire.

Quelque chose de figé, avat et après.

Et puis, au contraire, un temps de l'histoire quiprend son temps pour s'enclencher, puis qui, peu à peu, prend sa vitesse, s'accélère, et dans les dernierstemps s'affole, comme si tout se détraquait.La plainte selon laquelle le monde est mauvais est vieille comme le monde, notait Kant au début du texte.

Il enest de même du maintenant qui ponctue une telle plainte: "maintenant [...] nous vivons aux derniers temps”.Si ce "maintenant”, aussi, "est aussi vieux que l'histoire”, il ne vaut rie, il ne renvoie qu'à une actualitémythique qui n'est inscrite dans aucune histoire réelle, en train de se faire.Ce "maintenant” est une simple parole, qui ne témoigne de rien, d'aucune expérience, d'aucune réflexion.Parole vide, qui vide de toute valeur la plainte perpétuelle, qui disqualifie tous ceux qui se plaignent.

Eux tous,magiciens terrifiants, faisaient disparaître le bonheur initial "comme un songe”.

En réalité, ce sont leursextravagances, aussi bien sur le Bien du départ, que sur la fin ultime de l'arrivée, et même sur ce "mauvais”qui va s'accélérant, qui ne sont que songeries.

Qui n'est pas loin de rimer avec fourberies.Aussi, ne nous effrayons pas de ce ton d'apocalypse que prend leur discours: la chute va s'accélérant, ledernier jour qui s'annonce.

Un peu de bon sens, et nous comprenons que, depuis le temps où tout cela estannoncé ("ce maintenant est aussi vieux que l'histoire”), il y a longtemps que tout cela aurait dû avoir lieu.

Etque cela n'aura jamais lieu, dans la mesure où cela aurait dû toujours avoir lieu.

Manière indirecte dediscréditer et la plainte et son contenu. 2) A l'opposé, Kant expose l'opinion selon laquelle "le monde progresse du mal vers le mieux”. Ce ne saurait être une plainte, mais ce n'est pas, à l'inverse, un cri de joie, davantage une opinion qui,constituée par quelques-uns qui ont pour vocation la réflexion, prend la forme d'une thèse.La symétrie avec le premier paragraphe n'est qu'apparente.

Car le premier discrédité, impliquerait que lesecond le soit aussi...

En lisant le texte au plus près, d'un côté la plainte est "aussi ancienne que...”, de. »

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