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Peut-on forcer quelqu'un à être libre?

Publié le 01/10/2012

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Peut-on forcer quelqu'un à être libre? Introduction Être libre paraît constituer un projet si constant chez l'être humain qu'on imagine mal un individu refuser de l'être. D'où l'aspect paradoxal du sujet, qui implique, non seulement que l'on puisse révéler à quelqu'un qui l'ignorait sa propre liberté, mais plus radicalement que l'on dispose d'un « pouvoir « qui l'oblige à être libre. I. Absence ou refus de la liberté — L'homme sans liberté est, au sens le plus général, esclave. Le forcer à être libre, c'est, dans ce cas, simplement lui restituer sa liberté, lui rendre un « bien « dont il n'aurait pas dû être privé. D'où, éventuellement, sa panique, s'il est vrai que les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir (Rousseau): la liberté paraît signifier une obligation à choisir et à décider, à laquelle on n'était pas préparé (cf les anecdotes peu désintéressées sur les esclaves du Sud des États-Unis qui, une fois affranchis, ne savaient quoi faire et r...

« dire à supporter sa propre liberté pour endosser l'apparence sociale ou les décisions d'un autre.

On le force à être libre (à le redevenir) en n'entrant pas dans son jeu, en décevant sa demande.

III.

Compréhension de la liberté - Indépendamment des cas où l'individu fuit ses responsabilités, il y a ceux où il est libre sans le savoir vraiment, par suite d'une compréhension insuffisante de sa conduite: • ainsi, l'interprétation kantienne de la moralité, qui insiste sur une autonomie fondée dans chaque sujet sur l'existence d'un principe méta­ physique de liberté, empêche de s'abriter derrière les diverses formes de conformisme (moral ou religieux); • de la même façon, le refus, également kantien, de tenir compte des circonstances extérieures dans la détermination de la conduite, amène le sujet à comprendre que toute décision lui appartient en propre parce qu'elle renvoie à sa raison comme cause unique.

Dans cette optique, c'est par un travail idéologique ou intellectuel que l'on peut amener un sujet à se reconnaître comme possédant une liberté à laquelle il ne croyait guère: • y compris dans des situations qui, en apparence, y sont peu favorables; cf Sartre: les Français n'ont jamais été aussi libres que sous l'occupation allemande.

Ainsi, forcer quelqu'un à être libre, c'est l'amener à découvrir en lui les ressources nécessaires à une détermination autonome de sa conduite.

C'est-à-dire lui montrer qu'il accordait trop d'importance à l'extériorité, et méconnaissait ainsi la réalité de sa propre liberté.

- Si la liberté n'était pas en effet déjà présente dans un sujet qui l'ignorait, le forcer à être libre serait en fait l'aliéner ou l'enfermer dans une contradiction (cf le «double bi nd» de Bateson) dans la mesure où on lui imposerait comme sienne une qualité qui lui resterait extérieure: • paradigme philosophique: c'est parce que le prisonnier de la caverne platonicienne a en lui une capacité latente de découvrir la source de la lumière qu'on peut le forcer à quitter la caverne (même s'il y résiste d'abord).

Dans un tel parcours, il s'agit bien de le libérer des apparences, mais ce n'est possible que dans la mesure où il s'en faisait lui-même l'esclave.

Conclusion C'est parce que la liberté est exigeante et ne s'accomplit qu'à travers des tâ~hes qui paraissent éventuellement trop lourdes que l'on peut être tenté de se défaire de ses responsabilités en trouvant refuge dans le conformisme ou en se laissant guider par le cours des choses extérieures.

Mais se trouver ramené au sens de ses propres possibilités et responsabilités n'est pas, au sens strict, être forcé à être libre: c'est, plus radicalement, reprendre sa dignité d'être humain en redécouvrant en soi la capacité de légiférer pour toute l'humanité.. »

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