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Peut-on se reconnaitre soi même ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Cette relation dialectique implicite subsumant le " on " (adresse anonyme de l'énoncé) en l'ipséité, comme condition de la réflexivité de l'identité, procède de mouvements selon deux dimensions distinctes : la spatialité et la temporalité. La spatialité est la scène de l'ex-stase sur laquelle le soi s'extrait de lui-même en l'autre anonyme pour se reconnaître (de l'extérieur). Se saisissant comme le même de soi depuis l'ailleurs (de soi), le soi peut penser l'extension de la relation de mêmeté à l'autre par analogie, et transférer au " on " le pouvoir de réflexivité. Dans sa dimension temporelle, la relation d'altérité consiste en un acte de pro-jection vers l'autre (l'analogie) dans une distance dont le soi pensant le " on " suppose la réductibilité, voire l'extinction comme effacement de la différence du soi à l'autre permettant la pensée du " on " (dans son identité réflexive). L'ipséité, dont procède l'anonymat du sujet de l'énoncé, exprime ainsi à son principe une relation réfléchie à l'identité que l'on reconnaît. Dire le même du soi exige toujours déjà la possibilité de sa reconnaissance (réflexive).   II. Temporalité à venir   La temporalité du mouvement de la pro-jection est celle de l'avenir en tant qu'elle est geste au devant vers l'autre dont le soi voudrait abolir la différence pour que le " on " soit comme pure réflexivité indistincte (en tant que possibilité de réflexion) du soi. Le " re-connaître " est ce mouvement-geste qui tend à abolir au futur la distance de la séparation intervenue avec l'ex-stase pour réunir dans la sphéricité close de l'identité à soi l'autre et le même. En conséquence, comment penser le pouvoir (jeu de force) mis en oeuvre par l'acte de ou du " reconnaître " ?

L’intitulé articule trois notions pouvant servir de matrice à la réflexion : l’identité (la subjectivité réflexive du “ soi-même ”) – la temporalité (le re- de “ reconnaître ”) – le pouvoir (la mise en jeu de la (re)connaissance comme possibilité dans le “ peut-on ”). Le “ on ” figure la concrétion de ces trois dimensions en ce qu’il est, comme sujet de l’énoncé, transversal à la triple réflexivité du “ se ”, du “ re- ” et du “ -même ”.

Le problème posé par ce sujet peut consister en la légitimité de l’association-identification du “ on ” comme “ soi-même ” dans une relation cognitive, c’est-à-dire dans la relation réflexive à soi comme même. Relation cognitive dans laquelle le savoir met en jeu un certain pouvoir en tant qu’il est la mise en œuvre d’une rationalité critique et exclusive, autrement dit d’un pouvoir de distinction (krinein) permettant la reconnaissance et le rejet du non-même.

Trois enjeux peuvent alors structurer la trame du développement : le rapport du “ on ” au soi proposant le thème de l’altérité ; la temporalité comme lieu de la répétition du déjà de la reconnaissance ; la structure de la réflexivité plurielle comme espace de manifestation du pouvoir de la rationalité.

« III.

Structure du " pouvoir "Le futur de la projection s'inscrit dans la temporalité de l'à venir comme lieu de la possibilité de la répétition du déjà.Et le déjà de la répétition est dans la reconnaissance le maintenant d'une réflexivité par le futur (pro-jection).

Lastructure double de la réflexivité (l'espace de l'ex-stase et le temps dans ses trois dimensions) trouve sonfondement dans le principe transcendantal (le soi du " soi-même ") comme point nodal (la duplicité réflexive s'yconjoint) de son pouvoir (il est le peut du " peut-on ").Le " se " du " se reconnaître " manifeste la concrétion de ce principe.

Quelle est la teneur de ce maintenant de lareconnaissance condensée dans le " se " réflexif de l'infinitif qui ne fait qu'accentuer l'intensité de l'identité déjàconvoquée dans le " même " du " soi-même " [Ricœur, op.

cit.] ? Voilà constitué le problème de l'objet de la saisie du " se " dans la reconnaissance et l'identité.Ce problème résume le paradoxe d'un énoncé en apparence tautologique : il s'agit de reconnaître (autrement dit depenser l'identité au même) la possibilité du même – la réflexivité du " se " consistant en le soi du " même ".

Ceciexprime une tension aux limites mêmes de la pensée qui, de cette confrontation, ne peut que confesserl'impuissance à justifier le fondement (auto-institué) puisque ce qui est à reconnaître comme fondement (de lapossibilité) de la reconnaissance est lui-même hors du monde de la reconnaissance, hors de la scène de lareprésentation [Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus , 5.6sq].

Le mouvement duplice de la réflexivité (temps et espace) implose avec le surajout de " se ", fragmentant ainsi la possibilité de saisir le soi comme soi-même dansla réflexivité d'une reconnaissance.

Seuls s'atteignent dès lors les mouvements de différence ou différance enlesquels se dissout le soi du " soi-même " lorsqu'il tend à son principe antérieur à sa rationalisation dans le même : laphilosophie se pense ici " dans la terreur avouée d'être fou " [Derrida, L'écriture et la différence , " Cogito et histoire de la folie].

ConclusionLe problème de l'énoncé a consisté en la diffraction temporelle et spatiale de la possibilité de la réflexivité à partir del'accouplement conflictuel du " on " au " soi-même " – résumant simplement le problème de l'identité du locuteur dela question.

La résolution de la tension entre le " on " et " soi-même " manifeste l'opérateur de discriminationrationnel qu'est l'acte de réflexivité (résorption de la différence et exclusion du non-rationnel ou condamnation ausilence du hors-scène de la représentation) – qui n'est autre qu'un des avatars du logocentrisme dont lamétaphysique est déconstruite par Derrida.

En opposition à cette constitution mythique de la réflexivité conduisantà l'aveu de ses limites et de son impuissance peut être entreprise une enquête archéologique et historicisante de laconstitution de la réflexivité subjective en termes de complexes de pouvoirs-savoirs (Foucault, L'archéologie du sujet ).. »

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