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Pierre Séguier 1588-1672 Parmi les grands commis qui durent à la monarchie française du XVIIe siècle l'illustration de leur nom et l'éclat de leur fortune, Pierre Séguier n'apparaît pas, avec le recul du temps, comme un homme de premier plan.

Publié le 05/04/2015

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Pierre Séguier 1588-1672 Parmi les grands commis qui durent à la monarchie française du XVIIe siècle l'illustration de leur nom et l'éclat de leur fortune, Pierre Séguier n'apparaît pas, avec le recul du temps, comme un homme de premier plan. Aucun service public ne resta durablement marqué par son empreinte, aucune " réformation " ne fut même esquissée par cet administrateur plus prudent qu'éclairé. C'est sans doute par d'autres traits que son destin fut exemplaire. Mieux qu'aucun autre il représenta un certain milieu social et une conception très unitaire du monde que préparait toute une tradition familiale. Dans ces maisons de grands robins, dont l'ascension avait duré près d'un siècle sous l'ombre tutélaire de la monarchie et des familles princières, le service de Dieu et celui du roi se combinaient tout naturellement avec l'âpre souci de construire une fortune et de se constituer une clientèle. Quand Pierre Séguier reçut en 1633 la garde des Sceaux, sa promotion ne fut pas, pour les contemporains, choix scandaleux ou novateur. C'était moins un personnage qu'une famille dont on consacrait les services passés et présents. Cette famille ne méritait ni les panégyriques ni le dénigrement qu'une double et contradictoire légende lui fit subir dès la fin du XVIe siècle. Que les Séguier eux-mêmes -- et singulièrement le chancelier -- aient cherché à s'ancrer le plus loin possible dans le passé et dans la plus authentique noblesse, nous le savons aujourd'hui grâce à de nombreux documents. Il s'agissait pour les Séguier de Paris de se rattacher à une famille languedocienne du même nom dont la noblesse est prouvée dès le XIIe siècle. Il ne faut, à l'inverse, attacher aucun crédit à tel " pasquil " de la Ligue qualifiant le père du chancelier de " petit-fils de mercier ". Trop d'honneur ou trop d'indignité : tel était le destin qui...
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« Mais ce foyer était riche de traditions bien enracinées.

Une fidélité sans défaillance à la maison royale : les Séguier n'attendirent pas la conversion d'Henri IV pour se ranger sous sa bannière.

Une foi catholique sans ambiguïté ni irénisme.

Marie de Tudert prendra le voile en 1614 au couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques, où elle retrouvera sa belle-s œ ur Louise Séguier, mère du futur cardinal de Bérulle.

C'est dans ce milieu tout imprégné de la Réforme tridentine que grandit Pierre Séguier. Nous le voyons apparaître, au hasard d'un texte de notaire, en 1609.

Il a alors vingt et un ans et s'intitule “ Noble homme Maître Pierre Séguier, seigneur d'Autry, avocat au Parlement ”.

Trois ans plus tard, il achète à l'un de ses cousins un office de conseiller au Parlement, moyennant dix-huit mille écus que lui avancèrent sa mère et son oncle, Antoine Séguier.

Ce fut toujours grâce à la protection de cet oncle qu'il devint, en 1618, maître des requêtes de l'Hôtel.

On sait l'importance de cette fonction.

Non seulement c'était un office qui comportait des gages recherchés, mais c'était dans les rangs des maîtres des requêtes que le roi choisissait les commissaires qu'il envoyait, sous le nom d'intendants, dans ses provinces.

Dès 1621, le duc d'Éperon lui fit obtenir des commissions d'intendant de justice en Auvergne et d'intendant à son armée.

En 1624, Antoine Séguier résigna en sa faveur sa charge de président à mortier au Parlement de Paris moyennant une somme très inférieure à la valeur réelle de cet office.

Le pas décisif dans ce cursus honorum est franchi en 1633 : après la disgrâce du garde des Sceaux Châteauneuf, Pierre Séguier lui est substitué.

Moins de trois ans plus tard — en décembre 1635 — il remplaçait d'Aligre dans la plus haute charge de la Couronne : l'office inamovible de chancelier de France.

A quarante-sept ans, il accédait à la plus haute fonction de l'État. Sa fortune et sa place dans le tissu complexe des “ dignités ” que connaissait la société française avaient bénéficié du même bonheur.

Dans ces grandes familles de robe, le mariage, on le sait, était déterminant.

Le choix que fit Pierre Séguier lorsqu'il épousa, en 1614, Madeleine Fabry surprit ses contemporains.

Appartenant à une famille d'officiers de second rang, qui comptait dans son sein des procureurs et des marchands, l'épouse ne contribuait pas à rehausser le prestige des Séguier.

On comprend les sarcasmes d'un Tallemant des Réaux.

Mais les Fabry accordaient une dot de quatre-vingt mille livres et, dans les années suivantes, avancèrent des sommes qui compensaient l'inégalité des “ rangs ”.

Ce fut pourtant l'accès aux Sceaux qui marqua le véritable point de départ de sa fortune : la monarchie rétribuait de mille façons ses grands serviteurs.

Le mariage de sa fille aînée, Marie, nous permet de mesurer l'imbrication étroite des avantages matériels, du prestige social et des liens de clientèle qu'impliquaient ses fonctions.

En faveur de son gendre, le marquis de Coislin (neveu de Richelieu) Séguier acheta la charge de colonel-général des Suisses et consentit à sa fille une dot de cinq cent mille livres.

La protection de Richelieu et l'insertion dans la vieille noblesse d'épée compensaient largement ce sacrifice. Tant que vécut Richelieu, le chancelier se comporta en exécutant fidèle de la politique inspirée par le cardinal.

Il serait fastidieux de le suivre, année par année, dans ses tâches d'administrateur et de haut justicier.

Signalons cependant un épisode marquant : le rôle actif qu'il joua en 1639-1640 en dirigeant la répression qui s'exerça en Normandie après la révolte des Nu-Pieds.

Après la mort de Richelieu et celle de Louis XIII (1643), son rôle grandit au Conseil : bien vu de la régente — qui affectionnait fort sa s œ ur, supérieure des. »

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