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Platon, La République, livre 2 : Mythe

Publié le 22/03/2015

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Il faut encore éviter absolument, repris-je, de dire que les dieux aux dieux font la guerre, se tendent des pièges, se combattent en eux [...] qu'on raconte l'histoire d'Héra enchaînée par son fils, d'Héphaïstos précipité du ciel par son père pour avoir défendu sa mère que celui-ci frappait, et les combats qu'Homère imagina, voilà ce que nous n'admettrons pas dans la cité, que ces fictions soient allégoriques ou non [...]. Il faut toujours représenter Dieu tel qu'il est, qu'on le mette en scène dans l'épopée, la poésie lyrique ou la tragédie [...].

Or, Dieu n'est-il pas essentiellement bon et n'est-ce pas ainsi qu'il faut parler de lui ?

Dieu, puisqu'il est bon n'est pas la cause de tout [...] il n'est cause que d'une petite partie de ce qui arrive aux hommes et ne l'est pas de la plus grande, car nos biens sont beaucoup moins nombreux que nos maux et ne doivent être attribués qu'à lui seul, tandis qu'à nos maux il faut chercher une autre cause, mais non pas Dieu [...].

Si quelqu'un compose un poème, tel que celui où se trouve ces ïambes sur les malheurs de Niobé, des Pélopides, des Troyens, ou sur tout autre sujet semblable, il ne faut pas qu'il puisse dire que ces malheurs sont l'oeuvre de Dieu, ou s'il le dit, il doit en rendre raison à peu près comme maintenant [...]. Il doit dire qu'en cela Dieu n'a rien fait que de juste et de bon, et que ceux qu'il a châtiés en ont tirés profit ; mais que les hommes punis aient été malheureux, et Dieu l'auteur de leurs maux, nous ne devons pas laisser le poète libre de le dire [...].

Passons à la deuxième règle. Crois-tu que Dieu soit un magicien capable d'apparaître insidieusement sous des formes diverses, tantôt réellement présent et changeant son image en une foule de figures différentes, tantôt nous trompant et ne montrant de lui-même que des fantômes sans réalité ? N'est-ce pas plutôt un être simple, le moins capable de sortir de la forme qui lui est propre ?

Platon, La République, GF, © Flammarion, II, 378 b-380 c

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« Textes commentés 43 La réforme de la Cité est inséparable d'un effort de rationalisation del la religion dont le sens a été dévoyé par les poètes et les tragédiens.

, Attribuer en effet aux Dieux les errements de la nature humaine n'aboutit pas seulement à trahir leur essence mais à véhiculer des mythes aussi mensongers qu'absurdes et immoraux.

a) Mensongers car l'autorité d'Homère lui-même ne suffirait pas à accréditer l'image peu flatteuse de dieux haineux et querelleurs dont les crimes provoqueraient l'indignation de tout homme quand bien même ce portrait obéirait plus aux artifices de l'allégorie qu'aux exigences de la vérité.

b) Mais surtout un Dieu se caractérise par la perfection, et à ce titre, il ne saurait éprouver des passions qui manifesteraient un défaut d'être ou subir des changements d'humeur ou de formes qui introduiraient la division et l'altérité dans la simplicité de sa nature.

Parfait, un dieu ne l'est pas seulement d'un point de vue ontologique mais également d'un point de vue moral ; aussi ne saurait-il être cause du mal subi ou commis puisque le mal est ignorance qui ne témoigne pas de Dieu qui est savoir mais bien de l'homme qui est méconnaissance de ce qu'il est et de ce qu'il fait.

S'il en est ainsi, on comprendra qu'il ne faut pas donner aux poètes toute licence d'exploiter les malheurs des hommes en leur laissant supposer que Dieu tolère le mal mais bien au contraire faire appel à leur raison en leur montrant que si Dieu est justice, il attribue à chacun ce qui lui revient, le bien à ceux qui l'ont mérité, et le mal à ceux qui devront 1 moins s'en désoler qu'y trouver l'épreuve salutaire propre à les conduire vers le bien.

c) Or cette conversion serait impossible si les poètes persistaient à faire des dieux des modèles d'immoralité.

Éduquer les hommes c'est les élever, c'est-à-dire leur apprendre à renoncer aux séductions du sensible pour réaliser le meilleur d'eux-mêmes qui participe de la divinité, mais ce programme serait voué à l'échec si le modèle qui leur est présenté freine plutôt qu'il encourage leur élan vers le bien.

Dès lors, non seulement l'éducation devra consister à donner de Dieu l'image la plus fidèle possible mais elle devra aussi s'attacher à détruire toutes les représentations anthropomorphiques qui en trahissent la transcendance et la perfection.. »

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