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pondre à une des sensations, quand on veut combler l'âme de celui qui s'informe, pour lui donner satisfaction.

Publié le 22/10/2012

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pondre à une des sensations, quand on veut combler l'âme de celui qui s'informe, pour lui donner satisfaction. Voilà pourquoi il faut s'exercer d'être capable de rendre et d'entendre raison de chaque chose ; car c'est seulement dans la raison et pas autrement que se montrent clairement les réalités plus hautes et les plus belles, et c'est elles que vise tout notre présent propos. Or, en tout domaine, il est plus facile de s'exercer sur les sujets mineurs que sur les sujets majeurs. Politique, 284e-286b 12. LA DIALECTIQUE, MESURE DES INTERMÉDIAIRES ENTRE L'UN ET L'INFINI [SOCRATE-PROTARQUE] — S. Il n'y a et il ne saurait y avoir de plus belle route que celle dont je n'ai jamais cessé d'être épris, encore qu'elle m'ait souvent échappé et laissé seul dans l'embarras. — P. Quelle est-elle ? dis seulement. — S. Il est très aisé de l'indiquer, mais bien difficile de la suivre ; car tout ce que l'art a jamais inventé, c'est par cette voie qu'il l'a mis à jour. Suis-moi bien. — P. Dis seulement. — S. De toute évidence, à mes yeux du moins, ce sont les dieux qui en ont fait don aux hommes, à qui il fut lancé du ciel par quelque Prométhée en même temps que le feu le plus lumineux, et ce sont les Anciens, plus forts que nous et vivant plus près des dieux, qui nous ont transmis cette révélation : tout ce qu'on peut dire exister se compose d'un et de multiple et comporte en soi par nature limite et illimitation. De choses ainsi constituées il faut toujours que nous cherchions la Forme unique, en l'admettant à chaque fois pour toute chose, car nous l'y trouvons présente ; après cette Forme unique, si nous l'appréhendons, il faut en discerner deux, si elles y sont ; sinon, trois ou quelque autre nombre ; puis traiter à son tour chacune de ces unités de la même façon, jusqu'à ce que l'on voit non seulement que cette unité primitive est une et multiple et infinie, mais également combien d'unités elle contient ; mais se garder d'appliquer la Forme de l'infini à la multiplicité, avant d'avoir déterminé le nombre total de cette infinité, intermédiaire entre l'infinité et l'unité, et alors seulement laisser chacune des unités de ces « touts « se perdre dans l'infini. Voilà comment les dieux, comme je l'ai dit, nous ont permis de chercher, d'apprendre et de nous instruire les uns les autres. Or les doctes d'aujourd'hui font l'un à l'aveuglette et le multiple plus vite ou plus lentement qu'il ne faudrait : passant immédiatement de l'un à l'infini, ils négligent les intermédiaires alors que c'est ce qui distingue, dans les discussions que nous avons entre nous, la manière dialectique de la manière éristique. — P. Dans ce que tu viens de dire, Socrate, il y a des choses que je crois comprendre, d'autres sur lesquelles j'ai encore besoin d'éclaircissements. — S. Ce que je veux dire, Protarque, apparaît clairement dans les caractères de l'écriture ; saisis-le sur les lettres qu'on t'enseigna dans ton enfance. — P. Comment cela ? — S. Le son qui est émis par la bouche est unique, mais d'un autre côté, articulé par chacun et par tous, il est infiniment multiple. — P. Assurément. — S. Mais ni l'une ni l'autre de ces deux choses ne suffit encore à nous rendre savants : savoir qu'il est infini et savoir qu'il est un. Mais savoir combien il y a de sons vocaux et quels ils sont, voilà ce qui nous met à même de savoir lire. — P. C'est très vrai. — S. Et c'est bien la même chose qui fait que chacun de nous sait la musique. — P. Comment ? — S. En musique éga 1 ement, le son est un. — P. Assurément. — S. Mais en tant qu'il est grave et aigu, il faut admettre qu'il est deux, et même trois en tenant compte de ce qu'il résonne avec une force égale, n'est-ce pas ? — P. Oui. — S. Si tu ne savais que cela, tu ne serais pas encore pour autant savant en musique, et pourtant tu y serais nul, si je puis dire, si tu ne le savais pas. — P. En effet. — S. Mais quand tu sauras le nombre exact d'intervalles qu'il y a dans le son, grave et aigu, quels ils sont, quelles sont leurs limites et quelles combinaisons en résultent — c'est ce que nos devanciers ont reconnu et qu'il nous ont transmis sous le nom d'accords, ainsi que d'autres propriétés de ce genre qui s'attachent aux mouvements du corps, qu'il faut mesurer par des nombres et appeler : rythmes et mesures, disent-ils, sans perdre de vue que c'est ainsi qu'il convient de procéder à l'examen de toute unité et de toute multiplicité — quand tu auras saisi cela, dis-je, alors tu seras devenu savant, et quand tu auras traité de cette manière une unité dans un domaine quelconque, alors tu en auras l'intelligence ; c'est la multiplicité infinie des individus et la multiplicité infinie que contient chacun des individus qui à chaque fois t'exclura de cette intelligence et fait que tu ne comptes pas, du fait qu'en aucun cas tu n'as regardé au nombre... Ainsi, de même, avons-nous dit, que lorsque nous prenons une unité quelconque, ce n'est pas sur la nature de l'infini qu'il faut aussitôt porter le regard, mais bien sur un nombre déterminé, de même, à l'inverse, quand il nous faut commencer par l'infini, il ne faut pas se précipiter sur l'un, mais déterminer un nombre, dont chacun a une quantité déterminée, et n'atteindre finalement l'un qu'à partir de toutes ces quantités. Revenons aux lettres pour comprendre ce que nous venons de dire. — P. Comment ? — S. Dès qu'il eut conçu la multiplicité infinie de la voix, le dieu ou l'homme divin (Teuth est cité par la tradition en Égypte) fut le premier à se rendre compte que, dans cette infinité, les voyelles constituent non pas une unité, mais une multiplicité ; puis que d'autres émissions participent non du son, mais du bruit, et qu'elles forment également un nombre déterminé ; enfin, il en distingue une troisième espèce que nous appelons aujourd'hui les muettes ; après quoi il divisa une à une la classe de celles qui n'ont ni bruit ni son, puis de la même façon les voyelles et les intermédiaires, enfin il détermina

« l.A CONCEPTION DU SAVOIR 249 son tour chacune de ces unités de la même façon, jusqu'à ce que l'on voit non seulement que cette unité primitive est une et multiple et infinie, mais également combien d'unités elle contient; mais se garder d'appliquer la Forme de l'infini à la multiplicité, avant d'avoir déterminé le nombre total de cette infinité, intermédiaire entre l'infinité et l'unité, et alors seule­ ment laisser chacune des unités de ces > se perdre dans l'infini.

Voilà comment les dieux, comme je l'ai dit, nous ont permis de chercher, d'apprendre et de nous instruire les uns les autres.

Or les doctes d'aujourd'hui font l'un à l'aveuglette et le multiple plus vite ou plus lentement qu'il ne faudrait : passant immédiatement de l'un à l'infini, ils négligent les intermédiaires alors que c'est ce qui distingue, dans les discussions que nous avons entre nous, la manière dialectique de la manière éristique.- P.

Dans ce que tu viens de dire, Socrate, il y a des choses que je crois comprendre, d'autres sur lesquelles j'ai encore besoin d'éclaircissements.

-S.

Ce que je veux dire, Protarque, apparaît clai­ rement dans les caractères de l'écriture; saisis-le sur les lettres qu'on t'enseigna dans ton enfance.

-P.

Comment cela? - S.

Le son qui est émis par la bouche est unique, mais d'un autre côté, articulé par chacun et par tous, il est infiniment multiple.

-P.

Assurément.- S.

Mais ni l'une ni l'autre de ces deux choses ne suffit encore à nous rendre savants : savoir qu'il est infini et savoir qu'il est un.

Mais savoir com­ bien il y a de sons vocaux et quels ils sont, voilà ce qui nous met à même de savoir lire.

-P.

C'est très vrai.

-S.

Et c'est bien la même chose qui fait que chacun de nous sait la musique.

-P.

Comment? -S.

En musique également, le son est un.- P.

Assurément.

- S.

Mais en tant qu'il est grave et aigu, il faut admettre qu'il est deux, et même trois en tenant compte de ce qu'il résonne avec une force égale, n'est-ce pas?- P.

Oui.- S.

Si tu ne savais que cela, tu ne serais pas encore pour autant savant en musique, et pourtant tu y serais nul, si je puis dire, si. »

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