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Pourquoi les poètes ?

Publié le 01/06/2005

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La question « pourquoi « peut s’entendre de deux manières : lorsque je demande « pourquoi «, je demande quelle est la cause de quelque chose, qu’elle est la raison du fait qu’elle se soit produit. Mais je peux interroger également le but de cette chose, sa fin, l’objet vers quoi elle tend : je demande par exemple « Pourquoi as-tu fait ça ? « lorsque je désire connaître non ce qui a poussé mon interlocuteur à agir, mais ce qu’il a voulu obtenir. Il ya donc un « pourquoi « causal et un « pourquoi « final.

Un poète est l’individu qui pratique cette forme d’expression singulière qui a pour nom « poésie «. Par « poésie «, nous entendons une forme littéraire qui se distingue de la prose par une exigence touchant a la forme du discours, celle-ci obéissant a des lois précises, formant des unités particulières que l’on nomme « vers «. Plus largement, la poésie est un usage particulier du langage qui consiste a rompre avec l’utilisation commune, et pourquoi pas triviale de la langue, de sorte a créer une expression qui mérite a bon droit le nom de « sacre « au sens étymologique du terme, a savoir de « coupé «, de « séparé «. La poésie est donc plus qu’un simple usage de la langue qui se singularise par rapport a l’usage habituel des locuteurs dans les conversations de tous les jours : elle est bien une langue dans la langue elle-même.

Ainsi, lorsque nous posons la question « Pourquoi les poètes ? « nous portons une interrogation qui porte à la fois sur la cause de leur existence et la justification de leur activité. Ces deux modes d’interrogation sont parfaitement justifiés, dans la mesure où bien souvent les poètes ont été considérés dans leur être comme inutiles, parasitaires ; et leur activité dénuée de fondements et d’utilité. Nous commencerons donc par voir dans quelle mesure l’être et l’activité du poète peuvent être considérés comme parfaitement contingents, avant de nous efforcer de justifier l’un et l’autre. Enfin, c’est la justesse de l’expression « Pourquoi les poètes ? « que nous mettrons en doute, puisqu’il semble bien que ni l’être ni l’activité du poète ne sont véritablement justiciables d’une question sur le mode du Pourquoi, dans la mesure où la fonction du poète s’impose à l’homme qui la reçoit et où son activité se fait sur le mode d’une nécessité vitale.

La question au centre de notre travail sera donc de considérer dans quelle mesure la cause et le but de la fonction poétique peuvent être justifiés.

« nous, nous peindra un cordonnier, un menuisier, les autres artisans, alors qu'il ne connaît rien à leur art.Cependant, pour peu qu'il soit bon peintre, s'il peignait un menuisier et le leur montrait de loin, il pourraittromper au moins les enfants et les fous, en leur faisant croire que c'est véritablement un menuisier ».

La République, Livre X, 598b. De ceci nous pouvons tirer que le poète, au même titre que tous les autres artistes, manie une activité qui sedéfinit effectivement comme une imitation du réel, c'est-à-dire comme une activité qui s'efforce de produire uneimage des choses existantes aussi fidele que possible.

Mais il faut bien voir que cette entreprise est nécessairementvouée a l'imperfection, dans la mesure où les artefacts produits sont toujours éloignes de plusieurs degrés de lavérité, et irrémédiablement voues a l'imperfection.

Nous dirons donc qu'à la question « Pourquoi des poètes ? » nouspouvons répondre « il n'y a nulle raison à leur existence ou à leur activité » puisqu'ils ne produisent que desmensonges néfastes aux autres hommes. II.

Les poètes : des travailleurs de la langue à l'intervention indispensable dans le monde des hommes a.

La poésie est le moyen privilégié d'exprimer ses sentiments en raison de la richesse de ses moyens phoniques et sémantiques Cependant, nous ne pouvons en rester à une thèse aussi critique pour les poètes.

En effet, il faut bien voir que lapoésie est le seul moyen d'exprimer nos sentiments, en raison des moyens sémantiques et phoniques qui sont lessiens.

Car la poésie est un usage singulier du langage qui exploite autant que possible ses ressources propres afind'exprimer de manière optimale les sentiments qui habitent l'auteur du poème, lequel utilise le plus souvent, et demanière significative, le pronom personnel « je ».

Prenons l'exemple de ce poème fameux de Paul Verlaine, tire durecueil Romances sans paroles : « Il pleure dans mon cœurComme il pleut sur la ville,Quelle est cette langueurQui pénètre mon cœur? O bruit doux de la pluiePar terre et sur les toits!Pour un cœur qui s'ennuieO le chant de la pluie! Il pleure sans raisonDans ce cœur qui s'écœure.Quoi! Nulle trahison?Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peineDe ne savoir pourquoi,Sans amour et sans haine,Mon cœur a tant de peine! » Ce texte peut passer à juste titre pour un exemple éloquent de notre thèse.

En effet, la poésie est bien le seulmoyen d'exprimer ses sentiments, dans la mesure ou elle seule sait user des ressources phoniques de la langue pourtraduire ces derniers, comme le fait Verlaine en modulant de manière mélancolique et quasi hypnotique le son « eu »tout au long de ce poème splendide.

Nous dirons donc que les poètes sont indispensables, dan la mesure où leuractivité est indispensable à l'expression des sentiments que tous les hommes ont, mais qu'ils ne sont pas touscapables d'extérioriser adéquatement.

b.

Les poètes sont indispensables car ils occupent une véritable fonction sociale Allant plus loin, nous pouvons dire que c'est pour une autre raison que les poètes sont indispensables, et qu'il n'y apas véritablement lieu de poser à leur activité la question « Pourquoi ? ».

C'est bien la thèse de Victor Hugo quivoyait dans le poète une figure sociale indispensable, oraculaire, permettant de tracer aux hommes la voie qu'ilsallaient suivre dans les temps à venir.

Il faut bien voir que dans l'ensemble de son œuvre, Hugo était familier d'une entreprise qui consistait à définir la fonction du poète (c'est d'ailleurs le titre de l'une de ses œuvres poétiques) et ale valoriser comme une figure nécessaire a l'humanité.

Dans le recueil de La légende des siècles , Hugo écrit l'œuvre. »

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