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Pourquoi penser par soi-même?

Publié le 08/04/2005

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Une autonomie qui se déploie néanmoins dans le monde revient à une absence de contrainte qui entraverait l'autonomie : en d'autres termes cette autonomie s'appelle liberté. II - Y a-t-il des raisons de vouloir penser librement ?   Nous avons redéfini l'autonomie de la pensée en terme de liberté. Il faut maintenant trouver un motif valable pour préférer cette pensée libre à d'autres. Ici surgit un nouveau problème : le vouloir à un motif qui le détermine à se porter sur un objet, qui est ici la pensée libre. Or le vouloir appartient lui-même à la pensée (il en est une modalité). Comment peut-il être à la fois déterminé par un motif et relever de la pensée libre ? Ce qui est libre n'est précisément déterminé que par soi-même : il semble qu'il y ait contradiction entre l'objet et le motif du vouloir. La seule solution serait que la volonté se détermine sans motif, autrement dit, qu'elle soit autonome. C'est ce que démontre Kant :   Référence : Kant, Critique de la raison pratique (Analytique, scolie II du § 7)   « Le fait que nous venons d'indiquer est incontestable.

Analyse du sujet :

  • La forme de notre sujet est une question fermée : il s'agira d'y répondre par « oui « ou « non « en conclusion, au terme de l'argumentation qui fait l'objet du corps de la dissertation. L'argumentation est toujours la défense d'une thèse, c'est-à-dire, une prise de position par rapport à un problème qu'il s'agit de mettre au jour dans l'introduction. Pour faire surgir le problème qui sommeille dans le sujet, il convient d'analyser les termes qui composent celui-ci :
  • Nous relevons trois termes essentiels qui composent le sujet : « faut-il «, qui se rapporte à la notion de devoir, d'obligation, « vouloir «, qui se rapporte à la notion de volonté, et « penser par soi-même «. C'est sur ce troisième terme qu'il faudra d'abord concentrer notre attention.
  • « penser par soi-même « semble indiquer une autonomie de la pensée. Il faudra se demander jusqu'à quel point elle est possible.
  • La volonté s'articule toujours avec deux termes : l'objet sur lequel elle porte (nous voulons toujours quelque chose), et le motif qui fait se porter la volonté sur son objet (nous voulons quelque chose pour une raison particulière).
  • Notre sujet nous demande si il faut vouloir penser par soi-même, autrement dit, si il existe un motif qui serait en même temps un devoir qui justifierait que l'on dirige notre volonté vers l'autonomie de la pensée. Si nous trouvons un motif, il faudra alors se demander s'il peut être élevé au rang de devoir, c'est-à-dire d'un motif inconditionné, qui s'impose à nous. Un simple motif ne s'impose en effet pas directement : il entre en concurrence avec d'autres motifs qui nous invitent à diriger autrement notre volonté. Préférer tel ou tel motif résulte donc d'une délibération, alors qu'on ne délibère pas sur un devoir puisqu'il s'impose.

Problématisation :

Rappelons que la problématique est l'ensemble des problèmes qui gisent sous le sujet, hiérarchisés en vue de leur résolution dans le corps de la dissertation. Pour qu'il faille vouloir penser par soi-même, il faut déjà que ça soit possible. Le premier problème que nous devons résoudre pour pouvoir répondre à la question du sujet peut donc se formuler sous la forme de la question suivante :

  1. Dans quelle mesure peut-on penser par soi-même ?

Répondre à cette première question limitera déjà le champ de la pensée autonome. Il faudra alors trouver un motif qui nous fera vouloir penser par nous-même, puis nous demander s'il est aussi un devoir. D'où les questions :

  1. Y a-t-il des raisons de vouloir penser par soi-même ?
  2. Ces raisons, s'il y en a, sont-elles des devoirs ?

« absolument autonome, radicalement « par elle-même », et nous fournit le plus valable des motifs pour vouloir penserpar soi-même : l'assurance de notre existence. Trois objections surviennent cependant : premièrement, il suffit de pratiquer cette pensée autonome une fois pours'assurer définitivement de son existence.

Le motif ne vaut donc qu'une fois.

Deuxièmement, ce motif, en particuliers'il ne vaut qu'une fois, ne pourra pas être élevé au rang de devoir.

Troisièmement, même s'il était un motif valable,il nous enjoindrait à rester toujours enfermé en nous-même, ce qui reviendrait au plus profond solipsisme. L'autonomie de la pensée ne peut pas équivaloir à un cloisonnement de celle-ci sur elle-même : l'ouverture aumonde reste nécessaire.

Il convient donc de repenser le statut du « par soi-même » en y intégrant l'ouverture aumonde.

Une autonomie qui se déploie néanmoins dans le monde revient à une absence de contrainte qui entraveraitl'autonomie : en d'autres termes cette autonomie s'appelle liberté . II – Y a-t-il des raisons de vouloir penser librement ? Nous avons redéfini l'autonomie de la pensée en terme de liberté.

Il faut maintenant trouver un motif valable pourpréférer cette pensée libre à d'autres.

Ici surgit un nouveau problème : le vouloir à un motif qui le détermine à seporter sur un objet, qui est ici la pensée libre.

Or le vouloir appartient lui-même à la pensée (il en est une modalité).Comment peut-il être à la fois déterminé par un motif et relever de la pensée libre ? Ce qui est libre n'est précisément déterminé que par soi-même : il semble qu'il y ait contradiction entre l'objet et le motif du vouloir. La seule solution serait que la volonté se détermine sans motif, autrement dit, qu'elle soit autonome.

C'est ce quedémontre Kant : Référence : Kant, Critique de la raison pratique (Analytique, scolie II du § 7) « Le fait que nous venons d'indiquer est incontestable.

Il suffit d'analyser le jugement que les hommes portent sur laconformité de leurs actions à la loi ; et l'on trouvera toujours que, quoi que puisse objecter l'inclination, leur raisoncependant, incorruptible et contrainte par elle-même, confronte chaque fois la maxime de la volonté dans uneaction avec la volonté pure, c'est-à-dire avec elle-même en tant qu'elle se considère pratique a priori .

» Kant nous présente un fait : chaque fois que nous agissons, nous jugeons notre action.

Autrement dit, nous savonstoujours si elle est bonne ou non.

Ce jugement est la comparaison de notre action avec ce que nous commande laraison, à savoir, l'impératif catégorique formulé au § 7 du même ouvrage : « Agis de telle sorte que la maxime de tavolonté puisse en même temps toujours valoir comme principe d'une législation universelle.

» L'impératif catégoriqueauquel nous comparons toujours de fait notre action est proclamé par notre raison comme un devoir, une obligation« Agis [...] ! » L'existence de ce devoir en nous nous démontre chaque fois que nous sommes libre de déterminernotre volonté.

La volonté autonome dirige donc chaque fois librement l'action. Ce raisonnement que Kant tient sur l'action, nous tentons maintenant de le tenir sur la pensée : chaque fois quenous pensons « mal », nous savons que nous étions libre de penser autrement parce qu'il existe un devoir moral.

Parconséquent, en nous inspirant de Kant, nous pouvons dire que notre volonté peut se porter sur l'objet qu'elle désire,en particulier, sur le fait de « penser par soi-même », c'est-à-dire librement, comme l'a montré la première partie denotre investigation. Il subsiste cependant un problème : si notre pensée est libre, alors nous pouvons penser de manière immorale.

Mais,d'après ce qui vient d'être dit, dans ce cas, nous nions la liberté de notre volonté, puisque n'est libre que la volontéqui est morale.

Or, si notre volonté n'est pas libre, alors il existe un motif qui la détermine et à nouveau l'existenced'un motif déterminant de la volonté entre en contradiction avec son objet, à savoir la pensée libre. La perspective kantienne apparaît donc très restrictive puisqu'elle permet de répondre positivement à notre questiondans le seul cas d'une pensée qui serait morale.

Nous sommes à nouveau contraint d'envisager une autre hypothèseque celle de la pensée libre. III – Redéfinition de la pensée autonome Concentrons nous à nouveau sur le fait de la raison kantienne appliqué à nos pensées : nous pensons librement,moralement ou non et d'autre part, nous ne pouvons pas ne pas comparer notre pensée à une pensée morale.Autrement dit deux pensées se confrontent en nous.

Devons-nous affirmer que la première pensée (non morale) estvraiment libre ou bien ne nous « vient » elle pas plutôt sans que nous puissions décider l'objet sur lequel elle porte ?De même, concernant la seconde, ne peut-on pas penser qu'elle nous advient, parce que nous vivons dans unesociété dont l'histoire a érigé des valeurs morales qui sont les nôtres qu'on le veuille ou non ? Selon cette nouvellehypothèse, nous ne contrôlons pas les pensées : elles nous adviennent.

Est-ce à dire que penser « par soi-même »est impossible ? Non, car le jugement qui compare entre elles ces pensées qui ont même statut demeure comme nous l'avons montréavec Kant un fait.

Penser par soi-même signifie alors penser au travers de soi-même, c'est-à-dire, appliquer le filtre. »

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