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Que pensez-vous de cette formule: LE TRAVAIL, C'EST LA LIBERTE ?

Publié le 12/01/2010

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travail

On lance souvent, comme une boutade, à quelqu'un qui semble protester contre le travail qu'il a à faire : « le travail, c'est la liberté «. Les parents s'efforcent de faire comprendre à leurs enfants que, dans la vie, il est nécessaire de travailler et qu'on peut tirer une certaine puissance, même une certaine fierté de son propre effort au travail. Si l'on ajoute que c'est la seule façon de devenir libre, socialement et individuellement, la formule devient paradoxale : ce qui apparaît comme contraintes, petites obligations multiples, discipline parfois minutieuse, pourrait-il conduire à la liberté ?  On a du mal à imaginer que les esclaves, les seuls êtres voués aux plus rudes besognes dans l'antiquité, étaient les êtres les plus libres de tous. Le travail nous semble le plus souvent « forcé «, et pourrait bien chanter avec plus de séduction dans nos coeurs, le refrain du poète : « Ah ! qu'il est doux de ne rien faire... « Où donc est la liberté ? N'est-ce pas davantage dans les « doux « loisirs que dans l'effort qui nous rive à une tâche, pendant de longs moments, moments durant lesquels on songe à ce que l'on voudrait faire, un travail qui n'en serait pas un, quelque chose d'autre, qui serait peut-être pénible également, mais rassemblerait nos désirs autour de notre volonté ?

travail

« utiles à sa subsistance les matériaux naturels.

Non seulement il cueille, mais il se fait pasteur, élève les animauxutiles, sème et récolte, fabrique ses vêtements et construit sa maison.

Le travail est une relation entre l'homme etla nature, où l'homme est à la fois intermédiaire régulateur et contrôleur.

Le travail peut donc apparaître commecontrainte dans la mesure où il est conséquence de nos besoins impérieux, dans la mesure où il est relatif à lalimitation de notre individualité qui ne peut vivre qu'en puisant dans le milieu Mais l'aspect positif est le plusimportant.

Par le travail, l'homme s'affranchit de ses vieilles terreurs, il s'approprie des choses d'abord extérieures àlui, il utilise les forces naturelles à son profit, il conquiert sa propre puissance et réduit la pression des conditionsextérieures sur son être, il dispose le monde selon ses désirs et le conforme à son image.

Dans la lutte engagée parl'homme contre la nature, celui-là sort vainqueur, il s'affranchit.

De ce qui était inerte et stérile pour lui, il fait deschoses vivantes, fertiles pour la vie, plus humaines Le travail est créateur de valeur.

Cette valeur retentit sur sapropre vie, l'améliore.

Non seulement donc le travail humanise la nature, mais il humanise l'homme en le faisantaccéder à sa propre liberté, conquise sur les conditions naturelles.Cependant, le travail devient aussitôt une nouvelle exigence.

Aucune réalisation née du travail ne résiste au temps,sans un nouveau travail pour le maintenir.

Le travail s'exige lui-même et devient, en tant que résultat.

comme unenouvelle contrainte à travailler.Cependant, dès que l'homme a façonné un objet, il s'est proprement aliéné dans sa création.

On a coutume den'invoquer que dans le cas d'artistes comme Pygmalion cette aliénation du travail et du travailleur dans une oeuvre,mais c'est un phénomène général.

L'homme est le fils de ses oeuvres, en conséquence il est, dans certains cas,dominé par sa propre création.Cette aliénation est ressentie particulièrement lorsque nous envisageons la deuxième partie de la définition dutravail.

Il est transformation de la nature, avons-nous montré, mais ce processus s'accomplit dans les conditions dela vie sociale.

L'exigence du travail est à la fois soumise aux relations de la société existante à un moment donné et,également, elle fournit la structure des rapports sociaux.

Si l'on veut, la relation de l'homme et de la natures'accomplit à travers des formes sociales comme médiations, dont il faut souligner l'importance.Un premier fait est la division du travail.

Dans la vie en société, les besoins sont multiples et ils peuvent se satisfairede façon variée, nuancée, et non plus sommaire et brutale comme dans les réactions instinctives.

Le travail estréparti entre plusieurs individus qui se spécialisent et par conséquent deviennent dépendants de leurs semblables.Travailler marque ainsi un lien de réciprocité qui nous place, pour l'essentiel, dans une sorte de subordination àautrui.

Nous travaillons pour procurer à autrui ce qui nous manque et recevoir en échange ce qui nous fait défaut ànous-mêmes.

Nous avons ici tendance à apercevoir l'obligation qui nous incombe, plutôt que les biens qui nous sontfournis.On pourrait poursuivre l'analyse jusqu'à la division technique du travail, montrer comment, dans les entreprisesmécanisées, la décomposition du travail de transformation en mouvements simples successifs entraîne une solidaritédes divers individus accomplissant le travail, et par là domine la liberté individuelle par une discipline collective oùchacun fait abandon de ses propres impulsions.

Notons également que le travail, dans ces conditions, supprimetoute initiative, transforme l'ouvrier en une sorte de mécanique qui n'a plus qu'à accomplir de façon fastidieuse etpénible les mêmes gestes, les mêmes opérations stéréotypées.

selon des cadences accélérées.

La notion demachinisme technique prend place au sein d'une conception sociale, pour renforcer le caractère mensonger de laformule : le travail, c'est la liberté.

L'homme apparaît comme une force productive engagée dans une productionorganisée.

En régime capitaliste — celui que nous connaissons —, l'homme qui travaille reçoit pour ce travail unsalaire qui n'est pas le payement de son travail mais une rétribution qui lui permet d'entretenir sa vie et celle de safamille, une somme destinée à l'entretien de la force de travail.

La différence entre la valeur créée par le travail et lesalaire effectivement payé constitué une plus-value qui, retenue sur le travail productif, s'accumulera pour une parten capital qui, à son tour, intervient dans le processus de production en tant que moyen de production.

On trouvedonc le travail et le capital en complet antagonisme, dans la production moderne, étant donné que le profitcapitaliste est assuré par l'exploitation du travail ; le rythme du travail est augmenté, avec, comme conséquences,le caractère contraignant plus sensible, les dangers accrus, l'épuisement physique des travailleurs, dans le mêmetemps où ceux-ci reçoivent des salaires insuffisants.

C'est notre époque qui a créé la notion de minimum vital,brutale en fait et dans sa formulation même.

Dans ces conditions, le travail cesse d'être chemin de liberté, maisscandaleuse contrainte, exploitation, diminution physique et intellectuelle de l'individu.

Tout se passe comme si lastructure sociale devenait aussi pesante que les forces naturelles étaient puissantes pour l'homme préhistorique.

Sil'homme n'a plus en vue que de subvenir quotidiennement à sa subsistance, s'il est frustré de la valeur créée par sontravail, celui-ci ne devient pour lui qu'une imposition inhumaine, une contrainte, une absence profondémentressentie de toute liberté.Là encore cependant réside, comme l'a analysé Hegel, dans le travail, le fondement même de la liberté.

Dans ladialectique du maître et de l'esclave, Hegel montre comment le maître fonde sa propre liberté sur le travail de sonesclave, qui détient par son travail la liberté de son maître.

Le travail est source de liberté pour son maître, il le serapour l'esclave.

Car l'esclave n'est pas esclave parce qu'il travaille.

Il l'est parce qu'il travaille pour autrui, sous ladomination d'autrui qui le prive de sa propre liberté par le truchement d'institutions sociales.

Le maître est fortcontre l'esclave par des pouvoirs sociaux, il en a fait son sujet.

L'esclave, lui, tire sa liberté, en fin de compte, deson travail, et s'il cessait de travailler, il ferait retomber son maître dans la dépendance de ses besoins, que celui-ciserait fort embarrassé pour satisfaire.Ainsi donc, l'homme aux prises avec ses besoins, entre en conflit avec la nature pour lui prendre ses moyens desubsistance.

Nous avons vu qu'il accomplissait ainsi son propre progrès, qu'il arrachait sa propre liberté à la nature.Par ailleurs, l'homme est, dans le travail, aux prises avec des rapports de production, dont il peut surmonter lescontraintes historiques et les conditions momentanées, parce qu'en définitive, il peut résoudre le conflit qui opposele travail aux forces créées par l'aliénation, au cours du processus de production.

Ce n'est évidemment pas encessant de travailler que l'homme peut sortir vainqueur de ce conflit, mais par la suppression des structures socialesqui s'interposent de façon contradictoire entre lui et la nature, et il n'est pas impossible d'envisager un âge où la. »

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