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Quel est l'intérêt de recourir un regard extérieur pour argumenter ?

Publié le 02/04/2005

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En premier lieu, il existe un paradoxe de l'argumentation, En effet, jusqu'où cette dernière peut-elle nous mener ? Peut-on indéfiniment remonter dans l'ordre des raisons ? L'argumentation risque en effet de ne plus avoir rien de nécessaire si elle ne repose pas sur des principes qui, eux, sont indémontrables et ne relèvent pas du domaine de l'argumentation. Il y a ici un paradoxe qui met en question la prétention de l'argumentation à se croire toute puissante lorsqu'il s'agit de dire le vrai. Ce paradoxe souligne également que toute argumentation fait fond sur une foi en des principes. Or cette foi pose problème puisqu'elle rend moins évidente la distinction entre vérité et opinion ou croyance.

Quand bien même, conscient de ce problème, celui qui argumente poserait ces principes non comme des vérités certaines mais comme de simples hypothèses (postulats), il y aurait une autre difficulté. Car faire reposer l'énonciation du vrai sur de l'incertain ne revient-il pas à ruiner l'aspect nécessaire du raisonnement argumentatif ?

Notons également que le sujet ne parle pas tant d'argumentation que « d'argumenter «. En cela, il met l'accent sur le fait que toute argumentation, comme système de probation par la raison, est cependant le fait d'un discours humain donc, nécessairement fini, conditionné et exposé au risques de l'erreur, par inattention, par ignorance etc...

Ce sont ces problèmes que pose l'argumentation qui justifient un intérêt d'un regard extérieur. L'expression regard extérieur est ici assez riche. Elle suppose d'abord une extériorité à ma propre pensée, qui risque de rester dans une argumentation trop sure d'elle-même et inconsciente de ses paradoxes et de ses erreurs. Elle désigne l'activité qu'est la discussion. Cette extriorité est ainsi à prendre dans un sens critique, au sens où le terme de critique (en grec, krinein) désigne l'activité du jugement et de la mise en crise. Par le regard extérieur, qui s'exprime dans la discussion, ma pensée est limitée, jugée et mise en question.

 

Argumenter, c’est définir la stratégie la plus efficace, la plus habile pour :

- faire connaître sa position, sa thèse,

- faire adhérer son lectorat ou son auditoire à sa thèse.

=> Argumenter, c’est adresser à un interlocuteur un argument, c’est-à-dire une bonne raison, pour lui faire admettre une conclusion, et, bien sûr, les comportements adéquats.

Pourquoi recourir à un regard extérieur ?

Comment argumenter ?

 

« Le syllogisme est un discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d'autre que ces donnéesen résulte nécessairement par le seul fait de ces données.

Par le seul fait de ces données : je veux dire que c'estpar elles que la conséquence est obtenue ; à son tour, l'expression c'est par elles que la conséquence est obtenuesignifie qu'aucun terme étranger n'est en plus requis pour produire la conséquence nécessaire.

ARISTOTE b.

Mais l'argumentation, pour pouvoir prouver, doit reposer sur un prinicpe indémontrable auquel on adhère de façon dès lors irrationnelle.

Ce paradoxe met en question la prétention de l'argumentation àpermettre au discours de se distinguer de l'opinion ou de la croyance. Maintenant il faut s'élever à la Métaphysique, en nous servant du grand principe peu employé communément, quiporte que rien ne se fait sans une raison suffisante, c'est-à-dire que rien n'arrive sans qu'il soit possible à celui quiconnaîtrait assez les choses, de rendre une raison qui suffise pour déterminer pourquoi il en est ainsi, et non pasautrement.

Ce principe posé, la première question qu'on a droit de faire, sera pourquoi il y a quelque chose plutôtque rien.

Car le rien est plus simple et plus facile que quelque chose.

De plus, supposé que des choses doiventexister, il faut qu'on puisse rendre raison pourquoi elles doivent exister ainsi, et non autrement.

Or, cette raisonsuffisante ne se saurait trouver sans la suite des choses contingentes.

Ainsi, il faut que la raison suffisante, quin'ait plus besoin d'une autre raison, soit hors de cette suite des choses contingentes, et se trouve dans unesubstance qui en soit la cause, et qui soit un être nécessaire, portant la raison de son existence avec soi.Autrement on n'aurait pas encore une raison suffisante, où l'on puisse finir.

Et cette dernière raison des choses estappelée Dieu.

LEIBNIZ Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le coeur; c'est de cette dernière sorteque nous connaissons les premiers principes, et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part, essayede les combattre.

Les pyrrhoniens, qui n'ont que cela pour objet, y travaillent inutilement.

Nous savons que nousne rêvons point; quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autrechose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l'incertitude de toutes nos connaissances, comme ils leprétendent.

Car la connaissance des premiers principes, comme qu'il y a espace, temps, mouvement, nombres,[est] aussi ferme qu'aucune de celles que nos raisonnements nous donnent.

Et c'est sur ces connaissances ducoeur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie et qu'elle y fonde tout son discours.

Le coeur sent qu'il y atrois dimensions dans l'espace et que les nombres sont infinis; et la raison démontre ensuite qu'il n'y a point deuxnombres carrés dont l'un soit double de l'autre.

Les principes se sentent, les propositions se concluent et le toutavec certitude, quoique par différentes voies.

PASCAL c.

Même si cette adhésion reste critique d'elle-même et s'ennonce comme une hypothèse, cette démarche qui postule des principes sans les fonder met également en question l'argumentation. On dit avec juste raison que, dans le domaine de la science, les convictions n'ont pas droit de cité : c'estseulement lorsqu'elles se décident à adopter modestement les formes provisoires de l'hypothèse, du point de vueexpérimental, de la fiction régulatrice, qu'on peut leur concéder l'accès du domaine de la connaissance et mêmeleur y reconnaître une certaine valeur (...).

- Mais cela ne revient-il pas, au fond, à dire que c'est uniquementlorsque la conviction cesse d'être conviction qu'elle peut acquérir droit de cité dans la science? La discipline del'esprit scientifique ne commencerait-elle pas seulement au refus de toute conviction?...

C'est probable; reste àsavoir si l'existence d'une conviction n'est pas déjà indispensable pour que cette discipline elle-même puissecommencer.

(...) On voit par là que la science elle-même repose sur une croyance; il n'est pas de science sanspostulat.

NIETZSCHE d.

Ainsi, l'argumentation est avant tout une activité.

Argumenter nous renvoie à notre condition limitée et instable, inscrite dans des contextes qui varient et nous inclinent à adherer à des postulats,à des regards differents. Car il est inutile de contester que la philosophie boite.

Elle habite l'histoire et la vie, mais elle voudrait s'installer enleur centre, au point où elles sont avènement, sens naissant.

Elle s'ennuie dans le constitué.

Étant expression, ellene s'accomplit qu'en renonçant à coïncider avec l'exprimé et en l'éloignant pour en voir le sens.

Elle peut donc êtretragique, puisqu'elle a son contraire en soi.

MERLEAU-PONTY 2) Utilité et menace du regard extérieur pour l'argumentation a.

Le regard extérieur, dans la discussion ou la prise de conscience de la thèse de l'autre, permet en premier lieu de relever ces paradoxes et de limiter la raison argumentative dans ce qu'elle peut faireet dans ce qu'elle ne peut pas faire, c'est-à-dire tout prouver.

Ce travail de confrontation rendl'argumentation lucide vis-à-vis d'elle-même et lui permet de fonctionner dans son domaine. b.

L'extériorite est ici critique.

Elle permet en premier lieu de vérifier la justesse d'un raisonnement mais, plus profondément, elle permet de confronter l'argumentation à d'autres principes, à d'autresregard.

L'exposition de ces autres points de vues permet de resituer les thèses argumentées et de leslimiter à des contextes d'énonciation.

On retrouve d'ailleurs cette nécessité critique en science (cf.

le. »

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