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Quel sens donner à l'oubli ?

Publié le 09/04/2005

Extrait du document

Dans tous les cas, l'oubli est toujours oubli du passé. La difficulté du sujet réside dans le fait qu'il nous demande de donner du sens à une idée qui ne se manifeste que par son absence, mais qui n'est jamais rien de palpable.       Problématisation :   Comment déterminer le sens de ce qui n'est justement rien, ce qui n'est qu'un trou, une absence, une défaillance ou un manque ? Dans tous les cas, l'oubli est oubli de quelque chose qui était en quelque sorte présent « dans » une mémoire et qui ne l'est plus. Mais comment savoir ce que l'on a oublié si justement on l'a oublié ? I - Quel est l'objet de l'oubli ? L'oubli, a-t-on dit, peut être désiré, recherché. Dans ce cas, il a donc une fonction particulière qu'il nous faut déterminer II - A quoi sert l'oubli ?           Proposition de plan :   I - Quel est l'objet de l'oubli ?   Platon, dans le Ménon, tente de montrer que nos connaissances sont en quelque sorte toujours déjà présentes « en nous », et qu'apprendre consiste en réalité à se souvenir à nouveau de ce que nous savions déjà mais avons oublié.

Analyse du sujet :

 

  • La forme du sujet est celle du question ouverte : l’objectif est donc de construire un sens cohérent du concept d’oubli, au fil d’une argumentation documentée.
  • Le concept d’oubli est lié à ceux de mémoire et de souvenir.
  • Dans le cas de la mémoire d’un individu, l’oubli désigne ou bien une défaillance de celle-ci, ou bien le fait de « vider « celle-ci, de se débarrasser de certains éléments.
  • Dans le premier cas, l’oubli est un fait, par exemple : avoir oublié le prénom de quelqu’un. L’oubli est alors le fait de ne pas pouvoir se souvenir de quelque chose.
  • dans le second, c’est un processus, une démarche volontaire, l’objet d’un désir. Il s’agit alors d’oublier volontairement quelque chose, par exemple un événement  traumatisant. Il peut dans ce cas devenir une nécessité vitale.
  • Dans le cas de ce que nous appelons la mémoire collective, l’oubli est non seulement un fait, mais aussi une force qui opère silencieusement et contre laquelle nous tentons de lutter, lorsque par exemple nous parlons du devoir de mémoire. Ce type d’oubli a pour conséquence négative une sélection de ce que l’Histoire retient.
  • Dans tous les cas, l’oubli est toujours oubli du passé.
  • La difficulté du sujet réside dans le fait qu’il nous demande de donner du sens à une idée qui ne se manifeste que par son absence, mais qui n’est jamais rien de palpable.

 

 

 

Problématisation :

 

Comment déterminer le sens de ce qui n’est justement rien, ce qui n’est qu’un trou, une absence, une défaillance ou un manque ? Dans tous les cas, l’oubli est oubli de quelque chose qui était en quelque sorte présent « dans « une mémoire et qui ne l’est plus. Mais comment savoir ce que l’on a oublié si justement on l’a oublié ?

I – Quel est l’objet de l’oubli ?

L’oubli, a-t-on dit, peut être désiré, recherché. Dans ce cas, il a donc une fonction particulière qu’il nous faut déterminer

II – A quoi sert l’oubli ?

« Référence : Nietzsche, Secondes considérations intempestives « Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a toujours quelque chose qui fait que le bonheur est unbonheur : la possibilité d'oublier, ou pour dire en termes plus savants, la faculté de se sentir pour un temps endehors de l'histoire.

L'homme qui est incapable de s'asseoir au seuil de l'instant en oubliant tous les évènementspassés, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur se dresser un instant tout debout comme une victoire, nesaura jamais ce qu'est un bonheur et ce qui est pareil ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres.Imaginez l'exemple extrême: un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voir partoutqu'un devenir; celui la ne croirait plus en soi il verrait tout se dissoudre en une infinité de points mouvants et finiraitpar se perdre dans ce torrent du devenir.

Finalement en vrai disciple d'Héraclite il n'oserait même plus bouger undoigt.

Tout acte exige l'oubli comme la vie des êtres organiques exige non seulement la lumière mais aussil'obscurité.

Un homme qui ne voudrait rien voir qu'historiquement serait pareil à celui qu'on forcerait à s'abstenir desommeil ou à l'animal qui ne devrait vivre que de ruminer et de ruminer sans fin.

Donc, il est possible de vivrepresque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l'animal mais il est impossible de vivre sans oublier.Ou plus simplement encore, il y a un degré d'insomnie, de rumination, de sens historique qui nuit au vivant et quifinit par le détruire, qu'il s'agisse d'un homme d'une nation ou d'une civilisation.

» L'oubli, dans cette nouvelle perspective, n'est pas la condition d'échafaudaged'un savoir.

Il est la possibilité même de l'expérience du présent, c'est-à-dire,le fait de ne pas se laisser écraser par le passé.

Concrètement, c'est l'oubliqui seul rend possible l'affirmation de soi, condition du bonheur.

Celui qui eneffet se souviendrait de tous les détails du passé ne pourrait jamais décidercomment agir, puisqu'il se poserait indéfiniment la question.

Autrement dit, ilne pourrait pas véritablement vivre.

Dans La Généalogie de la morale, Nietzsche a montré que l'oubli n'est pas unefaculté passive qui résulte de l'inertie du psychisme, de ses fatigues ou de safaiblesse.

L'oubli est un pouvoir actif d'enrayement.

Il correspond à la phasede "digestion psychique" des événements, comparable à celle de la digestionorganique des aliments auxquels nous ne pensons plus une fois absorbés.L'oubli est l'effet d'une assimilation.

C'est un temps mort durant lequel se faittable rase ou place nette pour les choses nouvelles et plus nobles : "Lafaculté active d'oubli est une sorte de gardienne, de surveillante chargée demaintenir l'ordre psychique, la tranquillité, l'étiquette." Des sentiments commele bonheur, lasérénité, l'espérance, la fierté ou la jouissance de l'instant présent nepourraient exister sans la faculté d'oubli.

Freud de son côté a souligné lecaractère vital de l'oubli des événements pénibles et désagréables.

C'estspontanément que l'inconscient oppose une résistance aux souvenirs d'impressions ou à la représentation d'idéespénibles.

Pour l'inconscient, l'oubli est un instinct de défense comparable au réflexe de fuite face au danger.

S'il estsouvent difficile d'effacer de sa mémoire des sentiments de remords et de culpabilité, s'il est vrai que l'oubli n'estjamais volontaire, il faut supposer une "économie" dans l'organisation du psychisme humain, où l'oubli de certainsévénements sert l'intégrité de l'ensemble.

Parfois tenu en échec par des instances plus puissantes qui cherchent àréaliser leurs buts, l'oubli s'opère par un déplacement d'objet.

Si l'événement douloureux n'est pas oublié, l'oubli seratransféré sur les circonstances ou des objets qui y sont liés, montrant qu'il réalise par là un véritable "travail".

L'oubli est donc la condition de possibilité de la vie et du bonheur.

Transition :Cette conception, toutefois, doit être nuancée.

Pourra-t-on affirmer qu'une nation qui oublie son passé est plusheureuse qu'une nation qui au contraire, apprend de celui-ci ? N'y a-t-il pas au contraire des événements que nousne devons jamais oublier, ne serait-ce que pour qu'ils ne se reproduisent jamais ? III – Faut-il oublier tout le passé ? Référence : Hegel, La Raison dans l'histoire « De la connaissance de l'histoire, on croit pouvoir tirer un enseignement moral et c'est souvent en vue d'un telbénéfice que le travail historique a été entrepris.

S'il est vrai que les bons exemples élèvent l'âme, en particuliercelle de la jeunesse, et devraient être utilisés pour l'éducation morale des enfants, les destinées des peuples et desÉtats, leurs intérêts, leurs conditions et leurs complications constituent cependant un tout autre domaine que celuide la morale.

L'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris del'histoire, qu'ils n'ont jamais agi suivant les maximes qu'on aurait pu en tirer.

Chaque époque, chaque peuple se. »

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