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QUELLE A ETE LA PLUS GRANDE DOULEUR DE VOTRE EXISTENCE ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Lorsque je me penche sur mes jeunes années, il y a toujours un souvenir douloureux qui renaît en moi. Malgré la douleur qu'il me procure j'aime à le ressusciter. Une grande amitié, renforcée par une vie commune, m'unissait tendrement à mon amie Nicole. En peu de temps, j'avais eu pour elle des sentiments plus affectueux que ceux que j'éprouvais pour ma cousine avec laquelle j'étais pourtant très unie, sentiments qui ne se sont jamais effacés. C'était une fillette de onze ans, aussi douce d'esprit que faible de corps. Nos travaux, nos amusements, nos goûts, étaient les mêmes; nous étions seules, nous avions le même âge; chacune de nous deux avait besoin d'une amie; nous séparer était en quelque sorte nous anéantir.

« Je m'élançai auprès de maman à qui, dans mon désarroi, j'avais oublié de souhaiter le bonsoir, tellement mon retourde classe avait été contrarié par cette absence.

Je remarquai bien vite son embarras pour me répondre et,délicatement, elle m'apprit ce que je redoutais le plus, la mort de mon pauvre « Prince ».

Devant de tellesrévélations, j'éclatai en sanglots qu'elle apaisa avec sa douceur habituelle. Afin que je garde l'image parfaite de « Prince », maman me dit qu'un voisin avait bien voulu s'occuper de sa dernièreretraite. J'éprouvai mon premier grand chagrin, je restai perplexe devant la précipitation des événements de cette journéeinoubliable pour moi.

Plus rapide que la métamorphose de la larve au stade du papillon, la coquille d'enfant quim'enveloppait s'écaillait et laissait apparaître une adolescente déjà éprouvée par les tourments de la vie. Sans un mot, j'allai cueillir un bouquet de fleurs champêtres et le posai pieusement au pied de la motte de terreencore fraîche qui le recouvrait. Simone Tchoulfian, Hôtel de la Terrasse, 38-Roussillon. * * La vieille horloge rustique, mal remontée sans doute, égrène trop lentement les douze coups de minuit, solennels etsinistres, dans une fraîche nuit d'avril. J'avais alors seize ans et, ce soir-là, je me tenais près de la porte de la chambre de mes parents, rigide et pâle.

Unefemme pas trop vieille encore, gisait sur son lit : je n'avais plus de maman depuis quelques minutes seulement. Ce fut cruel, je venais de réaliser d'un seul coup, l'étendue de cette perte.

J'étais déjà une enfant adoptée et cecirendait encore plus terrible la séparation.

Quel sort donc s'acharnait sur moi, me reprenant ainsi l'une après l'autre, celles àqui je devais tant ! Je regardais ces mains qui, si souvent m'avaient bordée, ces beaux cheveux blancs que je brossais chaque matin,ma mère étant rhumatisante. Ce soir d'avril où la mort me la ravissait, je la revoyais pimpante et alerte, me promenant avec fierté dans le villageverdoyant... Courageuse campagnarde, elle travaillait dur et son coeur las tout d'un coup avait cédé sans le laisser prévoir, aprèsune journée comme les autres et même, quelques amis étant venus cet après-midi-là, elle avait beaucoup ri. Je ne comprenais pas bien; encore trop jeune, la mort m'apparaissait impossible et lointaine.

Le docteur, avant departir me parla, essayant d'atténuer mon gros chagrin; mais je ne l'entendais point.

Je lui reprochais intérieurementde n'avoir pu éviter ce décès.

Je ne voulais pas comprendre que même lui, en qui j'avais tant confiance, passaitaprès Dieu. Quelques personnes s'affairèrent à la toilette de ma mère disparue.

Un instant plus tard, je me suis retrouvée entête à tête avec papa.

Nous n'étions plus que deux, nous avons partagé un café et, pour la première fois, la placevide apparut. Je le regardais, je vis une grande ride, qu'il portait au front, davantage creusée.

Grand blessé de guerre, il venait dese voûter un peu plus.

Deux grosses larmes roulaient sur ses joues rudes de paysan. Je pleurais aussi en silence.

A travers mes larmes, je lui souris et sans -doute dans l'union, notre fardeau de peinenous parut moins lourd. Il fallait se ressaisir et vaincre le néant qui nous possédait.

Nous étions encore trois pour quelques jours : noussommes allés prier près d'elle, paisible et belle dans l'au-delà.

C'est seulement quand le vide du grand départ fut faitque je ressentis une poignante douleur et que se resserrèrent sur moi les griffes de l'ennui. Depuis tout ce temps papa aussi a disparu et je suis à mon tour maman.

Chaque Jour de ma vie est une prière pourque mes enfants, trois jolies petites filles, ne voient pas cela.

La jeunesse est si insouciante et la mort y laisse destraces pénibles et indélébiles, qui font mûrir trop vite.

C'est si dur pour un petit enfant que de n'avoir qu'un tombeauà fleurir quand vient la fête des Mères... Marie-Jeanne Baveneoffe, 243, rue de Cambrai, 62-Arras.. »

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