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Quelle est la part de savoir faire et d’inspiration dans la poésie ? Le poète crée-t-il sous l’influence de l’inspiration ou sa création est-elle le fruit d’un laborieux travail ?

Publié le 21/09/2011

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travail

1- Le génie poétique naît d’un subtil équilibre entre inspiration et travail. Un poème qui ne serait que le fruit de l’inspiration tournerait vite au déluge verbale, déluge incompréhensible ; de même un poème qui ne serait qu’une construction rimique et rythmique travaillée et retravaillée court le risque de ne devenir qu’une architecture factice sans émotion. Ainsi pour Baudelaire, « L’inspiration est décidément la sœur du travail journalier. «   

travail

« création poétique.

Voici ce qu'écrit Du Bellay dans Défense et Illustration de la langue française à ce sujet : « Quiveut voler les mains et bouchent des hommes (=celui qui veut devenir poète) doit longuement demeurer en sachambre (c'est à dire travailler) : et qui désire vivre en la mémoire de la postérité (c'est à dire devenir un grandpoète dont on se souviendra plus tard), doit, comme mort en soi-même , suer et trembler maintes fois (c'est à direfaire de nombreux efforts pour arriver à la perfection dans sa création poétique ) » 3-A l'époque classique, ce sont les formes fixes comme le sonnet qui sont valorisées parce qu'elles imposent untravail sur la forme tant au niveau des strophes (ex pour le sonnet : deux quatrains et deux tercets obligatoirement)qu'au niveau des vers ( décasyllabes ou alexandrins) et qu'au niveau des rimes (croisées ou embrassées pour lesquatrains, disposition particulière pour les tercets).

Eluard et Aragon, deux poètes surréalistes, après s'êtrelongtemps adonnés à l'écriture automatique en reviennent aux formes fixes comme le sonnet. 4-Les brouillons des poètes montrent à quel point un vers, un poème peuvent être travaillés et retravaillés avant deprendre place au sein du poème.

Cependant, le lecteur n'a pas toujours conscience du travail effectué car il ne voitque « le produit fini », le poème terminé.

L'étude des brouillons d'Apollinaire montre que le poète a essayé plusieursformules développées : Soleil levant cou tranché ou Le soleil est là avec sa tête coupée/ C'est un cou tranchéavant de trouver l'image fulgurante, le raccourci le plus brutal du vers final de son poème Zone : Soleil cou coupé. III) Synthèse : l'inspiration et le travail sont indissociables 1- Le génie poétique naît d'un subtil équilibre entre inspiration et travail.

Un poème qui ne serait que le fruit del'inspiration tournerait vite au déluge verbale, déluge incompréhensible ; de même un poème qui ne serait qu'uneconstruction rimique et rythmique travaillée et retravaillée court le risque de ne devenir qu'une architecture facticesans émotion.

Ainsi pour Baudelaire, « L'inspiration est décidément la sœur du travail journalier.

» 2- Paul Valery, qui s'oppose farouchement à une conception de la création poétique comme simple fruit del'inspiration, ne peut lui-même s'empêcher de reconnaître que la poésie même si elle repose sur un travail deréagencement des vers et de recherche des sonorités naît d'abord de l'inspiration.

Valery n'arrive pas à éliminerl'inspiration.

Elle est toujours présente à la source du poème comme un modèle avec lequel le travail du poète sepropose de rivaliser : « Les dieux nous donnent pour rien tel premier vers (//inspiration) ; c'est à nous de façonnerle second, qui doit consonner avec l'autre et ne pas être indigne de son aîné surnaturel.

(//travail) » 3- Tout l'art du poète consiste peut-être à travailler son poème pour donner une impression de facilité et de fluiditéà son poème.

Le poème Le dormeur du Val de Rimbaud nous surprend par sa chute à la première lecture, chutetragique avec la mort du soldat pourtant préparée par des éléments étranges et inquiétants égrenés subtilementtout au long du poème au sein d'une nature douce et accueillante. C'est un trou de verdure où chante une rivièreAccrochant follement aux herbes des haillonsD'argent; où le soleil de la montagne fière,Luit; C'est un petit val qui mousse de rayons.Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,Pale dans son lit vert où la lumière pleut.Les pieds dans les glaïeuls, il dort.

Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme:Nature, berce-le chaudement: il a froid.Les parfums ne font plus frissonner sa narine;Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrineTranquille.

Il a deux trous rouges au coté droit.. »

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