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Quelle part la raison et l'expérience sensible prennent-elles à la connaissance ?

Publié le 19/11/2009

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Les thèses de l'épicurisme posent néanmoins un problème : si nos représentations se réduisent à une collection de sensations, un véritable savoir sera-t-il possible ? Le savoir exige, en effet, une mise en ordre de l'expérience, des principes d'explication et de cohérence, tels que : « tout doit avoir une raison d'être « (principe de raison suffisante), qu'« il ne peut pas y avoir d'effet sans cause « (principe de causalité). D'où viennent ces principes ? L'esprit les contient-il en lui-même comme le pensent les rationalistes ou sont-ils issus de l'expérience sensible comme le pensent les empiristes ?

La raison peut se définir comme la faculté de raisonner, donc de construire à priori des raisonnements, des déductions. Elle est traditionnellement la faculté de la connaissance dans la mesure où elle fait œuvre de recherche et qu’elle est à l’origine du doute qui permet la sûreté de la connaissance. L’expérience sensible quant à elle est ce qui s’offre à nous immédiatement, sans contrôle. Or le rapport en la raison et l’expérience peut conduire à penser que l’expérience sensible est un obstacle à la connaissance. Elle serait donc inefficace ou secondaire dans la cognition alors que la raison serait la seule maîtresse. Si une telle conception est possible (1ère partie), il n’en reste pas moins tout de même que l’on se saurait se séparer définitivement de l’expérience sans risque de sombrer corps et âme dans les vertiges de la métaphysique ou plus exactement dans les illusions métaphysiques. Le retour à l’expérience semble nécessaire (2nd partie) ; s’esquisse alors un jeu que l’on pourrait qualifier de dialectique entre les deux dans la construction de la connaissance (3ème partie).

« paradigmatique avec le cas d'un aveugle.

En effet, un aveugle ne peut former aucun de notion de couleur ; un sourdaucun notion de son.

Cela semble prouver d'une construction de l'esprit est incapable de rendre compte d'unensemble de fait en dehors de l'expérience.

De même que nos idées proviennent des sens, la connexion entre nosidées ont pour seule origine l'observation répétée d'une conjonction régulière entre des phénomènes.

Or cela exprimeun rapport de causalité que l'on pourrait supposer construit par l'esprit, et la recherche de la cause peut être définiecomme une des vocations de la science et la possibilité d'un accès à la vérité.

En effet pour Hume dans son Enquête sur l'entendement humain , la connaissance de la relation de causalité procède de l'expérience : « les causes et les effets peuvent se découvrir non par la raison, mais par l'expérience.

» et Hume ajoute « J'oseraiaffirmer, comme une proposition générale qui n'admet pas d'exception, que la connaissance de cette relation nes'obtient, en aucun cas, par des raisonnements a priori : mais qu'elle naît entièrement de l'expérience, quand noustrouvons que des objets particuliers sont en conjonction constante l'un avec l'autre […] Personne n'imagine qu'onait jamais pu découvrir l'explosion de la poudre ou l'attraction de la pierre de la pierre magnétique par des argumentsa priori ».

Ainsi, la vérité est bien donnée par l'expérience dans la pratique comme dans les sciences et c'est bien laconclusion que l'on peut tirer de la section 4 de l'Enquête sur l'entendement humain de Hume : « Toute les lois de la nature et toutes les opérations du corps sans exception se connaissent seulement par expérience ».b) C'est ainsi que Locke dans son Essai sur l'entendement humain nous dit que « rien n'est dans l'entendement qui n'ait d'abord été dans les sens.

» Et cela signifie comme il le dira au paragraphe 2 du Livre II que notre connaissancese fonde sur l'expérience elle est sa source.

Autrement dit l'expérience peut nous fournir des connaissancescertaines.

Elle porte en elle un degré de certitude indéniable, notamment la sphère pratique.

En effet, lorsque je voisune table, l'expérience, constituée par l'ensemble de mes sensations, me dit bien qu'il s'agit d'une table, et de celaje ne peux en douter.

Et c'est d'ailleurs ce que l'on retrouvera chez l'ensemble du courant empiriste : « Supposonsdonc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée,quelle qu'elle soit.

Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieusequantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presqueinfinie ? D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes sesconnaissances ? À cela, je réponds en un mot, de l'expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances,et c'est de là qu'elles tirent leur première origine.

Les objets extérieurs et sensibles, ou sur les opérations intérieuresde notre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit lesmatériaux de toutes ses pensées.

Ce sont là les deux sources d'où découlent toutes les idées que nous avons, ouque nous pouvons avoir naturellement.

[...] L'autre source d'où l'entendement vient à recevoir des idées, c'est laperception des opérations de notre âme sur les idées qu'elle a reçues par les sens opérations qui, devenant l'objetdes réflexions de l'âme, produisent dans l'entendement une autre espèce d'idées, que les objets extérieurs n'auraientpu lui fournir : telles que sont les idées de ce qu'on appelle apercevoir, penser, douter, croire, raisonner, connaître,vouloir, et toutes les différentes actions de notre âme, de l'existence desquelles étant pleinement convaincus, parceque nous les trouvons en nous-mêmes, nous recevons par leur moyen des idées aussi distinctes que celles que lescorps produisent en nous, lorsqu'ils viennent à frapper nos sens.

[...] Mais comme j'appelle l'autre source de nosidées sensation, je nommerai celle-ci réflexion, parce que l'âme ne reçoit par son moyen que les idées qu'elleacquiert en réfléchissant sur ses propres opérations ».c) La volonté de déduire toutes les vérités et ne pas tenir compte des sens, donc de l'expérience, celle-ci étantcomme source d'erreurs, pose effectivement le problème de savoir quelle est la valeur de ces déductions, est-cepas de simples vues de l'esprit ? Quel rapport à la réalité si on ne fait pas appel à l'expérience.

Et c'est bienl'objection que D'Alembert oppose au projet rationaliste ou plus exactement pour l'époque au projet cartésien comme il le dit dans le Discours Préliminaire de l'Encyclopédie : « Il faut avouer […] que les géomètres abusent quelquefois de cette application de l'algèbre à la physique.

Au défaut d'expériences propres à servir de base à leurcalcul, ils se permettent des hypothèses, les plus commodes à la vérité qu'il leur est possible, mais souvent trèséloignées de ce qui est réellement dans la nature ».

Dès lors la construction de l'esprit ne rend plus compte de lavérité-correspondance, c'est-à-dire avec la réalité de la chose, sans pour autant être une absurdité.

C'est dire dansce cas que la vérité-cohérence, nécessaire à toute théorie, ne présuppose pas la valeur de vérité-correspondanceà chaque fois.

Transition : Ainsi l'expérience est aussi nécessaire pour la connaissance est l'on peut pourrait s'en passer au risque sinon deréduire à néant tout effort scientifique.

Dès lors faut-il les concilier dialectiquement.

III – La dialectique de la raison et de l'expérience sensible ou la transcendantalité de la connaissance a) Or il ne faut pas négliger l'expérience dans la connaissance, même si elle ne suffit pas, comme le remarque Kant dans la Critique de la raison pure : « Toute notre connaissance commence avec l'expérience, cela ne soulève aucun doute […] Mais si toute notre connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive del'expérience ».

En effet, pour Kant, la connaissance vient de l'esprit car l'expérience a besoin des cadres de l'esprit,plus exactement des catégories pour avoir un sens.

Néanmoins, sans l'expérience, c'est-à-dire un retour au diversde l'expérience, ou en terme kantien l'intuition, les catégories sont vides et ne peuvent pas nous apprendre quelquechose sur le réel.

Elles n'auraient donc aucune valeur de connaissance, donc aucun rapport à la vérité.

En ce sensla connaissance dépendra du rapport entre ce qu'un composé de ce que nos observations nous font connaître, etde ce que notre propre pouvoir de connaître produit de lui-même.

L'expérience en elle-même, non guidée par lesconcepts et par l'esprit, serait parfaitement stérile.b) Mais l'expérience elle ne vaut pas si elle n'est pas comprise est schématiser par le concept qu'elle vient nourrir.L'expérience en elle-même ne suffit pas à nous faire connaître quoi que ce soit.

L'empirisme a trop insisté sur. »

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