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« Qu’est-ce qu’être cultivé ? »

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

 

 

Il est bien important de cerner la question pour ne pas la confondre avec une autre.  Ici nous voulons trouver une réponse ou au moins une approche de réponse à la question « qu’est-ce qu’être cultivé « mais nous n’attendons en aucun cas une définition de la culture. Nous devons donc nous interroger sur la définition d’ « être cultivé « que se donne l’homme à lui-même. Nous cherchons alors à savoir ce que l’homme cherche à montrer de lui-même en se définissant comme un « être cultivé «.

La question soulève dors et déjà une aporie, on a du mal à cerner le problème qui peut être interpréter de deux façons différente. Est-ce que la culture m’est transmise, inculquée ou alors ai-je acquis ma culture seul ? Ces deux affirmations posent le problème de notre responsabilité face à notre culture qui nous caractérise. On en revient donc bien à la question : qu’est-ce qu’être cultivé ?

La distinction n’est pas forcément facile car  le mot culture désigne les deux phénomène à la fois.  La culture peut être personnelle, c’est-à-dire acquise par les expériences personnelles d’un individu ou alors la culture peut s’inscrire dans une société, elle est alors apportée par les individus qui nous entourent.

Nous en arrivons alors au problème suivant qui est de comprendre si « être cultivé « est se construire sa propre analyse du monde ou si c’est adopter la vision particulière de notre société.

 

« Être cultivé « c’est faire preuve de qualités de jugement, de choix et d’évaluation rationnels et raisonnables. L’être cultivé se distingue des savants et des diplômés, il est capable de discernement. A le suite d’une réflexion critique, la plus objective possible, il peut s’identifier à ses expériences car il se sera approprié ses expériences ; il devient donc libre car tout ce qu’il fait, pense ou dit est personnel et il en est responsable tout en pouvant le maintenir devant quiconque en discutera.

La culture individuelle s’épanouie principalement dans le jugement de goût, ici dans le domaine de l’appréciation de la beauté de choses comme la nature. En effet, lorsque l’on parle de jugement de goût, on fait appel aux critères personnels et propres à chaque individus : la liberté et l’indépendance de l’individu en question sont alors valorisées. 

La culture d’un individu est alors son œuvre personnelle. Il l’a acquise à force de réflexion, d’apprentissage et de multiples expériences de vie. Elle est l’opposé de sa nature qui elle ne dépend pas de lui mais est telle quelle. La culture est donc une notion individuelle qui se construit suite à un travail personnel. L’être cultivé est alors capable d’un jugement autonome et devient donc responsable.

Mais lorsque l’on parle de l’aspect le plus individuel de la culture, qui est le jugement de goût, n’inclue-t-on pas une part plus ou moins importante de phénomène social ? « Les hommes discutent de leurs goûts, il n’existe pas de goût réellement personnel « (www.études-littéraires.com). Si l’on prend pour exemple la musique, on observe qu’un européen aura beaucoup de mal d’apprécier ou d’intégrer l’art musical Asiatique ou Arabe. Ce phénomène provient de l’audition, dès le plus jeune âge, de la musique européenne, de ses règles et de ses tonalités ou sonorités qui sont totalement différentes de celles d’Asie ou du Maghreb. En parallèle, il est facile d’observer qu’il y a également un décalage au niveau des génération. On peut remarquer que nos contemporains jugeront une œuvre musicale datant du moyen-âge du « moche « ou « sans intérêt «. 

On remarque donc que le jugement de goût s’intègre non seulement dans une approche personnelle mais surtout, d’une manière relativement inconsciente, dans un héritage social du à l’éducation et à la vie dans une société. 

 

La société est un élément fondamentale pour la construction de la culture d’un individu. Sans le cadre préalable qu’offre la société, l’individu ne peut pas se construire sa propre culture. Il s’apparenterai alors à un simple animal. Rappelons-nous de l’histoire de Victor de l’Aveyron. Cet enfant muet au comportement sauvage capturé en 1800. Il est alors caractérisé de sauvage («  qui n’est pas civilisé, qui vit en dehors de la civilisation « le petit Larousse ; pour l’anecdote, on peut relever que le sens adressé à la nature « qui pousse seul, sans culture «  pourrait être une belle métaphore d’un enfant sauvage) à juste titre. Malgré tous les efforts fais par les philosophes et les médecins pour éduquer cet enfant, il n’y parvinrent pas tout simplement parce qu’il n’avait aucune culture social. Itard ne se cacha pas pour montrer la disproportion entre l‘effort éducatif et les résultats obtenus. L‘absence de culture empêche l‘éducation. 

Cet enfant est assimilé à un animal, à cause de ses pulsions sexuées et autres comportements sauvages. Il gène mais fait comprendre aux hommes que sans la culture, l’homme ne serait que le plus bête et impuissant des animaux. Bien que l’homme naisse prématuré (phénomène du à l’évolution et à la sélection des bipèdes), il peut être éduqué et perfectionné : il a les capacités et le potentiel pour se développer mais cela exige un milieu fait d’hommes. La culture nait dans l’homme qui s’en nourrit.

Là où la culture est problématique, c’est qu’elle est présente dans tout milieu avec présence de l’homme mais elle connait de multiple formes. Ainsi, chaque pays, chaque peuple, chaque région aura sa propre culture qui va forger l’approche de l’individu qui l’intègre à la communauté, et à soi-même. Prenons par exemple une sensation quotidienne et universelle : la douleur. Tout le monde s’est déjà cogné dans une porte, on cogné le pied dans une table, ça fait mal, parfois très mal. Pourtant l’approche de cette douleur varie grandement selon les cultures. 

On voit par exemple que dans le sous-continent indien, la douleur est apprécié voir vénéré par ceux que l’on appel les Fakirs (ou Faquirs). Elle est alors un phénomène omniprésent dans la vie de ces populations. Alors qu’en Europe il serait totalement insensé de vouloir se coucher sur un tapis de pointes. C’est la culture propres à chaque peuple qui détermine l’approche que l’on adopte face à la douleur et non pas nos jugements personnels.

Nous pouvons alors craindre l’ethnocentrisme qui consiste à juger toute autre culture différente de la notre. Ce phénomène est du à l’incompréhension des cultures étrangères. Chaque peuple va aborder la culture d’ailleurs avec les préjugés qui lui ont été inculqués par sa propre culture. Ce phénomène peut aller très loin, jusqu’à des actes et pensées aussi grave que la racisme. On a ici donc une absence d’autonomie et de responsabilité face à cette approche qui sont pourtant deux caractéristiques majeures de l’esprit cultivé, comme nous l’avons vu précédemment. 

On soulève alors le problème clé de la question « Qu’est-ce qu’être  cultivé ? « qui est la conciliation entre la culture personnelle qui exige une liberté et l’héritage culturel d’une société.

 

On requiert alors une nouvelle définition de la culture. Il ne faut plus exiger une totale liberté d’esprit ni subir la culture comme une fatalité, il faut la concevoir comme une œuvre qui demande une construction constante et infinie.

Il y a deux approches possibles. Tout d’abord l’homme doit comprendre et assimiler qu’il n’existe pas de culture supérieure ou inférieure. Chaque culture caractérise au contraire une forme d’humanité diverse. Ensuite, il faut faire de la culture un facteur d’humanisation. La culture va alors différencier l’humain de l’animal. L’homme devient homme par sa volonté et non par un processus naturel. Autrement dit, l’homme trouve sa source dans l’homme pour nourrir l’homme. 

L’homme est un être cultivé car il construit sa culture et qu’il la crée. Il ne fait pas qu’en hériter, il l’invente et la renouvelle. Ainsi, grâce à sa propre culture, l’homme donne un sens à son existence et à sa vie. 

L’homme se distingue de l’animal de par sa destinée. L’homme nait sans conception de sa destinée. Contrairement à l’animal qui accomplit la sienne inconsciemment, par automatisme. L’homme se construit donc lui-même sa destinée. 

L’éducation joue alors un rôle primordial dans le développement de l’homme. Elle doit avant tout chose, ne pas transmettre un savoir, comme ce que la plupart des gens pensent, mais elle doit construire l ‘esprit humain, le préparer à intégrer la culture d’un peuple et de construire la sienne, personnelle et unique par la suite. L’éducation doit donc permettre l’ouverture de l’esprit d’un individu.

Cela nous permet de distinguer la civilisation de la barbarie, la société de la meute. Une société aide les hommes qui vivent en elle à s’épanouir et à développer leur esprit critique, ils se distinguent alors de par leurs qualités d‘individu tandis que la meute conditionne des êtres identiques. La société barbare forme l’être conforme à des principes immuables et indiscutables. Le concept de la vie, de l’existence est alors figé et l’unique réponse à la question « qu’est-ce que la vie « est imposée. Une culture tend à se fermer lorsqu’elle rejette l’art. On peut facilement citer la société communiste de l’URSS qui a bannit toute forme d’art que Staline ne comprenais pas par peur de soulever des idées d’opposition. La censure empêche donc l’esprit d’être cultivé.

 

Notre première thèse (l‘être cultivé et libre et indépendant), bien que n’étant pas fausse, est incomplète car il manque l’aspect très important et très influençant qu’est l’héritage d’une culture sociale. Ces deux aspect sont indissociables et caractérisent l’homme.

L’opposition de ces deux formes de culture est une fausse opposition. Le travail de l’homme consiste à partir de sa culture sociale pour migrer vers sa culture personnelle en ouvrant son esprit à la critique de sa culture sociale ainsi que des autres pour pouvoir en tirer le meilleur pour lui-même et construire le reste grâce à ces expériences de vie. C’est là l’œuvre de la vie d’un homme.

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