Devoir de Philosophie

Qu’est-ce qu’un risque ? Convient-il de prendre des risques ?

Publié le 03/01/2020

Extrait du document

Aborder la question « qu’est-ce que le risque ? » n’est pas chose aisée. Ce terme est -.si diversement employé qu’il est impossible de le cerner de façon satisfaisante en réfléchissant sur ses nombreux usages (par exemple dans des expressions courantes comme : risque-tout, ou dans des proverbes comme : qui ne risque rien n’a rien). Mais peut-être cette diversité de sens et d’emplois du mot risque cesse-t-elle si l’on essaie de revenir à l’origine de ce mot, de découvrir son étymologie ? Or ici, une certaine surprise nous attend. Le mot risque est en effet d’origine assez récente puisqu’il apparaît en France au -XVIe siècle. Il nous vient de l’italien risco, mot qui lui-même provenait

du bas-latin risicus ou riscus. A partir de là, rien n’est très assuré, et l’on suppose qu’il faut peut-être remonter au verbe latin resecare qui signifie enlever en coupant ou bien encore au grec rhiza qui veut dire racine. Mais laissons là ces hypothèses et voyons ce que nous a appris ce retour à l’origine. D’abord qu’il s’agit somme toute d’un mot relativement récent. Est-ce à dire que ce quelque chose que nous appelons en France depuis le XVIe siècle risque n’existait pas pour des grecs du siècle de Périclès, des Romains du siècle d’Auguste ou. des contemporains de , l’empereur Charlemagne pour ne prendre que quelques exemples ? Nous savons bien sûr qu’il n’en est rien et que ces hommes se servaient simplement d’autres mots ; nous allons d’ailleurs y revenir. Ce que l’on peut dire par contre c’est que le mot « risque » apparaît dans un contexte très précis, celui de la navigation. Il naît avec les contrats d’assurance maritime qui débutent en Italie dans la seconde moitié du xive siècle,- Les historiens ont pu mettre à jour de nombreux documents. C’est ainsi que l’on apprend par exemple qu’à Gênes, entre le mois d’août et le mois de septembre 1393, un seul notaire a établi plus de quatre-vingts de ces contrats, ou bien encore que le 24 avril 13.84 un dénommé Francesco di Marco avait, avec des associés, -assuré pour tune somme, de :1300 florins quatre ballots de

« 42 CORRIGÉ DE DISSERTATIONS PHILOSOPHIQUES on soulignera la connexion du rlsque et du possible.

Mais alors peut-on poser la question de savoir s'il convient de prendre des risques ? Certes.

Car si l'homme ne peut pas faire l'économie du risque, il ne peut pas davantage prendre n'importe quel risque.

Quel va être le critère ? Il faut distinguer les risques qui nous sont extérieurs et -ceux qui, au contraire, sont nôtres.

Seuls les seconds, et parmi e~ le risque de la vie, nous révèlent à nôus­ mêmes· le sens de notre vié.

LECTURES CONSEILLÉES Les élèves trouveront dans certains passages de Merleau­ Ponty de suggestives rémarques (nous donnons les références dans le corps du corrigé).

La revue Esprit, avait, en janvier 1965, fait paraître un numéro spécial consacré au risque (n° 1).

Plus que la substance même de la plupart des articles, ce sont les indi­ cations sur la naissance du mot risque dans le contexte de la navigation qui sont intéressantes.

L' Ethique .à Nicomaque d' Aris­ tote (Collection Garnier-Flammarion) permet de réfléchir sur une notion dont nous ne parlons pas ici, celle de prudence.

(Cf.

livre VI).

L'élève trouvera aussi dans la Phérwménolcigie de l' Esprit de Hegel, la magistrale démonstration de la nécessité profonde du risque.

Les pages du Tome I (Auhier-:\-Iontaigne, p.

158 sq.) sur " la lutte des consciences de soi opposées " et la dialectique (( maîtrise-servitude )) montrent bien que l'homme ne peut pas faire l'économie du risque.

Enfin signalons, car nous ,estimons que cela ei;t de notre devoir, qu'il existe un petit livre qui se veut être une « initiation philosophique >> et ~ a pour titre : Risque et prudence.- Que les élèves ne perdent ni Î'eùr argent ni surtout leur temps à le lire, ils n'y trou-yeraient qu'une suite ininter· rompue de ,platitudes.

- l:orsqu'un alpiniste confirmé est interrogé par des jour­ nalistes au retour d'une course particulièrement difficile, une première en solitaire par exemple, il arrive très souvent qu'il déclare : cc je ne prends jamais de risques )).

Par contre , 1 une mère de famille qui n'aurait aucune connaissance de l'alpinisme et à qui l'on demanderait si elle aimerait voir plus tard ses enfants pratiquer ce ·sport, répondrait très ,certainement par la négative : « il y a hie~ trop de risques >> dirait-elle.

Cette opposition fait apparaître qu'avant de se demander s'il convient ou non de prendre de§ risques, il faut se -poser la question : qu'est-ce qu'un risque ? Mais il nous faut non seulement passer du plu.riel au singulier, mais peut•être aussi de l'article indéfini. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles