RÉPUBLIQUE DES LETTRES

RÉPUBLIQUE DES LETTRES. La Renaissance littéraire du xvie s. s'est développée en France dans les milieux parlementaires, érudits et gallicans. Cette bourgeoisie intellectuelle a une double référence : archéologique et esthétique par ses contacts avec l'Italie, civique et morale par ses sympathies pour les Pays-Bas en lutte contre l'Espagne et l'esprit de la Contre-Réforme. Elle participe ainsi de la Respu-blica litteraria européenne — la communauté des humanistes et des esprits éclairés soucieux de la « restitution des bonnes lettres » —, dont chaque « province » évolue au gré des conflits politiques et spirituels qui se déroulent sur son territoire. La « République des lettres » ne présente pas un front uni, mais elle réunit ses citoyens sur un double programme : politique d'abord, fondé sur la prééminence de la France saisie dans la réflexion sur ses « antiquités », c'est-à-dire son histoire institutionnelle, juridique, linguistique, et qui conduit les parlementaires à s'opposer à la montée de l'absolutisme royal ; religieux ensuite, et dont les racines plongent dans la vieille méfiance à l'égard de Rome : l'Église gallicane défend ses « libertés » contre l'absolutisme pontifical. Sur ce point, la République des lettres se divisera en deux camps : ceux qui embrasseront la Réforme, ceux qui espéreront que les institutions ecclésiastiques finiront pas s'ouvrir à la démarche de la critique érudite pour retrouver la pureté du message de la Révélation.