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Sciences & Techniques: L'homme une espèce menacée ?

Publié le 22/02/2012

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Les hommes seront-ils assez raisonnables pour écarter les menaces qu'ils font peser eux-mêmes sur leur environnement ? De la dégradation du climat aux nouveaux virus, des guerres de l'eau aux " bombes " démographiques, les périls sont innombrables... " Les hommes courraient-ils à leur perte, inexorablement, oublieux de leur savoir ? ", se demande le philosophe Michel Serres. Environnement dégradé, climat transformé, manipulations génétiques, déséquilibres démographiques, nouveaux virus... Autant de menaces qui pèsent sur l'homme et dont il est responsable. En deux siècles, il a provoqué un changement climatique comparable à celui que la Terre a naturellement subi en cinq mille ans. Au cours des cent dernières années, la teneur de l'air en dioxyde de carbone a augmenté de 0,035 % (alors que, en 160 000 ans, la hausse avait été de 0,028 %). Cette teneur a augmenté d'environ 25 % depuis la révolution industrielle, et celle du méthane a plus que doublé. Quant à la température, elle s'est élevée de 0,6 à 0,8 °C au cours du dernier siècle.

« Grignotant le littoral, les eaux salées s'infiltrent dans les nappes phréatiques et polluent l' eau douce.

Les experts prédisent que toutes les eaux de surface seront consommées d'ici à 2100.

Cette sombreprophétie, faite en janvier 1997, en Malaisie, lors d'une conférence mondiale sur l'eau, est d'autant plusalarmante que les inégalités en matière de ressources hydriques ne cessent de se creuser.

Aujourd'hui,1,5 milliard d'êtres humains ne disposent pas de l' eau potable et, chaque année, 6 millions d'enfants meurent d'avoir bu de l'eau contaminée. A la frontière mexicaine, 70 bébés sans cerveau " Les guerres du siècle prochain seront des guerres pour l' eau ! " Ce diagnostic de Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'ONU, est tout à fait crédible, dans la mesure où ce conflit oppose déjà, parexemple, les Israéliens et les Palestiniens.

Et cette menace pèse directement sur l'autosuffisancealimentaire.

Selon l'hebdomadaire américainNewsweek, une douzaine de pays, dont le Kenya, le Vietnam,mais aussi la Chine et Israël, qui ont tout misé sur l'irrigation, seront touchés par une baisse d'au moins 50% de la superficie des terres cultivables.

(Un minimum de 700 m2 de terres arables par habitant est lanorme admise pour qu'un pays puisse subvenir à ses besoins nutritionnels.) Les surfaces cultivées diminuent, les récoltes aussi.

En 2100, la population de la planète devrait sestabiliser autour de 10 milliards d'habitants, car tous les pays auront alors achevé leur transitiondémographique.

Les ressources agricoles permettront-elles de les nourrir ? Oui, répondent les agronomes,sauf catastrophe imprévisible. Le problème démographique majeur est plutôt celui du vieillissement des populations et du déséquilibre probable entre les hommes et les femmes.

Dans les pays industrialisés, l'espérance de vie ne cesse de s'allonger : elle devrait être de 90 ans au XXIe siècle.

Lescentenaires seront légion, même si la limite biologique, fixée à 120 ans, ne semble pas pouvoir être dépassée.

" Que vont faire lesgens âgés ?, se demande Etienne-Emile Beaulieu, professeur au Collège de France.

Comment peuvent-ils se rendre utiles ?Comment assurer l'équilibre économique et financier de cette nouvelle pyramide des âges ? " Question sous-jacente : les progrès dela médecine seront-ils suffisants pour qu'on atteigne le quatrième âge en bonne santé ? D'autant que notre " capital santé " est déjàbien entamé. " Les polluants et les déchets industriels sont les causes physiologiques immédiates du cancer , fait observer Richard Lewantin, généticien des populations à Harvard.

De plus, nos aliments contiennent desproduits cancérogènes.

" Certains produits chimiques ne se contentent pas de provoquer des cancers : ilsbloquent aussi l'action des hormones oestrogènes naturelles, impliquées dans la reproduction.

Depuis1940, on a observé partout dans le monde une baisse de 50 % du nombre des spermatozoïdes et uneréduction du volume spermatique, qui est passé de 3,4 ml à 2,75 ml.

Et, dans les pays industrialisés, ondénombre trois fois plus de cancers des testicules et deux fois plus de cancers de la prostate. Autre inquiétude, les polluants atmosphériques provoquent des mutations chromosomiques.

Uneexposition élevée à la dioxine - comme à Seveso (Italie) - entraîne un excès de naissances féminines.

A la frontière du Mexique et des Etats-Unis, région de fabrication et d'utilisation massive de solvants, on adénombré, depuis les années 70, soixante-dix cas de bébés anencéphales (sans cerveau )... L'industrie électronique est, elle aussi, responsable de nombreuses malformations congénitales.

A San Jose (Californie), dans laSilicon Valley, la pollution au trichloréthylène a provoqué chez certains nourrissons des communications intraventriculaires, desmalformations des oreilles et du palais, ainsi que des orteils palmés.

En Californie, le taux d'avortements spontanés a doublé dans lestrente dernières années et celui des malformations congénitales a triplé.

Et ce n'est pas tout ! " Certains emballages, avertitMohammed Larbi Bouguerra, auteur de la Pollution invisible (PUF), peuvent laisser passer dans l'aliment des produits chimiques dontles effets sont inconnus ou allergéniques.

" Un autre problème démographique, non moins préoccupant, se fait jour : le déséquilibre entre les hommes et les femmes.

Lapréférence accordée aux garçons dans de nombreuses cultures ne serait qu'anecdotique si elle ne s'exerçait dans l'un des plusimportants foyers de peuplement du monde.

La Corée du Sud, avec 120 naissances masculines pour 100 naissances féminines(moyenne mondiale : 106 pour 100), accuse l'un des plus graves déséquilibres démographiques de la planète.

" En 2010, pour 100filles en âge de se marier, il y aura 130 prétendants ", prédit un démographe coréen.. »

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