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SPLEEN DE PARIS (Le). de Charles Baudelaire (Résumé et analyse)

Publié le 13/11/2015

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baudelaire

Recueil de

 

poèmes en prose de Charles Baudelaire (1821-1867). Il porta plusieurs titres successifs : Poèmes nocturnes, Poèmes en prose, ou encore le Spleen de Paris. Cette tentative, absolument nouvelle dans la littérature française, fut suggérée à Baudelaire par le livre d’Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit (*), où l’auteur avait évoqué à la manière de Rembrandt et de Callot l’atmosphère des villes d’autrefois. Baudelaire voulut reprendre cet essai, mais en l’appliquant à la ville moderne. Les premières pièces furent écrites dès 1855 f en 1862 Baudelaire avait rédigé une quarantaine de poèmes en prose, dont certains furent publiés dans « La Presse », dans « Le Figaro » (qui, après

 

les avoir acceptés, en interrompit bientôt la

 

publication) et dans de petites revues. L’artiste mourut sans avoir vu paraître son livre et le premier recueil complet des Petits poèmes en prose ne fut publié qu’en 1869 (au tome IV des Œuvres complètes). Le titre : le Spleen de Paris a l’avantage d’exprimer parfaitement l’unité d’atmosphère du recueil, qui continue, mais avec plus de raillerie et de liberté, la partie des Fleurs du mal (*) intitulée : « Tableaux parisiens ». A la fin de son livre, Baudelaire se peint lui-même, en train de gravir les collines de Montmartre, pour contempler la capitale allongée en-dessous

 

de lui et crier, enivré de son « charme infernal » : « Je t’aime, ô capitale infâme ! ». Le Paris de Baudelaire n’est pas celui des beaux quartiers, le Paris aristocratique et financier de Balzac, ni le Paris révolutionnaire de Hugo : il va des taudis aux maisons de prostitution et aux hôpitaux, peuplés de créatures vides et dolentes, ombres d’elles-mêmes, mendiants, filles, ratés et débauchés, rongés de souffrance et de vice, poursuivis par des rêves d’impossible évasion. Dans la ville immense, plus aucune communion humaine ; pas même le recours, propre aux romantiques, de donner sa douleur en spectacle. On méprise trop les hommes pour chercher à attirer leur attention. C’est bien le « spleen », douleur vague, sans motif autre que la vie elle-même, la monotonie d’une existence de prisonnier, qui peut accuser son milieu et son siècle, mais sait bien, au fond de lui, que sa maladie tient à sa plus profonde personnalité et que tout « ailleurs » lui est interdit. Tableau d’un Paris dont le mouvement de la vie moderne n’a fait qu’accentuer les traits, les « poèmes en prose » sont au surplus une confession de Baudelaire lui-même ; soit que le poète s’exprime à la première personne, soit qu’il use d’un semblant de masque. Confession toute poétique, certes. Mais Baudelaire ne nous en donne pas moins les causes du mal qui l’obsède. La grande ville, c’est d’abord cette foule de visages identiques, exempts de toute chaleur humaine : dans les quelques heures de répit que la nuit procure, le poète pourra enfin convoquer les âmes de ceux qu’il a aimés :

 

« Enfin la tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-même ! Enfin ! il m’est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres !» («A une heure du matin > ). Il ne peut supporter le contact de la sottise : gens de lettres, journalistes, directeurs de théâtre que le culte de l’art laisse indifférents. Cette bienfaisante solitude ne sera pourtant qu’une halte : il s’agit moins pour Baudelaire de fuir une humanité vulgaire que de retrouver l’affection vraie dans un monde enfin habitable. Quand il est trop las de lui-même, il se résignera même à aller prendre son « bain de multitude », cher-

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