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Suffit-il de se connaitre soi meme pour bien se conduire ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse du sujet   -          « Connais-toi toi-même » telle est la formule inscrite sur le fronton du temple de Delphes, et telle est la formule que reprend Socrate, notamment dans l'Alcibiade, pour définir ce que signifie la sagesse. Cette dernière apparaît, au moins selon le sens commun, comme la science capable de nous donner les clés qui ouvrent à la bonne conduite de sa vie parce qu'elle est avant tout connaissance. Mais la sagesse se résume-t-elle à la connaissance de soi ? -          En effet, se connaître soi-même, s'il est un principe, est-il pour autant suffisant ? C'est précisément ce qu'on nous demande de penser ici : le fait de se connaître soi-même est-il une condition non seulement nécessaire mais encore suffisante pour bien se conduire ? -          Encore faut-il savoir que signifie bien se conduire. La connaissance de soi repose sur une ascèse sévère et stricte de son moi désirant et pulsionnel, dont les désirs ne sont parfois pas du tout raisonnables. La connaissance de soi correspond donc en ce sens à une certaine sagesse ascétique et donc a fortiori à une conduite du corps sous l'empire de la raison. Or, ici, la connaissance de soi est ordonnée à la bonne conduite comme une condition de sa possibilité. Il faut donc d'emblée remarquer qu'une telle question ouvre la définition de ce que signifie bien se conduire comme ordonnée à la capacité de se connaître, et a fortiori de se contrôler soi-même, et donc de contrôler ses désirs ou besoins inassouvissables par nature. De ce point de vue, la connaissance de soi ouvrirait la porte à une certaine sagesse (comme point culminant du contrôle de son être). Il viendrait donc contredire l'adage de « l'imbécile heureux » (celui qui, à l'inverse court sans cesse après des chimères). -          Cet ordonnancement, qu'il faut bien entendu interroger, fait donc de la possibilité de la bonne conduite une véritable ascèse de l'homme qui cherche à se connaître et à se dominer soi-même : elle fait donc de la bonne conduite un processus qui n'est pas à la portée de tout à chacun. Car lorsqu'on dit que tout philosophe tend  dans sa pratique de la sagesse vers une maîtrise parfaite de son moi, sans jamais y parvenir complètement, cela signifierait (dans la perspective de notre question) que le bonne conduite n'est peut-être, en même temps que sa condition (la connaissance de soi) qu'inaccessible et qu'il ne sera qu'un horizon, un idéal. -          Il faudra donc interroger la connaissance de soi comme condition, exclusive, nécessaire, suffisante (ou non), du de la conduite bonne et donc a fortiori s'interroger sur le statut de la bonne conduite en elle-même, sur la question de sa réalisation effective. -          Notons d'ailleurs que le sujet semble mettre en rapport, semble ordonné, l'éthique (au travers de la bonne conduite) à la connaissance de soi. Autrement dit, une telle ordonnancement fait de la possibilité d'une vie conforme à la moralité des actions une réalisation qui ne peut avoir lieu que dans et par la connaissance de soi, et donc a fortiori que dans un mouvement de rationalisation de soi-même. C'est donc en fait la morale, en tant qu'on l'attache tout entière à la faculté de la raison qui est ici mise à la question.   Problématique               Peut-on affirmer légitimement que la condition de possibilité exclusive d'une conduite conforme à la morale s'épuise dans la connaissance de soi ? Si donc la connaissance de soi apparaît comme un pilier fondamental de toute bonne conduite, en est-elle pour autant le pilier exclusif ? Que signifierait, quelles conséquences auraient, un tel ordonnancement de l'éthique à la connaissance de soi ?

« · Pour Epicure la plupart de nos désirs sont générateurs de troubles parce qu'ils soumettent l'individu au vertige du changement, à l'instabilité du devenir, à des fuites incessantes dans lerenouvellement de leurs objets.

S'il y a plaisir, il consistera pour l'essentiel en une « ataraxie »,autrement dit en une absence de douleur, que seule la satisfaction de nos besoins les plusélémentaires sera à même de promettre pourvu que leurs exigences s'inscrivent dans le cadre de laplus grande sobriété. · Nous retrouvons donc ci les caractéristiques d'une connaissance de soi, comprise comme sagesse, et entendue comme ataraxie et autarcie, mais cette fois-ci ordonnées à l'action bonne.La connaissance de soi, en tant que telle, devient alors condition de possibilité de tout actionmoralement bonne, en tant qu'elle est connaissance de soi et empire de la raison. II.

Mais la connaissance de soi ne suffit pas : une condition nécessaire non exclusive · La connaissance de soi ne saurait être une condition exclusive pour se conduire bien, c'est-à- dire pour se conduire conformément à la morale.

En effet, si la connaissance de soi apparaîtcomme une condition nécessaire à l'action bonne, elle n'est pas une condition exclusive.

Encorefaut-il que la connaissance que j'ai ne porte pas seulement sur moi-même mais sur ce qu'est lebien.

Comment, en effet, pourrais-je bien agir si j'ignore ce qu'est le bien ? · La connaissance du bien est la connaissance d'un objet unique : le bien en soi.

Il ne saurait s'agir en effet de la connaissance de ce qui est bien dans telle circonstance, et ce qui est biendans telle autre, mais de ce qui est bien en tout circonstances, sans quoi nous rencontrerionstoujours une situation qui dépasse notre savoir, puisqu'il y a une infinité de situations possibles. · Il suffit de connaître le bien pour agir convenablement.

Dès lors qu'il est reconnu, le bien exerce sur nous une irrésistible attraction ; c'est en effet parce que je l'ignore, que j'agis mal,puisqu'il suffit que je le connaisse pour bien agir.

Ainsi, selon le mot de Platon, « Nul n'est méchantvolontairement ». · La connaissance du bien en soi doit guider l'action humaine en général.

Ainsi s'établit la nécessité du philosophe-roi.

Puisqu'il connaît le bien, le philosophe doit diriger les hommes vers cebien qu'ils ne savent voir.

C'est donc la connaissance du bien en soi qui apparaît comme lacondition de possibilité de toute action bonne, c'est-à-dire conforme à la morale. · L'attraction du bien n'est jamais irrésistible.

Lorsque le bien utile contredit le bien morale, nous suivrons certes toujours le bien, que nous choisissions l'un ou l'autre.

Chacun d'eux exerce uneattraction propre et c'est notre liberté qui choisit.

La connaissance de ce qui m'est utile estcommandée par la prudence ; la connaissance de ce qui est moral m'est commandé par laconscience.

L'attraction du bien utile repose sur la volonté de conserver sa vie et de la rendreagréable ; l'attraction du bien moral, sur la contrainte d'une voix en moi. · Ainsi, la connaissance du bien utile est nécessaire à sa réalisation, mais la connaissance du bien moral semble un instinct en moi.

Le plus humble des chiffonniers sait sans finesse ce qu'il fautfaire pour être moral.

La conscience n'a pas besoin de la science pour bien agir. · La connaissance du bien en chaque circonstance s'oppose à la connaissance du bien en toutes circonstances, ou bien en soi, sur laquelle se dirige la volonté morale, dans telle situationparticulière.

Le savoir du bien nous permettrait ainsi de savoir si une action, quelle qu'elle soit, estbonne.

Cependant, il semble que, et les faits peuvent le confirmer, il avoir parfois que l'on fasse lemal tout en sachant ce qu'est le bien – ce qui est entièrement anti-platonicien.

Il apparaît doncque la connaissance du bien en soi, et la connaissance de soi-même, en tant qu'on les appréhendeséparément, ne sont pas des conditions suffisantes pour garantir la moralité d'une action. III. La condition de tout action morale : l'autonomie penser comme synthèse de la connaissance du bien en soi et de la connaissance de soi-même (comme être raisonnable) · Pour dépasser les obstacles auxquels nos analyses séparées sur tantôt la connaissance de soi-même seule, tantôt sur la connaissance du bien en soi seul nous ont conduits, il faut tenter deles penser de manière synthétique.

Or, cette synthèse semble pouvoir s'opérer dans le conceptkantien de l'autonomie de la volonté comme non seulement volonté libre mais encore commevolonté morale. · En effet, l'autonomie est le fait de se donner à soi-même sa propre loi et d'agir en vertu de cette loi.

C'est là que se situe proprement la liberté du sujet parce que l'autonomie garantie tout àla fois, de manière synthétique, et la connaissance de soi-même en tant qu'être raisonnable, et laconnaissance du bien en soi dans la loi morale ainsi reconnue par la raison.

C'est alors ce conceptsynthétique qui nous apparaît comme la condition de possibilité de toute action bonne, c'est-à-dire au moins conforme –si ce n'est authentiquement morale – à la morale. · Dans la deuxième section des Fondements de la métaphysique des moeurs, Kant oppose l'hétéronomie (ensemble des principes pratiques matériel) à l'autonomie (c'est-à-dire le fait pour lavolonté de n'obéir qu'à sa propre loi en tant que volonté pure, c'est-à-dire obéir à la loi morale,c'est-à-dire à la loi de la raison pure pratique).

« Quand la volonté cherche la loi qui doit ladéterminer autre part [hétéronomique] que dans l'aptitude de ses maximes à instituer unelégislation universelle qui vienne d'elle ; quand en conséquence, passant par-dessus elle-même,. »

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