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Suis-Je Responsable De Ce Dont Je N'ai Pas Conscience?

Publié le 15/02/2011

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Suis-je responsable de ce dont je n’ai pas conscience ? Problématique Préméditation - délibération, c’est-à-dire, projet réfléchi avant d’être réalisé. Je ne suis responsable que de ce que j’ai planifié, envisagé, de faire.Responsable : Répondre de ses actes (devant un tribunal par exemple)Prendre en charge, être attentif à… (Thomas est responsable de Pauline)Être jugé cause unique d’un événement.Quelqu’un de responsable : quelqu’un de raisonnable.Quelle est la relation entre le fait de savoir ce que je suis et celui de savoir ce que je fais ? Introduction. Quelqu’un sera jugé responsable d’un acte s’il a été conscient de cet acte au moment de la commettre. Quelqu’un qui ne serait pas conscient de ses actes ne pourrait pas être jugé responsable (enfant, fou, dormeur somnambule, moi qui ferme ma fenêtre et fait tomber quelqu'un d’un échafaudage à cause du reflet du soleil). C’est bien la conscience qui permet la responsabilité, c’est-à-dire ma capacité à répondre de mes actes (les expliquer, les justifier, en payer le prix (être puni)). Pourtant, il existe des actes involontaires dont leur auteur sera jugé responsable (l’ouvrier qui fait tomber la tuile qui tue quelqu’un, le conducteur ivre qui tue quelqu’un). On peut ici estimer qu’il n’y a pas de conscience du risque, mais la personne sera néanmoins tenue pour responsable parce qu’on jugera qu’elle aurait dû avoir conscience du risque pris (et donc qu’elle aurait dû y parer, l’éviter). Il peut donc y avoir responsabilité sans conscience. On voit ainsi que dans une conséquence involontaire se trouve deux types d’actes : les actes responsables (le conducteur ivre et l’ouvrier) et des actes irresponsables (moi qui ferme ma fenêtre). Comment expliquer les limites de cette « zone grise » entre les deux extrêmes où conscience et responsabilité coïncident (crime prémédité et accident) ? C’est bien dans cet entre-deux qu’on sera à même de définir à quelles conditions je suis responsable de mes actes. I) La responsabilité est une capacité de répondre de ses actes, et donc d’en être préalablement conscient A) Je ne suis responsable que de ce dont je suis conscient 1) Pour juger quelqu’un, il est nécessaire de le juger lui et non pas son voisin, ou ce qui n’a rien à voir avec lui. Or, comment connaît-on quelqu’un, sinon au travers de ses actes ? Or un acte peut être attribué à quelqu’un, quelqu’un, autrement dit, peut en être déclaré responsable, s’il les fait volontairement, avec conscience. Quelqu’un qui parle sous la torture ne voulait pas parler. Cet acte n’est pas volontaire. On ne peut pas le juger là-dessus. De même juger quelqu’un sur ses tics s’il en a. On juge donc quelqu’un par rapport à la manifestation concrète de sa volonté. 2) C’est parce que je sais qu’il ne faut pas, que si je fais quand même, je pourrai être tenu pour responsable. C’est parce que je sais qu’il ne faut pas tuer que, légalement, je serai jugé coupable. La différence entre responsabilité et culpabilité est intéressante parce qu’elle montre en quoi le savoir provoque al responsabilité. « Personne n’est censé ignorer la loi » ceci est la condition de la responsabilité des citoyens. S’ils ne connaissent pas la loi, ils ne peuvent être jugés. Si je ne sais pas qu’il faut un permis bateau pour conduire un bateau, je ne peux pas être jugé responsable d’avoir enfreint la loi, puisque je ne l’ai pas fait volontairement, avec conscience de l’infraction. La conscience est bien ici prise au sens de connaissance. C’est la raison pour laquelle tous les articles de lois nouveaux sont publiés au Journal Officiel de la République, et ne sont effectifs que sous un certain délai après cette publication. B) Le savoir n’est pourtant pas suffisant pour fonder la responsabilité. 1) En effet, le bon sens est plus utile que la connaissance stricte des codes juridiques (pénal, civile, commercial…) que personne, évidemment, n’a lu. Le bon sens, c’est aussi la morale. Ce qui est bien et mal, ne pas faire à autrui ce que je ne voudrais pas qu’il me fît… 2) Responsable face à ma propre conscience, c’est-à-dire responsable moralement. Le sens moral ne naît pas d’une loi précise mais d’un sentiment pratiquement « inné. » II) Pourtant, la conscience peut toujours être étendue, ainsi la responsabilité devenir infinie. A) La conscience engendrant la responsabilité, l’extension de l’une provoque l’extension de l’autre. 1) En tant qu’Homme, je suis responsable de tout ce qui arrive dans le monde, parce que j’ai une conscience morale, précisément. Ainsi, on est en admiration devant quelqu’un comme Gandhi, Mère Teresa. On est admiratif parce qu’ils ont répondu à cette exigence morale à laquelle nous n’avons pas nous-mêmes la force de répondre bien que nous la sentions. Responsabilité et conscience ne sont donc pas nécessairement identiques, au contraire : leur disproportion est le fondement même de la morale. La notion même du devoir est celle d’un effort constant pour être conscient de ma responsabilité (envers moi-même, autrui, l’humanité, les générations futures (cf. pollution). Problème du complexe de culpabilité qui, à l’inverse, paralyse. 2) Mais l’envers de cette extension est le cynisme : je sais très bien ce qu’il en est, mais je ne fais rien, je reste spectateur en affirmant que je n’y suis pour rien, ou que je ne peux rien faire, ou que les autres le feront, ou que c’est le destin, que je ne suis pas libre… Position cynique qui consiste à défaire l’identité de la conscience et de la responsabilité : je sais, mais je n’y suis pour rien. On peut aller jusqu’à dire que plus j’ai conscience, moins j’agis, et moins je me sens responsable : soit que je me sente écrasé par une responsabilité infinie (la misère dans le monde), soit au contraire que je sois capable de justifier indéfiniment mon inaction (ainsi les cyniques qui sont capables d’écrire des livres entiers pour prouver qu’ils ont raison). Cf. la parole qui sert à cacher la pensée et les sentiments. L’intelligence peut devenir un instrument de déculpabilisation. B) Je suis tout d’abord responsable devant moi-même. 1) Responsable des choix que je fais (choix cruciaux : études, carrière, choix du lieu de vie, famille…). 2) Responsable de moi-même, de ma propre identité. Problème : comment puis-je être conscient de ce que je suis puisque c’est moi qui suis conscient ? Le rapport à Dieu, notamment dans le christianisme, est une formalisation de ce rapport à soi qui a toujours besoin d’être médiatisé, c’est-à-dire tempérée par un agent extérieur, même idéal. C’est dans le rapport à Dieu que ma responsabilité d’être humain apparaît dans toute son étendue, parce qu’elle est jugée par un être omniscient. Je suis donc ici jugé même pour ce que je ne connais pas, ce dont je n’ai pas conscience (idée du Jugement Dernier). Conclusion Je suis donc bien responsable de ce dont je n’ai pas conscience, et même de ce dont je n’aurais jamais conscience, car on ne peut soutenir une morale qui ne soit pas fondée sur l’irréductible disproportion du devoir et de la conscience (il est impossible d’arriver à un état où je n’aie plus d’efforts moraux à fournir, parce que je serais arrivé à l’état de perfection morale : j’ai toujours des efforts à faire, pour prendre conscience des responsabilités dont je n’ai pas encore conscience, et qui sont créatrices d’un devoir moral). On peut toujours faire mieux, c’est-à-dire avoir une conscience plus « consciente » de ses devoirs.

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