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Tartuffe: Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu, Ce qu’on appelle vu. Molière

Publié le 19/03/2020

Extrait du document

MADAME PERNELLE

« On vous aura forgé cent sots contes de lui.

ORGON

Je vous ai déjà dit que j’ai vu tout moi-même.

MADAME PERNELLE

Des esprits médisants la malice est extrême.

ORGON
Vous me feriez damner, ma mère. Je vous dis Que j’ai vu de mes yeux un crime si hardi. .
MADAME PERNELLE
Les langues ont toujours du venin à répandre, Et rien n’est ici-bas qui s’en puisse défendre.
ORGON
C’est tenir un propos de sens bien dépourvu. Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu, Ce qu’on appelle vu. Faut-il vous le rebattre Aux oreilles cent fois et crier comme quatre ?
MADAME PERNELLE
Mon Dieu ! le plus souvent l’apparence déçoit :
Il ne faut pas toujours juger sur ce qu’on voit.
ORGON
J’enrage.
MADAME PERNELLE
Aux faux soupçons la nature est sujette, Et c’est souvent à mal que le bien s’interprète. »
(acte V, scène 3, v. 1668-1682)

« Mon frère, vous seriez charmé de le connaître, Et vos ravissements ne prendraient point de fin.

C’est un homme... qui... ah!... un homme... [un homme enfin. Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde Et comme du fumier regarde tout le monde. Oui, je deviens tout autre avec son entretien;
Il m’enseigne à n’avoir affection pour rien, De toutes amitiés il détache mon âme, Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme, Que je m’en soucierais autant que de cela. »
(acte I, scène 5, v. 270-279)

« 120 / ÊTRE (et paraître} • 16 C'est un homme ...

qui ...

ah! ...

un homme ...

[un homme enfin.

Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde Et comme du fumier regarde tout le monde.

Oui, je deviens tout autre avec son entretien; Il m'enseigne à n'avoir affection pour rien, De toutes amitiés il détache mon âme, Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme, Que je m'en soucierais autant que de cela.» (acte I.

scène 5.

v.

270-279) Certes, son comportement fait de lui un dévot, c'est-à-dire un homme entièrement «dévoué» ou voué à la religion : ce laïque remplit scrupuleusement ses devoirs religieux.

Mais sa dévotion s'apparente, en fait, à une passion, à savoir un lien vital et irremplaçable, dont est l'objet le guide spirituel qui lui sert apparemment d'intercesseur devant Dieu, ce Tartuffe, dont on apprend qu'il tient Je rôle, courant dans les familles honorables de la noblesse et de la bonne bourgeoisie, de directeur de conscience laïc (Tartuffe n'est pas un membre du clergé).

Aux yeux d'Orgon, Tartuffe est le représentant de Dieu au sein de sa famille, tout comme l'est le monarque au sommet de l'Etat: « Enfin le Ciel chez moi me le fit retirer.

» (acte I, scène 5, v.

299) Au dernier acte, tous devront convenir que Tartuffe est un hypocrite et un escroc, même Orgon qui, auparavant, aura dû assister en personne à une scène de séduction et de trahison, tous, hormis Mme Pernelle, mère d'Orgon, que l'on entendra poursuivre mécaniquement le discours apologétique, en faveur de Tartuffe, qui était Je sien dès le début du premier acte.

Orgon aura beau faire appel au témoignage de ses sens, (il a bien vu ce qu'il a vu), Mme Pernelle, imperturbable, lui oppose un désaveu sans répli­ que: MADAME PERNELLE « On vous aura forgé cent sots contes de lui.

ORGON Je vous ai déjà dit que j'ai vu tout moi-même.

MADAME PERNELLE Des esprits médisants la malice est extrême.. »

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