Devoir de Philosophie

Texte Aristote, Ethique à Nicomaque, éléments de corrigé - L'amitié

Publié le 24/10/2020

Extrait du document

aristote
Texte Aristote, Ethique à Nicomaque , éléments de corrigé Comme prévu et s’ajoutant aux éléments déjà donnés en cours, voici les copies de Lucie Lalle et Alice Menassa sur notre premier exercice texte sur table en deux heures. Merci à toutes les deux pour la qualité des travaux rendus et pour avoir accepté de les communiquer aux autres classes. Vous constaterez que ces copies sont différentes, elles ont toutes les deux été notées à 18. J’ai ajouté quelques remarques, soit sous forme de notes soit entre crochets, en essayant de ne pas trop alourdir le propos car il y a déjà de la lecture !! Nous avions, par ailleurs, vu un certain nombre d’éléments sur ce texte en cours. En cas de questionnements ou de demande d’éclaircissement, nous pourrons voir cela en cours dès la rentrée. Bonnes vacances. La copie d’Alice Questions 1 et 2 Dans ce texte dont le thème est l’amitié, Aristote s’interroge sur ce qu’implique l’amitié véritable et la manière dont elle se distingue des autres formes d’amitié. Il montre que la vraie amitié est rare et difficile à tenir et hiérarchise les trois formes d’amitié de la plus à la moins élevée : l’amitié parfaite ou véritable, l’amitié de plaisir et l’amitié d’intérêt. Pour ce faire, il énonce les implications de chacune de ces trois formes dans cet ordre. [Cette dernière formule peut être précisée mais le mouvement introductif est concis et précis, il va à l’essentiel] Aristote commence par montrer les deux raisons de la rareté de l’amitié parfaite. La première est qu’on ne peut avoir qu’un nombre très restreint de relations d’amitié. Cette raison est énoncée de façon catégorique à la première phrase qui débute avec : « Il n’est pas possible ». L’auteur de ce texte justifie cette idée en définissant l’amitié, qu’il qualifie d’excès. Cette deuxième phrase importante pose plusieurs questions. D’abord, s’il existe une véritable amitié, on peut en déduire qu’il en existe d’autres formes qui seraient fausses ou simplement moins sincères que celle-ci. Cela soulève la question de la vérité et de la sincérité. On peut aussi s’interroger sur le sens du mot « excès ». Un excès ne serait-il pas ce qui est contraire à la raison ? Mais pourtant, comme le défend Epicure, l’amitié n’est pas contraire à la raison puisqu’elle oblige les amis à utiliser leurs facultés intellectuelles dont fait partie la raison. Non, l’usage du mot « excès » fait plutôt appel à une idée de tout, d’absolu ici. Pour Aristote, l’amitié est un engagement total qui ne se satisfait pas de tiédeur ou d’ « à moitié ». C’est pour cette raison qu’elle est la forme la plus élevée de l’amitié et même des relations humaines en général : « C’est une affection qui l’emporte sur toutes les autres ». En résumé, l’amitié véritable est rare, d’abord parce qu’elle demande un engagement total pour que la relation puisse prospérer : cet engagement la rend difficile à tenir, c’est pour cela qu’elle est « par sa nature » (nature qui est difficile) restreinte. On ne peut pas mettre autant d’énergie dans plusieurs relations d’amitié véritable à la fois. Il n’est pas possible que le cœur soit partagé pour assumer un tel investissement, et cette situation (de plusieurs vraies amitiés) ne serait pas « bonne ». Ici aussi, on peut s’interroger sur le mot « bon ». Il peut signifier ce qui est juste, donc en accord avec la morale, mais aussi ce qui dans l’intérêt de quelqu’un, une façon d’agir qui lui rendrait service. Mais ici, ce mot réunit les deux significations.1 1- Ce dernier point est sans doute à spécifier. Ce qui n’est pas bon, c’est de mettre toutes les relations au même niveau, de ne pas être capable de hiérarchiser ou simplement de voir que nous ne pouvons pas avoir le même type de relations avec tout le monde. En dehors de cela, c’est un bon mouvement d’analyse, qui va directement à l’essentiel sans passer par des détours sur la question numérique et la réciprocité aimer/être aimé, détours qui ne peuvent pourtant pas permettre de faire l’impasse sur l’examen de l’expression « excès en son genre », qui renvoie au caractère exclusif et exceptionnel de la relation et donc à la difficulté de la mettre en œuvre compte tenu des exigences en présence.

aristote

« Avec la formule : « Il faut aussi s’être éprouvé mutuellement et avoir un parfait accord de caractère, ce qui est fort difficile », Aristote énonce les implications principales de l’amitié véritable.

Ces implications sont indispensables, comme en témoigne : « Il faut ».

« S’être éprouvé » renvoie à l’idée de connaitre chacun son ami, mais cette connaissance ne peut pas être superficielle.

C’est là l’essence de l’amitié : s’éprouver, c’est avoir appris à se connaitre bien l’un l’autre.

En effet, pour connaitre son ami, il ne suffit pas seulement de partager des bons moments, il faut avoir traversé des épreuves ensemble.

Car les épreuves, les problèmes à résoudre et les décisions difficiles montrent qui nous sommes vraiment.

Deux amis se montrent sans crainte l’un à l’autre, partagent les douleurs et les difficultés.

Quand on s’est éprouvé, donc quand des épreuves nous ont « testés », alors on peut savoir si le deuxième pilier de l’amitié véritable est présent dans la relation : un « parfait accord de caractère ».

Le mot « parfait », qui renvoie à l’ « amitié parfaite » du début du texte, traduit une fois de plus la vision sans équivoque de l’amitié véritable.

Ici, un accord parfait signifie un accord total.

Il est également important de remarquer que pour Aristote, les différences ne sont pas un obstacle à l’amitié ; si elles l’avaient été, il aurait utilisé le mot « ressemblance » au lieu d’ «accord ».

Aristote parle ici d’une compatibilité des personnalités.

On pense au philosophe Montaigne, qui fit l’expérience de cette compatibilité dans sa très forte amitié avec La Boétie, qu’il justifiera de cette manière : « parce que c’était lui, parce que c’était moi ».

On peut finalement remarquer que ce processus de se découvrir par les bons comme mauvais ou cruciaux moments, pour enfin savoir si on est « fait l’un pour l’autre », prend du temps.

C’est aussi pour cette raison que la véritable amitié est toujours « fort difficile » à créer et à tenir.

2 Aristote passe ensuite à la définition des deux autres formes d’amitié : l’amitié de plaisir et l’amitié d’intérêt.

Il donne d’abord la deuxième raison à la rareté de l’amitié véritable : peu de gens sont « disposés » à s’engager dans cette relation qui demande tant de devoirs au contraire de l’amitié de plaisir ou d’intérêt.

Il fait une distinction avec les deux autres sortes, qui elles sont fréquentes, et que l’on n’est pas obligé de restreindre à une seule personne.

Il affiche clairement la hiérarchisation des trois formes, l’amitié véritable supérieure aux autres : « Il ne s’agit que d’intérêt et de plaisir ».

Ces deux dernières formes n’exigent pas de durée.

Mais l’amitié de plaisir comporte tout de même certains devoirs, ou du moins des piliers sans lesquels elle ne peut exister : la sincérité des intentions, d’abord.

En effet, les conditions doivent être « les mêmes de part et d’autre », c’est-à-dire que les deux amis doivent vouloir une amitié de plaisir et non d’intérêt.

Si l’un des deux ment sur son intention et ne souhaite que de l’intérêt, l’autre est instrumentalisé, manipulé par son ami (que l’on pourrait qualifier de faux ami).

La deuxième condition sine qua non est le don entre les amis.

Don, et non commerce, car sinon on tomberait dans une amitié d’intérêt : l’amitié de plaisir fait appel à « la libéralité » et à « la générosité de cœur ».

Ces conditions ou devoirs font que l’amitié de plaisir « ressemble davantage à l’amitié véritable » que l’amitié d’intérêt, la seule des trois formes que l’auteur de ce texte semble considérer comme insignifiante et stérile.

Elle « n’est guère digne que de l’âme des marchands » donc elle s’assimile à un commerce.

Question 3 L’amitié de plaisir n’est pas la forme la plus élevée de l’amitié, car c’est une amitié incomplète. D’abord pour la raison qu’elle ne permet pas d’élever l’humain autant que l’amitié véritable.

En effet, l’amitié véritable fait appel à toutes nos facultés intellectuelles et éthiques, comme le dit Epicure.

Elle le fait parce que, comme l’a montré Aristote dans ce texte, elle demande un engagement de tout son être.

L’amitié de plaisir ne s’inscrit pas nécessairement dans la durée et ne permet donc pas que la 2 - Il aurait fallu développer les qualités en jeu ici avant de passer aux deux autres formes d’amitié.

Sur ce point, nous renvoyons à ce que nous avons vu en cours et à l’autre copie. 2. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles