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Tombé-je malade comme une machine tombe en panne ?

Publié le 02/08/2005

Extrait du document

            Ainsi, la panne de la machine signe l'arrêt complet du mécanisme, alors que la maladie laisse l'organisme vivre - ne pas confondre maladie et mort. Les causes de la panne sont différentes de celles de la maladie : cette dernière peut être due (ex des problèmes psychologiques) à un contexte social ou à des angoisses qui ne viennent pas de l'extérieur, tandis que la machine tombe en panne à cause de l'environnement physique. L'organisme peut quant à lui s'adapter à ces changements extérieurs. Cf. Claude Bernard et le "milieu intérieur" du vivant : grâce à l'influence du milieu intérieur, l'organisme se régule pour qu'il reste toujours identique. C'est de cette façon que le vivant peut parfois se guérir tout seul, alors que la machine ne peut pas se réparer seule.             C'est ce que note Kant dans La critique de la faculté de juger (partie téléologique). En effet, si le vivant peut cicatriser ses blessures seul, croître, se reproduire..., c'est qu'il possède une force formatrice, et non pas uniquement une force motrice. Autrement dit, l'organisme est un tout finalisé dont le but est de vivre, et tout est mis en oeuvre pour accomplir cette fin.

Bien définir les termes du sujet :

 

- « Machine « : agencement de pièces solides en un système cohérent et préétabli, en vue de produire un résultat déterminé. S'applique à des instruments très différents, comme la poulie, le moteur à essence, ou l'ordinateur.

- « Personne « : ici il faut prendre le terme dans son acception la plus courante, à savoir celle d'être humain vivant particulier et singulier.

- « Tomber en panne « : la panne est un arrêt momentané du fonctionnement de la machine, dû à un accident, à un dysfonctionnement, ou à une avarie du matériel. Tomber en panne désigne le passage imprévu et subit de la machine de l'état de marche à celui de panne.

- « Tomber malade « : la maladie est une altération de la santé ou des fonctions vitales de l'organisme, c'est un dysfonctionnement qui empêche ou gêne le déroulement normal des activités organiques ou physiques de l'individu. Tomber malade désigne le passage imprévu et soudain de l'état de santé à celui de maladie. (C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le sujet parle d'événements)

 

Construction de la problématique.

           

            Le sujet porte sur le rapport entre le vivant et la machine ; il s'agit de comparer les deux situations (tomber en panne / malade) pour voir s'il est possible d'identifier l'une à l'autre, ou si finalement ce sont deux situations complètement différentes. Il faut aussi noter que le sujet cherche à établir s'il y a une différence de "nature", c'est-à-dire une différence qui touche à l'essence, et non pas une simple différence de degré. 

            Il s'agit donc de comparer les deux situations pour établir leurs caractéristiques et voir si elles sont identifiables ou fondamentalement différentes. 

 

« artificiels, comme une montre, par exemple, l'univers étant une vaste horlogerie, Kant souligne l'irréductibilité duvivant à ce modèle.

Un être vivant semble, à la différence d'une montre, pouvoir se reproduire lui-même, se réparerlui- même, comme si le tout et les parties étaient dans un lien d'implication causale réciproque et intentionnelle, etpas seulement le produit d'un jeu de causes aveugles.

Il faut donc aussi éviter la solution strictement mécaniste.

Ilfaut supposer l'idée d'une fin naturelle qui seule peut rendre compte des spécificités observables chez les êtresorganisés.

Cette idée de fin naturelle n'est cependant qu'une idée régulatrice de la faculté de juger et non une idéeconstitutive de l'entendement. Le jugement téléologique n'est qu'un guide dans la connaissance des êtres animés.La dialectique du jugement téléologique met en scène l'antinomie opposant d'une part la thèse d'un mécanismeaveugle pour toutes les choses de la nature, et d'autre part l'idée selon laquelle seule une cause finale rend possiblecertains de ces êtres, justement les êtres organisés.

La solution de l'antinomie tient en ce que la finalité n'estjustement qu'un concept de la faculté de juger et non de l'entendement : il ne peut servir que de fil conducteursubjectif pour assembler des mécanismes partiels et saisir le fonctionnement global d'un être organisé. Il faut distinguer cet usage cognitif de la finalité objective interne dans chaque être organisé avec lafinalité externe qui lie les différentes parties de la nature prise comme un tout.Les êtres organisés semblent avoir été faits comme s'ils étaient les uns pour les autres fin et moyen.

Seul l'hommeet son développement comme être de culture pourvu d'une valeur morale absolue peut apparaître comme la findernière de la nature, justifiant une téléologie de l'histoire humaine s'accomplissant dans le déploiement del'humanité de l'homme.

Si comme le montre Kant le vivant et la machine sont différents, alors la panne et la maladie le sont aussi.

III/ La différence entre la panne et la maladie est une différence de nature : Alors que la panne est simplement le contraire de l'état de marche, on ne peut pas en dire autant de lamaladie.

En effet, cette dernière n'est pas un autre état, complètement différent, elle se caractérise plutôt parl'écart par rapport à un certain nombre de normes.

Ainsi, la différence fondamentale entre la panne et la maladie tient à l'idée de norme.

Cf.

Canguilhem dansLe normal et le pathologique ou La connaissance de la vie.

La vie est une activité normative et polarisée, dont lesdeux pôles sont la maladie et la santé.

Si un organisme en bonne santé est celui qui est adapté à son milieu, et quipeut en suivre les modifications, la maladie implique que l'on s'écarte de la norme ou que l'on change de norme.

à La machine, elle, ne s'écarte pas des lois naturelles, elle ne connaît pas l'idée de norme.

La panne est l'inverse dufonctionnement, alors que la maladie n'est pas l'inverse de la vie, c'est une autre allure de la vie, un autre normal,une pathologie .

" Il n'y a pas de pathologie mécanique.

[...] il n'y a pas de distinction entre le normal et le pathologique en physique et en mécanique." Alors que la panne de la machine est un état stable, un désordre que le mécanisme ne cherche pas àrétablir de lui-même, la maladie est un phénomène qualitatif anormal qui se caractérise par un effort de la naturepour obtenir un nouvel équilibre.

C'est une nouvelle norme de vie, et non pas un désordre -" le malade est normaliséds des conditions d'existence définies." – même si cette autre allure de la vie est inférieure à la précédente parcequ'elle réduit la marge de tolérance des variations du milieu, et que toute modification du milieu peut être fatale.

Conclusion : La panne et la maladie sont donc de nature différente, puisque le vivant et la machine sont différents.

>>> Second corrigé de ce même sujet: introductionParfois je suis malade et je le sais.

Mais je ne suis jamais sûr d'être en bonne santé.

Hormis les états aigus où lamaladie se distingue aisément de la santé, la frontière entre l'une et l'autre paraît indécise.

Qu'est-ce qu'être malade? 1) approche subjective (le point de vue du malade) a) Exposition.• Je me juge malade lorsque «je ne me sens pas bien » ou que je souffre, ce qui signifie que je prends conscience :- d'une gêne qui ne me permet plus de vaquer à mes occupations habituelles ;- d'une menace pour ma vie.• Dans la maladie je ne me perçois donc pas comme «dans mon état normal».

Je me sens «autre» et prendsconscience de mon corps et de ses limites que j'oublie dans l'état de santé. b) Insuffisance de cette conception.• Le point de vue du malade ne coïncide pas nécessairement avec celui du médecin :. »

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