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Une société peut-elle exister sans mythe ?

Publié le 22/02/2012

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[Notre monde quotidien est peuplé de mythes. Couvertures de magazine, slogans publicitaires, spectacles de variétés mystifient la réalité. Elle est porteuse des valeurs de la petite-bourgeoisie.]

« « Il ne sera pas ici raconté d'histoires (muthoi, en grec, pluriel demuthos, l'histoire, le récit) ».

Ainsi Platon inaugure-t-il le Sophiste.IL faut en effet passer de l'enfance crédule à la majoritéintellectuelle, d'une parole reçue de la tradition à une parolecritiquée et examinée, de l'image à l'idée, du vraisemblable au vrai.Il faut passer du raconté (« contes de bonnes femmes », ditGorgias en 527a) au démontré.

Dans le mythe, la fonction pratique(rites) empêche la recherche théorique et désintéressée du vrai. a.

Si le mythe est une manière de s'expliquer symboliquement lemonde, il est certain qu'il ne répond pas aux exigences de la raisonqui distingue ce qu'il n'a de cesse de confondre.

Penser en effet,c'est identifier à travers des catégories précises, et à ce titre leprincipe de non-contradiction ne saurait tolérer les licenceslogiques qui malmènent la stabilité de la signification et de laréférence.b.

En outre la fragilité explicative du mythe se signale en ce qu'ilpervertit constamment le principe de causalité.

Au mieux, il prendle déterminisme qui parle de nécessité conditionnelle pour unfatalisme qui le transforme en nécessité aveugle et au pire ilinvoque des interventions miraculeuses qui violent le principe derégularité des lois naturelles.c.

C'est dire si l'anthropomorphisme dont il fait preuve le conduit à prêter des intentions à la nature là oùl'explication rationnelle ne verrait qu'un système de lois étrangères à des fins.

En d'autres termes, lemythe ne rend pas compte du monde mais bien plutôt de l'impuissance de ceux qui y sont soumis. Le triomphe de la raison a.

Et c'est pourquoi l'emprise des mythes sur les hommes n'a cessé de se relâcher à mesure que lessciences leur fournissaient les explications à mêmes de les libérer de la peur de l'inconnu et du souci deconfier à des entités personnifiées le soin de satisfaire leurs aspirations.b.

Mais surtout la raison a eu raison du mythe en ce qu'elle a habitué l'esprit à rendre raisonpubliquement de ses croyances ou de ses certitudes c'est-à-dire à ne rien affirmer ou à ne rien laisseraffirmer qui ne soit exposé aux tests d'une réfutation possible.

Affirmer, ce n'est pas suggérer ou laissercroire mais démontrer.c.

A cet égard le triomphe de la raison paraît définitivement assuré dès lors que les religions elles-mêmesconcèdent que les récits fabuleux qu'elles véhiculent ont moins valeur de vérité que valeur métaphoriqueou allégorique dont il convient de dégager les contenus rationnels pour les rendre non seulementcompatibles avec les sciences mais aussi avec les valeurs dont nous nous réclamons. Infantilisme du mythe "...

En ce qui concerne l'art on sait que certaines époques defloraison artistique ne sont nullement en rapport avec l'évolutiongénérale de la société, ni donc avec le développement de la basematérielle qui est comme l'ossature de son organisation.

Parexemple les Grecs comparés aux modernes, ou encoreShakespeare.

Pour certaines formes de l'art, l'épopée par exemple,on va jusqu'à reconnaître qu'elles ne peuvent jamais êtreproduites dans la forme classique où elles font époque.

Dès que laproduction de l'art fait son apparition en tant que telle; on admetpar là, que dans la propre sphère de l'art, telles de ses créationsinsignes ne sont possibles qu'à un stade peu développé del'évolution de l'art.

Si cela est vrai du rapport des divers genresd'art à l'intérieur du domaine de l'art lui-même, on s'étonnera déjàmoins que cela soit également vrai du rapport de la sphèreartistique dans son ensemble à l'évolution générale de la société.La seule difficulté c'est de formuler une conception générale deces contradictions.

Prenons par exemple l'art grec...

dans sonrapport à notre temps.

Il est bien connu que la mythologiegrecque fut non seulement l'arsenal de l'art grec mais aussi saterre nourricière.

L'idée de la nature et des rapports sociaux quialimente l'imagination grecque...

est-elle compatible avec lesmétiers à filer automatiques, les locomotives et le télégraphe électrique? Qu'est-ce que Vulcain auprès de Roberts et Cie, Jupiter auprès du paratonnerre?...

Toutemythologie dompte, domine, façonne les forces de la nature, dans l'imagination et par l'imagination; elledisparaît donc au moment où ces forces sont dominées réellement...

D'autre part, Achille est-il possible àl'âge de la poudre et du plomb?...

Les conditions nécessaires de la poésie épique ne s'évanouissent-ellespas? Mais la difficulté n'est pas de comprendre que l'art grec et l'épopée sont liées à certaines formes du. »

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