Devoir de Philosophie

valeur et objectivité des sciences humaines

Publié le 03/06/2012

Extrait du document

Reason’s claim to be absolute presupposes that a true community exists among men. [...] At the close of the liberal era, however, thinking in terms of mere existence, of sober self-preservation, has spread over the whole society. All men have become empiricists.  (Max Horkheimer)      Parmi les problèmes épistémologiques les plus dérangeants des sciences humaines figure certainement celui de leur manque de ‘scientificité’. En fait, le terme de science y serait tout au plus à entendre comme analogie. N’en déplaise à certains structuralistes français, les sciences de l’homme sont très loin de pouvoir satisfaire, ne serait-ce qu’en partie, les critères de précision, de clarté et de vérifiabilité objective auxquels sont habitués les physiciens, les chimistes ou les mathématiciens. L’abîme qui sépare les deux acceptions du terme de science devient d’ailleurs particulièrement frappant quand les physiciens se mettent à relire leurs propres lois, les mathématiciens ou logiciens leurs propres théorèmes reformulés et interprétés à la lumière des philosophes.

« nécessairement au rejet assumé de toute forme d’objectivité en sciences humaines.

De même, la prise en compte del’impossibilité des procédures de vérification des sciences naturelles ou des raisonnements mathématiques n’impliquepas nécessairement une fuite dans le constructivisme ou le relativisme post-structuraliste ou post-moderne.

Car sil’idéal scientifique ne peut sérieusement être déclaré principe constitutif des « sciences humaines », rien nel'empêche de figurer comme principe régulateur de la recherche. Valorisation et Référence à la Valeur Vers la fin du dix-neuvième siècle, la philosophie universitaire allemande était secouée par la « querelle de laméthode ».

Les premiers représentants de cette querelle étaient d’abord les grandes écoles du néo-kantisme :l’école de Marbourg – Cohen et Natorp –, et l’école de l’Allemagne du sud-ouest (Bade) - Windelband et Rickert.Le « retour à Kant », qui constituait la devise de l’école de Marbourg, tenait dans l'idée suivante : « L’idéalisme engénéral ramène les choses aux phénomènes et aux idées.

En revanche, la critique de la connaissance dissèque lascience [exacte] dans les présuppositions et les principes supposées par leurs lois.

Comme critique de laconnaissance, l’idéalisme a moins pour objet les choses ...

que les faits scientifiques.

» (Hermann Cohen) En tantque théorie de la connaissance, la philosophie doit en même temps déduire la structure transcendantale de laconnaissance de la connaissance des sciences de la nature et apporter une analyse critique de ces sciences.

Mais ilfaut souligner que pour les tenants de l’École de Marbourg, la philosophie ne se limite nullement à la théorie de laconnaissance.La question d’une possible théorie de la connaissance des disciplines traditionnellement appelées sciences de l’espritse situe plutôt du côté de l’École de l’Allemagne du sud-ouest.

Et il ne serait peut-être pas exagéré de situer lapremière formulation concise de la querelle de la méthode chez Wilhelm Windelband.

En 1894, dans un article intitulé« Histoire et sciences naturelles » (Geschichte und Naturwissenschaft) Windelband introduit une distinction entredeux types de connaissance, entre deux types de science.

Selon une conception tout à fait kantienne, Windelbandsoutient que la différence de l’objet s’avère moins pertinente pour la distinction des sciences que la différence desméthodes ou des démarches.

D’un côté, les sciences de la nature procèdent selon une démarche nomothétique, del’autre, les sciences dites de l’Esprit se caractérisent par leur démarche idiographique.

Tandis que la démarchenomothétique constitue une recherche de lois et de concepts empiriques universels, la démarche idiographique del’histoire s’intéresse principalement à la représentation de l’individuel et du particulier.L'élève de Windelband, Heinrich Rickert, reprend, développe et problématise cette distinction par le biais d’uneargumentation plus détaillée.

Tout au long des 650 pages de son ouvrage La limite des concepts des sciences de lanature (Die Grenzen der Naturwissenschaftlichen Begriffsbildung), il argumente en faveur d’une distinction logique ouépistémologique des méthodes.

À l'instar de son maître, Rickert n’accepte pas l’idée d’une réduction de la philosophieà la théorie de la connaissance des sciences naturelles.

En même temps, l’historisme, la démarche idiographiqueconduit presque naturellement au relativisme et en exclut toute scientificité objective.

La tâche de la philosophieest donc la suivante : déterminer les limites des concepts des sciences naturelles et analyser la possibilité d’uneobjectivité des sciences dites de l’esprit.La distinction ontologique cartésienne entre corps et âme permet peut-être de rendre compte du réel, mais elle nepermet pas de déduire, voire de légitimer différents types de connaissance.

L’exemple le plus flagrant de cetteinsuffisance est celui de la psychologie.

Rien ne s’oppose en effet à ce qu’une approche du type des sciencesnaturelles s’intéresse à l’âme.

Une telle connaissance permet par ailleurs d’apporter un nombre important deconnaissances qui ne seraient jamais accessibles à une psychologie introspective ou à une philosophie de lapsychologie.

Inversement, un historien ou un archéologue est tout à fait en mesure de s’intéresser à la particularitéde certains corps physiques.

Selon Rickert, cette convergence s’explique du fait de l’unicité de la réalité.

La réalitéest « moniste » et comprend aussi bien le corporel que le psychique.

Le dualisme, pour autant qu’il s’avèreincontournable, ne doit pas être situé du côté du réel, mais du côté de la connaissance.La connaissance peut procéder suivant deux voies distinctes.

D’une part, elle peut viser l’établissement de conceptset de lois universels, de l’autre elle peut viser l’appréhension de particularités et de singularités ne pouvant êtreuniversalisées.

Connaître la nature signifie connaître les lois et les concepts universels et reproductibles.

Or, si lanature épistémologique des sciences naturelles suffit pour concevoir la méthode de ces sciences, celle des scienceshistoriques est moins évidente.Les sciences historiques s’intéressent à la singularité et à la particularité.

L’idée d’une « loi » historique serait dèslors une « contradictio in adjecto ».

Ce qui conduirait à penseur que l’idée même d’une science historique s’avèrecontradictoire.

Et comme si ce point ne suffisait pas encore pour condamner définitivement les « sciences »historiques, le problème de la valeur vient compliquer d'avantage la situation compromise.

La question de la valeurtient à la spécificité de l’objet des sciences historiques.

Si la nature regorge d’une très généreuse multiplicitéd’exemples pour le scientifique, l’approche historique se heurte nécessairement à un trop et un trop peu d’objets.D’une part, l’historien, par exemple, ne dispose jamais de l’ensemble des informations qui seraient nécessaires àl’établissement d’une connaissance certaine.

D'autre part, même le peu d’éléments dont il dispose est trop riche,trop divers et trop multiple dans ses singularités pour donner lieu à une image cohérente.

Si la première limite estindépassable, la seconde est susceptible d’une solution qui permettrait en même temps de réintroduire unepossibilité d’objectivité dans les sciences historiques et d’éviter, ou du moins de minimiser l’écueil du relativisme etdu subjectivisme.L’approche historique requiert une sélection, une distinction de ce qui, parmi ses objets, est pertinent pour uneanalyse et ce qui ne l’est pas.

Mais alors que cette sélection ne semble pas nécessairement inquiéter les sciencesnaturelles les sciences historiques y trouvent leur fondement.

La méthode historique ne s’intéresse pas à tous lesobjets, mais exclusivement à ceux susceptibles d’avoir d’une signification historique.

Cette importance particulièrequi distingue le fait historique des faits non historiques constitue sa valeur.

Plus précisément : c’est la valeur d’unfait qui le qualifie ou non comme fait historique.

Les faits historiques sont constitués par la valeur.

On comprendra. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles