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Valmont : coupable ou victime ? Il faut utiliser autant le roman que l'adaptation de Frears. Il convient d'interroger les limites du personnage ainsi que de mettre en relation le vicomte de Valmont avec des aspects (sentiments, caractère) développés par des philosophes (Sade pour la perversité) ?

Publié le 02/01/2010

Extrait du document

sade
Opération qui consiste à récrire une oeuvre pour lui donner une forme nouvelle susceptible d'atteindre un autre public, souvent plus large.
 
  • Introduction :
 
           Choderlos de Laclos publie les Liaisons Dangereuses en 1782 ; comme l’indique notre sujet la parution d’un tel ouvrage au XVIIIe siècle ne va pas de soi. En effet, le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières, de la Raison et de la Morale alors que ce roman épistolaire se présente comme une apologie du plaisir malgré sa visée morale. La marquise de Merteuil est au cœur des différentes correspondances, c’est elle qui organise la mécanique bien huilée qui sert à corrompre la vertu, la vertu de la jeune Cécile de Volanges et celle de la grande Mme de Tourvel. Le Vicomte de Valmont est avec la Marquise de Merteuil un initiateur dans la perversion. Toutefois, on peut se demander si Valmont est réellement coupable dans cette entreprise ou s’il se retrouve victime ? Si est le cas, victime de qui ? De la marquise Merteuil ? Ou de ses sentiments amoureux pour Mme de Tourvel ou encore de sa fascination pour le mal et la perversion ? Autant de questions qui révèlent toute la complexité du personnage ?
 
 
  • Problématique :
 
           Comment analyser le personnage de Valmont, peut-on le voir comme un coupable, un bourreau, un personnage maléfique ? Ou faut-il au contraire le placer du côté des victimes ?
 

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« 2) Le vicomte victime des passions Valmont est doublement victime, victime de son penchant pour le mal, pour la perversion et du même couppour la marquise de Merteuil qui le force à rompre.

Il n'a pas la force nécessaire pour lutter contre elle et refuser sesvolontés.

Malgré son affection sincère pour la Présidente, malgré ses remords et ses doutes, il se laisse aller àrompre même si il sait l'impact qu'aura cette rupture.

D'autre part, il est victime de son amour pour Mme de Tourvelqui l'empêche de se livrer complètement au mal.

III.

Un personnage qui échappe à toute représentation manichéenne 1) L'art du double-jeu Précisément ce qui fait toute la complexité du personnage, c'est son habileté à manier toutes lesressources de la rhétorique, sa maîtrise de l'ironie.

Dans le film le jeu apparaît dans la physionomie du personnagedifficilement saisissable.

Dans le film, dans les entretiens avec Mme de Tourvel, le doute est préservé.

Jusqu'à quelpoint Valmont est-il sincère quand il confie son amour à Mme de Tourvel ? L'ambiguïté culmine dans la lettre XLVIII.Le vicomte de Valmont écrit à la présidente depuis la chambre d'une prostituée.

L'ironie est à son comble : « jamaisje n'eus tant de plaisir en vous écrivant ; jamais je ne ressentis dans cette occupation, une émotion si douce etcependant si vive.

Tout semble augmenter mes transports : l'air que je respire est plein de volupté ; la table mêmesur laquelle je vous écris, consacrée pour la première fois à cet usage, devient pour moi l'autel sacré de l'amour […]j'aurais tracé sur elle le serment de vous aimer toujours » Cette table n'est autre que le dos nu de la jeune femmeavec qui il vient de passer la nuit.

Il lui jure fidélité alors même qu'il s'adonne au plaisir des sens avec une autre, laperversion est au cœur de la lettre.

Pourtant, Valmont ressent malgré tout un attachement véritable pour laPrésidente mais il a blessé dans son amour propre par ses refus et cette lettre fait office de vengeance.

Cette lettrerévèle l'art du double jeu du personnage qui manie l'ironie avec un brio exceptionnel ainsi derrière chaquedéclaration, on peut se demander quelle est la part de sincérité.

Précisément en raison de ce langage si complexe etde cette psychologie difficilement saisissable, Valmont peut apparaître aussi bien comme le bourreau que comme lavictime.

2) Un impossible jugement Le chevalier Danceny après avoir tué en duel le vicomte de Valmont réalise l'ampleur de sa maîtrise etl'étendue des manipulations de la marquise de Merteuil, lui-même pardonne à Valmont et cherche à convaincre satante de ne pas le poursuivre en justice afin qu'ils obtiennent une vengeance commune contre Mme de Merteuil.Ainsi, lorsque le roman s'achève, Valmont est en quelque sorte pardonné aux yeux du monde, il reçoit d'ailleursl'extrême onction ce qui est très important dans cette société où les valeurs religieuses ont un tel impact.

Ainsi, sesfautes sont en quelques sortes rejetées sur la marquise mais le lecteur peut rester sceptique.

Jusqu'à quel pointValmont est-il coupable ? Le roman ne laisse pas d'autre indice.

La sensibilité du lecteur est sollicitée et chaquelecteur est libre de juger.

Conclusion : L'étude de l'œuvre de Laclos autant que le film de Frears révèle la complexité du personnage de Valmontque l'on ne peut cerner de façon tranchée.

Il échappe à toute représentation manichéenne, on ne peut le situer ducôté du bien et du mal.

Il est certes fasciné par le mal et épris de perversion mais il a ses limites contrairement à lamarquise de Merteuil, il finit par céder à la passion amoureuse.

Il montre du regret et des doutes ainsi, on ne peutdéfinitivement trancher et l'enfermer dans le rôle de bourreau et de victime.

Certes, il apparaît d'abord commecoupable mais une analyse plus précise révèle des failles et des sentiments.

Son penchant pour le mal semble êtredavantage le résultat d'une fascination.

Ainsi, le problème reste entier ? Peut-on d'un point de vue moral légitimer saconduite ? C'est là l'une des richesses de l'œuvre et d'une des raisons de son caractère atemporel, Valmont ne peutêtre jugé d'un point de vue moral une fois pour toute, il a l'étoffe d'un grand personnage de part sa complexitépsychologique qui apparaît très bien grâce au genre épistolaire qui souligne la multiplicité des points de vue que peutadopter le personnage et qui place le lecteur dans l'incertitude car il ne peut savoir quand Valmont est parfaitementsincère ou quand il est ironique et manipulateur.

La complexité du personnage est renforcée par sa mort tragique quimet un point final à un destin si étrange laissant le lecteur se livrer à diverses conjectures.. »

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