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Sciences & Techniques: La naissance de l'écriture

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Mille siècles après son apparition, l'Homo sapiens se lance dans la grande aventure de l'écriture. C'était vers 3200 av. J.-C. dans le pays de Sumer, au sud de l'actuel Irak. Quelques dessins facilitant les inventaires se transforment rapidement en signes représentant des sons. Pictogrammes, Hiéroglyphes, cunéiformes, idéogrammes... De la Mésopotamie à l'Egypte en passant par la Chine, l'homme essaie toutes les combinaisons jusqu'à créer un alphabet de " signes-sons " qui vous permet de lire aujourd'hui cet article ! Mille siècles, c'est long, très très long... ! Une éternité, même, à l'échelle d'une vie humaine ! C'est pourtant le temps qu'il a fallu aux hommes pour apprendre à lire et à écrire. Nous avons beau, aujourd'hui, noircir des pages et des pages d'écriture, les faits sont là. D'un côté, les paléo-anthropologues affirment en choeur qu'Homo sapiens sapiens est apparu sur Terre il y a au minimum 100 000 ans, et, de l'autre, les archéologues soutiennent, la main sur le coeur, que les plus vieilles traces d'écriture remontent tout au plus à 3200 av. J.-C. Faites le compte ! Entre ces deux dates extrêmes, rien ou presque rien. L'homme préhistorique a bien griffonné quelques centaines de figures : rectangles, losanges, lignes de points... dans les grottes d'Europe, d'Afrique ou d'Amérique, mais aucun de ces dessins ne peut faire penser de près ou de loin à un texte ou même à une simple phrase.

« fallut, dès le début du IIIe millénaire, inventer un troisième type de signes, les " déterminatifs ".

Placés devant le mot, ils indiquaient àquelle catégorie il appartenait : homme, dieu, animal, objet, plante, etc...

et facilitaient ainsi un peu la lecture.

De longues annéesd'apprentissage étaient cependant nécessaires pour savoir lire et écrire le cunéiforme.

Et seule une fraction minuscule de la population- les fonctionnaires royaux et les marchands - possédait ce savoir.

La majorité des paysans et des artisans était totalement illettrée. 5000 signes pour l'écriture égyptienne ! Pendant que les scribes sumériens se débattaient dans un océan de signes cunéiformes, de l'autre côtéde la mer Rouge, leurs collègues d'Egypte croulaient sous une montagne de hiéroglyphes.

A l'apogée deleur art, il ne fallait pas moins de 5 000 signes aux gratte-papyrus égyptiens pour traduire toutes lesfinesses de la langue des pharaons ! Comment un système aussi compliqué a-t-il vu le jour ? Mystère.

Leshiéroglyphes apparaissent comme par magie vers 3100 av.

J.-C., une bonne centaine d'années après queles Sumériens ont posé les premières fondations de leur propre système d'écriture ; Mais alors qu'il estpossible de suivre pas à pas l'évolution des signes en Mésopotamie depuis les pictogrammes jusqu'aux cunéiformes, rien de tel en Egypte.

Dès le départ, les scribes ont à leur disposition une palette graphique d'une richesse incroyable :21 signes différents pour transcrire la quasi-totalité des consonnes de la langue, et une profusion de signes-mots, de signes-syllabeset de signes-déterminatifs comparables à ceux des Sumériens.

Vers 3000 av.

J.-C., l'écriture égyptienne classique est en place, prêteà servir ! Pour le plus grand bonheur des archéologues et des épigraphistes, les riverains du Nil vont faire un usage immodéré de leurs petitsdessins.

Les scribes, aux ordres des pharaons et des hauts dignitaires du royaume, vont graver sur les murs des temples et destombeaux des milliers d'inscriptions : figures géométriques, silhouettes de plantes ou d'animaux, détails anatomiques du corpshumain, etc.

Un travail qui exigeait patience et minutie, car les hiéroglyphes égyptiens étaient précis.

Au point d'ailleurs qu'il est facile,aujourd'hui, d'y reconnaître les différentes espèces d'animaux : faucon pèlerin, vautour percnoptère, babouin hamadryas, vipère àcorne...

, qui vivaient à cette époque dans la vallée du Nil ! Dans la vie de tous les jours, les Egyptiens utilisaient un support beaucoup plus commode que la tablette d'argile des Mésopotamiens: la feuille de papyrus (2500 av.

J.-C.) et s'est progressivement imposée dans tous les actes de la vie administrative et civile.

Les "artisans papetiers " découpaient dans la tige du papyrus de fines lamelles de 40 cm de long environ qu'ils disposaient ensuite côte àcôte sur deux couches perpendiculaires.

La feuille ainsi obtenue était martelée à coups de maillet, pour bien coller les lamelles entreelles et aplanir les bosses, puis elle était séchée au soleil.

Les artisans papetiers assemblaient ces feuilles avec de la colle d'amidonpour confectionner des rouleaux de plusieurs mètres de long (le plus grand que l'on ait trouvé mesurait 40 m !). Assis en tailleur, les scribes déroulaient d'une main le cylindre de papyrus comme nous tournons les pages de nos cahiers à spiraleet de l'autre ils traçaient les hiéroglyphes en colonnes ou en lignes.

Le stylo des écrivains était des plus rustiques : une simple tige deroseau mâchouillée à son extrémité et trempée dans l'encre ! Pas question de jouer les Michel-Ange avec un outil aussi fruste, et les signes tracés sur papyrus n'avaient pas la netteté et la précision de ceux qui étaient gravés dans la pierre. Petit à petit, avec la nécessité d'écrire de plus en plus vite, les scribes modifièrent les hiéroglyphes, tant et si bien qu'ils finirent parcréer une nouvelle écriture : le hiératique.

A partir de 2400 av.

J.-C., elle se glisse insidieusement dans tous les documents officiels :textes religieux d'abord (d'où son nom, du grec hieros qui signifie " sacré "), puis actes de mariages, contrats de ventes, traités demathématiques, etc., avant d'envahir la correspondance privée.

Entre gens de lettres, on s'écrit en hiératique, même si, pour soncaveau ou sa stèle funéraire, on préfère de loin le hiéroglyphe, tellement plus chic ! Vers 650 av.

J.-C., le hiératique est simplifié à son tour.

Les scribes, toujours épris de vitesse, inventent une troisième écriture : ledémotique ! Plus rapide à écrire (les signes sont plus simples et s'enchaînent aisément les uns aux autres), la nouvelle graphie serépand comme une traînée de poudre dans la population égyptienne.

Pour la première fois dans l'Histoire, l'écriture fait une percéedémocratique.

Le hiératique, vite condamné au purgatoire des textes religieux, agonise pendant quatre siècles, tandis que leshiéroglyphes font de la persistance.

L'intégration de l'Egypte dans l'Empire romain et l'avènement du christianisme leur donneront lecoup de grâce.

Après tout de même 3 000 ans de bons et loyaux services ! Le démotique lui-même disparaîtra vers 500 apr.

J.-C.,incapable de faire face à la montée en puissance du copte . Et les Chinois inventèrent le papier Pour retrouver, dans l'histoire de l'écriture, une longévité aussi étonnante que celle des hiéroglyphes, il faut quitter les rivages du Nilpour les berges du fleuve Jaune.

Les plus vieux signes chinois connus remontent à 1400 av.

J.-C.

environ, et certains, pratiquementinchangés, sont encore en usage aujourd'hui ! En Chine, comme en Egypte et en Mésopotamie, l'écriture a débuté en images.

Simplecoïncidence ? Sûrement pas.

Quand on ignore le b.a-b.a de l'écriture, griffonner de petits dessins est le moyen le plus naturel detransmettre un message dans le temps et dans l'espace.

Une vague de pictogrammes (voir schéma, page de droite) déferle donc sur la Chine du IIè millénaire av.

J.-C.

: un croissant suffit à évoquer la lune , un cercle percé d'un point le soleil et trois triangles accolés une chaîne de montagnes...

Prêtres et devins occupent l'avant-scène littéraire : devant des fidèles ahuris et craintifs, ils tracent leursoracles sur des écailles de tortue et des omoplates de cerf. A partir de l'an 1000, les " historiens " et les ronds-de-cuir des premiers royaumes prennent le relais.

Fini, les images simplistes ! Lespictogrammes (du latin pictus, " image ", et du grec gramma, " inscription ") cèdent la place aux idéogrammes (signes quireprésentent des mots), au dessin plus dépouillé.

Jusqu'à la fin du millénaire, le bois, la pierre, le bronze et la soie sont les matériaux. »

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