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Edo, période d'

Publié le 09/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Edo, période d' (1603-1868), dernière période de l’histoire moderne du Japon, qui précède la période actuelle de Meiji.

2   LA MISE EN PLACE DU SHOGUNAT DES TOKUGAWA

En 1603, Tokugawa Ieyasu reçoit de la cour le titre de shogun, achevant ainsi l’unification politique du pays au terme de la période d’Azuchi-Momoyama. S’il abdique dès 1605 en faveur de son fils, il conserve cependant jusqu’à sa mort le premier rôle politique, rédigeant la plupart des décrets qui permettent le maintien au pouvoir de sa famille pour près de trois siècles, dans un climat de paix et de prospérité relatives.

Le shogun, personnage central du système politique, est de loin le plus puissant et le plus riche de tous les daimyo. Il dispose en permanence d’une armée de 80 000 hommes et contrôle directement les grandes villes, les ports, les grands axes routiers et les mines.

2.1   Le contrôle de la population

Sitôt établi à la tête du Japon, Tokugawa Ieyasu entreprend un partage des terres et des ressources ainsi que la fixation des classes sociales. On distingue ainsi les guerriers, les paysans, les artisans et les commerçants, les nobles de cour, les moines bouddhistes et les desservants shinto, et enfin, en dehors de la société, les parias (eta et hinin).

2.1.1   Les guerriers

Les guerriers (bushi) — daimyo, samouraï ou ronin — disposent théoriquement du droit de vie et de mort sur les autres classes, mais ne peuvent verser le sang. Ils appartiennent à un réseau vassalique, qui leur donne droit à un fief (en terre ou en riz), et les oblige à la fidélité et la loyauté envers leur seigneur.

Les daimyo ont l’interdiction de construire plus d’un château par province (Ikkoku ichijo no sei), et sont convoqués devant le shogun afin de jurer fidélité au Buke shohodo (« règlement concernant les guerriers «, 1615). En 1635, obligation leur est faite de laisser leurs enfants à Edo et d’y résider eux-mêmes une année sur deux, selon le système appelé sankinkotai (« résidence alternée «).

2.1.2   Les paysans

Les paysans, petits propriétaires ou simples ouvriers, forment l’essentiel de la population, et la plus sévèrement contrôlée : il leur est formellement interdit d’acheter, de vendre ou d’abandonner la terre qu’ils cultivent, voire d’y planter autre chose que ce qui est prévu au cadastre.

Ces mesures tentent surtout d’enrayer la naissance d’une classe plus aisée de propriétaires fonciers, et surtout l’engouement déroutant des Japonais pour le voyage : en effet, sous prétexte d’un pèlerinage, des gens disparaissent et parcourent les routes en vivant d’aumônes.

2.1.3   Les artisans et les commerçants

Les artisans et les commerçants, de plus en plus nombreux, forment une classe très diverse et difficilement contrôlable. De nombreux villages de bord de mer se livrent à la pêche et administrent des salines. En montagne, des corporations de bûcherons se réunissent afin de répondre à la demande en bois, tandis que l’exploitation des mines se fait plus intensive.

Dans les villes, le secteur textile se développe rapidement, de même que la céramique, la poterie, la laque, le papier et, surtout, la brasserie (qui s’industrialise). Les progrès de la productivité permettent l’essor rapide du commerce, servi par l’amélioration notable du réseau routier. Partout au Japon apparaissent des marchés, autour desquels se masse une population urbaine de plus en plus nombreuse. À Osaka notamment, où sont regroupés la plupart des grossistes du pays, apparaît une sorte de « bourgeoisie financière «, qui met en place diverses techniques bancaires telles que le prêt ou la lettre de change.

2.1.4   Les nobles de cour et les religieux

La cour impériale aussi est étroitement surveillée. Dès 1615 sont promulgués les dix-sept règlements concernant la cour impériale (Kuge shohodo), qui oblige les nobles de cour et l’empereur à étudier les lettres et à s’abstenir des armes. Sont également édictés divers règlements fixant les activités des temples et l’organisation des écoles, de façon à restreindre la puissance économique et doctrinale des monastères. Le christianisme est formellement interdit et les chrétiens persécutés.

2.2   La fermeture du pays (sakoku)

Le maintien de la stabilité politique et sociale nécessite un contrôle sévère des échanges et des mouvements de population, qui se traduit par une fermeture presque totale du Japon au reste du monde, effective dès le milieu du xviie siècle.

Pourtant les étrangers, et notamment les Anglais, ne ménagent pas leurs efforts pour renouer des échanges commerciaux et s’associent aux Français, puis aux Russes, pour vainement renouveler leurs demandes d’ouverture. Une dérogation est seulement accordée aux navires portugais et hollandais, qui obtiennent le droit d’accoster, une fois par an, sur l’île artificielle de Deshima, dans la rade de Nagasaki. Le monopole du commerce de la soie de Chine est d’ailleurs octroyé aux navires portugais, ce qui permet au shogunat de s’en assurer les profits.

3   L’ESSOR INTELLECTUEL, CULTUREL ET SOCIAL

La paix durable, les réformes fiscales et l’amélioration de la productivité font de l’époque d’Edo une période de grande prospérité, et du Japon prémoderne un pays déjà puissant.

Se développe d’abord un véritable système scolaire, les élèves se partageant entre les écoles des fiefs (hanko) ouvertes surtout aux enfants des guerriers, les écoles des sanctuaires (terakoya), ouvertes aux enfants des villages et des campagnes, et les écoles spécialisées des grandes villes, qui accueillent toutes les couches de population pour leur dispenser un enseignement diversifié.

L’instruction se développe, permettant un grand essor intellectuel, qui se caractérise notamment par les « études nationales « (kokugaku), dont les savants prétendent rechercher dans les textes anciens l’âme du Japon, s’intéressant ainsi à la philologie et à l’histoire. Les travaux de précurseurs tels que Kamo no Mabuchi (1697-1769) ou Motoori Norinaga sont repris et réinterprétés, notamment par Hirata Atsutane (1776-1843). Les intellectuels de l’époque s’intéressent également aux sciences venues de Hollande, en particulier l’astronomie, les mathématiques et la cartographie.

Sur le plan philosophique, la période d’Edo est surtout marquée par le développement de la pensée néo-confucianiste, dont Hayashi Razan (1583-1657) est le grand promoteur : il insiste notamment sur l’importance des relations hiérarchiques, de la loyauté et de la piété filiale.

À la même époque naît un nouvel intérêt pour l’histoire, ou plutôt pour les leçons morales qu’il est possible d’en tirer. Hayashi Razan entreprend d’ailleurs l’écriture d’une histoire monumentale du pays, tandis que Arai Hakuseki est le premier à s’intéresser à l’histoire antique d’un point de vue philologique.

L’amélioration du niveau de vie dans les villes, notamment à Kyoto et Osaka, permet l’apparition d’une culture bourgeoise, qui invente le théâtre de marionnettes et le kabuki avec Chikamatsu Monzaemon, le roman populaire avec Ihara Saikaku, et le haïku avec Basho.

4   L’EFFONDREMENT DU RÉGIME SHOGUNAL (BAKUMATSU)
4.1   Les difficultés économiques et l’échec des réformes

Après la mort du troisième shogun, un gouvernement dirigé par un conseil se met en place selon les principes confucianistes du « gouvernement par les lettrés «. Les lois sont peu à peu pacifiées : en 1663, le seppuku d’accompagnement (junshi) est interdit ; deux ans plus tard, la pratique habituelle de prise d’otages entre voisins est supprimée. Les petits vassaux du shogun deviennent des fonctionnaires dont la charge donne droit à une rente calculée en fonction de leur poste et non de leur rang. Cependant ces réformes n’empêchent ni les révoltes ni les soulèvements, de plus en plus fréquents à partir de la seconde moitié du xviie siècle.

Le régime, appauvri par les trop importantes exportations d’argent, entièrement tributaire du cours du riz, applique aussi sans grand succès les réformes économiques préconisées par Arai Hakuseki, d’autant que les difficultés économiques sont encore aggravées par une série de catastrophes naturelles : sécheresse, incendies, épidémies, éruptions volcaniques et famines.

4.2   L’ouverture forcée du pays

En 1853, une flotte américaine commandée par Matthew Perry entre dans la baie d’Edo et demande officiellement l’ouverture du Japon au commerce international. Le shogunat, affaibli par les difficultés économiques et les crises politiques, accepte de signer la convention de Kanagawa en mars 1854, ouvrant aux échanges les ports de Shimoda et de Hakodate, et permettant aux navires étrangers et de se ravitailler sur les côtes japonaises.

Deux ans plus tard débarque au Japon Townsend Harris, consul pour les États-Unis, qui élabore un projet de traité prévoyant l’ouverture de nouveaux ports et la liberté du commerce, finalement ratifié en juillet 1858 par les Américains puis par les Anglais, les Français et les Russes.

Pourtant, à la mort d’Iesada (shogun de 1853 à 1858), le Japon est secoué par une grave crise politique, opposant d’une part les daimyo les plus conservateurs aux partisans de l’évolution du régime, et d’autre part les tenants de l’expulsion des étrangers à ceux de l’ouverture du pays. C’est cette crise qui mène à l’effondrement progressif du régime shogunal, puis à la restauration de Meiji en 1868.

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