Devoir de Philosophie

espagnol, Empire colonial

Publié le 09/02/2013

Extrait du document

1   PRÉSENTATION

espagnol, Empire colonial, ensemble des territoires d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, sous domination espagnole à partir du XVe siècle.

Le premier voyage de Christophe Colomb aux Caraïbes en 1492 est le point de départ de l’expansion coloniale de l’Espagne qui atteint son apogée sur le continent américain dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. En Asie, la présence espagnole commence en 1565, avec l’arrivée d’une importante expédition militaire navale, conduite par Miguel López de Legazpi, aux Philippines (ainsi nommées en l’honneur du roi Philippe II d’Espagne). Même si les Espagnols se sont installés en Afrique au XVe siècle, la colonisation africaine est effective à la fin du XIXe siècle.

2   L’AMÉRIQUE ESPAGNOLE
2.1   Découverte du Nouveau Monde (fin xve-début xvie siècle)

Au cours des deux dernières décennies du XVe siècle, quatre facteurs se conjuguent pour permettre à l’Espagne d’émerger comme la plus grande puissance coloniale de l’Occident : l’extension de la souveraineté espagnole aux îles Canaries dans les années 1480-1490, à la suite du traité d’Alcáçovas conclu en 1479 avec le Portugal, dans lequel ce dernier abandonne ses revendications territoriales au bénéfice d’Isabelle la Catholique ; le passage du cap de Bonne-Espérance, porte d’entrée de l’océan Indien, par l’expédition portugaise de Bartolomeu Dias en 1488 ; l’entêtement de Christophe Colomb, qui finit par convaincre les monarques espagnols de financer une expédition vers l’Ouest, à la recherche des « Indes « ; la prise définitive de Grenade par les Espagnols le 1er janvier 1492, qui met fin à la Reconquista ibérique.

La première expédition de Colomb convainc la couronne qui autorise le départ d’une deuxième expédition, plus importante, toujours menée par Colomb. Une flotte de dix-sept navires quitte Cadix en septembre 1493 dans le but d’établir une colonie de peuplement sur Hispaniola. Pendant son voyage, Colomb découvre également la Jamaïque et la Dominique. Au niveau diplomatique, des négociations sont immédiatement entamées avec le Portugal et la papauté. Elles se concluent en 1493 par une série de bulles papales autorisant l’Espagne à évangéliser les nouveaux territoires. Le traité de Tordesillas de 1494 accorde à l’Espagne les territoires situés au-delà d’une « ligne de marcation «, à 100 lieues (445 km) à l’ouest des Açores. L’indifférence des Espagnols à l’égard des régions qui ne comptent ni population sédentaire, ni richesses minérales aisément accessibles, permet aux colons portugais d’étendre les frontières du Brésil à des régions octroyées normalement à l’Espagne.

Les nations maritimes de l’Europe septentrionale (Angleterre, France et Pays-Bas) n’accordent que peu de valeur aux différents traités signés par l’Espagne avec la papauté et le Portugal et, à partir de 1520, leurs navires marchands s’introduisent de plus en plus fréquemment dans la mer des Caraïbes, approvisionnant les grandes îles en esclaves africains. La demande en esclaves est très grande en raison de l’extinction virtuelle des indigènes des Caraïbes, lesquels, à l’instar des Guanches (habitants des Canaries), sont décimés par les mauvais traitements et les maladies apportées par les Européens. Les marchands anglais, hollandais et français échangent les esclaves contre de l’or, des perles, des bois de teinture et du sucre. En dépit de leur mercantilisme, ces rivaux potentiels ne montrent aucune intention d’établir leurs propres colonies avant 1607, date de l’implantation d’une colonie anglaise en Virginie. Au cours du XVIe siècle, la seule entrave à l’expansion espagnole est le manque d’hommes et de matériel pour l’exploration et la colonisation, associé à des obstacles géographiques et, dans certaines régions, la résistance farouche de peuplades indigènes semi-nomades.

2.2   Colonisation des terres (seconde moitié du xvie siècle)

Au cours de la deuxième décennie du XVIe siècle, les principales îles des Caraïbes sont colonisées, et l’attention des Espagnols se tourne alors vers les terres continentales du Venezuela (accessibles par la célèbre mer des Antilles), l’Amérique centrale — traversée pour la première fois par Vasco Núñez de Balboa (premier Européen à apercevoir l’océan Pacifique) — et le Mexique. La célèbre expédition de 1519, lancée à partir de Cuba par Hernán Cortés, s’achève en 1521 avec la prise de Tenochtitlan. La capitale aztèque, entièrement détruite par les Espagnols, est reconstruite plus tard sous le nom de Mexico. Cette conquête ouvre la voie à une nouvelle phase d’expansion espagnole. Celle-ci atteint son apogée en 1533 avec la prise de Cuzco, capitale de l’Empire inca du Pérou, par Francisco Pizarro.

Au cours de ces années, des conquistadores cruels et avides, dont la plupart comme Pizarro ont débarqué en Amérique en 1490, pillent la partie centrale et méridionale du continent américain. Un cinquième des prises est dûment envoyé en Espagne pour remplir les coffres de Charles Ier, premier roi Habsbourg du pays, qui prend plus tard le nom de Charles Quint, empereur du Saint Empire romain germanique. D’autres expéditions sont lancées à partir du Pérou, notamment vers l’Équateur, la Colombie et le Chili. Ces dernières tentent de trouver d’autres routes vers l’intérieur du continent sud-américain, fondent de nouvelles villes comme Buenos Aires (1536) et Asunción (1537).

Les Espagnols se lancent ensuite à la recherche du mythique El Dorado, de cités et civilisations fabuleuses. Cette quête, par ailleurs vaine, les emmène dans des contrées de plus en plus éloignées et difficiles d’accès, dont le bassin de l’Amazonie, que l’expédition espagnole de Francisco de Orellana va tenter de pénétrer par l’Ouest en 1541. Elle les conduit également dans les territoires frontaliers du nord du Mexique et les hauts plateaux de Guyane. Dans ces régions comme ailleurs, les Espagnols se contentent souvent d’établir des avant-postes isolés et temporaires. Ils préfèrent établir des colonies de peuplement plus importantes dans la région centrale du Mexique et dans les Andes, dont les populations sédentaires acceptent plus facilement la domination espagnole et fournissent une main d’œuvre soumise pour l’extraction de l’argent découvert en grandes quantités dans les mines de Potosí (dans l’actuelle Bolivie) et de Zacatecas (au Mexique). À partir du milieu du XVIe siècle, c’est l’argent des mines espagnoles, plutôt que les trésors volés aux populations indigènes, qui domine les économies locales et le commerce avec l’Espagne. Il entraîne un afflux d’immigrants, non seulement des colonies des Caraïbes et d’Amérique centrale, mais également d’Espagne, et plus particulièrement de Séville. La ville est, en effet, le siège de la Casa de Contratación, chargée de toutes les questions relatives à l’Amérique, y compris l’immigration, et plus de 2 000 immigrants quittent chaque année son port à destination de l’Amérique (Mexique et Pérou). En conséquence, les îles des Caraïbes voient leurs populations diminuer et, au cours du XVIIe siècle, les puissances rivales de l’Espagne y établissent leurs propres colonies sans grandes difficultés. Ces nouveaux colons s’installent non seulement sur des petites îles ignorées des Espagnols, mais également sur les plus grandes d’entre elles, sous-peuplées et mal défendues, dont Curaçao (prise par les Hollandais en 1634), la Jamaïque (conquise par les Anglais en 1655) et la partie occidentale d’Hispaniola, officiellement cédée à la France en 1697 après plusieurs décennies d’occupation par les boucaniers.

2.3   Concurrence européenne (xviie- xviiie siècles)

Au cours du XVIIe siècle, seules les Guyanes (aujourd’hui Suriname), la Guyane française et la Guyane ont été occupées respectivement par les Hollandais, les Français et les Anglais. Il faut également y ajouter le Belize, dont les Anglais s’emparent en 1638. L’explication réside dans le peu d’intérêt montré par les autres puissances maritimes à obtenir la souveraineté de régions isolées et peu productives comme la Patagonie. Les grands rivaux de l’Espagne préfèrent bénéficier indirectement des richesses de l’Amérique espagnole en attaquant galions et colonies ou en faisant de la contrebande.

Durant toute l’ère des Habsbourg, l’Espagne mène un combat perdu d’avance pour conserver le monopole du commerce avec et au sein de son empire colonial. Après la guerre de Succession d’Espagne, Philippe V, premier Bourbon d’Espagne, est contraint d’accorder des concessions commerciales aux Anglais victorieux. Ses successeurs, Ferdinand VI, et surtout Charles III, sont convaincus que les ambitions de la Grande-Bretagne concernant l’Amérique espagnole ne se limitent pas au commerce, sentiment encore renforcé par la prise de Cuba par les Anglais (1762), au cours de la guerre de Sept Ans. L’île est ensuite rendue à l’Espagne en 1763 en échange de la Floride, jusqu’alors espagnole. Elle revient dans le giron espagnol en 1783 après l’accord de paix qui met fin à la guerre de l’Indépendance américaine. Charles III voit dans le développement du potentiel économique inexploité de ses colonies américaines une source de revenus lui permettant de résister à toute autre tentative de pénétration britannique et de rendre à l’Espagne son statut de grande puissance internationale. À cette fin, il réorganise les défenses de l’empire, améliore le système de collecte d’impôt en Amérique et introduit toute une série de réformes commerciales destinées à encourager le développement de régions jusque-là négligées comme le Venezuela, l’Amérique centrale, Cuba et la région du Río de la Plata.

Progressivement, dans le dernier quart du XVIIIe siècle, le cuir de Buenos Aires et Montevideo, le sucre de La Havane, le coton, le tabac, le cacao et l’indigo du Venezuela et de Colombie commencent à concurrencer, dans le commerce transatlantique, l’or mexicain et péruvien. La nouvelle prospérité des hispano-américains contribue également à renforcer leur confiance. À mesure que l’autorité du gouvernement d’Espagne s’effrite au cours du règne de Charles IV, les hidalgos et les créoles d’Amérique, minorité puissante (près de 18 p. 100 de la population), propriétaires de vastes domaines et des mines, réalisent progressivement que l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne devient indispensable au maintien de leur prospérité. Ce sentiment est encore renforcé par la déclaration de guerre entre l’Espagne et la Grande-Bretagne en 1796, qui entraîne le blocus des ports espagnols et hispano-américains par la marine britannique et enrage les colons. En fait, la plupart d’entre eux ne souhaitent pas la guerre avec l’Angleterre qui est, indirectement, leur principal marché d’exportation et d’importation.

2.4   Déclin de l'Empire hispano-américain (XIXe siècle)

En dépit du mécontentement grandissant face à la domination espagnole au cours des longues guerres napoléoniennes, il n’y a aucune manifestation ouvertement déclarée de révolte. La situation bascule en 1810, peu après l’effondrement espagnol face à l’invasion française de 1808. Les citoyens de Caracas renversent les autorités espagnoles en avril 1810, imités le mois suivant par ceux de Buenos Aires. Prétendant agir au nom de la monarchie espagnole — Napoléon a emprisonné Ferdinand VII pour mettre la couronne sur la tête de son frère, Joseph Bonaparte —, ils sont en réalité pro-indépendantistes, à l’instar des populations de Cartagène, Bogotá, Santiago et Quito, qui suivent bientôt leur exemple.

Les révolutions et les causes qui les animent sont loin d’être simples. Les créoles de Mexico et de Lima, par exemple, se battent pour défendre le royalisme espagnol, par crainte de voir les indigènes et les métis, majoritaires, transformer une révolution politique en revendication sociale. Ces guerres civiles ont duré quinze ans dans certaines régions. En 1814, après la défaite de Napoléon, Ferdinand VII retourne à Madrid, bien décidé à récupérer par la force sa souveraineté en Amérique. Vaincu par les forces royalistes de Simón Bolívar et de ses alliés, l’Espagne perd définitivement ses territoires continentaux en 1825 et ne conserve que Cuba et Porto-Rico. Tout au long du XIXe siècle, les îles vont progressivement être attirées dans la sphère d’influence économique des États-Unis. Le succès de la révolution cubaine contre l’autorité espagnole, lancée en 1895, est dû en grande partie à l’engagement d’une force terrestre et de la marine américaine en 1898 et met fin à quatre siècles d’impérialisme espagnol sur le continent américain.

3   L'ASIE ESPAGNOLE : LES PHILIPPINES

La découverte des Philippines remonte à 1521, lorsque Fernand de Magellan, à la tête d’une expédition espagnole, fait le tour du monde entre 1519 et 1522 et découvre Cebu, une des plus grosses îles de l’archipel. Magellan est tué sur l’île voisine de Mactan par le chef Lapu-Lapu, mais l’Espagne revendique néanmoins la propriété des îles et y envoie d’autres expéditions, avant de procéder, en 1565, à une colonisation systématique de Cebu et ensuite de Luzon, qui abrite la capitale, Manille, fondée en 1571. Pendant quarante ans, l’Espagne contrôle la région, sans autre obstacle à son expansion que la résistance des habitants musulmans, que les Espagnols appellent Moros (Maures), résistance par ailleurs acharnée dans les îles septentrionales de Mindanao et Palawan. Une nouvelle menace apparaît toutefois au milieu du XVIIe siècle, lorsque les Hollandais décident de s’établir dans la région. En dépit de fréquentes escarmouches avec les corsaires hollandais — qui possèdent une base au sud de l’archipel, dans des îles qui forment aujourd’hui l’Indonésie — et, dans une moindre mesure, avec les Chinois, les Japonais, les Portugais et les Anglais, l’Espagne développe sa production d’or et d’épices. Elle fait de Manille une plaque tournante du commerce entre le Mexique et la Chine, grâce à l’échange du métal d’argent américain, envoyé d’Acapulco, avec les soieries et les porcelaines importées de Canton et de Macao.

Au cours du XVIIIe siècle, la menace à l’encontre de la souveraineté espagnole s’accentue avec le développement sensible des activités britanniques dans le Pacifique. Manille est d’ailleurs occupée par un contingent britannique de 1762 à 1764. Le XIXe siècle voit l’émergence d’un danger encore plus grand : la résistance islamique au catholicisme, à laquelle s’ajoutent des revendications des Philippins pour des réformes sociales et administratives. Comme pour le problème cubain, l’Espagne hésite entre la conciliation et la répression — en 1896, elle exécute José Rizal, accusé d’avoir fomenté une révolte des Philippins. Le déclenchement de la guerre hispano-américaine de 1898 est le signal de la prise du pouvoir par les nationalistes philippins, mais le traité de paix de Paris entre l’Espagne et les États-Unis, dès 1898, met fin à leur rêve. Les Philippines sont désormais aux mains des Américains et n’obtiennent leur indépendance qu’en 1946.

4   L’AFRIQUE ESPAGNOLE

L’impérialisme espagnol en Afrique se concentre principalement sur deux régions : le Maroc et le golfe de Guinée. La présence ininterrompue des Espagnols au Maroc remonte à 1497, date de l’établissement d’un avant-poste militaire à Melilla. À l’image de Ceuta, conquise par les Portugais en 1415 et cédée à l’Espagne en 1580, son rôle principal est de maintenir une base navale servant à protéger les navires espagnols des corsaires de la côte barbaresque. La conquête des régions intérieures à proprement parler commence en 1860, lorsque, à la suite d’un bref conflit, l’enclave de Ceuta est agrandie et que le Maroc cède également Santa Cruz de la Mar Pequeña (aujourd’hui, Ifni), située face aux Canaries. Des accords conclus entre les principales puissances, dont l’Allemagne et la France, entraînent l’établissement d’un protectorat espagnol dans la région du Sahara-Occidental, connu à partir de 1912 sous le nom de Sahara-Espagnol et, à la pointe nord-ouest du continent, de Maroc espagnol. Une rébellion de la tribu berbère du Rif n’est écrasée dans les années vingt qu’avec l’aide des Français. Toutefois, à la suite de l’accord franco-marocain de 1956 reconnaissant l’indépendance du Maroc, l’Espagne n’a d’autre choix que d’abandonner le Maroc espagnol. Elle cède Ifni en 1969 et accepte en 1970 de se retirer du Sahara-Espagnol, partagé entre le Maroc et la Mauritanie. En dépit des continuelles revendications marocaines, l’Espagne conserve toujours les enclaves de Ceuta et de Melilla.

Au sud du Sahara, l’Espagne établit une présence théorique à partir de 1778, date à laquelle le Portugal lui cède les comptoirs de traite de Fernando Poo (actuelle île de Bioko) et d’Annobón, ainsi que les territoires de Río Muni (Mbini) en échange de la reconnaissance espagnole des frontières étendues du Brésil. La colonisation de fait de Fernando Poo ne commence qu’à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque des immigrants catalans y développent de larges plantations de cacao. Plus tardive, la colonisation de Río Muni n’a jamais dépassé la bande côtière. Les trois territoires obtiennent leur indépendance en 1968 et forment aujourd’hui l’État de Guinée équatoriale, la seule nation hispanophone d’Afrique noire.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles