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Estrada Cabrera, Manuel

Publié le 23/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Estrada Cabrera, Manuel (1857-1924), juriste, notaire et homme d’État guatémaltèque, président du Guatemala (1898-1920).

2   L’ASCENSION POLITIQUE

Né à Quezaltenango et fils naturel d’un prêtre, Manuel Estrada Cabrera s’installe comme avocat pendant plusieurs années avant de devenir juge de district, puis juge à la Cour suprême guatémaltèque. En 1885, il entre à l’Assemblée nationale et brigue, sept ans plus tard, le portefeuille de l’Intérieur. Au début de l’année 1898, lorsque le président de la République José María Reina Barrios (1853-1892) est assassiné, Estrada Cabrera assume un temps l’intérim jusqu’à sa propre élection à la présidence. Il accomplit un premier mandat présidentiel de six ans en accord avec la Constitution, puis modifie cette dernière afin d’assurer le renouvellement systématique de son mandat (1904, 1910 et 1916).

3   LE PRÉSIDENT GUATÉMALTÈQUE
3.1   Les fondements de la « république bananière «

Le régime de Manuel Estrada Cabrera inaugure un type d’État et un modèle de fonctionnement politique centraméricain. Longtemps favorisée par la production et l’exportation du café, la fortune des milieux dirigeants guatémaltèques est consolidée, dès la fin du xixe siècle, grâce à la production bananière. Mais en contrepartie, cette dernière impose la mise sous tutelle de l’économie et de la politique du pays par la United Fruit Company (UFCO), la frutera nord-américaine, en particulier à partir de 1901. Les accords passés entre la compagnie et le gouvernement guatémaltèque jettent les bases d’un contrôle durable sur le pays et façonnent le modèle le plus achevé de « république bananière « en Amérique centrale.

Hormis l’agriculture et les plantations fruitières, la présence de la yunaï (United Fruit Company) se fait sentir dans des domaines aussi variés que la communication et les transports, le bâtiment et les travaux publics, la fiscalité et les finances publiques, le tarif douanier et les échanges internationaux. La politique du Guatemala est donc d’abord discutée et décidée dans les bureaux de la compagnie, à tel point qu’après la Grande Guerre, les États-Unis contrôlent 80 p. 100 du commerce extérieur du pays, grâce à l’action de l’UFCO.

3.2   La suppression des libertés politiques

Si la présence de l’UFCO donne un moment l’illusion d’un progrès économique partagé, l’application intégrale des accords et l’extension des concessions effectuées par le président se traduisent rapidement par la limitation, puis la liquidation des libertés publiques et de toute pratique démocratique. L’opposition civile et militaire est sévèrement réprimée ; les disparitions sont fréquentes. Le renouvellement des mandats locaux est confisqué par Estrada Cabrera lui-même, qui s’appuie sur l’armée et la police secrète. La presse est muselée. La pratique syndicale et associative, donnant lieu à des poursuites en justice, est quasi interdite. La militarisation des plantations, déjà pratiquée auparavant, est renforcée et modernisée.

Le pouvoir exercé par Manuel Estrada Cabrera — qui lui a permis de s’enrichir personnellement — est à tel point dictatorial que le président décrète « fêtes nationales « les jours anniversaires de sa naissance et de celle de sa mère.

3.3   La chute du dictateur

En mars 1920, le dictateur est renversé par une coalition de tous les mouvements d’opposition ; la présidence est alors assumée un an par Carlos Herrera y Luna (1856-1930), avant l’élection de José María Orellana (1872-1926). Estrada Cabrera meurt en prison, après avoir été contraint de rembourser l’argent détourné.

En 1946, Miguel Ángel Asturias — futur prix Nobel de 1967 — a peint le noir portrait du dictateur dans son roman Monsieur le président (El señor presidente).

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