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Indépendance américaine, guerre de l'

Publié le 09/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Indépendance américaine, guerre de l' ou Révolution américaine (1775-1783), conflit qui a opposé le Royaume-Uni de Grande-Bretagne à ses treize colonies de la côte est de l’Amérique du Nord ; la victoire finale des colons a abouti à la création d’une nouvelle nation : les États-Unis d’Amérique.

2   AUX ORIGINES DU CONFLIT
2.1   Treize colonies britanniques en Amérique

La fin de la guerre de Sept Ans (1756-1763) — commencée en Amérique du Nord en 1754, et connue en Amérique sous le nom de guerre française et indienne — dépossède la France de la majorité de ses territoires du continent nord-américain et d’Inde, au profit de l’Empire britannique. Ainsi, le Royaume-Uni, devenu la puissance prédominante en Occident, connaît un fabuleux développement de son commerce maritime. Le roi George III (qui monte sur le trône en 1760) est déterminé à exercer son autorité sur tous ses territoires. Cependant, sa maladresse provoque une instabilité politique et un manque de fermeté dans la conduite des affaires intérieures, au moment où apparaissent les premières tensions avec les colonies américaines.

2.1.1   Le Stamp Act (loi sur le timbre)

Avec la guerre de Sept Ans, les autorités britanniques ont réalisé que les colons d’Amérique ne respectaient ni les Navigation Acts (lois sur la navigation), ni l’autorité impériale : pendant le conflit, les colons ont continué à commercer avec l’ennemi français et à passer des marchandises en contrebande ; les assemblées coloniales ont pour leur part constamment refusé de procurer hommes et ravitaillement. Après la guerre, le Royaume-Uni se trouve fortement endetté. Il doit également faire face à de nouveaux engagements financiers pour administrer les tout nouveaux territoires d’Amérique du Nord.

En mars 1765, exigeant que les lois sur la navigation soient désormais scrupuleusement respectées et que les colons participent au coût de la défense de l’empire, le Parlement de Londres adopte le Stamp Act (loi sur le timbre) afin d’augmenter les revenus du Trésor. Aux yeux des colons, la loi sur le timbre viole le droit des sujets britanniques de ne pas être taxés sans consentement de leurs représentants (or, les colons ne sont pas représentés au Parlement) ; elle touche ainsi à l’indépendance des assemblées coloniales et semble être la première étape d’un complot visant à les priver de leur liberté.

Organisées par les Fils de la Liberté (une société secrète), des émeutes éclatent dans les cités portuaires des colonies. Le boycott colonial décidé par les assemblées coloniales, parallèlement aux marchands, est si efficace que le commerce entre le Royaume-Uni et l’Amérique est paralysé. En octobre 1765, des délégués venus de neuf colonies se rencontrent à New York lors du congrès contre le Stamp Act, et adressent des motions au Parlement et au roi expliquant les doléances coloniales. Le Parlement abroge la loi sur le timbre en mars 1766, cédant non pas aux objections constitutionnelles des colons à l’égard des taxations mais à la demande des marchands britanniques, touchés par la crise économique.

2.1.2   Les lois Townshend

L’abrogation du Stamp Act ne résout pas les problèmes financiers de l’empire. C’est pourquoi le Parlement — qui n’a pas abandonné l’idée de taxer les colonies — adopte en 1767 les lois Townshend, du nom du chancelier de l’Échiquier (ministre des Finances) Charles Townshend. Ces lois imposent une taxation sur plusieurs matières premières (plomb, verre, thé, peinture et papier) que les colons américains doivent importer d’Angleterre. Pour renforcer sa propre autorité et le pouvoir des officiers royaux coloniaux, le Parlement, toujours à la demande de Townshend, crée également l’American Board of Customs Commissioners (le bureau américain des commissaires aux douanes), dont les membres sont chargés d’appliquer scrupuleusement les lois sur la navigation. Les revenus tirés des nouveaux tarifs douaniers doivent permettre aux officiers royaux de ne plus dépendre financièrement des assemblées coloniales, ce qui empiète encore sur l’autonomie de celles-ci.

Une nouvelle fois, les colons protestent violemment. Les Fils de la Liberté organisent des protestations contre les officiers des douanes, les marchands signent des accords de non importation des produits britanniques, et les Filles de la Liberté prônent la non consommation des produits taxés par les lois Townshend. La législature du Massachusetts fait parvenir aux autres colonies une circulaire condamnant les lois Townshend et appelant à une résistance unie des colons américains. Les officiers britanniques ordonnent alors la dissolution du tribunal général du Massachusetts s’il ne retire pas cette circulaire. Le tribunal, qui refuse par 92 voix contre 17, est dissous. Outrées de voir les Britanniques s’immiscer dans une législature coloniale, les autres assemblées coloniales signent la circulaire, en geste de défi. En d’autres termes, les actions britanniques ne font que renforcer la contestation américaine.

2.1.3   Du massacre au Tea Party de Boston

La situation explose le 21 juin 1768, lorsque les officiers des douanes saisissent le bateau Liberty de John Hancock, un marchand de Boston. Des milliers de Bostoniens se rebellent. Quand la nouvelle de l’émeute du Liberty est connue à Londres, quatre régiments de l’armée britannique (soit 4 000 soldats environ) sont détachés à Boston pour protéger les commissaires aux douanes, menacés par les habitants.

Le mépris dont font preuve les troupes britanniques à l’égard des colons mène inévitablement à la violence. Le 5 mars 1770, un drame éclate entre les troupes britanniques et les citoyens de Boston, qui huent et conspuent les soldats. L’armée tire, tuant cinq personnes. Le massacre de Boston fait naître une grande rancœur dans la colonie.

Pour répondre aux boycotts économiques des colonies, le Parlement de Londres, guidé par le nouveau Premier ministre, lord Frederick North, abroge les lois Townshend en 1770, mais conserve la taxe sur le thé pour favoriser la Compagnie des Indes orientales britannique. À Philadelphie et à New York, les colons interdisent aux navires britanniques de décharger le thé. Lors de la célèbre Tea Party de Boston, un groupe de citoyens, déguisés pour la plupart en Amérindiens, aborde le bateau du capitaine Hall et jette les caisses de thé à la mer.

2.1.4   Les lois de coercition

En représailles, le Parlement adopte, en 1774, les lois de coercition — rebaptisées par les colons « lois intolérables «. L’une des mesures consiste en la fermeture du port de Boston. Pour surveiller l’application de ces lois, le Parlement nomme, au titre de gouverneur du Massachusetts, le général de corps d’armée Thomas Gage, commandant en chef de l’armée britannique en Amérique du Nord. Bon nombre de colons pensent que les lois de coercition visent, une nouvelle fois, à bafouer leurs droits et à confondre autorités civile et militaire.

2.2   Le premier Congrès continental

Du fait des lois de coercition, le Massachusetts reçoit le soutien et la solidarité de toutes les autres colonies. L’assemblée de Virginie convoque une réunion des treize colonies et du Canada pour envisager une action commune contre l’immixtion du Parlement dans les droits coloniaux. Le rassemblement, connu sous le nom de premier Congrès continental, a lieu à Philadelphie en septembre 1774. Le Congrès se compose de représentants de douze des treize colonies — la Géorgie n’étant pas présente.

Le Congrès ne cherche pas la rupture avec le Royaume-Uni, mais essaie de définir les droits des colonies d’Amérique, de fixer les limites du pouvoir du Parlement, et de s’accorder sur la tactique à suivre pour résister aux lois de coercition. En octobre 1774, les délégués adoptent une Declaration of Rights and Grievances (Déclaration des droits et des doléances), qui rejette le droit du Parlement de taxer les colonies ou de légiférer à leurs propos, et affirme que seules les assemblées coloniales disposent de ce pouvoir. Ils concèdent à contrecœur au Parlement le droit de régler le commerce. Le Congrès rédige l’association continentale, accord demandant aux colonies de cesser toutes relations commerciales avec la métropole jusqu’à l’abrogation des lois de coercition par le Parlement. Le Congrès lève la séance en prévoyant un deuxième rassemblement, en mai 1775. À cette date, cependant, les hostilités ont déjà commencé entre le Royaume-Uni et ses colonies.

3   LE DÉROULEMENT DE LA GUERRE
3.1   Les premiers combats armées
3.1.1   Les batailles de Lexington et Concord

La première confrontation armée de la guerre de l’Indépendance a lieu dans le Massachusetts, et engage les quelque 3 500 hommes des forces britanniques de Boston. Le général Gage sait que les membres des milices des villes avoisinantes s’entraînent et s’organisent en sections actives, prêtes à une intervention immédiate (les minutemen). Les munitions et les ravitaillements sont rassemblés sous la direction d’un Comité de sécurité agissant pour le compte de l’assemblée provinciale. La nuit du 18 au 19 avril 1775, Gage reçoit l’ordre de lord North d’envoyer environ 800 hommes pour saisir les munitions rassemblées à Concord, à une trentaine de kilomètres de Boston. Le mouvement n’échappe pas à la vigilance du Comité de sécurité dont les messagers à cheval, notamment un orfèvre local du nom de Paul Revere, sillonnent la campagne pour donner l’alarme. Les compagnies de milice d’au moins vingt-trois villes prennent part aux combats qui se déroulent d’abord à Lexington puis près de Concord, ce qui n’est ni plus ni moins qu’une levée d’armes de toute la campagne contre les Britanniques. L’offensive des colons ne se termine pas avec la fuite des Britanniques à Boston ; les forces miliciennes continuent d’arriver à l’annonce de la « victoire « — atteignant plus de 20 000 hommes —, et encerclent la ville qui reste assiégée du 20 avril 1775 au 17 mars 1776, date de l’évacuation britannique.

3.1.2   Le second Congrès continental

Le second Congrès continental se réunit à Philadelphie le 10 mai 1775 dans un esprit de résistance accrue. Les délégués décident de faire du Congrès le gouvernement central des « Colonies unies d’Amérique «, d’accepter que les troupes engagées dans le siège de Boston deviennent l’« armée continentale américaine « et de nommer, par un vote unanime le 15 juin, George Washington commandant en chef. C’est une manœuvre habile de nommer un homme de la Virginie qui amènera très probablement le soutien du Sud à un conflit mené par une armée composée en majorité de miliciens de la Nouvelle-Angleterre. Malgré tous les préparatifs de guerre, la plupart des colons britanniques espère toujours une réconciliation avec le Royaume-Uni. Dans cette optique, le Congrès adopte la motion d’Olive Branch, qui réaffirme la loyauté des colonies à George III et demande, dans une adresse de conciliation au roi, de désavouer les mesures de ses émissaires.

3.1.3   La bataille de Bunker Hill

Pendant ce temps, le général Gage reçoit des renforts. Sa garnison, désormais forte de 8 000 hommes, est en mesure de tenir les hauteurs qui surplombent Boston, au nord à Charlestown et au sud à Dorchester. Les colons ont vent de cette intention et, la nuit du 16 au 17 juillet 1775, 1 200 d’entre eux, sous les ordres du colonel William Prescott, occupent Breed’s Hill, dominant ainsi Charlestown et le front de mer de Boston, et commencent à se retrancher. C’est la bataille de Bunker Hill. Le 17 juin, le général Gage dépêche le général William Howe, accompagné d’environ 2 500 hommes de l’infanterie britannique, pour prendre la position. Les Britanniques remportent la victoire puisqu’ils font fuir les miliciens de Breed’s Hill. Pourtant, compte tenu des pertes infligées, ce sont les colons qui sortent vainqueurs de ce combat.

La nouvelle de la bataille de Bunker Hill et la pétition au roi arrivent en même temps à Londres. George III déclare la motion irrecevable et proclame le 23 août que la Nouvelle-Angleterre est en état de rébellion. Au moment où est connue l’ampleur des pertes britanniques à la bataille de Bunker Hill, le gouvernement se rend compte qu’il se trouve face à une véritable guerre, et remplace le général Gage par le général Howe.

3.1.4   Le siège de Boston

Le 2 juillet 1775, George Washington prend le commandement des forces américaines, avec un effectif total oscillant entre 13 000 et 17 000 soldats (les hommes pouvant se démobiliser à leur gré). Il consacre ses premiers efforts à l’entraînement et à la réorganisation de l’armée. Ne pouvant pas envisager le siège de Boston sans artillerie lourde, il doit attendre l’hiver.

En août, les forces américaines sous les ordres du général Richard Montgomery envahissent le Canada. Elles prennent Montréal en novembre mais, le mois suivant, après avoir été rejoints par une deuxième force commandée par Arnold, les Américains sont battus à Québec, où le général Montgomery est tué.

Pendant l’hiver de 1775-1776, le colonel Henry Knox (chef d’artillerie de George Washington) amène 59 canons lourds et mortiers de Fort Ticonderoga à Boston. La nuit du 4 mars 1776, le général Washington occupe les hauteurs de Dorchester, surplombant Boston au sud. Surpris, le général William Howe réalise que, s’il veut conserver l’entrée maritime de Boston, il doit s’emparer de ces hauteurs hérissées de canons. Il décide d’embarquer ses 11 000 hommes et plus de 1 000 loyalistes le 17 mars pour se diriger vers Halifax (Nouvelle-Écosse).

3.2   1776, année charnière
3.2.1   L’invasion britannique par le nord

Le général britannique Howe s’est simplement retiré pour se réorganiser et recevoir des renforts. George Washington prévoit que lorsque Howe reviendra, la ville de New York, avec son vaste port et l’accès immédiat à l’intérieur du pays offert par la baie d’Hudson, sera très probablement la place d’où les Britanniques déclencheront leur invasion.

Le 29 juin 1776, le général Howe arrive au large de Sandy Hook (New Jersey) avec une flotte commandée par son frère, l’amiral Richard Howe. Au total, cette force compte près de 32 000 hommes, dont 8 000 mercenaires allemands. Le général Howe attend pratiquement deux mois avant de tenter un débarquement en force. Pour faire face à cette attaque, George Washington dispose de moins de 20 000 hommes, dont pratiquement la moitié de soldats inexpérimentés.

3.2.2   La Déclaration d’Indépendance

En novembre 1775, le désir de réconciliation avec la métropole qu’affichent les sudistes s’évanouit lorsque le gouverneur de Virginie, lord John Dunmore, offre la liberté aux esclaves qui se sont rebellés contre leurs maîtres pour rejoindre l’armée britannique. L’idée d’indépendance gagne un soutien populaire massif à la suite de la publication, en janvier 1776, du pamphlet le Sens commun (Common Sense) de Thomas Paine. Ce pamphlet, publié anonymement, attaque George III en le traitant de « brute royale « et condamne le régime monarchique. Les arguments de Paine sont décisifs. Le 4 juillet 1776, le Congrès continental proclame la Déclaration d’Indépendance, stipulant que les colonies « sont et doivent de droit être des États libres et indépendants «. Durant la suite du conflit, les Américains ne se considèrent plus comme des sujets britanniques rebelles, mais comme des citoyens d’une nation souveraine repoussant l’invasion d’une puissance étrangère.

3.2.3   Les batailles autour de New York

Les troupes américaines sont repoussées vers Brooklyn Heights, où elles perdent la bataille de Long Island. Dans la nuit du 29 au 30 août 1776, elles doivent traverser l’East River en direction de Manhattan. Se déplaçant toujours avec beaucoup de précaution, le général William Howe repousse vers le nord les forces américaines de George Washington. Une escarmouche sans importance sur l’île de Manhattan est suivie par la bataille de White Plains (28 octobre 1776), d’où personne ne sort vraiment vainqueur. En novembre, les forces de William Howe prennent les deux forts que George Washington a construits pour éloigner la flotte britannique de la rivière Hudson. Le général Washington se replie dans le New Jersey en direction du sud-ouest puis, le 8 décembre 1776, traverse la rivière Delaware pour se rendre en Pennsylvanie. Convaincu que les insurgés sont complètement battus et que le Congrès continental va demander la paix, le Britannique Howe ne poursuit pas Washington. Il se contente d’établir plusieurs avant-postes dans le New Jersey et d’installer ses quartiers d’hiver en attendant le printemps.

3.2.4   Les batailles de Trenton et Princeton

Le général Howe n’a pas sous-estimé la faiblesse de l’armée américaine à la fin de 1776 ; celle-ci se compose de moins de 3 000 hommes, mal habillés, mal équipés et mal nourris. Malgré les efforts déployés pour recruter de nouveaux hommes, peu de citoyens veulent rejoindre une armée qui paraît sur le point de s’écrouler. La défaite totale et la fin de la nouvelle nation semblent inévitables mais, par un coup de maître tactique, le général Washington parvient à réveiller l’espoir.

La nuit de Noël 1776, sous une tempête aveuglante, George Washington fait traverser le fleuve Delaware à ses hommes et, par surprise, écrase quelque 1 200 soldats de la Hesse à Trenton, en faisant plus de 900 prisonniers. Le 3 janvier 1777, le général américain frappe encore en mettant en déroute trois régiments britanniques au cours de la bataille de Princeton. Il prend ensuite une solide position sur les hauteurs de Morristown, au nord du centre du New Jersey. Les Britanniques se replient à New York, en laissant à l’armée des insurgés le contrôle total du New Jersey.

3.3   La campagne de 1777-1778

Pour la campagne de 1777, la stratégie britannique est entre les mains du secrétaire d’État chargé des affaires américaines, lord George Germain, qui s’engage à étouffer la rébellion avant la fin de l’année. Il veut diviser en deux les colonies en séparant la Nouvelle-Angleterre (déjà isolée par la mer) des colonies du Sud, grâce aux armées respectives du général Howe et du général de division John Burgoyne.

3.3.1   La bataille de Saratoga

Le général Burgoyne, avec environ 7 000 hommes, réussit tout d’abord. Le 6 juillet 1777, il prend Fort Ticonderoga et, le 29 juillet, il a atteint la partie supérieure du fleuve Hudson, où il attend du ravitaillement du Canada. Entre-temps, il envoie un groupe de mercenaires de la Hesse vers l’est, dans le Vermont. Ce corps est mis en pièces lors de la bataille de Bennington par des miliciens du Vermont et du New Hampshire. Non seulement la bataille coûte beaucoup d’hommes à Burgoyne mais elle incite aussi les colons à s’engager dans la milice. En septembre, Burgoyne continue vers le sud, mais ses effectifs sont réduits lors des deux batailles qui se déroulent à proximité de Bemis Heights avec les miliciens et l’armée continentale, commandés par le général de division Horatio Gates. Le 17 octobre, John Burgoyne est contraint de se rendre au général Gates, avec un effectif de moins de 5 000 hommes.

3.3.2   La prise de Philadelphie par les Britanniques

Lord Germain approuve à la fois le plan de Burgoyne, qui prévoit que les troupes britanniques coupent la Nouvelle-Angleterre des colonies du Sud, et celui de Howe, qui consiste à se déplacer vers le sud avec le gros de l’armée et à attaquer Philadelphie. Le 25 août 1777, le général Howe débarque à l’extrémité de la baie de Chesapeake et avance sur Philadelphie. George Washington tente vainement de le maîtriser à Brandywine Creek (Pennsylvanie) mais, le 26 septembre, William Howe pénètre dans Philadelphie. Avant son arrivée, le Congrès continental a fui à York (Pennsylvanie), puis à Baltimore. Le 4 octobre, George Washington attaque William Howe à Germantown, au nord de Philadelphie, mais est battu après un combat acharné. Le général Washington, avec environ 11 000 hommes, prend ensuite ses quartiers d’hiver à Valley Forge.

3.3.3   L’alliance entre Américains et Français

L’année 1777 marque le tournant de la guerre en faveur de la cause américaine. La France, battue par le Royaume-Uni en 1763, envoie secrètement de l’argent et du ravitaillement aux colons depuis le début du conflit. Ainsi, à l’été 1777, le jeune marquis de La Fayette, avec une troupe de volontaires équipée à ses frais, s’est porté aux secours des insurgés. La Fayette et le général J. de Kald (Français d’origine bavaroise), bientôt suivis par le général prussien et baron Friedrich Wilhelm von Steuben et deux officiers polonais, leur apprennent les principes de la manœuvre sur le terrain et l’utilisation rationnelle de l’artillerie et de la cavalerie. Après avoir combattu en Virginie, La Fayette revient provisoirement en France, et soutient Benjamin Franklin dans sa négociation pour obtenir le soutien officiel de la France. Convaincu de la solidité de la cause américaine grâce à la victoire des insurgés à Saratoga, le roi Louis XVI, qui a reconnu l’indépendance des colonies britanniques d’Amérique le 17 décembre 1777, signe deux traités le 6 février suivant : le premier est un traité d’amitié et de commerce ; le second prévoit l’alliance des deux nations en cas de déclaration de guerre du Royaume-Uni à la France. L’aide déterminante de la France se concrétise par l’envoi d’armes, de soldats, de navires de guerre et d’importants subsides.

La guerre entre les Couronnes de France et d’Angleterre éclate en juin 1778. Dès avril 1778, une flotte française de dix-sept vaisseaux, commandée par le vice-amiral Charles Henri Jean-Baptiste, comte d’Estaing, vogue vers l’Amérique. Avertis par les émissaires de l’amirauté, l’amiral Richard Howe et le général sir Henry Clinton (successeur de William Howe à la tête des troupes britanniques à Philadelphie) décident de quitter immédiatement la ville. Ils craignent que la puissante flotte de d’Estaing n’interrompe leur liaison maritime avec New York. De nombreux loyalistes embarquent avec l’équipement militaire lourd sur les bateaux de l’amiral Howe et atteignent New York sains et saufs. Le général Clinton évacue Philadelphie et avance dans le New Jersey, vers le nord. Il est poursuivi par George Washington qui le dépasse et l’attaque à Monmouth, le 28 juin 1778, mais ne réussit pas à prendre le dessus.

La flotte française de d’Estaing arrive au large de l’embouchure du fleuve Delaware le 8 juillet 1778, découvre que la flotte britannique s’est enfuie, et atteint Sandy Hook le 14 juillet. De là, le vice-amiral français décide de faire sortir les Britanniques de Newport dans la colonie de Rhode Island. Il en est cependant empêché par la tactique de l’amiral Howe et par une tempête de grêle qui disperse les deux flottes. D’Estaing rallie ensuite Boston pour remettre sa flotte en état, et part pour les Antilles le 4 novembre 1778.

3.4   Vers la fin de la guerre
3.4.1   La campagne britannique dans le Sud

Les ministres du roi George III conçoivent une nouvelle stratégie : conquérir une à une toutes les colonies du Sud, en commençant par la Géorgie. Après avoir établi un gouvernement civil allié, les Britanniques avanceront vers le nord, en élargissant la base de leurs opérations. Toute cette stratégie repose sur un élément clé : la participation active des loyalistes sudistes qui, croit-on, se soulèveront, aideront à combattre les rebelles et prendront la tête de nouveaux gouvernements civils. Le 29 décembre 1778, une expédition navale britannique de 3 500 hommes, partie de New York, prend Savannah, puis reprend le contrôle d’autres villages en Géorgie.

Plus à l’ouest, une expédition américaine, sous les ordres de George Rogers Clark, commence l’année 1779 en prenant le fort britannique de Vincennes (aujourd’hui dans l’Indiana). Ce succès consolide le pouvoir américain dans toute la région nord de la vallée de l’Ohio. Quelques temps après, George Washington envoie une solide force sous les ordres du général John Sullivan dans l’ouest de l’État de New York, pour dévaster les terres et détruire les villages de la Confédération des Iroquois. Le général espère ainsi mettre fin aux raids que commanditent les Britanniques aux Amérindiens sur les villages des confins des États de New York et de Pennsylvanie. La capture surprise de l’avant-poste britannique à Stony Point, sur le fleuve Hudson, par le général « Mad Anthony « Wayne (juillet 1779) est suivie par celle d’une petite garnison britannique opérée par le commandant Henry Lee à Paulus Hook, sur la rive du Jersey (août 1779).

Dans le Sud, la guerre se développe. Le Congrès a envoyé le général de division Benjamin Lincoln à Charleston (Caroline du Sud) pour prendre la direction du département des affaires du Sud. Le 9 octobre 1779, ce dernier rejoint les forces françaises du comte d’Estaing lors d’une attaque hâtivement préparée de Savannah (Géorgie) qui, contrée par les Britanniques, provoque de lourdes pertes chez les alliés. D’Estaing vogue ensuite vers la France, conformément aux ordres de Paris. Les 3 500 hommes de Lincoln sont assiégés à Charleston par une force navale britannique de 8 000 hommes, commandée par le général Clinton. Les Patriotes doivent se rendre. Sur ce, Clinton rentre à New York, laissant le général de corps d’armée Charles Cornwallis, second des forces britanniques du roi en Amérique du Nord, avec quelque 7 000 soldats de métier et des troupes de loyalistes pour terminer la conquête des Carolines. Ce dernier met en déroute un corps américain commandé par le général Gates à Camden (Caroline du Sud) le 16 août 1780, mais une lutte partisane se déploie de nouveau aux Carolines. Deux colonnes britanniques sont écrasées au cours de la bataille de Kings Mountain (7 octobre 1780) et à Cowpens (17 janvier 1781). En mars 1781, Cornwallis mène un sanglant combat à l’issue indécise à Guilford Courthouse (Caroline du Nord) contre le général de division Nathanael Greene, successeur de Gates au département des affaires du Sud. À court de ravitaillement, Cornwallis se replie ensuite à Wilmington (Caroline du Nord). Par la suite, il se déplace vers le nord pour gagner la Virginie et fortifie une position à Yorktown, sur la péninsule s’avançant dans la baie de Chesapeake, entre les fleuves York et Gloucester. Pendant ce temps, le général Greene débarrasse l’arrière-pays des Carolines des forces britanniques et bloque les derniers éléments à Charlestown. Il ne gagne aucune bataille, mais parvient néanmoins à conserver le contrôle de la région.

Dans le Nord, George Washington est fortement encouragé par l’arrivée, en juillet 1780 à Newport (Rhode Island), d’environ 6 000 soldats français sous les ordres du lieutenant général Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, vicomte de Rochambeau. Les Britanniques ont retiré leurs troupes de Newport un peu plus tôt dans l’année, de façon à rassembler des forces pour leur campagne du Sud. En septembre 1780, le général Washington met au jour la trahison du général Benedict Arnold, qui a proposé de céder la forteresse clé de West Point aux Britanniques. Dès qu’il sait sa conspiration découverte, Arnold s’enfuit sur un navire de guerre britannique par le fleuve Hudson.

3.4.2   Les pressions en faveur de la paix

Depuis deux ans, George Washington tente de trouver un moyen pour mettre un terme à la guerre. Un service de renseignements, conduit par Benjamin Franklin (l’un des émissaires américains à Paris), l’informe en permanence de ce qui se passe en Angleterre et en France. À la lecture de ces rapports, le général Washington est convaincu que l’opinion publique britannique s’oppose nettement à la poursuite du conflit américain. Il sait également que les armées britanniques ne peuvent pas rester très longtemps à l’intérieur du pays, et qu’il leur faut toujours rejoindre les côtes pour se ravitailler. Il a patiemment essayé de coincer l’armée britannique entre les forces terrestres américaines et une flotte française au large de la côte. Si ce piège peut durer assez longtemps, les forces américaines seront en mesure de contraindre les Britanniques à se rendre en masse. Benjamin Franklin a bien fait comprendre l’importance de cette idée au gouvernement français.

En septembre 1779, les flottes et les armées de France et d’Espagne attaquent la forteresse britannique de Gibraltar. Le Royaume-Uni ne peut pas se permettre, d’un point de vue stratégique et économique, de perdre ce contrôle d’accès à la Méditerranée.

La tactique habituelle que les Britanniques appliquent en cas de guerre avec la France est de maintenir des flottes d’une puissance écrasante à l’entrée des deux principaux ports français : Brest sur l’Atlantique, et Toulon sur la Méditerranée. Quand une flotte française prend la mer, elle est impitoyablement poursuivie. En 1781 cependant, la Royal Navy n’a pas suffisamment de vaisseaux de ligne pour, à la fois, assurer le blocus des ports français et ravitailler la garnison de Gibraltar. Pour assurer ce ravitaillement, il faut systématiquement entrer en lutte pour passer les flottes hispano-françaises au large de ce port. Preuve manifeste de la faiblesse navale des Britanniques, la flotte française parvient à quitter Toulon en 1778. En 1781, au moment où Gibraltar connaît un harcèlement continuel, l’amirauté anglaise doit abandonner la surveillance de Brest. C’est ainsi que vingt-neuf vaisseaux de ligne peuvent, sous le commandement du lieutenant général François Joseph Paul, marquis de Grasse-Tilly, comte de Grasse, quitter Brest le 22 mars en direction des Antilles, mais avec l’ordre de se trouver au large des côtes américaines en juillet et en août.

George Washington apprend le départ de la flotte française le 22 mai 1781 et, avec l’aide de Rochambeau, décide d’attaquer Clinton à New York. En juin, les troupes françaises sont rappelées de Newport pour venir rejoindre les forces de Washington. Néanmoins, l’attaque de New York ne s’est jamais concrétisé car les bataillons de Clinton, renforcés par 3 000 mercenaires de la Hesse, sont trop forts, et parce que la milice de la Nouvelle-Angleterre n’arrive pas à intervenir en nombre suffisant.

3.4.3   L’ultime combat à Yorktown

Le 14 août 1781, George Washington apprend que le comte de Grasse amène la flotte française dans la baie de Chesapeake. Il décide immédiatement d’attaquer Cornwallis à Yorktown (Virginie). Les hommes et l’artillerie de Washington et de Rochambeau se dirigent à marche forcée vers le sud, tout en laissant à une troupe le soin d’observer Clinton à New York. La flotte du comte de Grasse arrive à l’entrée de la baie de Chesapeake le 30 août, met en fuite une flotte britannique commandée par l’amiral Thomas Graves et établit un blocus autour de l’armée de Cornwallis. Sous le commandement de Washington, quelque 16 000 soldats américains et français, accompagnés de miliciens de Virginie, font le siège de Yorktown. Cornwallis essaie à plusieurs reprises de forcer les lignes alliées, mais il doit se rendre le 19 octobre 1781.

4   TRAITÉS DE PARIS ET DE VERSAILLES

La reddition de Yorktown marque la fin des hostilités. Début mars 1782, la Chambre des communes autorise l’ouverture de négociations avec les insurgés. Celles-ci restent secrètes à la demande des Américains, qui s’étaient engagés auprès de leur allié français à ne pas traiter seuls avec la Couronne britannique. Les Américains se méfient en effet des Français, craignant que ceux-ci (en tant que détenteurs de l’immense territoire de la Louisiane) ne cherchent à s’opposer à l’expansion des Américains vers l’ouest, et ne favorisent les intérêts de leur allié espagnol. Les négociations anglo-américaines aboutissent à la signature d’un traité préliminaire, le 30 novembre 1782, dans lequel le Royaume-Uni reconnaît l’indépendance totale de ses anciennes colonies, et leur abandonne même tous ses territoires au sud des Grands Lacs jusqu’au Mississippi.

Les négociations ouvertes de paix se déroulent l’année suivante, et se terminent par le traité de Paris entre les Britanniques et les Américains le 3 septembre 1783, puis par le traité de Versailles entre le Royaume-Uni et les autres belligérants. La France obtient des concessions coloniales, de même que l’Espagne, qui reçoit la Floride. Les Américains souhaitant rester sujets britanniques partent pour le Canada, territoire de la Couronne.

Le tracé des frontières des nouveaux États-Unis d’Amérique déterminé lors de ces traités est une source de discordes entre les Français et les Américains. Elles sont ainsi définies : la rivière Sainte-Croix, la ligne de partage des eaux entre le Saint-Laurent et l’océan Atlantique, le 45e parallèle, le milieu des Grands Lacs, le Mississippi et le 31e parallèle.

Les treize colonies britanniques sont ainsi les premières à acquérir leur indépendance vis-à-vis de leur métropole européenne, et constituent le premier pays à se doter d’une Constitution écrite. Toutefois, l’indépendance politique acquise ne remet pas pour autant en cause les rapports économiques et commerciaux privilégiés avec la Couronne britannique.

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