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Nouvelle-France

Publié le 09/02/2013

Extrait du document

1   PRÉSENTATION

Nouvelle-France, nom donné, jusqu’à leur cession à l’Angleterre en 1763, à l’ensemble des territoires du Canada sous domination française.

2   DÉCOUVERTE ET HISTOIRE DU NOM

Après Christophe Colomb au service des Espagnols et Jean Cabot à la solde des Anglais, l’Italien Giovanni da Verrazano prend la mer pour le compte de la France. En 1524, il explore les côtes sur 2 500 km, de la Floride au Cap-Breton. D’abord appelé Francesca (en l’honneur de François Ier) par le cartographe Maggiolo (1527), ce territoire reçoit le nom de Nova Gallia sur la carte préparée en 1529 par Girolamo da Verrazzano, le frère de l’explorateur. Plus tard, Ramusio fait inscrire par son cartographe Gastaldi la Nova Francia sur la carte qui accompagne son ouvrage intitulé la Terra de Hochelaga nella Nova Francia (1556). Sur les cartes produites au XVIe siècle, on trouve la Nova Franza (Zaltieri, 1566), Nova Francia (Ortelius, 1570), la Nova Franza (Porcacci Da Castiglione, 1572), la Nova Franza (Porro, 1590), Nova Francia (Plancius, 1596) et Nova Francia (Mercator, 1595). Ce dernier prend soin d’inscrire ce nom sur les deux rives du fleuve Saint-Laurent (Nova Fran au nord et cia au sud).

De la côte atlantique, l’appellation Nova Francia, à la suite des voyages de Jacques Cartier, a donc nettement gagné l’intérieur du continent. Samuel de Champlain, aussi brillant explorateur qu’excellent cartographe, n’hésite pas : il adopte « Nouvelle France «. Sur sa magnifique carte de 1632, il indique au bas de la baie d’Hudson, en grosses lettres, Nouvelle France, et répète les mêmes mots, en plus petit, sur la rive sud du Saint-Laurent. Si les cartographes mentionnent volontiers les noms de Nova Gallia, Nova Francia ou Nouvelle-France, les éditeurs utilisent d’abord « la France antarctique « (Thévet, 1557, 1558). En 1598, un imprimeur de Rouen publie une traduction du récit de Jacques Cartier « fait aux Terres-neuves de Canadas, Norembergue, Hochelaga, Labrador et pays adjacens, dite Nouvelle France «. Puis paraît à Paris (1603) Des Sauvages, ou voyage de Samuel de Champlain, de Brouage, fait en la France nouvelle.

C’est cependant Marc Lescarbot qui tranche définitivement en intitulant son ouvrage de 1609 Histoire de la Nouvelle France. Dans ses livres suivants, l’expression est à chaque fois reprise dans le titre (les Muses de la Nouvelle France, la Conversion des Sauvages qui ont été baptizés en la Nouvelle France, Relation dernière de ce qui s’est passé au Voyage du Sieur de Poutrincourt en la Nouvelle France). Champlain l’imite enfin, en 1613, et termine son titre par les mots « des observations faites ès descouvertes de la Nouvelle France «. En 1619, c’est Voyages et decouvertes faites en la Nouvelle France, depuis l’année 1615 et, en 1620, les Voyages du Sieur de Champlain capitaine ordinaire pour le Roy en la Nouvelle France es années 1615 et 1618. Il existe aussi une carte manuscrite attribuée à Champlain (1607), conservée à la bibliothèque du Congrès à Washington et qui s’intitule Description des cotes de la Nouvelle France.

Pour les Anglais, c’est New France. Sur une carte de 1630, sir William Alexander fait inscrire New France sur le côté nord du Saint-Laurent et New England, sur le côté sud. Historiquement, New England a désigné et désigne encore aujourd’hui les six États situés au nord de New York : Connecticut, Rhode Island, Massachusetts, New Hampshire, Vermont et Maine.

3   EXTENSION DE LA NOUVELLE-FRANCE

Après avoir été utilisée pour le littoral atlantique puis pour la région qui entoure le fleuve Saint-Laurent, l’expression « Nouvelle France « a servi à nommer une bonne partie de l’Amérique du Nord. À la suite du double mandat de l’intendant Jean Talon qui a soutenu un large mouvement d’explorations, la Nouvelle-France correspond au territoire qui va du golfe du Saint-Laurent jusqu’au lac Supérieur et de la baie d’Hudson jusqu’au golfe du Mexique. Elle atteint son apogée en 1712, moment où elle peut prétendre englober Terre-Neuve et la Nouvelle-Orléans, de fondation récente.

Le traité d’Utrecht (1713) l’ampute de l’Acadie, de Terre-Neuve et de la baie d’Hudson. Elle conserve tout de même une partie de l’Acadie (dont Louisbourg), le Labrador (placé sous l’autorité d’un fonctionnaire), le Canada (subdivisé en trois gouvernements : Québec, Trois-Rivières et Montréal), les Pays d’en Haut, c’est-à-dire le bassin des Grands Lacs (dont Michillimakinac et Detroit), le territoire plus à l’ouest auquel on accède par les lacs La Pluie, des Bois et Winnipeg, et enfin, la Louisiane, soit la Haute Louisiane (ou pays des Illinois avec Vincennes, Cahokias et Kaskaskias) et la Louisiane proprement dite (ou Nouvelle-Orléans).

4   LA FIN DE LA NOUVELLE-FRANCE

Seuls 85 000 habitants environ occupent ce quasi-continent, dont 90 p. 100 sont massés le long du fleuve Saint-Laurent. Si les Français peuvent tenir pendant 150 ans face à un million et demi d’Anglo-Américains, c’est grâce à leur exceptionnel réseau d’alliances avec les Amérindiens. Le jour où William Johnson se met à l’école des Canadiens et apprend à se rapprocher des Amérindiens annonce la fin de la Nouvelle-France. Habilement, patiemment, progressivement, Johnson fragilise les alliances franco-amérindiennes, obtient la neutralité, gagne certains appuis. Québec capitule en 1759 et Montréal l’année suivante.

L’habileté conjuguée de Johnson en Amérique et de William Pitt en Angleterre entraîne la chute de la Nouvelle-France. Les noms « Louisiane «, « Acadie «, « Canada « continuent d’être utilisés mais avec des significations différentes. La Louisiane est cédée in extremis aux Espagnols, l’Acadie, pour l’essentiel, devient la Nouvelle-Écosse, et le Canada, par la proclamation royale du 7 octobre 1763, devient le gouvernement de Québec, immédiatement appelé la colonie ou province de Québec. Avec celle de la Nouvelle-Écosse, elle vient s’ajouter aux treize colonies déjà existantes. Le territoire non compris dans les limites de ces quinze colonies anglaises devient provisoirement territoire indien placé sous la responsabilité du roi. Dans la province de Québec et un peu partout en Amérique du Nord, il reste des Canadiens, c’est-à-dire des Français du Nouveau Monde.

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