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Révolution mexicaine

Publié le 21/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Révolution mexicaine, violents troubles politiques et sociaux survenus au Mexique dans les premières décennies du XXe siècle.

Avec pour objectif initial de renverser la dictature de Porfirio Díaz, la révolution n’a néanmoins pas tardé à se muer en une révolte générale, bouleversant les structures économiques, sociales et gouvernementales du Mexique.

2   LES ORIGINES DE LA RÉVOLUTION

Grâce au général Porfirio Díaz (au pouvoir depuis le coup d’État de 1876), le Mexique bénéficie d’une croissance économique sans précédent, mais le régime du général s’avère brutal et répressif. Ne profitant qu’à un petit groupe de privilégiés, la prospérité nouvelle cède la place, à partir de 1907, à la récession économique internationale. Par ailleurs, la politique agraire de Díaz, consistant à allouer de vastes portions du domaine foncier public à un petit nombre de propriétaires, suscite de vives controverses. Une élection présidentielle est prévue pour l’été 1910 et, bien qu’âgé de quatre-vingts ans, Díaz n’hésite pas à se présenter pour un nouveau mandat.

3   LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION : 1911-1914

Dans un premier temps, le représentant de l’opposition, Francisco Madero, membre aisé de l’élite politique, est favorablement accueilli par Díaz qui peut ainsi donner une apparence démocratique au scrutin. Néanmoins, lorsque Madero rassemble derrière son nom les forces dissidentes, Díaz le fait emprisonner. Victorieux à l’élection présidentielle, Díaz libère Madero, lequel se réfugie au Texas pour fomenter une révolte. Bien qu’il prône des élections libres et démocratiques, Madero a pour intention de mener une révolte politique, non une révolution sociale. Il rallie pourtant à sa cause de nombreux Mexicains issus des classes défavorisées et ouvrières, qui nourrissent l’espoir de le voir entreprendre les réformes économiques et sociales attendues : les travailleurs urbains revendiquent des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail, et les Indiens et les paysans réclament la restitution des terres.

Le 20 novembre 1910 a lieu une première tentative révolutionnaire qui se solde par un échec : Madero, suivi de quelques rebelles insuffisamment armés, ne peut s’emparer du Mexique et regagne promptement le Texas. Dans les mois qui suivent, de nombreux soulèvements éclatent sous sa houlette à travers tout le pays. Les plus importants sont menés par Emiliano Zapata dans le sud du Mexique et, dans le nord, par Pascual Orozco et Pancho Villa. Soucieux de procurer des terres aux Indiens et aux paysans pauvres, Zapata milite en faveur d’une réforme agraire et d’un morcellement des grandes propriétés. Au cri de « terre et liberté «, il rallie une armée composée essentiellement d’Indiens recrutés dans les villages et les fermes de l’État de Morelos. Villa enrôle, pour sa part, des gardiens de troupeaux et des ouvriers agricoles, à la tête desquels il entreprend d’attaquer les troupes fédérales et les lignes de chemin de fer dans le Chihuahua, au nord du pays.

Le 10 mai 1911, les forces rebelles commandées par Villa s’emparent de Ciudad Juárez, dans le nord du Mexique, point d’entrée du matériel de guerre importé. Sentant que la fin de son règne est proche, Díaz accepte de démissionner le 25 mai ; en retour, Madero — revenu au Mexique en février pour prendre la tête du mouvement rebelle — promet de ne pas démanteler l’armée fédérale et l’administration en place.

Dans l’optique de l’élection présidentielle, prévue en octobre, Madero est naturellement désigné par les groupes rebelles victorieux pour se porter candidat. Au terme d’une écrasante victoire, il entre en fonction le 6 novembre 1911.

3.1   La présidence de Madero : 1911-1913

Partisan de la modération, Madero ne tarde pas à être soumis aux feux croisés des révolutionnaires, adeptes de changements plus radicaux, et des conservateurs. La modeste politique de réforme agraire adoptée par Madero provoque, d’autre part, la révolte de Zapata qui exige le transfert immédiat des terres aux paysans démunis.

D’autres rébellions éclatent qui, bien que toutes réprimées, font naître le sentiment que Madero ne peut gouverner efficacement. Le 9 février 1913, une insurrection militaire traditionnelle, déclenchée à Mexico par le général Reyes (tué le jour même) et Felix Díaz, engendre la déposition de Madero. Victoriano Huerta, général conservateur ayant précédemment servi Díaz, prend quant à lui la tête des forces acquises au gouvernement. Les jours suivants, les rebelles et les troupes loyalistes se disputent âprement le contrôle de la capitale. Face à l’ampleur du massacre, Huerta et Felix Díaz parviennent à trouver un accord : Huerta est provisoirement nommé à la présidence, tandis que Díaz doit attendre une nouvelle élection pour présenter sa candidature. Sur l’ordre de Huerta, Madero est arrêté, puis exécuté le 22 février 1913.

3.2   Le régime de Huerta : 1913-1914

La prise du pouvoir par Huerta ne tarde pas à déclencher de nouvelles révoltes dans les provinces. Convaincu que ce dernier n’œuvrera pas en faveur de la réforme agraire, Zapata entre à nouveau en rébellion dans le Sud. Néanmoins, l’opposition à Huerta reste avant tout le fait des « Hommes du Nord « : Álvaro Obregón à Sonora, Pancho Villa à Chihuahua et Venustiano Carranza à Coahuila. Les trois chefs, qui ne s’accordent qu’une confiance limitée, coalisent leurs troupes derrière Carranza. Aspirant à une solution légale et constitutionnelle, les partisans de cette alliance sont alors appelés les « constitutionnalistes «.

Huerta doit également faire face à un autre adversaire, le gouvernement américain. Indigné par la manière dont Huerta s’est emparé du pouvoir, le président américain Wilson dépêche des troupes pour occuper le port de Veracruz en avril 1914, ce qui prive Huerta d’une porte d’entrée pour l’acheminement des armes de provenance étrangère. Les constitutionnalistes, quant à eux, promptement réapprovisionnés en armes et en munitions, peuvent contraindre Huerta à démissionner au mois de juillet 1914. Carranza est alors provisoirement placé à la tête du nouveau gouvernement.

4   LA GUERRE CIVILE : 1914-1916

Loin de ramener la paix, l’éviction de Huerta débouche sur l’épisode le plus sanglant de la révolution mexicaine. Les antagonismes entre forces révolutionnaires persistent : Villa et Zapata continuent à plaider en faveur d’un morcellement des grandes propriétés et se heurtent à l’opposition de Carranza et d’Obregón. En octobre 1914, une convention est tenue à Aguascalientes dans le but de promouvoir l’unité au sein de la coalition, mais elle ne peut aboutir. En novembre 1914, Mexico est occupée par les forces zapatistes et, en décembre, Villa et Zapata entrent triomphalement dans la capitale. Forts de leur union, les deux hommes paraissent alors en mesure de soumettre Carranza et de prendre le contrôle du pays.

Durant le printemps et l’été 1915, le sort des armes tourne pourtant en faveur d’Obregón ; il inflige une série de cuisantes défaites à Villa et le contraint à se replier dans son fief du Chihuahua. En août, l’armée de Zapata est délogée de Mexico par les troupes constitutionnalistes. Les États-Unis confirment la perte d’hégémonie de Villa et Zapata en reconnaissant officiellement Carranza comme le nouveau président du Mexique (octobre 1915).

Courroucé, Villa tente de répliquer en malmenant les ressortissants américains établis dans le nord du Mexique. En 1916, il franchit la frontière et attaque la localité de Colombus, au Nouveau-Mexique. En représailles, les États-Unis lancent une expédition punitive dans le nord du Mexique. Pendant près d’un an, des troupes américaines, placées sous les ordres du général Pershing, traquent Villa sans toutefois parvenir à le capturer. Au printemps 1916, les forces de Carranza envahissent le Morelos et annihilent ainsi les derniers espoirs de voir Zapata s’ériger en maître dans le sud du Mexique. Ce dernier résiste vaillamment avant d’être assassiné en 1919.

5   LE NOUVEAU RÉGIME
5.1   La Constitution de 1917

Si Obregón s’est illustré sur le plan militaire en forçant l’issue du conflit entre les différentes factions révolutionnaires, Carranza affirme, quant à lui, son autorité au plan politique. À l’instar de Madero, Carranza est issu d’une famille de grands propriétaires terriens et, tout comme lui, il souhaite avant tout instituer des réformes politiques. Soucieux d’asseoir la révolution sur des bases institutionnelles, mais aussi de légitimer sa propre situation, il convoque une convention constitutionnelle pour la fin de l’année 1916. Toutefois, bien que les sympathisants de Villa et de Zapata en soient soigneusement écartés, la convention succombe à l’influence de membres encore plus radicaux. Le général Obregón, qui a soutenu militairement Carranza dans sa lutte contre Villa et Zapata, est à ce titre l’un des principaux artisans des réformes économiques et sociales menées sous la nouvelle constitution.

La Constitution de 1917 énonce le principe de « fonction sociale « de la propriété, selon lequel tous les biens, y compris ceux de nature privée, doivent être exploités dans l’intérêt de la société tout entière. Elle verse l’ensemble des ressources du sous-sol, telles que le pétrole, dans le giron de l’État. Plusieurs restrictions sont, en outre, édictées à l’encontre de l’Église catholique ; celle-ci doit renoncer à posséder des biens et à gérer les écoles primaires, tandis que les membres du clergé sont déchus du droit de vote. Dans le domaine du travail, la Constitution consacre les principes de syndicalisation, de salaire minimum et de nombre maximal d’heures ouvrées. Elle institue également un système de sécurité sociale. L’hostilité des révolutionnaires vis-à-vis des étrangers trouve par ailleurs écho dans des dispositions visant à restreindre le droit des non-résidents à faire du commerce et à détenir des biens fonciers au Mexique. Plusieurs clauses de la nouvelle Constitution ont, de plus, pour effet d’accroître les pouvoirs présidentiels.

5.2   La présidence de Carranza : 1917-1920

Sous la menace de nouvelles scissions au sein du mouvement révolutionnaire, Carranza doit accepter, sans toutefois être tenu de s’y soumettre, la Constitution. Premier président élu sous le nouveau régime, il néglige en effet les dispositions les plus radicales du texte, notamment celles en faveur des paysans et des travailleurs. De même, il est peu enclin à appliquer les restrictions promulguées à l’encontre de l’Église. Enfin, il nourrit de longues querelles avec le gouvernement américain et les investisseurs étrangers, démontrant ainsi plus son nationalisme qu’un quelconque attachement à la Constitution.

Si la Constitution de 1917 n’ébranle pas l’autorité de Carranza, ce dernier tombe lors de la campagne électorale de 1920 : afin de barrer la route du pouvoir à Obregón, Carranza tente d’imposer son propre candidat. Les partisans d’Obregón se révoltent alors en avril 1920, Carranza est assassiné le 21 mai et, au terme de nouvelles élections, Obregón devient chef de l’État en décembre.

5.3   La présidence d’Obregón : 1920-1924

Bien que partisan des réformes les plus radicales de la nouvelle Constitution, Obregón mène une politique prudente. Sous sa présidence, les terres sont distribuées à un rythme relativement soutenu, et de modestes avancées sont réalisées dans le domaine du travail. Obregón soumet l’Église catholique à des restrictions plus sévères, évitant toutefois un conflit ouvert. L’une des réalisations les plus marquantes de son gouvernement est l’adoption d’une politique d’éducation qui permet de réformer le programme scolaire, d’instituer une campagne nationale d’alphabétisation et d’accroître les fonds alloués à l’enseignement dans les zones rurales.

Le gouvernement Obregón s’attache, par ailleurs, à établir de meilleures relations avec les États-Unis. Après plusieurs rencontres diplomatiques en 1923, le Mexique consent à accorder aux propriétaires fonciers étrangers (dont les compagnies pétrolières et minières) une compensation immédiate, au prix du marché, pour toutes les terres saisies à des fins de redistribution. En outre, l’État mexicain promet que les dispositions constitutionnelles consacrant sa mainmise sur les ressources pétrolières du pays ne seront pas rétroactives. En contrepartie, les États-Unis reconnaissent officiellement le gouvernement Obregón.

En 1923, la succession à la présidence est une nouvelle fois source de discorde dans les rangs des révolutionnaires. Obregón désigne à sa suite Plutarco Elias Calles ; l’autre grand candidat à l’élection présidentielle, Adolfo de la Huerta, s’incline finalement, ce qui permet à Obregón de superviser en toute sérénité le scrutin présidentiel de 1924. Pour la première fois depuis 1884, le pouvoir est transmis sans effusion de sang.

5.4   Le régime de Calles : 1924-1934

Calles se montre déterminé à appliquer plus fermement la Constitution. À ce titre, le nouveau chef de l’État mexicain s’attire les foudres du gouvernement américain en promulguant plusieurs lois destinées à limiter les droits des étrangers en matière de propriété foncière et à régir les activités des compagnies pétrolières étrangères opérant au Mexique.

Calles entre également en conflit avec l’Église catholique à la suite de la mise en application de dispositions constitutionnelles limitant les pouvoirs du clergé. En réaction, les autorités cléricales décident d’interrompre les célébrations religieuses pour une durée de trois ans à compter de 1926, ce qui provoque un immense soulèvement populaire, puis une guerre civile connue sous le nom de rébellion des Cristeros. La rébellion rallie quelque 50 000 Mexicains, mais n’est pas en mesure de s’opposer à l’armée fédérale. Sous l’égide de Dwight Morrow, ambassadeur américain, le gouvernement mexicain et l’Église catholique parviennent néanmoins à trouver un compromis, en vertu duquel la législation anticléricale est assouplie (été 1929).

Réélu à la présidence en 1928, au plus fort de la rébellion des Cristeros, Obregón est en passe de reprendre la tête du gouvernement, mais il meurt assassiné par un fanatique religieux (juillet 1928). Bien qu’officiellement retiré de la vie politique, Calles prend les rênes du pays par l’entremise de plusieurs présidents fantoches entre 1928 et 1934 : il dirige en sous-main la politique mexicaine lors des présidences éphémères de Portes (1928-1930), Pascual Ortiz Rubio (1930-1932) et Abelardo L. Rodriguez (1932-1934). Au cours de cette période, il s’emploie à évincer les militaires de la scène politique et à améliorer les infrastructures du pays. S’il demeure modéré quant aux aspirations les plus radicales de la révolution, Calles distribue, de 1924 à 1934, trois fois plus de terres aux paysans pauvres que ne l’a fait Obregón. Sous son initiative, un parti officiel est créé en 1929, le Partido Nacional Revolucionario (Parti national révolutionnaire) bientôt rebaptisé Partido Revolucionario Institucional (Parti révolutionnaire institutionnel). Le parti, dont les rouages doivent permettre un transfert pacifique de l’autorité, s’avère un moyen de concentrer le pouvoir politique dans les mains du président.

6   LES DERNIÈRES ANNÉES DE RÉFORME : 1934-1940

Président de 1934 à 1940, Lázaro Cárdenas ne tarde pas à s’affranchir de Calles pour donner toute leur ampleur aux thèmes fondateurs de la révolution. En matière de réforme agraire, Cárdenas distribue de très nombreuses terres. Il réorganise, par ailleurs, le parti officiel afin de donner plus de poids aux revendications des paysans et des travailleurs. En mars 1938, au terme d’âpres conflits juridiques et sociaux, Cárdenas nationalise les compagnies pétrolières sous contrôle étranger. Toutefois, à partir de 1937, une crise économique le contraint à mettre un frein à sa politique de réformes.

Après 1940, les objectifs révolutionnaires inscrits dans la Constitution de 1917 sont quelque peu perdus de vue. La réforme agraire et le programme de redistribution des terres pâtissent du développement industriel. Le gouvernement, désormais plus enclin à aider les entreprises, témoigne un intérêt moindre aux exigences des travailleurs. En outre, l’hostilité des dirigeants vis-à-vis de l’Église catholique fait place à des relations de collaboration, tandis que l’animosité envers les non-résidents s’estompe sous l’effet d’une forte expansion des investissements étrangers et du tourisme. Dès 1946, la révolution mexicaine cesse d’être une réalité politique.

7   L’HÉRITAGE DE LA RÉVOLUTION

La révolution est à l’origine de profonds bouleversements au Mexique. La plupart des anciens dirigeants ont été évincés et remplacés par une nouvelle élite révolutionnaire. La concentration des pouvoirs au profit du gouvernement national, notamment du président, a donné l’impulsion à un processus de centralisation politique. La création et le développement d’un parti officiel a, par ailleurs, mis fin aux crises chroniques engendrées par la succession présidentielle entre 1910 et 1928.

Les réformes entreprises lors de la période révolutionnaire, tant dans le domaine du travail qu’au plan social, ont eu d’autre part un retentissement prolongé sur la société mexicaine. En outre, la politique de redistribution des terres instaurée dans le cadre de la réforme agraire a été sans nul doute la plus ambitieuse que l’Amérique latine ait jamais connu.

Aujourd’hui, les principes révolutionnaires, notamment la nécessité d’un gouvernement tant démocratique que responsable et l’aspiration légitime de l’ensemble du peuple mexicain à un niveau de vie décent, continuent à peser sur les orientations du pays.

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