Schumann, Maurice

Schumann, Maurice (1911-1998), homme politique français qui, après avoir été la voix de la France libre à Londres durant la Seconde Guerre mondiale, est demeuré fidèle à ses engagements, à la fois gaullistes et européens.

Né à Paris, d’un père joaillier, Maurice Schumann se lie, dans sa jeunesse, à Marc Sangnier, figure du catholicisme social. Devenu journaliste, il collabore à la revue Sept, aux côtés de Georges Bidault, François Mauriac et Hubert Beuve-Méry. Dès 1938, il s’engage contre le nazisme, dénonçant la capitulation des démocraties européennes à Munich.

En juin 1940, il rejoint le général de Gaulle à Londres. Durant quatre ans, il est, à la BBC, le porte-parole de la Résistance extérieure, celui que les Français écoutent clandestinement chaque soir. À la Libération, de retour en France, il prend la direction de l’Aube, le journal de la démocratie-chrétienne, et participe à la fondation du Mouvement républicain populaire (MRP). Il en est le premier président de 1945 à 1949.

Élu à l’Assemblée constituante, en 1945, il sera député du Nord sans discontinuer jusqu’en 1973 puis sénateur du Nord de 1974 à sa mort. Secrétaire d’État dans cinq cabinets successifs (1951-1954), il choisit de suivre de Gaulle en 1958, lorsque le MRP éclate à cause de dissensions sur la question algérienne. Gaulliste, Maurice Schumann n’en demeure pas moins pro-européen. Ainsi, il quitte en mai 1962 le gouvernement de Georges Pompidou — un mois après avoir été nommé ministre — au lendemain de la conférence de presse du général sur « l’Europe du volapük « : il entend ainsi manifester son désaccord avec les positions gaullistes sur l’Europe.

Revenu au gouvernement, il est ministre d’État, successivement chargé de la Recherche scientifique et des Affaires sociales (1967-1969). En 1969, Georges Pompidou le nomme ministre des Affaires étrangères, fonction qu’il occupe jusqu’en mars 1973. Il est l’un des artisans de l’adhésion britannique au Marché commun (voir Union européenne).

Auteur de plusieurs ouvrages, dont le Rendez-vous avec quelqu’un (1962) et Un certain 18 juin (1980), Maurice Schumann, président de l’Association des écrivains catholiques, est entré à l’Académie française en mars 1974. En novembre 1997, alors qu’il recevait sous la Coupole le biologiste François Jacob, il a rendu une nouvelle fois hommage aux compagnons de la Libération, dont ils étaient tous deux.