Devoir de Philosophie

Tokugawa, famille

Publié le 11/02/2013

Extrait du document

famille

1   PRÉSENTATION

Tokugawa, famille, famille appartenant à l'aristocratie guerrière japonaise, qui a obtenu puis monopolisé le titre de shogun pendant toute la période d’Edo (1603-1868).

2   TOKUGAWA IEYASU, UN FONDATEUR AMBITIEUX

L'histoire de la famille commence au milieu du xvie siècle avec Tokugawa Ieyasu (de son nom de naissance Matsudaira Kiyoyasu). À l’issue de ses premières victoires militaires, remportées en combattant aux côtés d’Oda Nobunaga, le jeune guerrier décide de prendre le nom de Tokugawa (littéralement « rivière vertueuse «) afin de s’inventer une parenté avec le clan Minamoto (littéralement « source «). C’est cette origine aristocratique qui lui permet, quelque trente années plus tard, et après s’être patiemment débarrassé des descendants et fidèles de Toyotomi Hideyoshi, de revendiquer et d’obtenir de l’empereur le titre de shogun. Il fonde ainsi, en 1603, le troisième shogunat (bakufu) de l’histoire japonaise, et s’établit à Edo, dont il fait sa capitale.

Soucieux d’assurer à sa descendance l’exercice du pouvoir, Tokugawa Ieyasu abdique deux ans plus tard en faveur de son fils Hidetada (1579-1632). Il conserve cependant toute son influence politique, et participe à la rédaction de la plupart des décrets mis en application entre 1605 et 1615. Ces décrets permettent aux Tokugawa de se maintenir au pouvoir et d’assurer au Japon une paix sociale pendant plus de deux siècles.

3   LA STABILITÉ DU RÉGIME, CLÉ DU MAINTIEN DES TOKUGAWA AU POUVOIR
3.1   La politique foncière

Lorsque Ieyasu Tokugawa reçoit en 1603 le titre de shogun, ses conquêtes ont déjà fait de lui le plus important propriétaire terrien du pays. Il s’assure également du contrôle direct des grandes villes, des ports, des axes routiers et des mines.

Après avoir démembré les fiefs des vaincus, le pays est entièrement redistribué. La famille et les fidèles alliés d’Ieyasu Tokugawa reçoivent les terres les plus fertiles et les mieux situées, tandis que les daimyos ralliés récemment à sa cause se voient plus chichement dotés.

3.2   La lutte contre l’instabilité sociale

Pour Ieyasu Tokugawa, le secret de la paix sociale réside dans un strict contrôle de la population. Quatre classes sociales sont ainsi établies : guerriers, paysans, artisans et marchands. Pour chacune est promulgué un règlement fixant ses droits et ses devoirs ; les guerriers perdent considérablement en puissance ; les paysans sont attachés à leur terre ; les activités des artisans et marchands sont sévèrement réglementées.

Les membres de la noblesse de cour, les moines bouddhistes et les desservants shinto, ainsi que les parias, n’échappent pas à la règle et leurs prérogatives sont fortement figées. Le christianisme est interdit et sévèrement réprimé, au même titre que les sectes bouddhiques trop activistes.

3.3   La recherche d’une paix durable

La pacification intérieure du pays passe donc par l’affaiblissement systématique des guerriers et le contrôle de la population. À l’extérieur, cette volonté aboutit peu à peu à la fermeture totale du Japon : dès le milieu du xviie siècle, plus aucun Japonais n’a le droit de quitter le pays et aucun étranger ne peut circuler sur l’archipel.

La fermeture (sakoku) n’est pas totale — une fois l’an, des navires hollandais et portugais peuvent accoster à Deshima —, mais elle est suffisamment stricte et protectionniste pour limiter l’influence étrangère, notamment occidentale.

4   UNE ÉCONOMIE FLORISSANTE ET UNE CULTURE BOURGEOISE

La paix durable permet la naissance d'une économie de marché dynamique. Les richesses produites favorisent l’émergence d’une petite bourgeoisie marchande et financière, dont l’essor s’accompagne d’une importante croissance urbaine et de l’apparition d’une culture populaire (bunraku, kabuki et ukiyo-e). L’instruction se répand rapidement, y compris au sein de la classe paysanne.

Ce dynamisme profite moins aux guerriers, qui ne peuvent en théorie travailler sans déroger. La plupart se reconvertissent donc dans l’étude, le conseil ou l’enseignement.

La politique des Tokugawa est ainsi à l’origine d’une véritable révolution culturelle, qui se poursuit pendant plus de deux siècles. C’est cette évolution qui permet au Japon, lors de son ouverture forcée par le commodore Perry dans les années 1850, de faire preuve de beaucoup de dynamisme devant les apports étrangers. Toutes les structures nécessaires sont déjà en place et les Japonais sont en mesure de profiter pleinement des possibilités offertes par la libre circulation des personnes, des idées, des techniques et des sciences.

5   LES DIFFICULTÉS ET LA FIN DU SHOGUNAT DES TOKUGAWA

La mise en place des mesures importantes permettant le contrôle et la fermeture du pays, ainsi que la mainmise du clan Tokugawa sur le pouvoir, sont achevées pendant le gouvernement du troisième shogun Iemitsu (1604-1651, shogun à partir de 1623).

Le cinquième shogun, Tsunayoshi (1646-1709, shogun à partir de 1680), favorise le développement des arts et des lettres, soutient la mise en place de principes néoconfucianistes, mais met en place une politique économique désastreuse qui déstabilise durablement l’économie du pays. Les réformes préconisées par Arai Hakuseki et les efforts des shoguns suivants — en particulier du huitième, Yoshimune (1684-1751, shogun à partir de 1716) — restent sans effet, d’autant que famines et épidémies ravagent alors le pays.

En 1862, Tokugawa Yoshinobu (1837-1913) devient le principal conseiller du 14e shogun, Iemochi (1858-1866). Doué d’un véritable sens politique, ce dernier comprend la nécessité de modifier un système que le temps et le manque de conscience politique de ses prédécesseurs ont ossifié et mené à sa perte. Devenu shogun en titre en 1866, il se montre favorable à un gouvernement de coalition. Il abdique l’année suivante, puis reconnaît la restauration impériale du 3 janvier 1868 (voir restauration de Meiji), mettant ainsi un terme à plus de deux siècles et demi de domination du pays par sa famille.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles