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André Breton

Publié le 30/04/2011

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  « La beauté sera convulsive ou ne sera pas. « Pape du surréalisme, mouvement littéraire et artistique, André Breton a profondément modifié notre vision du monde et de la réalité. Ce poète révolutionnaire demeure encore aujourd'hui celui qui a voulu « changer la vie «, redonner sa place à l'imaginaire et au rêve, être un éveilleur de l'inconscient. Né dans l'Orne, le médecin André Breton est mobilisé pendant la Grande Guerre dans un centre neuro-psychiatrique. Il s'enthousiasme aussitôt pour les travaux de Freud. Ce qui le frappe chez le psychanalyste autrichien, c'est la nécessité d'aller au-delà de la conscience pour trouver la vérité de notre être. Il veut appliquer cette intuition à la création littéraire. Cette révélation conduit Breton à rompre avec le dadaïsme et à fonder le surréalisme. Désormais, pour appartenir à ce cercle mystérieux, il faut s'émanciper des contraintes de la conscience pour remonter à la source du rêve, dans un monde imaginaire inexploré. Puis, en l'absence de tout contrôle de la raison, écrire automatiquement cette matière brute, chaotique, venue du tréfonds de l'inconscient. Le Manifeste du surréalisme (1924), instrument privilégié de cette connaissance de l'imaginaire, devient la bible de tous ceux qui s'opposent à l'empire de la raison et à la banalité du quotidien. Les adhésions au mouvement se multiplient : Aragon, Éluard, Desnos, Duchamp, Max Ernst, Mirô, Man Ray... Dans les années 20, Breton place le surréalisme sous le signe de la révolution. Il s'inscrit au parti communiste en 1927 et se prononce pour un « art révolutionnaire « qui transforme le monde. En vérité, il s'agit plus d'une révolte contre tout ce qui entrave la liberté, qui empêche la création : l'État, la patrie, la famille, la religion, la littérature traditionnelle, la prose classique... Une révolte qui peut prendre une forme plus brutale encore : « L'acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers au poing, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu'on peut, dans la foule. « Révolté, Breton l'est aussi politiquement lorsqu'il prend position contre les guerres d'Algérie (il signe le Manifeste des 121 contre la torture) et du Vietnam. Avec son plus beau roman, Nadja (1928), André Breton transforme le récit. Il raconte sa rencontre fortuite avec une étrange femme qui l'incite à voir au-delà de la banalité du quotidien, et le guide vers l'amour et la beauté. L'Amour fou (1937) et Arcane 17 (1944) confirment qu'André Breton est un monument de la littérature française. Mais qu'en reste-t-il au juste dans l'imaginaire collectif, en dehors de quelques « cadavres exquis « qui viennent animer nos soirées ?

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« ANDRÉ BRETON né en 1896 PRÉSENTER André Breton comme l'un des « grands écrivains » ou des « écrivains célèbres >> de ce temps serait le trahir, disons cela tout d'abord, et vouloir sous ce seul point de vue le regarder serait se duper intentionnellement, ou accepter d'être dupé.

Breton est un écrivain qui n'a cessé de proclamer son mépris de la littérature et qui montre depuis toujours que l'écrivain chez lui est accessoire à l'homme (tandis que les autres surréalistes, sauf Artaud, ont été des écrivains avant d'être des hommes); cependant, la merveille est que l'œuvre écrite de Breton prend du poids et de la portée continuellement, à mesure que les années passent, et qu'à la plupart de nous elle apparaît aujourd'hui comme le meilleur don, littérairement aussi et même, que nous ayons reçu de l'esprit moderne.

Il faudrait donc, au début de ce que les limites de cet ouvrage réduisent à n'être qu'une petite note, essayer de marquer la singularité absolue de l'homme et de l'écrivain à qui nous avons affaire, souligner autant qu'il se peut tout ce qui le rend incommensurable par rapport à ses contemporains.

Un livre, pour André Breton, je crois que c'est avant tout une expérience et un message (car le domaine intérieur ne lui importe pas moins que le monde extérieur, et je ne sais personne chez qui la soif d'introspection et l'appétit de communication soient aussi prononcés et aussi par­ faitement équilibrés que chez lui).

Or ces messages et ces expériences sont habités par une sorte de charge, ou ils sont traversés par une sorte de courant, à si haute tension que dans l'ordre de la pensée originale et dans celui de la beauté formelle ils brillent d'un éclat dont on chercherait vainement le similaire.

Le lecteur est ébloui; son consentement est enthousiaste, ou bien son regard est blessé par le violent feu, et il se détourne de ce qu'il ne peut supporter.

On n'insistera jamais assez sur ces notions de « charge >> de « tension >> et de « magnétisme >> (déjà signalées par Julien Gracq dans son bel essai, que je recommande une fois pour toutes, sur André Breton).

Elles valent aussi bien pour la personne de l'écrivain, pour son caractère et pour son aspect, que pour son œuvre ou pour le style de son œuvre.

Il n'est que de regarder les nombreuses photographies prises de lui depuis son adolescence jusqu'à son âge actuel.

L'iconographie d'André Breton est une longue suite d'éclairs.

Nul, dans l'histoire de la littérature, ne laissera pareilles traces de son passage, ce qui nous assure encore que c'est beaucoup plus que d'un simple écrivain qu'il s'agit.

De qui, ou de quoi, s'agit-il donc? Répondre brièvement est malaisé, si l'on ne veut pas se contenter des subterfuges qui ont cours à son sujet et au sujet du groupe qu'il inspire.

André Breton, comme on sait, est inséparable du surréalisme, auquel il a donné naissance en rompant de sa propre autorité avec le dadaïsme, en 1922; il n'a pas cessé de le diriger depuis lors.

« Le langage a été donné à l'homme pour qu'il en fasse un usage surréaliste >>, écrivait-il dans le Premier Manifeste, publié en 1924, et le ton est déjà caractéristique de ce besoin d'absolu qui ne faiblira jamais chez lui.

Du même ouvrage, tirons encore cette définition à l'usage des futures encyclopé­ dies : « Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associa­ tions négligées jusqu'à lui; à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée.

Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la PHOTO IDA KAR. »

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