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Arabie saoudite

Publié le 11/04/2013

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arabie saoudite
1 PRÉSENTATION

Arabie saoudite, en arabe As Su`ūdīyah, pays du Proche-Orient, occupant la plus grande partie de la péninsule Arabique. Sa capitale est Riyad.

L’Arabie saoudite est entourée au nord par la Jordanie, l’Irak, et le Koweït ; à l’est par le golfe Arabo-Persique et le Qatar ; au sud-est par les Émirats arabes unis et le sultanat d’Oman ; au sud par la république du Yémen et à l’ouest par la mer Rouge et le golfe d’Aqaba. Les frontières du sud-est et du sud ne sont pas délimitées avec précision et font l’objet de contentieux avec les pays concernés.

Relativement peu peuplée, disposant de très importantes réserves pétrolières, l’Arabie saoudite est l’un des pays les plus riches du Proche-Orient. Elle est gouvernée depuis près d’un siècle par la dynastie des Saoud qui s’appuie sur une interprétation stricte de l’islam.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

L’Arabie saoudite a une superficie comprise entre 1 750 000 km2 et 2 200 000 km2, selon les estimations (en fonction des frontières choisies). 98 p. 100 du territoire est désertique ou semi-désertique. Au nord et au sud s’étendent deux grands déserts : le Néfoud (les « sables « en arabe) et le Ar Rub‘ al Khali (le « Quartier vide « en arabe).

Une plaine côtière, large de 70 km, longe la mer Rouge. Elle est bordée par la barrière montagneuse du Hedjaz, que l’Asir (l’« inaccessible «, en arabe) prolonge au sud. Le Hedjaz, d’une altitude moyenne de 1 200 m, culmine à 3 133 m.

Le plateau du Nedjd, d’une altitude moyenne de 1 000 m, occupe le centre du pays entre les deux déserts du Néfoud et du Ar Rub‘ al Khali, il est recouvert par une steppe pauvre. À l’est, longue de 500 km en bordure du golfe Arabo-Persique, la plaine d’Hassa renferme d’importants gisements pétroliers.

Quelques wadis (cours d’eau) asséchés, excepté pendant la saison des pluies, traversent le plateau central. Les principaux sont le Dawassir, au sud, qui relie le pays au Yémen, le Al Runmah et le Hanifa au centre du pays.

2.2 Climat

Le climat de l’Arabie saoudite est désertique. Une chaleur extrême et la sécheresse règnent dans la plus grande partie du pays. Il est, en revanche, chaud et humide le long de la plaine littorale.

Les températures moyennes sont de 20,2 °C en janvier et 42,8 °C en juillet à Riyad. Aux mêmes périodes, les températures moyennes à Djeddah sont de 28,5 °C et de 37,7 °C.

Djeddah et Riyad enregistrent respectivement des précipitations annuelles de 54 mm et de 101 mm. En raison de la sécheresse générale, les rivières ou les lacs d’Arabie saoudite ne sont pas permanents.

2.3 Flore et faune

Du fait de l’aridité générale, la végétation n’est pas abondante. Divers arbres fruitiers, notamment le dattier, et une grande variété de céréales et de légumes poussent dans les oasis et dans les autres régions qui disposent d’eau. La présence de nappes phréatiques a permis d’irriguer certaines régions.

Parmi la faune locale figurent les hyènes, les renards, les chats sauvages, les panthères, les loups, les gazelles, les antilopes, les bouquetins ainsi que les autruches, les outardes et les cailles. En raison de la chasse qui est un sport national, l’autruche a disparu, et l’antilope oryx est en voie de disparition.

2.4 Ressources naturelles

Les oasis fertiles sont souvent des villes et des villages, éparpillés à travers les déserts de l’Arabie saoudite, au nord du Ar Rub‘ al Khali. Des étendues plus vastes de pâturages sont situées dans le nord (steppes du Hamad) et sur le plateau. En raison du manque d’eau, les terres exploitables pour l’agriculture représentent 1,8 p. 100 du territoire.

Les immenses gisements pétroliers se trouvent dans la région côtière, près du golfe Arabo-Persique. Mis à part le pétrole, le sous-sol est peu riche. Il contient du fer, du cuivre, du plomb, du zinc, de l’or et de l’argent.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

L’Arabie saoudite comptait en 2008, 28 millions d'habitants, soit une densité moyenne d’environ 13,1 habitants au km². Cette population s’accroît de 2,7 p. 100 par an. En 2005, 88 p. 100 de la population était urbanisée. Le nombre d’étrangers vivant en Arabie saoudite (essentiellement des Yéménites, des Soudanais et des Égyptiens) est compris entre 3 et 5 millions.

La population d’Arabie saoudite est principalement constituée d’Arabes indigènes. La population des nomades, connus sous le nom de Bédouins, est en baisse (9 p. 100).

3.2 Découpage administratif et villes principales

Depuis la réforme administrative de 1993, l’Arabie saoudite est divisée en treize districts administratifs, avec des gouverneurs (émirs) nommés et des assemblées constituées de notables locaux. Les grandes villes élisent leur propre gouvernement municipal. Les villes et les villages sont administrés par les conseils des anciens.

Riyad (« jardins «, en arabe) est la capitale et la plus grande ville d’Arabie saoudite (1 900 000 habitants). Les villes importantes sont Djeddah, ville portuaire située sur la mer Rouge, La Mecque capitale religieuse de l’islam et plus grand centre de pèlerinage, Médine (la « ville «, en arabe), ville sainte, et Damman, centre pétrolier du golfe Arabo-Persique. Le centre industriel de Yanbu, sur la mer Rouge, a été construit dans les années 1980.

3.3 Langue et religion

L’arabe est la langue nationale.

L’islam est la religion d’État en Arabie saoudite. La plupart des Saoudiens sont des musulmans sunnites, mais environ 300 000 chiites habitent le pays (dans l’est). La secte sunnite des wahhabites, qui a pris le pouvoir en Arabie au xviiie siècle, a cherché à purifier et à simplifier la pratique de l’islam ; elle a une grande influence sur l’islam d’Arabie saoudite.

3.4 Éducation

L’enseignement est gratuit, mais n’est pas obligatoire en Arabie saoudite. En 2005, le taux d’alphabétisation était de 85,9 p. 100 pour les hommes et 73,3 p. 100 pour les femmes. Ces dernières décennies, des établissements de formation pédagogique ont été créés pour réduire la dépendance du pays envers les autres pays arabes pour le recrutement des professeurs. Le pays compte six universités : l’université de Riyad (1957), l’université du roi Abdul Aziz, à Djeddah (1967), l’université du roi Fayçal, à Damman (1975), l’université Umm al-Qura, à La Mecque (1979), et les universités islamiques de Médine (1961) et de Riyad (1974). L’institut technique (1964) à Riyad, l’université du pétrole et des minerais (1963) à Dharan et un collège d’études islamiques fondé en 1933 à La Mecque sont trois autres établissements d’enseignement supérieur.

3.5 Culture

Les bibliothèques les plus importantes d’Arabie saoudite se trouvent à Riyad : la bibliothèque de l’université du Roi Séoud regroupe plus d’un million de volumes. Les bibliothèques de La Mecque et de Médine abritent des collections de livres religieux. Un musée d’archéologie et d’ethnographie a été créé à Riyad en 1978.

3.6 Institutions et vie politique

L’Arabie saoudite est une monarchie fondée sur une interprétation stricte de la loi islamique (charia), confiée aux docteurs de la foi (ouléma). Le royaume ne dispose d’une Constitution écrite que depuis mars 1992, date à laquelle une série de décrets royaux a établi une déclaration des droits, accru les pouvoirs des administrations de province et créé un conseil consultatif (la Choura). Constitué à l’origine de 60 membres, ce conseil ne possède aucun pouvoir législatif. Dans ce régime dénué de toute composante législative ou de parti politique, les lois sont proposées et émises par les ministres et le roi.

Le roi Fahd exerce, de juin 1982 à août 2005, les fonctions de chef d’État et de chef du gouvernement, mais il confie la régence au prince héritier Abdallah en 1996 à la suite d’une embolie cérébrale. La succession au trône n’est pas héréditaire, et le prince couronné qui succède au roi est choisi dans la famille royale pour ses compétences. À la mort du roi Fahd, en août 2005, le prince Abdallah lui succède. La plupart des hauts fonctionnaires sont issus de la famille royale et de quelques autres familles occupant une position importante.

Depuis les années 1990, des mouvements contestataires religieux sont apparus. Le déploiement de troupes « infidèles « (occidentales) sur le sol saoudien lors de la guerre du Golfe a accentué ce phénomène.

La plus grande partie de l’opposition au régime provient maintenant des cercles fondamentalistes, qui dénoncent le système actuel anti-islamique et craignent que leurs valeurs ne soient remises en question par la culture étrangère occidentale.

Le système judiciaire de l’Arabie saoudite est basé sur la charia, qui procède du Coran et des Hadiths (recueil des traditions) du prophète Mahomet.

3.7 Défense

Depuis le milieu des années 1960, les dépenses dans le secteur de la défense étaient en constante augmentation. La baisse sensible du prix du pétrole a contraint le gouvernement à geler les dépenses militaires depuis le mois de mai 1998. Le pays entretient deux armées distinctes. La première est la garde nationale (ou Garde blanche), qui rassemble des troupes tribales organisées de façon traditionnelle et compte environ 77 000 hommes. La seconde, l’armée régulière, est constituée d’une armée de terre de 70 000 hommes, d’une force aérienne de 18 000 hommes et d’une marine de 13 500 hommes. Ces forces sont en partie entraînées avec l’aide des pays étrangers et sont dotées d’équipements modernes (américains et français).

4 ÉCONOMIE

Le produit intérieur brut (PIB) de l’Arabie saoudite atteignait 349,1 milliards de dollars en 2006, soit un revenu de 14 745 dollars par habitant, ce qui place le pays parmi les plus riches de la planète. Le taux de croissance du PIB s’élève à 2,10 p. 100 pour la période 1990-2003.

Par le passé, l’économie de l’Arabie saoudite s’appuyait sur l’agriculture et l’élevage. Mais depuis le développement de l’industrie du pétrole — l’Arabie saoudite détient le quart des réserves mondiales —, le gouvernement a cherché à diversifier sa base industrielle et à améliorer ses infrastructures en développant des routes, des aéroports, des ports maritimes et l’industrie énergétique.

Le système social est l’un des plus élaborés du monde. Un État-providence généreux et opulent « gâte « la population. Ainsi, de très nombreuses subventions sont allouées aux Saoudiens : l’eau, l’électricité et le gaz sont quasiment gratuits et les impôts sont inexistants pour les particuliers.

4.1 Agriculture

L’agriculture emploie 9 p. 100 de la population active et représentait 5,1 p. 100 du PIB au début des années 2000.

L’Arabie saoudite ayant longtemps été un pays importateur de produits alimentaires, l’agriculture est un secteur clé du développement. Aussi, l’irrigation a-t-elle été fortement développée ces dernières décennies.

Les principales cultures sont le blé (2 millions de tonnes en 2003), les pastèques, les dattes et les tomates. Les autres cultures importantes sont l’orge, le sorgho, les produits laitiers, les oignons, le raisin et les agrumes.

En 2006, le cheptel était constitué de 7 millions de moutons, 2 millions de chèvres, 352 000 bovins et 260 000 chameaux et dromadaires.

Les forêts représentent moins de 1 p. 100 de l’Arabie saoudite. La pêche est peu développée : 74 778 tonnes de poisson ont été pêchées en 2005.

4.2 Mines et industries

L’industrie pétrolière saoudienne est née en 1938. Elle représente actuellement la principale richesse nationale : 1/3 du PIB, mais elle emploie seulement 2 p. 100 de la population active. L’Arabie saoudite a produit, en 2002, 417,3 millions de tonnes de pétrole brut.

Les réserves confirmées de pétrole de l’Arabie saoudite excèdent 250 milliards de barils. Elle est, actuellement, le premier producteur et le premier exportateur mondial de pétrole. L’essentiel de la production provient de l’est du pays ; les forages en mer se font dans le golfe Arabo-Persique. Pour faciliter le transport du pétrole brut vers les principaux marchés, l’oléoduc transarabique, connu sous le nom de Tapline, fut achevé en 1950. Il transporte le pétrole brut vers Sidon (Saïda) au Liban. Un autre oléoduc, qui relie les champs pétrolifères de l’est du pays autour de Buqayq au port de Yanbu sur la mer Rouge, fut terminé au début des années 1980. Néanmoins, la plus grande partie du pétrole a continué à être exportée à partir des terminaux du golfe Arabo-Persique, particulièrement les ports de Ras Tannoura et de Damman.

Les immenses réserves du pays (le quart des réserves mondiales) et le niveau élevé de production de pétrole ont fait de l’Arabie saoudite un interlocuteur puissant dans l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui joue un rôle important au niveau de la fixation des cours mondiaux du pétrole.

L’Arabie saoudite produit aussi des quantités considérables de gaz naturel : la production de 2003 est de 60,1 milliards de m³.

À l’exception du pétrole et des produits dérivés du pétrole, le calcaire, le gypse, le marbre, l’argile, le sel et l’or sont les seuls minerais importants extraits en Arabie saoudite.

L’industrie de transformation a été diversifiée depuis les années 1970. Les principaux produits sont le pétrole raffiné, la pétrochimie, l’agroalimentaire, le textile, les engrais et le ciment. Le pays a produit en 2003 environ 145 milliards de kilowattheures d’électricité, dont la quasi-totalité provient des installations thermiques.

4.3 Échanges
4.3.1 Commerce extérieur

Les exportations de pétrole ont rapidement augmenté dans les années 1970. Au début des années 2000, l’Arabie saoudite est le premier exportateur mondial de pétrole, qui est la principale source de revenus (30 milliards de dollars par an). Les principaux produits importés sont les machines, les métaux et les produits métalliques, les équipements de transport, les produits agroalimentaires, l’armement et le textile. Les principaux partenaires commerciaux de l’Arabie saoudite sont les États-Unis, le Japon, la France, l’Italie, l’Allemagne, la Corée du Sud et les Pays-Bas. L’Arabie saoudite est membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 2005.

Près d’un million de pèlerins musulmans viennent chaque année visiter La Mecque, le lieu où est né le prophète Mahomet, et Médine où se trouve sa tombe. Ces pèlerinages représentent un revenu annuel de 2 milliards de dollars.

L’unité monétaire de l’Arabie saoudite est le riyal divisé en 100 halalah, émis pour la première fois en 1952.

4.3.2 Transports et communications

L’Arabie saoudite possède un réseau routier en expansion. Il représente environ 127 700 km, 1/3 seulement des routes étant asphaltées. Environ 875 km de voies ferrées en service desservaient l’Arabie saoudite, la ligne principale reliant Riyad à Damman. Les ports de Djeddah et de Yanbu sont situés sur la mer Rouge et Djubail, Damman et Ras Tannoura sont les principaux ports exportateurs de pétrole du golfe Arabo-Persique. La compagnie aérienne publique de l’Arabie saoudite assure des vols nationaux et internationaux. Les principaux aéroports sont situés à Dharan, Djeddah et Riyad.

L’Arabie saoudite publie dix quotidiens, dont trois en langue anglaise. Les stations de radio et les chaînes de télévision sont nationalisées. L’audiovisuel et les moyens de télécommunication sont très développés.

5 HISTOIRE

L’Arabie est vraisemblablement la patrie des Sémites, qui s’établissent au début du IVe millénaire av. J.-C. en Mésopotamie et en Palestine et sont plus tard identifiés sous le nom d’Assyro-Babyloniens, de Cananéens et d’Amorites.

5.1 La période antique

Au Ier millénaire av. J.-C., le royaume minyen occupe la province de l’Asir et le sud du Hedjaz en bordure de la mer Rouge. Sa capitale, Saba, se trouve sur le territoire du Yémen actuel. Les Minyens sont des nomades et des bergers qui deviennent finalement d’importants marchands d’encens. Après que les Minyens se sont retirés de leur comptoir commercial à Al-Ula au ier siècle av. J.-C., les Nabatéens fondent un centre de commerce dans le Nord. Ni Alexandre le Grand, ni les Romains ne peuvent réaliser leur projet de conquête de la péninsule Arabique. Par la suite, les Éthiopiens et les Perses luttent pour établir leur hégémonie sur le pays. Si le sud de la péninsule reste indépendant, le royaume des Nabatéens, dont la capitale est Pétra (en Jordanie actuelle) est conquis par les Romains au début du iie siècle apr. J.-C. Il est soumis aux influences romaines et chrétiennes. Au ive siècle, le Hedjaz se décompose en plusieurs villes-États, orientées vers le commerce. La Mecque supplante la ville nabatéenne de Pétra.

5.2 La naissance de l’islam

Mahomet, le prophète de l’islam, naît à La Mecque en 570. Son enseignement suscite l’opposition des habitants et il doit s’exiler à Médine en 622. En 630, il revient avec ses disciples et conquiert La Mecque. Après sa mort, ses successeurs continuent à conquérir et à convertir le monde arabe et la Perse. Paradoxalement, le califat est d’abord instauré à Damas en 660, puis à Bagdad en 750 : le pays natal de Mahomet devient lui-même moins important au sein de l’Empire musulman. Après 1269, la majeure partie du Hedjaz passe sous la souveraineté nominale des mamelouks d’Égypte. L’Empire ottoman en obtient le contrôle lorsque les Turcs ottomans conquièrent l’Égypte en 1517 ; mais ceux-ci se révèlent incapables d’étendre leur autorité à l’intérieur du pays. Au xve siècle, la dynastie saoudienne est fondée près de l’actuelle ville de Riyad par Muhammad ibn Séoud.

5.3 L’ascension wahhabite

Au milieu du xviiie siècle, le chef religieux Muhammad ibn Abd al-Wahhab appelle, contre les chiites, à un retour à l’islam originel. Il fonde un mouvement religieux fondamentaliste, le wahhabisme. Une étroite alliance s’établit entre la dynastie des Saoud et les wahhabites, qui fondent un État dans le Nedjd en 1744. Au début du xixe siècle, ils détruisent la ville sainte chiite de Kerbela, en Irak, s’emparent de La Mecque en 1802 et de Médine en 1804. Muhammad Ali, gouverneur d’Égypte, s’emploie à les en chasser de 1811 à 1818. Cependant, les wahhabites et les Saoudiens ne sont pas vaincus et se retirent à Riyad, dont ils font leur capitale en 1818. Progressivement, les Saoudiens reconquièrent la majeure partie des territoires qu’ils ont perdus. Après 1865, la dynastie sombre dans la guerre civile et le royaume est partagé entre les divers clans et les Ottomans : vaincue, la famille saoudienne s’exile au Koweït.

5.4 Le règne d’Ibn Séoud

En 1902, le fils d’Abd al-Aziz, Ibn Séoud, reprend Riyad et, en 1906, ses forces armées envahissent la région du Nedjd. Il regroupe les convertis au wahhabisme en une milice redoutable, les Ikhwans. Il s’empare de la région du Hassa en 1913, de La Mecque et de Médine en 1924, de Djeddah en 1925 et de la région de l’Asir en 1926. Il fonde les royaumes du Hedjaz (dont il se proclame roi) et du Nedjd en 1926-1927. En 1932, après avoir réalisé l’unification des territoires conquis, il rebaptise son vaste royaume Arabie saoudite.

En 1938, d’importants gisements de pétrole sont découverts. Grâce aux royalties de l’industrie pétrolière, le roi Ibn Séoud peut développer un programme intensif de modernisation, notamment dans les secteurs de l’approvisionnement en eau, l’agriculture, l’industrie de transformation et la santé publique.

Sur le plan international, les relations sont tendues avec les voisins du Nord, la Jordanie et l’Irak. Ces deux royaumes sont, en effet, dirigés par les fils de Hussein, chérifs de La Mecque qu’Ibn Séoud avait chassés. Ce n’est qu’en 1936 qu’un traité de non-agression est conclu entre l’Irak et l’Arabie saoudite. Par ailleurs, Ibn Séoud adopte une politique amicale envers les États-Unis et la Grande-Bretagne. Du côté des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, il autorise la construction d’une base aérienne américaine à Dharan, mais reste officiellement neutre jusqu’en mars 1945, date à laquelle il déclare la guerre à l’Allemagne et au Japon. En 1945, l’Arabie saoudite devient membre de l’Organisation des Nations unies et de la Ligue arabe. Elle est opposée à la création d’Israël, mais s’implique peu dans la guerre de 1948-1949 contre le nouvel État.

En 1945, l’Arabie cède l’exploitation de ses ressources pétrolières aux États-Unis. À cette occasion est fondée la compagnie pétrolière américano-arabe Aramco. En 1951, il est décidé que 50 p. 100 des bénéfices d’exploitation de la compagnie doivent être versés à l’Arabie saoudite.

5.5 La guerre froide

Le roi Ibn Séoud meurt le 9 novembre 1953. Son fils aîné Séoud ibn Abd al-Aziz lui succède. Prônant la neutralité arabe dans la guerre froide opposant l’Est et l’Ouest, l’Arabie saoudite s’oppose au pacte de Bagdad signé en 1955 par la Turquie, l’Irak, l’Iran, le Pakistan et la Grande-Bretagne. La même année, des représentants de l’Arabie saoudite assistent à la conférence de Bandung des non-alignés. En octobre 1955, les forces britanniques du sultanat de Mascate-et-Oman reprennent une oasis située dans une zone de conflit occupée en 1952 par la police saoudienne. L’Arabie saoudite fait appel, mais en vain, à l’Organisation des Nations unies pour obtenir son soutien contre les Britanniques. L’Arabie saoudite se rapproche de l’Égypte nassérienne et de la Syrie, qu’elle soutient financièrement par ailleurs. Après que les Israéliens, les Britanniques et les Français ont conjointement attaqué l’Égypte en 1956, l’Arabie saoudite durcit ses relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne et la France, et cesse d’approvisionner leurs tankers en pétrole. Après la crise de Suez, l’influence américaine en Arabie saoudite s’accroît encore. Le roi Séoud effectue une visite aux États-Unis en janvier 1957 : en échange de facilités en Arabie saoudite (base aérienne de Dharan), les États-Unis devront fournir des armes au pays.

En mars 1958, le roi Séoud confère ses pouvoirs exécutifs et législatifs au Premier ministre, son frère le prince héritier Fayçal ibn Abd al-Aziz, tout en conservant le droit de veto. En mai, un décret royal établit un cabinet. Toutefois, en 1960, le roi Séoud démet Fayçal, reprend le contrôle du gouvernement et assume lui-même les fonctions de Premier ministre.

Lors d’une conférence à Bagdad du 10 au 14 septembre 1960, l’Arabie saoudite, l’Irak, l’Iran, le Venezuela et le Koweït fondent l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), afin de coordonner leurs politiques et de maintenir les prix du pétrole.

En octobre 1962, le roi Séoud renonce de nouveau à sa fonction de Premier ministre en faveur de Fayçal. Entre-temps, les relations avec l’Égypte se sont détériorées, du fait de la révolution de septembre 1962 au Yémen : l’Égypte apporte son soutien au nouveau gouvernement républicain, tandis que l’Arabie saoudite accueille l’imam yéménite en exil et s’engage à l’aider à remonter sur le trône. Ce soutien provoque le bombardement de villes saoudiennes par l’aviation égyptienne en novembre 1962.

Le prince Fayçal, qui a renforcé son pouvoir et introduit des réformes économiques et sociales importantes, succède à Séoud le 2 novembre 1964. Il désigne son demi-frère, le prince Khaled ibn Abdul, comme successeur.

5.6 Les conflits israélo-arabes

En 1967, peu avant la guerre des Six Jours, le roi Fayçal exprime son soutien total au président égyptien Gamal Abdel Nasser et envoie 20 000 hommes en Jordanie pour combattre Israël. Le 6 juin, toutes les exportations de pétrole d’Arabie saoudite vers la Grande-Bretagne et les États-Unis sont suspendues ; toutefois, les relations diplomatiques ne sont pas rompues ; le commerce du pétrole reprend après la défaite arabe.

Une conférence au sommet des pays arabes se tient plus tard dans l’année et débouche sur le retrait de l’Égypte du Yémen ; en juillet 1970, l’Arabie saoudite reconnaît officiellement le gouvernement républicain du Yémen après sept années d’affrontements frontaliers intermittents. Elle accroît son aide à l’Égypte pour compenser la perte de revenus occasionnée par la fermeture du canal de Suez pendant la guerre. Le roi Fayçal continue à demander une action panislamique contre Israël ; cependant, il est toujours réticent à militer contre l’Occident.

Lors de la guerre du Kippour, l’Arabie saoudite joue un rôle décisif, en suspendant brièvement les livraisons de pétrole vers les pays qui ont soutenu Israël et en multipliant par quatre le prix mondial du pétrole. Le choc pétrolier et la participation majoritaire acquise en 1974 par l’Arabie saoudite dans la société Aramco augmentent fortement les revenus du gouvernement et permettent de financer un plan important de développement économique.

5.7 Une puissance financière et militaire

En mars 1975, le roi Fayçal est assassiné par un neveu. Le prince Khaled lui succède en titre, mais la réalité du pouvoir est exercée par son demi-frère, le prince héritier Fahd. Sur l’initiative du ministre du pétrole, le cheikh Yamani, le royaume prend le contrôle total des actifs d’Aramco à partir de janvier 1976. Son influence empêche l’OPEP d’augmenter les prix comme le souhaite la majeure partie des pays membres. Une grande partie des pétrodollars qui entrent dans le pays sont réinvestis à l’Ouest ou utilisés pour acheter des armes, mais des problèmes tels que l’inflation et un rythme de développement difficile à gérer subsistent.

L’Arabie saoudite, qui est encore considérée comme une force de modération dans le conflit israélo-arabe, considère négativement le rapprochement intervenu entre Israël et l’Égypte après 1977 : après la signature d’un traité de paix entre les deux pays en 1979, l’Arabie saoudite supprime son soutien financier à l’Égypte et durcit ses relations diplomatiques. La révolution iranienne qui a lieu la même année et la prise de la Grande Mosquée à La Mecque par des fondamentalistes musulmans est un choc pour le gouvernement saoudien, qui, avec l’aide des États-Unis, accroît par la suite sa puissance militaire et les mesures de sécurité. Le roi Khaled meurt en juin 1982 et le prince héritier Fahd lui succède. En juillet 1987, au moins quatre cents personnes sont tuées à La Mecque lorsque des pèlerins chiites iraniens affrontent la police saoudienne. Plus de mille quatre cents pèlerins meurent en juillet 1990 après une panique.

5.8 La guerre du Golfe

La prise du Koweït par l’Irak en août 1990 a des répercussions militaires, politiques et économiques importantes en Arabie saoudite. Une coalition dirigée par les États-Unis prend position sur le territoire saoudien pour le défendre contre une éventuelle invasion irakienne et, ultérieurement, pour libérer le Koweït et anéantir l’armée irakienne lors de la guerre du Golfe. Entre-temps, afin de compenser la perte des livraisons de pétrole en provenance de l’Irak et du Koweït, l’Arabie saoudite augmente fortement sa production de pétrole. Des réformes politiques décrétées par le roi Fahd en 1992 mettent en place un conseil consultatif, la Choura (qui se réunit pour la première fois en décembre 1993) et une déclaration des droits ; elles modifient aussi les règles de succession.

Les problèmes économiques deviennent manifestes en 1993, les États-Unis ayant insisté pour que la facture de la guerre du Golfe, d’un montant de 51 milliards de dollars, soit réglée par l’Arabie saoudite. En dépit de ses problèmes économiques, le pays aide à déjouer un plan iranien visant à augmenter artificiellement le prix du pétrole en mars 1994.

L’Arabie saoudite est le plus ardent défenseur des pourparlers israélo-palestiniens. Mais le soutien de Yasser Arafat à Saddam Hussein lors de l’invasion du Koweït fournit aux Saoudiens un excellent prétexte pour que soient considérablement réduites les aides financières consenties à l’OLP (près de 500 millions de dollars en vingt-cinq ans).

L’Arabie saoudite entre alors dans une période de transition. Victime d’une embolie cérébrale en 1995, le roi Fahd confie la régence au prince Abdallah. Le terrorisme islamiste se manifeste à nouveau par un attentat anti-américain contre la base aérienne de Al-Khobar le 21 juin 1996, près de Dharan, qui fait 19 morts. Économiquement, l’Arabie saoudite réussit à éradiquer la dette extérieure (100 milliards de dollars) consécutive à la guerre du Golfe. Sur le plan international, elle cherche à améliorer ses relations avec l’Iran et s’oppose, lors de la crise de mars 1998, à l’éventualité de raids américains sur l’Irak.

Dès le début de sa régence, en 1995, le prince héritier Abdallah réforme les institutions et la vie politique du pays. À l’extérieur, l’Arabie saoudite prend certaines distances à l’égard des Etats-Unis, refusant de collaborer avec le FBI dans l’enquête sur l’attentat contre une base américaine à Al-Khobar en juin 1996 et de participer à la conférence économique pour le Moyen-Orient en novembre 1997. Elle engage par ailleurs un processus de normalisation de ses relations diplomatiques avec l’Iran et interdit aux États-Unis d’utiliser les bases aériennes saoudiennes dans le cadre d’attaques contre l’Irak en février 1998.

5.9 L’ouverture économique du pays

Sous l’impulsion du prince Abdallah, l’Arabie saoudite s’ouvre également aux capitaux extérieurs, autorisant notamment des compagnies pétrolières internationales à investir dans le pays. Dans le même esprit est créé en 1999 un Conseil économique suprême, pour mettre en œuvre les réformes indispensables en vue de l’adhésion à l’OMC, effective en 2005, tandis que la hausse des cours du pétrole depuis mars 1999 permet à l’Arabie saoudite de connaître une croissance forte de son PIB à partir de 2000. Sur le plan extérieur, outre le soutien maintenu aux pays arabes, l’Arabie saoudite signe le 12 juin 2000 avec le Yémen un accord portant sur le tracé de leur frontière commune.

5.10 Le défi du terrorisme

Dès les années 1990, à la suite de la guerre du Golfe, l’opposition islamiste se développe en Arabie saoudite. Oussama Ben Laden, fils d’une riche famille saoudienne, est l’un des principaux opposants au régime wahhabite et à la présence militaire américaine dans le pays. Exilé en 1992, il est déchu de sa nationalité saoudienne en 1994. Les attentats du 11 septembre 2001, perpétrés aux États-Unis, ont lieu dans ce contexte. L’Arabie saoudite est soudain l’objet de toutes les interrogations dans la mesure où les attentats sont revendiqués par Al-Qaida, l’organisation terroriste dirigée par Oussama Ben Laden, et qu’ils sont commis par 19 terroristes, dont 15 sont de nationalité saoudienne. Le prince Abdallah condamne rapidement et fermement ces attaques, mais il refuse aux États-Unis la possibilité d’utiliser le sol saoudien pour mener leur guerre contre le terrorisme. En 2002, les États-Unis procèdent donc au transfert de leur centre de commandement proche de Riyad (installé en Arabie saoudite depuis 1990) au Qatar. Toutefois, l’Arabie saoudite autorise ensuite le survol de son territoire lors de l’opération américaine menée en Irak à partir de mars 2003. Ainsi, même si la relation américano-saoudienne est ébranlée, le pragmatisme et les intérêts réciproques l’emportent.

Afin de donner des gages de bonne volonté aux États-Unis, le gouvernement saoudien mène une vaste répression contre les milieux islamistes, en particulier à la suite des attentats de Riyad (mai et novembre 2003) qui visent des intérêts étrangers, notamment américains (complexes résidentiels), mais également des cibles saoudiennes comme le siège de la police nationale (avril 2004). Demeurant un allié privilégié des États-Unis, le pouvoir saoudien est en effet lui aussi régulièrement visé par le réseau Al-Qaida. Dans ce contexte de violences, un mouvement en faveur de réformes voit le jour, incarné notamment par l’appel lancé par une centaine d’intellectuels début 2003 en faveur de l’établissement d’une véritable monarchie constitutionnelle. Le prince Abdallah s’y montre attentif et annonce la tenue d’élections municipales. Elles ont lieu en février 2005. Si seule la moitié des conseillers municipaux est élue, l’autre moitié étant nommée par le gouvernement, et bien que les femmes soient exclues du vote, il n’en reste pas moins que ce sont les toutes premières élections de la vie du royaume wahhabite, annonciatrices peut-être d’un mouvement plus vaste de réformes. À la mort du roi Fahd, en août 2005, le prince Abdallah lui succède. Assumant l’essentiel du pouvoir depuis dix ans, il est âgé de 82 ans.

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