Devoir de Philosophie

La Connaissance objective

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Notre connaissance est constituée, à tout moment, par les hypothèses qui ont montré (comparativement) leur adaptation par le fait qu'elles ont survécu jusqu'à maintenant dans leur lutte pour l'existence ; une lutte entre concurrentes qui élimine les hypothèses inadaptées. Cette interprétation peut s'appliquer à la connaissance animale, à la connaissance préscientifique et à la connaissance scientifique. Ce qui est propre à la connaissance scientifique, c'est que la critique consciente et systématique de nos théories y rend plus rude la lutte pour l'existence. Ainsi, tandis que la connaissance animale et la connaissance préscientifique se développent essentiellement par 10 l'élimination de ceux qui sont porteurs des hypothèses inadaptées, la critique scientifique fait le plus souvent périr nos théories à notre place, en éliminant nos croyances erronées avant que ces croyances n'aient entraîné notre propre élimination. En présentant les choses sous cet angle, j'entends bien décrire la manière dont la connaissance se développe effectivement. Il ne s'agit pas d'un mode de présentation métaphorique, même s'il fait usage, bien évidemment, de métaphores. La théorie de la connaissance que j'entends proposer est, pour l'essentiel, une théorie darwinienne du développement de la connaissance. De l'amibe à Einstein, le développement de la connaissance est toujours le même : nous essayons de résoudre nos problèmes, et de trouver, par un processus d'élimination, quelque chose qui, dans nos solutions à l'essai, se rapproche de l'adéquation. Karl POPPER, La Connaissance objective, 1972. Trad J.-J. Rosat, coll. « Champs », Flammarion, 1998, p. 392.

Liens utiles