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Correspondances de Baudelaire

Publié le 23/06/2012

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CORRESPONDANCES de BAUDELAIRE

On ne peut aborder la poésie de Charles Baudelaire sans s’intéresser à ses choix esthétiques et poétiques, en particulier à sa théorie des correspondances. Celle-ci est évoquée dès le quatrième poème des Fleurs Du Mal, un sonnet qui s’intitule justement « correspondances ». Ces quatorze vers révèlent à la fois un art poétique et l’évocation du monde symbolique mystérieux et fascinant que recèle l’univers concret. Nous montrerons avec quel art Baudelaire suscite à la fois la réflexion, le rêve, et joue sur la musique et la sensualité des mots pour nous faire littéralement sentir tous les parfums de l’univers.

1er Quatrain : Le caractère sacré de la forêt est un des symboles mis en évidence par Baudelaire. Au vers 1 « La Nature » est assimilée au « temple », qui est par définition un lieu sacré. Cette métaphore renvoie à l’aspect sacré et imposant de la nature. Caractère solennel, respectable. Lieu de communication privilégié. Le poète comme un prêtre, un devin, détient les clefs du temple. Importance également mise en relief par la marque typographique des noms propres, le « N » majuscule de « Nature » qui personnifie ce nom. L’adjectif « vivants » au vers 1, vient renforcer l’idée de personnification, dans le but cette fois de faire ressortir le caractère vivant de la forêt. En effet, Baudelaire poursuit la personnification de la nature en la dotant de la parole, au vers 2 (« Laissent parfois sortir de confuses paroles ») qui exprime le caractère mystérieux de la nature, et de la vue, au vers 4 (« Des forêts de symboles qui l’observent avec des regards familiers ») qui exprime la capacité de la nature à percevoir l’homme.

Devant tous ces messages codés de la forêt « l’homme [...] passe », et ne fait donc pas attention aux symboles présents dans la nature. Cependant, le poète, lui, arrive à décrypter ces « forêts de symboles », et transmet le message aux hommes ordinaires. Il sert alors de traducteur et même de guide aux hommes.  Pour Baudelaire, les symboles sont donc les signes concrets d’une correspondance entre l’homme et la nature. Les correspondances horizontales et verticales en font aussi partie.

2e Le reste : En effet, les correspondances horizontales unissent : « les parfums, les couleurs et les sons », une sensation olfactive renvoyant à une sensation visuelle, tactile, auditive ou gustative. La synesthésie, qui permet d’unir des sensations entre elles, est donc bien mise en évidence puisque les substantifs « parfum », « couleurs » et « sons », qui renvoient aux sens de l’être humains - l’odorat, la vue et l’ouïe - sont reliés entre eux par le poète. Le champ lexical de l’odorat est prédominant dans les deux tercets avec des termes tels que « parfums frais », « l’ambre », « le musc », « le benjoins » et « l’encens », qui sont des parfums forts et exotiques.

De plus, les correspondances verticales établissent un lien entre le monde abstrait et le monde concret. La comparaison établie entre des éléments appartenant au monde réel au vers 7 (« la nuit », « la clarté ») et des sensations (« les parfums, les couleurs et les sons »), permet au poète d’établir les correspondances entre le monde des idées ou des sensations et le monde réel. L’idée d’harmonie des correspondances est mise en relief par une sensation qui renvoie à un sentiment comme l’envoutement que provoque le mélange « des parfums », « des couleurs » et « des sons ». le mot très fort " expansion ", qui montre que le parfum prend plus d'ampleur encore. Diérèse " expansion " qui mime la prolongation de cet infini. La gradation se continue comme si cette sensation provoquait chez le poète l'élévation, et un oubli du spleen, un transport vers l'idéal.

Tous ces éléments montrent la propagation du parfum qui s’exprime et se dilate. Dans cette gradation, le poète retrouve les sensations les plus lourdes, capiteuses, comme " le musc, le benjoin, encens,… " Dans le dernier vers, on retrouve la théorie des correspondances: les sens provoquent par l'intensité des perceptions l'accès au spirituel, c'est l'esprit qui culmine, du fait que l'idéal peut-être atteint par la quête des sens.

La récurrence du comparatif « comme » tout au long du poème, met aussi en évidence le concept harmonieux des correspondances puisque ce comparatif crée des analogies entre différents éléments.

Ce sonnet définit de manière organisée le concept des correspondances. Le poète a cherché, dans les deux quatrains, à décrire le concept, puis à l’exemplifier dans les deux tercets. Chez Baudelaire, les symboles sont perceptibles au poète seul qui les interprète pour les hommes, et les correspondances témoignent de l’unité du monde à travers la synesthésie ou encore les correspondances verticales.

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