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Doit-on forcément plaire pour instruire ? (Fables de La Fontaine)

Publié le 12/03/2012

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Dans notre enfance, nous avons tous lu les fables de la Fontaine ou les contes de Perrault. Toutes ces œuvres enseignent une morale tout en distrayant le lecteur. La Fontaine dans sa fable « Le pâtre et le lion « écrit : «  Une morale nue apporte l’ennui. Le conte fait passer le précepte avec lui «. Aussi, il expliquait sa préférence pour l’apologue pour présenter ses idées. Mais l’apologue est-il la forme d’argumentation la plus efficace pour faire adhérer autrui à nos idées ? L’enseignement ne peut-il se faire que de manière subtile et imagée ? Doit-on forcément plaire pour instruire ? Nous montrerons dans un premier temps la force du dit- apologue. Puis, nous verrons que ce genre présente toutefois quelques limites. Nous finirons par remarquer qu’il serait bon d’envisager d’autres moyens pour convaincre et persuader.

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« Enfin, l’apologue invite le lecteur à une lecture participative.

Il lui propose de ne pas rester un spectateur inactif mais au contraire de participer avec l’auteur à l’élaboration du véritable sens du récit.

Dans la fable « Les obsèques de la lionne » chaque animal représente une personne réelle et le fabuliste amène son lecteur à déchiffrer cela en montrant les ressemblances entre ces animaux et les hommes.

Ainsi le lecteur fait émerger seul des vérités sur le monde humain et il sera d’autant plus convaincu du bien fondé de la thèse qu’il l’a lui même formulée. La forme de l’apologue présente donc de nombreux avantages.

L’enseignement s’y fait de manière subtile et imagée.

Mais ce genre présente toutefois quelques limites. Tout d’abord, notons que le récit peut tout aussi bien « faire passer » une morale qu’en faire varier les sens.

Dans les fables de la Fontaine par exemple, l’auteur est un si bon conteur qu’il amène irrémédiablement le lecteur à s’évader.

Ce dernier n’est plus sensible à la morale et peut comprendre la fable au premier degré.

Ceci pourrait fortement nuire à l’écrivain.

Imaginons par exemple que dans la fable « Le corbeau et le renard », le lecteur n’en perçoit pas le message implicite : les conséquences en seraient désastreuses car il deviendrait évident que pour lui « dans la vie si l’on convoite les biens que le voisin possède toutes les ruses sont bonnes pour les lui soutirer ». Par ailleurs, la morale que désire nous transmettre la Fontaine dans ses fables est souvent caché derrière un conte à la structure souvent complexe.

Aussi, elle ne devrait pas être destinée à un public novice en matière de littérature.

Dans son livre Emile, Jean Jacques Rousseau explique que les fables de La Fontaine ne peuvent être enseignées à l’enfant avant qu’il ne soit en capacité de les comprendre. Pour lui il y a un danger à faire apprendre les fables à des enfants qui sont dans l’incapacité d’en comprendre la morale.

Cette analyse est tout à fait justifiée car par exemple dans « Le corbeau et le renard » de la Fontaine, un enfant s’identifiera plus facilement au renard qui arrive à ses fins, pourtant avec des méthodes peu scrupuleuses. De plus, dans l’apologue non seulement la morale est trop implicite mais surtout si le sujet n’est pas d’actualité, il faut se remettre dans le contexte historique, manier l’histoire de la France et du monde, chose parfois ardue pour des gens à éducation « maigre ». En outre, bien que l’auteur de l’apologue invite son lecteur à construire avec lui son sens ce dernier peut échouer, ne les comprendre que partiellement, ne pas remarquer les critiques mêlées à la fiction, ou même réalisé un véritable contresens.

Au troisième chapitre de Candide par exemple, où il est question de la guerre, un lecteur qui ne serait pas assez attentif pourrait faire une mauvaise interprétation du texte car, Voltaire ne réalise pas dans cette œuvre un réquisitoire explicite de la guerre mais adopte le point de vue naïf de son personnage qui voit lui dans la guerre une chose utile et belle : la critique réside donc dans l’usage de l’ironie qui ne peut pas être perçu par le lecteur. Enfin, autre limite qui n’est pas liée au genre mais aux hommes : bien que les auteurs aient dans de très bons textes donné ou suggéré une morale et dénoncé de mauvais penchants, des vices, cela ne change rien à la société : il y aura toujours des guerres, des avares, des méchants, des esclavagistes… Malgré ses forces, l’apologue ne constitue pas nécessairement le meilleur moyen de persuader, de convaincre .

Aussi, ne serait-il pas bon d’envisager d’autres moyens d’argumentation plus explicites ? En effet, pour écarter le risque de mauvaise compréhension, il serait peut-être préférable d’argumenter de façon directe.

Le chevalier De Jaucourt, par exemple, dans son article « traite des nègres »( dans l’Encyclopédie) dénonce de manière très claire l’esclavage : il condamne ouvertement cet acte qu’il considère comme illégitime.. »

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