Devoir de Philosophie

Une femme au 10 Downing street

Publié le 16/12/2011

Extrait du document

downing

 

Le 22 mars 1979, le gouvernement travailliste de M. Callaghan paraissait sérieusement menacé après le dépôt d'une motion de censure par le parti nationaliste écossais et celui des conservateurs. Arrivé au pouvoir à l'automne 1973, le Labourparty connut de sombres heures avec une inflation allant jusqu'à 23,4 pour cent, un chômage atteignant 5,3 pour cent de la population active, une livre perdant 25 pour cent et jusqu'à 50 pour cent de sa valeur. Mais M. Wilson réussissait une excellente opération en faisant signer aux syndicats, le 1er juillet 1975, un contrat social limitant à 10 pour cent les hausses de salaires pour un an, contrat renouvelé pendant trois ans, alors que M. Callaghan avait succédé à M. Wilson.

downing

« l'u.R.S.S.

représente pour l'Occident, et met l'accent sur la « nonchalance » du gouvernement travailliste face à l'expansion soviétique en Afrique et en Afghanistan.

Préoccupée par la recrudescence des violences et de la criminalité, tensions raciales aiguës, conflits du travail, terrorisme dans les grands centres urbains, Mme Thatcher mène vigoureusement cam­ pagne pour le renforcement de la police et l'appli­ cation rigoureuse des lois, allant même jusqu'à prô­ ner le rétablissement de la peine de mort.

De son côté, M.

Callaghan accentue ses attaques contre la politique conservatrice qui mènerait, dit-il « à l'af­ frontement entre les classes et à la division de la nation » ; et il oppose la sagesse du gouvernement travailliste à l'aventure que représenterait le pou­ voir conservateur.

Dans cette campagne, les électeurs ont à choisir entre deux idéologies diamétralement opposées : le leader conservateur, femme de conviction, livre combat au socialisme sous toutes ses formes et appelle ses compatriotes à se libérer du « consensus progressiste », nuisible selon elle à la performance économique.

Sa force vient de son aptitude à expri­ mer en termes simples et vigoureux le mécontente­ ment des classes moyennes, laminées par des impôts écrasants, exaspérées par les grèves, la carence des services publics, le grand nombre d'im­ migrants de couleur, le relâchement des mœurs et la société permissive.

Ce qui a eu pour effet de res­ serrer la coopération entre les dirigeants travaillis­ tes et la hiérarchie syndicale, et de réconcilier les factions au sein du Labour.

Au fil des jours, l'électorat a semblé plus favo­ rable à des réformes qu'à un bouleversement total des structures et à un changement radical de socié­ té.

C'est pourquoi les conservateurs et leur bouil­ lant leader ont vite assoupli leurs positions trop tranchées.

Le 3 mai, Mme Margaret Thatcher a gagné la seconde et décisive bataille de sa carrière : quatre ans après avoir été élue à la direction du parti conservateur, elle a remporté la victoire électorale qui fait d'elle la première femme Premier ministre de la Grande-Bretagne et la première femme chef de gouvernement en Europe occidentale.

Son parti obtient 339 des 635 sièges, recueillant 43,9 pour cent des voix ; les travaillistes disposeront de 268 sièges, tandis que les libéraux et les petites forma­ tions régressent.

M.

Callaghan a chèrement payé les grandes grèves qui ont paralysé le pays durant l'hiver, son gouvernement étant accusé de manifester une com­ plaisance très grande à l'égard des organisations syndicales.

Il a présenté sa démission à la reine qui a aussitôt chargé Mme Thatcher de constituer le nouveau gouvernement.

Dès le 4 mai, cette dernière s'installait au 10 Downing street.

Elle se trouve en position de force au sein du parti qu'elle a mené a la victoire : sa majorité est la plus importante obtenue par un Pre­ mier ministre depuis 1950, dépassant celle de M.

Heath (30 sièges) en 1970.

Les milieux européens de Bruxelles espèrent que l'arrivée des conservateurs sera susceptible d'amé­ liorer le climat des relations entre Londres et la C.E.E.

A Pékin, les dirigeants se réjouissent de l'ar­ rivée de Mme Thatcher en raison de ses positions hostiles à l'u.R.s.s.

Bien qu'aussi attachés que leurs prédécesseurs à l'alliance atlantique, les conservateurs se montre­ ront moins dociles vis-à-vis des Etats-Unis, Mme Thatcher n'ayant pas caché l'irritation que lui cau­ sait la politique de détente du président Carter face à Moscou.

Dans la question rhodésienne, elle s'est déclarée favorable à la levée des sanctions contre le régime de Salisbury, et à la reconnaissance du gou­ vernement de Mgr Muzorawa, issu des élections du 21 avril.

Le nouveau Premier ministre a publié, le 5 mai, la composition du gouvernement.

M.

Heath, son principal rival au sein du parti, n'y figure pas, mais toutes les tendances de la « famille spirituelle du conservatisme » sont représentées dans le cabinet.

Ceux qui espéraient une rupture brutale avec le passé sont déçus ; la « croisade » terminée, la guer­ rière a fait place à la femme d'Etat.

Mme Thatcher est restée dans la tradition en reprenant à peu près tous les membres du cabinet-fantôme, donnant la préférence, pour les portefeuilles les plus impor­ tants, à des hommes ayant déjà exercé des fonc­ tions ministérielles.

L'absence de M.

Heath est compensée par le retour de son principal lieute­ nant, M.

Walker, nommé au poste-clé de ministre de l'Agriculture ; lord Carrington est ministre des Affaires étrangères et M.

Whitelaw, ministre de l'Intérieur.

Des hommes de confiance du Premier ministre appartenant à la « nouvelle droite », exprimant la philosophie politique et économique de Mme That­ cher formeront le brain trust sur lequel elle s'ap­ puiera en vue des orientations nouvelles qu'elle veut donner à l'économie.

La reine a soumis, le 15 mai aux Communes, le nouveau programme d'action gouvernemental : tenter d'établir des relations de travail avec la hié­ rarchie syndicale, envisager une suppression pro­ gressive des subventions à l'industrie et réduire les impôts directs, tâche difficile pour sir Howe, nou­ veau chancelier de l'Echiquier.

P.arce qu'elle peut étaler son action sur cinq ans (sa majorité la met à l'abri d'une surprise désa­ gréable aux Communes), le Premier ministre a jeté dès maintenant les jalons d'un nouvel ordre écono­ mique et social et amorcé le virage qui doit mettre les citoyens britanniques à l'abri de l'intervention de l'Etat et leur rendre les responsabilités de leurs décisions, bref de permettre le libre fonctionnement des lois du marché.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles