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FICHE DE LECTURE: La muette - AUTEUR : Chahdortt Djavann

Publié le 29/07/2010

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ELEMENTS BIOGRAPHIQUES :    Chahdort djavann est née en Iran en 1967 d’une famille ancienne et aristocratique. Elle est l’une des innombrables enfants de Pacha Khan, grand seigneur que le Chah fait emprisonner lors de la révolution de 1979.  Eprise de liberté et trop encline à le revendiquer, elle doit fuir le régime islamiste et aboutit sur cette France qu’elle idéalise en 1993.  Les débuts sont difficiles, elle doit apprendre la langue, elle fait des petits boulots pour pouvoir financer ses études en anthropologie.  Son mémoire en 1998 porte sur l’endoctrinement religieux dans les manuels de son pays d’origine.  Elle publie son premier livre en 2002, Je viens d’ailleurs et l’année suivante en 2003 Bas les voiles ! la fait connaître du grand public.    RESUME :    Une jeune fille de quinze ans nommée Fatmeh partage un amour fusionnel avec sa tante muette. Elle incarne pour elle la beauté, la force mais aussi l’insouciance et l’insoumission. Dans un pays dirigé par la loi des Mollahs « le fait qu’elle fût muette lui donnait une liberté que certainement elle n’aurait pas pu avoir si elle avait parlé. «  A force d’observation, Fatmeh va rapidement se rendre compte de l’amour naissant entre sa tante et son oncle. Amour qui se verra pris au piège par le désir du Mollah de prendre la muette pour épouse. Seulement à la veille du mariage la muette se donne à l’homme qu’elle aime et le scandale éclate. Le Mollah la condamne à la lapidation mais revient sur ses ordres après que le père de Fatmeh, frère de la muette accepte d’échanger sa fille contre la non lapidation mais la pendaison de sa sœur.  Initiée trop tôt et trop brutalement à la vie de femme, Fatmeh sacrifie son enfant et tue le Mollah dans l’espoir d’être libre.  Condamnée à mort, c’est en prison qu’elle écrira son histoire, entre les tortures quotidiennes et l’amitié que lui offre son gardien de prison.    ENJEUX ESSENTIELS DU LIVRE :    Dans ce récit essentiellement au passé, on découvre une écriture simple et dépouillée. Des phrases courtes qui contribuent à la dimension âpre et sombre du roman.  On redécouvre ici Chahdortt Djavann derrière une plume plus mûre mais toujours aussi écorchée. La muette regroupe tout ce contre quoi elle se bat ; la suprématie des mollahs, le fardeau que constitue le voile islamique. Mais surtout le silence de la femme. Toutes les femmes vivant sous la Charia ne sont elles pas quelque part condamnées au silence ? La muette bien que silencieuse va à l’encontre de toutes ces règles ; tête nue, cigarette au coin de la bouche, elle nargue ces institutions archaïques et son mutisme se révèle être un cri, une affirmation de ce qu’elle a choisi d’être. A travers cette œuvre Chahdortt ne se contente pas de dénoncer la Charia, elle tente comme elle le dit, de démontrer, « ce qu’il y’a de plus inhumain dans l’humain et ce qu’il peut rester d’humain dans les êtres les plus inhumains «    CRITIQUE :    S’il devait n’y avoir qu’un mot pour résumer ce livre ce serait le mot amour. Car il ne s’agit finalement que de ça. L’amour entre une jeune fille et sa tante, l’amour entre un homme et une femme et l’amour d’un père et d’un frère qui sacrifie tout. Le lecteur ne peut que compatir à leur destin tragique. L’émotion nous submerge à mesure que le récit avance et l’émotion est d’autant plus forte que l’on sait que le roman n’est en fait qu’une transposition littéraire de ce qui se passe quotidiennement.  L’écriture est rude le sujet sensible, le tout aboutit à un récit court et incisif.  On peut néanmoins reprocher à Chahdortt Djavann une écriture émaillée de clichés qui peuvent donner une impression de déjà lu.    Le Nouvels Observateur - Claire Julliard (17 Avril 2008)  Pour Chahdortt Djavann, l'écrivain a le devoir de prendre la parole. C'est au nom de toute ces muettes amputées de leur liberté, de leurs espérances, condamnées à des mariages qu'elle a écrit ce roman coup-de-poing. A lire absolument.

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