La Fonction De La Littérature Réside-t-elle Uniquement Dans L'instruction?

Les auteurs, à travers leurs œuvres, souhaitent communiquer au lecteur un savoir, transmettre des idées ou encore relater des histoires passées. L’instruction par les livres est, en effet, une pratique ancestrale toujours utilisée de nos jours. La Bruyère disait d’ailleurs « on ne doit parler, on ne doit écrire que pour l’instruction «. Il est vrai que la lecture alimente nos quotidiens et ceci dans tous les domaines. Si un sujet nous est difficilement compréhensible ou si l’on veut simplement enrichir notre savoir, les livres peuvent répondre à nos questions. Au delà de la littérature la parole est également un moyen utilisée pour forger l’Homme. De la parabole au discours littéraires ou bien politiques l’art oratoire a également sa place dans l’instruction de l’être humain. Cependant la fonction même de la littérature ou des discours réside t’elle dans le simple fait d’instruire ou bien présente t’elle d’autres vertus? Pour répondre à cette question nous allons dans un premier temps nous intéresser à l’instruction dans la littérature, avant d’étudier les plaisirs qu’elle apporte puis nous terminerons par les différents types d’œuvres comportant à la fois un savoir et un divertissement.

Tout d’abord, une grande partie de la littérature ou des discours oraux permettent aux hommes de s’instruire aussi bien sur des matières précises que sur les comportements qu’ils devraient adopter.

La littérature, d’une part, permet l’acquisition d‘un savoir universel. En effet il existe de nombreux ouvrages qui permettent à l’homme d’acquérir des connaissances quant aux sciences, à l’art et à bien d’autres propos divers. L’Encyclopédie des Lumières, par exemple, est un ouvrage qui rassemble de nombreuses connaissances sur des sujets très variés. A la lecture de cette œuvre, l’Homme va donc enrichir ses connaissances. De même, de nombreux Traités tel que le traité sur l’esclavage des nègres écrit par Diderot par exemple permet une connaissance plus approfondis des pratiques et des mentalités de la société à cette époque. L’esprit des lois de Montesquieu, dans la même optique, engendre une meilleure compréhension de l’organisation législative de la France. Par ailleurs, la littérature permet à l’être humain de connaître l’Histoire de son pays. Ainsi nombreux sont les œuvres qui en véritable témoignage ou instrument historique permettent une restitution précise des événements passés. C’est le cas notamment du roman la mort n’oublie personne de Daniel Daeninckx qui raconte l’histoire d’un jeune résistant de la deuxième guerre mondiale. Certains essais tels que celui de Chateaubriand sur les révolutions permettent également de connaître le déroulement de certaines périodes qui ont marqués la France. Lié à l’histoire, la littérature permet aussi aux hommes de connaître certaines pratiques qu’ils leur étaient inconnus jusqu’alors. Jean de la Bruyère disait d’ailleurs dans les Caractères : « cela sert à insinuer et à faire recevoir les vérités qui doivent instruire «. En effet Germinal de Zola décrit la vie des miniers. Le dernier jour d’un condamné de Victor Hugo détaille l’attitude d’un homme une journée avant son exécution. Ainsi la littérature et les discours permettent l’acquisition d’un savoir universel.

D’autre part, la littérature instruit les hommes quant au bon comportement à adopter. En effet les textes religieux qu’ils se présentent sous forme de parabole orale ou bien de livres tels que la Bible délivrent aux hommes un enseignement moral, basé sur la croyance divine et la pratique de certains rites. Selon ces textes l’homme est bon si il croit en Dieu. Ces lectures amènent donc une instruction de l’ordre du spirituel. Les récits philosophiques guident également les hommes dans leurs quêtes car ils tentent de répondre aux questions, aux doutes qu’ils se posent perpétuellement. C’est le cas de certains écrits de Descartes sur la grandeur de l’âme ou de Pascal sur le divertissement et le bonheur. Ainsi les textes religieux et philosophiques enseigne aux hommes une conduite à suivre

Bien que la littérature et l’art oratoire apportent au lecteur un savoir nouveau, leurs fonctions ne s’arrêtent pas là.

En effet ils lui permettent, dans un premier temps, de voyager dans un monde rempli de rêves, de magie, d’aventure ou encore d’enquêtes amenant ainsi son divertissement. L’être humain oublie donc, durant un instant, ses problèmes et s’évade vers une destination inconnue. Nombreux sont les romans qui, de part leur légèreté et leur humour, permettent au lecteur de se déconnecter totalement de son environnement. C’est le cas notamment de certaines œuvres de Catherine Pancol tels que Les yeux jaunes des crocodiles et plus tard La valse lente des tortues qui présentent les aventures, les petits soucis et les joies de la vie d’une mère célibataire. Ces romans amusent énormément le lecteur et le divertissent car ils rient des problèmes des autres et oublie donc les siens. Cependant ils ne permettent pas un enrichissement personnel et par conséquent n’entraîne pas une instruction profonde. Ils sont plutôt de l’ordre du loisir. De plus, les romans policiers, tels que ceux d’Agatha Christie comme Le Meurtre de Roger Ackroyd ou encore Mort sur le Nil par exemple, proposent au lecteur de suivre les enquêtes d’un personnage attachant : Hercule Poirot, qui, sous les yeux de ce dernier arrive à résoudre des affaires qui semblaient délicates et périlleuses. Il est donc, devant une fin toujours inattendue, surpris et fasciné. Il n’a pourtant pas acquit, après lecture, un savoir, mais a simplement passé un moment plaisant. Il en va de même pour les romans d’aventure tel que les romans de chevalerie médiévale comme Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes. Il relate, en effet, toutes les péripéties d’un chevalier dont le but est de venger son cousin vaincu lors d’un duel. Les aventures, les rebondissements et les combats créent, pour le lecteur, une tension dramatique provoquant son divertissement. Le roman fantastique ou encore merveilleux est, de plus, l’emblème de l’évasion car le lecteur est envoyé au cœur d’un monde totalement irréel dont il ne soupçonnait pas les richesses. Il laisse ainsi aller son imagination. C’est le cas notamment des romans récents comme les fameux Harry Potter de J.K.Rolling ou encore des contes plus anciens tel que le Horla de Maupassant. On retrouve en effet dans les deux cas la présence d’éléments paranormaux qui intriguent le lecteur. Enfin le lecteur pour être divertit prend du plaisir à lire des oeuvres originales qu’il n’a pas l’habitude de côtoyer. Ces écrits tels de Exercice de style de Raimond Queneau ou encore La disparition de Georges Perec se détachent de la littérature classique. Cependant, ne cherchant pas à instruire le lecteur, ces œuvres le surprennent et le distraient .Le premier raconte de différentes une histoire toute simple et dans le deuxième la lettre « e « est totalement absente. Ainsi la littérature, principalement, permet au lecteur de s’évader, de se divertir ou encore de rêver. Il passe donc un moment fort agréable durant lequel l’histoire et les personnages sont sa seule préoccupation.

L’expression des émotions que ce soit celles de l’auteur, du narrateur, du personnage ou du lecteur lui-même représente également un aspect très important de la littérature ou de l’art oratoire pour l’homme. En effet depuis l’antiquité, les poètes lyriques exprimaient, en chantant, leur émotions. De même certains auteurs antiques tels que Cicéron, Sénèque ou encore Horace pratiquaient ce que l’on appellent les lectures publiques. Ils se rassemblaient en petit nombre et partager leurs écrits. Plus tard d’autres poètes exprimaient à travers quelques vers leurs sentiments : leurs peines, leurs joies ou encore leurs amours. C’est le cas de nombreux écrivains tels que Victor Hugo qui raconte dans son poème Demain dés l’aube la souffrance qu’il éprouve au quotidien devant la perte de sa fille. Paul Verlaine parle, quant à lui, de l’amour d’une femme dans son poème lyrique, Mon rêve familier. Le lecteur est touché par ces quelques vers et c’est ce qu’il attend de la lecture. Il souhaite laisser aller ses émotions. C’est pour cela que de nombreux thèmes sont récurant en littérature tel que la mort ou encore l’amour car ces sentiments ou ces craintes occupent en permanence l’esprit d’un homme. Le Rouge et le Noir de Stendhal, par exemple, raconte les ébats amoureux d’un jeune homme, Julien Sorel, qui ne sait laquelle de Madame de Rénal ou de Mathilde il aime. De même Bel Ami de Maupassant relate les relations amoureuses plutôt mouvementées de Georges Duroy. Ces hésitations, tous ces problèmes liés à l’amour le lecteur a pu les connaître. Il ne lit donc pas simplement un livre mais il le vit, il se reconnaît dedans ses émotions sont par conséquent plus forts. Le lecteur apprécie de même partager et ressentir les émotions de l’auteur. Ainsi, les romans autobiographique tel que l’enfant de Jules Vales ou encore le chant de personne de Daniel Picouly permet au lecteur de suivre la vie de ses auteurs dans les joies, la fierté du jeune Picouly lorsqu’il croit que son père a sauvé le général De Gaule, mais aussi dans les moments difficiles comme les coûts quotidiens que recevaient Jacques. L’expression ou le ressentit des émotions est donc pour le lecteur une part inévitable de la littérature qu’il apprécie particulièrement.

Le divertissement et l’expression des sentiments sont deux points très importants de la littérature pour l’homme. Ils n’aboutissent pas, cependant, à une instruction.

Il existe cependant de nombreuses œuvres qui allient à la fois l’acquisition d’un savoir et le divertissement du lecteur.

Ces œuvres peuvent dans un premier temps prendre plusieurs formes, le but étant, dans un premier temps, de divertir le lecteur afin de permettre, par la suite, une meilleure intégration du savoir nouvellement acquit. Le théâtre source de savoir et de moqueries, est fort divertissant pour le spectateur. Le bourgeois Gentilhomme de Molière comporte de nombreuses scènes comiques tout comme Dom Juan par exemple. Molière disait lui-même dans une lettre qu’il destinait au roi : «  le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant «. De même les contes philosophiques tels que ceux de Voltaire comme Candide ou Zadig par exemple, sont également forts divertissant pour le lecteur car il peut suivre les très nombreuses aventures d’un personnage éponyme. Le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer. Les fables divertissent également le lecteur car elles se présentent sous forme de petites histoires dont les personnages principaux sont des animaux. Les romans épistolaires tels que les lettres persanes  de Montesquieu divertissent également le lecteur car il est basé sur l’échange épistolaire entre deux personnages. Enfin les portraits peuvent aussi être un support distrayant pour le lecteur car il permet de véhiculer des idées abstraites à travers des personnages. Ainsi les fables, les contes philosophiques, les pièces de théâtre, le roman épistolaire ou encore les portraits sont différentes formes d’œuvres dont le but est d’instruire par le divertissement.

Bien qu’elles soient amusantes pour le lecteur ces œuvres servent surtout à instruire l’homme quant aux abus de la société et des êtres qui la composent.

C’est le cas la Bruyère par exemple qui dresse le portrait de nombreux personnages dans son œuvre les Caractères. Dans cette œuvre, chaque personnage correspond à un vice de l’être humain. C’est la cas dans « de quelques usages « car il dénonce, à travers le personnage de …..  L’importance du bien matériel, pour les hommes, au détriment de celui du cœur. Les pièces de théâtre de Molière comme Tartuffe, ou encore le Bourgeois gentilhomme par exemple, critiquent et dénoncent des comportements humains injustifiés. L’hypocrisie religieuse : «  je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle ; et comme l’hypocrisie est sans doute un des plus en cause « dans Tartuffe et la folie des hommes pour occuper une place reconnue dans la société dans le bourgeois Gentilhomme. D’autres pièces de théâtre ont également la même fonction c’est le cas es de Hamlet de Shakespeare qui dénonce la cupidité des hommes à travers le personnage de Claudius, oncle d’Hamlet. Diderot critique, quant à lui, la superstition religieuse et la foi en la destiné à travers son œuvre Jacques le Fataliste. Ces œuvres permettent donc de porter un regard différent sur les comportements humains qui composent la société. Ils apprennent par conséquent d’en déceler les défauts. La littérature peut également critiquer les pratiques d’une société entière. Beaumarchais, à travers sa pièce le mariage de figaro critique la répartition du pouvoir : les valets sont impuissants et les Comtes ont tous les droits. Candide quant à lui dénonce les pratiques religieuses, Zadig les coutumes des despotes orientaux et les lettres persanes l’absolutisme de Louis XIV.