Devoir de Philosophie

japonaise, littérature.

Publié le 06/05/2013

Extrait du document

japonaise, littérature. 1 PRÉSENTATION japonaise, littérature, littérature écrite par des auteurs japonais en langue japonaise ou, plus rarement, en langue chinoise. Le Japon se constitue en tant qu'État entre le IVe et le VIIIe siècle de notre ère. Prenant pour modèle la Chine toute proche, l'archipel importe son écriture et ses habitudes culturelles. Le chinois devient la langue écrite officielle, jouant en quelque sorte le même rôle que le latin en Europe au Moyen Âge. Les Japonais cherchent néanmoins, à l'aide de ce système graphique totalement inadapté, un moyen d'écrire leur propre langue. Au fil des siècles naît ainsi une graphie complexe et particulière, mêlant idéogrammes et syllabaires, le japonais écrit moderne. 2 LA LITTÉRATURE ANCIENNE (JUSQU'AU VIIIE SIÈCLE) 2.1 Premiers écrits La nécessité de l'écriture est d'abord politique : il faut fixer les lois, les ordonnances, les décrets des chefs. On écrit alors en chinois, langue commune à tous les érudits de la cour. Bientôt, la nécessité d'étayer la centralisation gouvernementale par des archives solides se fait suffisamment ressentir pour que l'empereur Tenmu (673-686) ordonne, en 682, à Hieda no Are de mémoriser les tables généalogiques, les traditions des régions et les hauts faits des princes. L'impératrice Genmei (707-715) poursuit son entreprise, et, en 712, le Kojiki (« Récit des faits anciens «) est présenté à la cour par O no Yasumaro. Texte capital, il est rédigé entièrement en une langue qui n'est pas encore du japonais écrit, mais qui n'est cependant plus du chinois, et qui résulte d'un effort considérable d'adaptation de la graphie chinoise à la syntaxe japonaise. En cela, il affirme la volonté pérenne des traditions nationales face à la culture chinoise et au bouddhisme, et se distingue du Nihon Shoki (« Chroniques du Japon «, 720), annales rédigées en chinois sur le modèle des annales historiques du continent et qui elles, s'imposent comme un instrument de politique extérieure. Sur le fond, les deux ouvrages relatent des faits relativement comparables, et insistent, chacun à leur manière, sur la mythologie japonaise des origines et sur l'ascendance divine de la famille impériale. 2.2 Expression poétique Ces premières compilations historiques n'ont que peu de rapport avec la littérature. Y sont cependant insérés de nombreux poèmes, dans lesquels apparaissent déjà les rythmes alternés de la poésie japonaise. La conscience poétique se manifeste plus précisément dans le Manyoshu (littéralement « Recueil des dix mille feuilles «), rassemblé par Otomo no Yakamochi vers 760, la plus ancienne (et aussi la plus importante) des anthologies poétiques compilées sur ordre impérial du Japon. Le Manyoshu réunit près de quatre mille cinq cents poèmes qui reposent tous sur un principe métrique simple : l'alternance et la succession de vers de cinq et de sept syllabes. Les deux principales formes de poèmes représentées y sont le choka (poème long), formé par l'alternance de séquences 5-7 et terminé par un verset final 5-7-7, et surtout le tanka (poème court), constitué de deux strophes, l'une de 5-7-5, l'autre de 7-7. C'est ce dernier qui devient l'archétype du poème japonais ou waka. 3 LA LITTÉRATURE CLASSIQUE DE LA PÉRIODE DE HEIAN (DU VIIIE AU XIIE SIÈCLE) Le Japon rompt ses relations diplomatiques avec la Chine à la fin du IXe siècle. Se développe alors une culture aristocratique autonome, raffinée, pour laquelle l'écriture chinoise en premier lieu, puis petit à petit les différentes formes écrites autochtones, deviennent les instruments privilégiés d'une littérature qu'on qualifie aujourd'hui de « classique «. 3.1 Expression poétique En 905, Ki no Tsurayuki (v. 872-v. 945) compile le Kokinwakashu (« Recueil de poèmes de jadis et de naguère «), sur l'ordre de l'empereur Daigo (897-930). La préface de cette anthologie, signée par le poète, est un « art poétique « avant l'heure, qui exalte l'originalité du waka et précise l'attitude qui doit présider à sa composition. Cette attitude, appelée mono no aware (littéralement, « sentiment des choses «), apparaît comme une forme de sensibilité profonde aux choses, à la nature et aux êtres -- et tout particulièrement à leur beauté fragile et éphémère -- qui restera l'un des concepts esthétiques les plus importants de toute l'histoire de la littérature japonaise. Depuis le Manyoshu déjà, le waka ne se comprend qu'accompagné d'un court préambule en prose, qui le situe et l'éclaire. Les Contes d'Ise (Ise monogatari, v. 980), qui rassemblent cent vingt-cinq récits brefs sans doute rédigés par le poète Ariwara no Narihira (824-880), chacun étant prétexte à un ou plusieurs poèmes, représentent le premier et le meilleur exemple d'un nouveau genre, qui va plus particulièrement développer ces préambules, l' uta monogatari (« récit poétique «). 3.2 Formes narratives Il ne reste plus qu'à étoffer la partie narrative, à construire le récit et à nouer une intrigue, pour que naissent différentes formes narratives : le conte (tsukuri monogatari), le journal (nikki, littéralement « notes au jour le jour «), le « dit « (monogatari) et l'essai (zuihitsu). Ainsi sont écrites, dans la seconde moitié du Xe siècle, des oeuvres telles que le Conte du coupeur de bambou (Taketori monogatari, Xe centrés autour du personnage de Kaguyahime, la princesse de la Lune, ou encore le Dit de l'arbre creux (Utsubo monogatari, v. 970). siècle), composition rythmée, souvent drôle, parfois caustique et toujours émouvante, de sept récits traditionnels Les hommes et femmes de cour prennent également l'habitude de noter leurs expériences et leurs impressions quotidiennes. De ces nikki, récits de voyage ou journaux intimes, le chef-d'oeuvre le plus représentatif est sans doute le Journal de Tosa (Tosa nikki), écrit en 935 par Ki no Tsurayuki. Il y raconte, dans un style sobre et élégant, le long voyage entrepris depuis la province de Tosa, où il est gouverneur, jusqu'à la capitale. Cependant le journal personnel est surtout illustré par les courtisanes de la cour impériale, avec des oeuvres telles que le Journal d'une libellule (Kagero nikki, v. 975), le Journal de Murasaki Shikibu (Murasaki Shikibu nikki, v. 1010), le Journal d'Izumi Shikibu (Izumi Shikibu nikki, milieu du XIe siècle), ou encore le Journal de Sarashina (Sarashina nikki, v. 1060). C'est dans ce contexte déjà particulièrement riche pour les formes du récit que Murasaki Shikibu (v. 978-v. 1015) écrit le Dit du Genji (Genji monogatari, début du XIe siècle), considéré comme l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature romanesque de tous les temps. Roman-fleuve qui occupe près de deux mille pages dans ses éditions modernes, d'une incroyable complexité et d'une saisissante diversité, le Dit du Genji est un phénomène unique. Les personnages féminins, notamment, débordent de réalisme et d'authenticité, et forment une remarquable galerie de portraits. À l'arrière-plan des intrigues des gens de la cour, c'est toute la société japonaise du Xe siècle que nous découvrons, avec ses plaisirs futiles, ses jeux subtils, sa tranquille et charmante oisiveté. Souvent pastiché, mais jamais égalé, le Dit du Genji dominera pendant plusieurs siècles une littérature romanesque qui ne trouvera son second souffle qu'au Plus près encore de la vie telle qu'on la vit, telle qu'on la ressent, telle qu'on la commente, on trouve à la fin du Xe XVIIe siècle. siècle les premiers zuihitsu (« notes au fil du pinceau «). Les Notes de chevet (Makura no soshi, fin du Xe siècle) de dame Sei Shonagon (v. 966-v. 1000) rassemblent ainsi en trois cents courts paragraphes d'étonnantes listes poétiques, de délicieux petits poèmes en prose et de savoureux récits d'anecdotes quotidiennes mettant en scène les différents personnages de son entourage. 4 LA LITTÉRATURE DU JAPON GUERRIER (DU XIIE AU XVIE SIÈCLE) En marge de la cour, dans l'est du Japon, se développe dès la période de Kamakura (1185-1333) une classe guerrière farouche et conquérante. Lorsque ces seigneurs accèdent au pouvoir à la fin du XIIe siècle, inaugurant une période de guerres féodales incessantes qui ne prendra fin qu'avec l'avènement du shogunat des Tokugawa (voir période d'Edo) en 1603, ils investissent d'emblée tous les domaines de la culture, et notamment ceux de l'écriture. 4.1 Un nouveau goût pour l'histoire Le bouddhisme inspire depuis le Xe siècle des compilations de setsuwa (contes et légendes) qui, quoique encore fortement imprégnées d'éléments religieux, commencent à traiter des sujets plus anecdotiques. Les Histoires qui sont maintenant du passé (Konjaku monogatari, début du XIIe siècle), héritières des setsuwa dans leur forme, composent une anthologie d'historiettes rassemblant les biographies de personnages célèbres ainsi que de nombreux récits épiques ou édifiants. D'autres recueils tels que le Kojidan (« Propos sur les faits anciens «, 1215) et le Kokon chomon-shu (« Recueil de choses entendues «, XIIIe siècle) sont également rassemblés, tandis que l'intérêt des compilateurs se déplace lentement depuis l'anecdote vers la chronique du passé. De cet état d'esprit naît un nouveau goût pour l'histoire -- authentique comme légendaire -- et donc pour le genre du récit historique, à mi-chemin entre l'annale, précise et érudite, et l'épopée fabuleuse. Le Eiga monogatari (« Dit de la magnificience «, fin du XIe siècle) et le O Kagami (« Grand miroir «, début du XIIe siècle), qui racontent la vie de la cour à l'époque de Fujiwara no Michinaga (966-1028), ainsi que le Taiheiki (« Chronique de la grande paix «, fin du XIVe siècle), qui retrace les luttes de la fin de la période Kamakura et du début de la période de Muromachi, constituent les exemples les plus caractéristiques de cette forme littéraire, entre chronique et roman historique. Lorsque la civilisation des guerriers, dont la préférence va plutôt aux récits de bataille qu'aux jeux poétiques, prend le pas sur celle des nobles de cour, naît une littérature véritablement épique, dont le chef-d'oeuvre est sans doute le Dit des Heike (Heike monogatari, v. 1220), oeuvre anonyme qui retrace l'interminable lutte qui a opposé, au XIIe siècle, le clan des Taira à celui des Minamoto. Récité aux carrefours ou dans les châteaux par des moines aveugles s'accompagnant au biwa (sorte de luth), le Dit des Heike est vraisemblablement une oeuvre fondée sur un récit écrit mais destinée à être lue (comme tous les « dits « ou monogatari), maintes fois remaniée et réécrite au fil des récitations publiques. C'est de cette forme de récit à haute voix que va naître au début du XVe siècle, à l'époque du shogun et mécène Ashikaga Yoshimitsu (1358-1408), le théâtre nô, première forme authentiquement dramatique inaugurant le théâtre classique japonais, et dont plus de la moitié des pièces (et les meilleures) sont dues à Zeami (1363-1443) et à son père Kan.ami (1333-1384). 4.2 L'écriture poétique Au coeur de la capitale, le plus loin possible des fureurs de la guerre, les nobles de cour continuent cependant leurs jeux poétiques. Dans cette atmosphère de convention minée par la conscience aiguë de l'impermanence et de la vanité de toutes choses, leurs meilleurs poèmes, dus à des artistes tels que Fujiwara no Sadaie (1162-1241) ou l'empereur Go-Toba tenno (1180-1239), en viennent à exprimer souffrance, solitude ou tristesse. De nouvelles anthologies sont compilées, parmi lesquelles le Shinkokinwakashu (« Nouveau Recueil de poèmes d'hier et d'aujourd'hui «, v. 1205). Néanmoins, l'art poétique se fige et ne se renouvellera qu'au 4.3 XVIIe siècle, avec Basho (1644-1694). La littérature de l'essai Dans le genre de l'essai, cette même atmosphère, alliée à la solitude de rudes ermitages, produit les Notes de ma cabane de moine (Hojo-ki, 1212), recueil de courtes réflexions philosophiques écrites dans un style limpide par Kamo no Chomei (1155-1216), ainsi que les Heures oisives (Tsurezure-gusa, v. 1333) de Kenko Hoshi (v. 1283-v. 1350), deux cent quarante paragraphes brillants et rythmés qui font le portrait de leur auteur, honnête homme libre, fin, sceptique et mesuré, dans un monde soumis à la violence. 5 LA LITTÉRATURE DE L'ÉPOQUE D'EDO (1603-1868) 5.1 Le « siècle d'or d'Osaka « (Genroku, 1650-1750) Avec le retour de la paix en 1603 sous la domination du clan Tokugawa, le pays voit s'épanouir une nouvelle classe bourgeoise et s'entrouvre aux influences extérieures : la Chine des Ming et l'Occident. De la conjonction de ces deux facteurs naît une forme nouvelle de littérature, les otogi-soshi, petits récits à l'origine imités des monogatari anciens mais le plus souvent maladroits et sans imagination. Ils sont surtout destinés aux nouvelles classes bourgeoises et leur permettent d'ailleurs d'accéder largement à la culture écrite. Ils donnent naissance à deux genres originaux, l'un romanesque, le soshi, l'autre dramatique, le jorurisoshi (« écrit «) différent du monogatari (« dit «). De 1682 à sa mort, Ihara Saikaku (1642-1693) écrit seize soshi. Ces récits, premiers « romans « au vrai sens du terme depuis plusieurs siècles, s'inspirent de la vie de la classe bourgeoise et marchande d'Osaka dont lui-même est issu, créatrice d'une civilisation originale qui domine le siècle. Ses romans les plus célèbres sont des « histoires de passion amoureuse « (koshoku-mono), tout premiers « récits du monde flottant « (ukiyo-soshi) inspirés de la vie dans les quartiers de plaisir, et dont le ton ironique et la vision perspicace attirent un lectorat toujours plus nombreux. Saikaku excelle également dans la description minutieuse des moeurs des guerriers (buke-mono) et des bourgeois (chonin-mono), autant de microsociétés sur lesquelles il jette un regard lucide et critique, et dont il dresse un tableau sans complaisance. Les épopées récitées qui ont déjà donné naissance au théâtre nô sont toujours aussi populaires et sont à l'origine d'un nouveau cycle épique au début du XVIIe siècle. Les Joruri, récits de l'enfance de Minamoto no Yoshitsune (1159-1189) et de ses amours avec la demoiselle Joruri, sont alors déclamés à haute voix et accompagnés de la musique du shamisen (sorte de guitare à trois cordes). Ils sont bientôt le prétexte à un nouveau type de spectacle, qui met en scène des marionnettes, grandes silhouettes dont le jeu -- actionné sur scène par des acteurs habillés de noir mais toujours visibles pour le spectateur -- est accompagné d'un texte déclamé ou chanté. Le théâtre de poupées est né : il ne lui manque plus que son dramaturge, rapidement trouvé en la personne de Chikamatsu Monzaemon (1653-1724). Inventeur de la technique du dialogue, celui-ci renouvelle le genre en mettant en scène non plus seulement des récits mythiques ou historiques, mais aussi des faits divers de l'actualité. Il est également l'un des promoteurs du premier théâtre d'acteur appelé kabuki. Dans le domaine de la poésie, au début de l'époque d'Edo, la mode est au renga libre ou haïkaï, jeu poétique pratiqué non plus seulement par l'aristocratie, mais par toute la société, qui consiste à écrire des poèmes en chaîne à deux mains : le premier poète rédige le hokku (c'est-à-dire les trois premiers vers de rythme 5-7-5), tandis que le second se charge de trouver un ageku qui lui fasse suite (deux vers de scansion 7-7). Le poème est ensuite repris par le premier poète, et ainsi de suite. Bientôt, on prend l'habitude de ne conserver de ces longs poèmes souvent insipides que les meilleurs hokku, dont le nom, haïkaï no hokku, s'abrège en haïku. Une nouvelle forme poétique vient d'apparaître, étonnante de simplicité, de sobriété, mais également de puissance évocatrice. Le poète Basho (1644-1694) y excelle tout particulièrement, rapportant de ses nombreux voyages de remarquables journaux émaillés de haïkus, rassemblés en plusieurs recueils parmi lesquels on peut citer la Sente étroite du bout du monde (Oku no hosomichi, 1689). 5.2 La littérature populaire de la fin de l'époque d'Edo La fin de l'époque d'Edo assiste au développement d'une littérature plus populaire, mieux diffusée. Dans les dernières décennies du XVIIIe siècle apparaît ainsi un genre romanesque nouveau appelé yomihon (littéralement « livre à lire «), qui marque un retour à l'histoire ou à la fiction. Le précurseur en est Ueda Akinari (1734-1809) avec Contes de pluie et de lune (Ugetsu monogatari, 1775), tandis que des écrivains tels que Santo Kyoden (1761-1816) et surtout Bakin (1767-1848) font la fortune de ce genre auprès du public. On voit également émerger un très grand nombre d'opuscules de qualité littéraire souvent limitée, couvrant les sujets les plus divers. Dans cette nouvelle forme d'écriture, les kokkei-bon (« livres drôlatiques «), destinés au plus grand nombre et ayant pour vocation de faire rire et de divertir, s'illustrent deux véritables écrivains, Jippensha Ikku (1765-1831) et Shikitei Samba (1775-1822). Ce dernier est notamment l'auteur de Ukiyo-buro (« Aux bains publics «) et de Ukiyo-doko (« Chez le barbier «), deux recueils de dialogues à bâtons rompus entre les personnages les plus divers, dans lesquels l'effet comique, qui n'est jamais recherché de façon délibérée, est irrésistible. Juste avant la restauration de Meiji (1868), l'effervescence intellectuelle permet l'émergence d'une nouvelle littérature érudite, proche de l'essai, où s'illustrent des hommes tels Motoori Norinaga (1730-1801) ou Fukuzawa Yukichi (1835-1901). 6 LA LITTÉRATURE MODERNE La littérature du Japon moderne, longtemps méconnue en Occident car peu traduite, est d'une grande diversité. Depuis la restauration de Meiji et l'ouverture du Japon au monde occidental, elle a su profiter de toutes les influences étrangères tout en conservant originalité et vitalité. 6.1 La littérature de la fin du XIXe siècle En 1885, l'essai Shosetsu Shinzui (« l'Essence du roman «) annonce dans sa préface l'avènement de la « littérature moderne «. Son auteur, Tsubouchi Shoyo (1859-1935), y mène une réflexion théorique sur l'écriture -- la première du genre --, une réflexion libre et originale qui, s'appuyant aussi bien sur la tradition littéraire autochtone que sur celle des XVIIe et XVIIIe siècles européens, tente de définir ce que peut être, ce que doit être, une littérature authentiquement japonaise. D'emblée il privilégie la « peinture du réel « plutôt que la fiction, une peinture centrée sur l'homme, ses sentiments et son intériorité, qui préfigure l'écriture de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Au même moment, les érudits japonais se tournent vers les littératures française, allemande, russe. Des hommes tels que Futabatei Shimei (1864-1909) ou Mori Ogai (1862-1922) en tirent d'admirables traductions pour lesquelles ils sont amenés à inventer un langage neuf, bouleversant la syntaxe, la morphologie, les règles de la langue classique, et créant une écriture résolument différente. La littérature de cette fin de siècle apparaît donc comme une littérature de transition, s'ouvrant largement aux influences nouvelles, mais s'appuyant néanmoins sur des écrivains de formation classique, dont l'écriture est encore souvent marquée par les traditions et les genres des époques précédentes. En effet, tandis que se mettent en place de nouvelles formes romanesques, telles que celles, libres et novatrices, du précurseur Kitamura Tokoku (1868-1894) ou surtout de Futabatei Shimei, le premier à s'essayer à une création originale en japonais moderne avec son roman Ukigumo (« Nuages flottants «, 1887-1889), certains artistes comme Ozaki Koyo (1867-1903), Kunikida Doppo (1871-1908), Koda Rohan (1867-1947) ou Higuchi Ichiyo (1872-1896) poursuivent avec bonheur une écriture inspirée des soshi du siècle passé, des écrits bouddhiques ou de la poésie classique. C'est de cette rencontre brutale entre tradition et modernité que naissent les plus grands chefs-d'oeuvre des dernières années du XIXe siècle -- parmi lesquels Nigori-e (« la Baie trouble «, 1895), recueil de nouvelles de Higuchi Ichiyo --, qui se distinguent par leur fraîcheur et la vivacité de leur écriture ; ou encore Goju no to (« la Pagode aux cinq étages «, 1891-1892) de Koda Rohan (1867-1947). 6.2 Le courant « naturaliste « et ses influences Au début du XXe siècle, certains auteurs s'inspirent des écrits d'Émile Zola -- qu'ils connaissent mal le plus souvent -- pour créer un courant appelé zoraisumu (« zolaïsme «) puis « naturalisme «. Son projet est de placer l'homme, l'homme ordinaire, en tant qu'individualité, au centre de la création littéraire afin d'en donner une description réaliste, authentique, crue au besoin, intransigeante sur ses défauts, ses faiblesses : les mots d'ordre du naturalisme japonais sont ainsi sincérité et transparence. Les premiers écrivains qui illustrent ce nouveau courant sont notamment Shimazaki Toson (1872-1943), avec son roman Hakai (« la Rupture de l'interdit «, 1906), décrivant la vie d'un jeune instituteur eta (paria) qui décide de confesser ses origines, ainsi que Tayama Katai (1872-1930), avec la parution l'année suivante de Futon (« le Lit «, 1907). Ces deux romans font scandale tout autant qu'ils posent les bases d'un mouvement naturaliste japonais qui prône une écriture personnelle et intimiste, fortement autobiographique. En quelques années, le naturalisme touche tous les genres artistiques, et au premier chef la poésie et le théâtre. Il suscite aussi de vives réactions, permettant un renouvellement en profondeur des formes d'écriture. En poésie, Ishikawa Takuboku (1886-1912) et Masaoka Shiki (1867-1902) donnent le ton, ouvrant la voie à une création libre et richement diversifiée. Des auteurs tels que Futabatei Shimei avec Heibon (« Quelconque «, 1907), et surtout Mori Ogai avec ses nombreuses oeuvres, dont Vita sexualis (Wita sekusuarizu, 1909), Seinen (« le Jeune homme «, 1910-1911) ou les Oies sauvages (Gan, 19111915), s'expriment contre le naturalisme tel qu'il est compris au Japon et renouent pour l'occasion avec l'écriture romanesque. Natsume Soseki (1867-1916) quant à lui, érudit spécialiste de littérature anglaise, refuse de se laisser enfermer dans une tendance quelle qu'elle soit. De son oeuvre, on retient tout particulièrement Je suis un chat (Wagahai ha neko de aru, 1905-1906), le Pauvre Coeur des hommes (Kokoro, 1914) ou encore Clair-Obscur (Meian, 1916). 6.3 Les années d'avant-guerre La génération suivante, héritière du mouvement naturaliste comme des diverses oppositions qu'il a suscitées, ne s'y reconnaît pas. Influencée par des courants littéraires et artistiques venus d'Occident (symbolisme, surréalisme, expressionnisme), elle se soucie davantage d'un idéal souvent tragique de beauté et de fantastique que de réalisme. Akutagawa Ryunosuke (1892-1927), l'écrivain le plus représentatif de cette époque, auteur de nouvelles fantastiques comme Rashomon (Rashomon, 1915), mais aussi Nagai Kafu (1879-1959), Shiga Naoya (1883-1971)ou Tanizaki Junichiro (1886-1965), pour ne citer qu'eux, jettent sur la vie, sur leur vie, un regard douloureux. Leur écriture de ces années troublées est inquiète, marquée par le désespoir, l'échec et la solitude ; elle témoigne en même temps d'une nouvelle indépendance artistique, caractérisée par une grande diversité, une exigence esthétique et le privilège accordé à l'imagination. Dans les années 1930, une littérature prolétarienne prend son essor, dont les élans sont toutefois rapidement réprimés. Des écrivains tels Hayama Yoshiki (1894-1945), Tokunaga Sunao (1899-1958) ou Kobayashi Takiji (1903-1933) par exemple, tentent de faire de leur écriture une arme politique en décrivant avec une grande force d'évocation l'enfer des machines. La militarisation du Japon, la montée du nationalisme et de la violence, l'approche de la Seconde Guerre mondiale provoquent une crise qui aboutit à un certain étouffement de la littérature. Des écrivains comme Ibuse Masuji (1898-1993) ou Ishikawa Jun (1899-1987) décident de faire entendre leur voix, tandis que d'autres se réfugient dans le silence. Nagai Kafu abandonne l'écriture romanesque à partir de 1937, ne se consacrant dès lors plus qu'à son journal, tandis que Shimazaki Toson n'écrit plus que des chroniques historiques. D'autres artistes au contraire -- Tanizaki Junichiro et Kawabata Yasunari (1899-1972), par exemple -- poursuivent leur oeuvre romanesque, prenant soin cependant de mener leur existence le plus loin possible des troubles qui secouent le pays. D'emblée, Kawabata révèle son style sobre, construit et dépouillé, qui donne un relief particulier aux nouvelles qu'il publie alors -- certaines sont rassemblées dans le recueil les Servantes d'auberge (1926-1931). Tanizaki pour sa part se distingue avec des chef-d'oeuvres tels que le Goût des orties (Tade kuhu mushi, 1928-1929) ou l'Éloge de l'ombre (In eiraisan, 1934), remarquables par leur style romantique aux accents originaux et troublants. 6.4 Les années d'après-guerre L'écrivain le plus représentatif des années de l'immédiat après-guerre est probablement Dazai Osamu (1909-1948). Sa vie tragique et ses écrits d'une violence poignante se font l'écho d'un Japon en ruine et d'une jeunesse dont l'angoisse existentielle est presque palpable. La littérature des années 1945-1960 se renouvelle profondément. Kawabata Yasunari, déjà remarqué avant-guerre et dont l'oeuvre monumentale sera couronnée en 1968 par le prix Nobel de littérature, abandonne la nouvelle pour publier des romans très longuement travaillés, tels que Pays de neige (Yukiguni, 1935-1948), Nuée d'oiseaux blancs (Sembazuru, 1949-1952) ou le Grondement de la montagne (Yama no oto, 1949-1954). Quant à Tanizaki Junichiro, il se révèle lui aussi comme l'un des plus grands écrivains du XXe siècle avec des romans comme Quatre Soeurs (Sasameyuki, 1943-1948), la Confession impudique (Kagi, 1956) et le Journal d'un vieux fou (Futen rojin nikki, 1961-1962). Dans un tout autre registre, Mishima Yukio (1925-1970) figure également parmi les écrivains marquants de cette période de transition. Très apprécié des Occidentaux, il est l'auteur de romans et essais à caractère autobiographique, ainsi que d'un grand nombre de nouvelles et de pièces de théâtre : Cinq Nôs modernes (Kindai nogakushu, 1956), Confession d'un masque (Kamen no kokuhaku, 1949), le Pavillon d'Or (Kinkakuji, 1956), le Marin rejeté par la mer (Gogo no eiko, 1963) ainsi que sa tétralogie la Mer de la fertilité (Hojo no umi, 1965-1970). Mishima excelle à traiter les sujets les plus modernes dans une forme classique, et se plaît à exalter les valeurs nobles du Japon de l'époque des samouraïs. 6.5 Les années 1970 Le suicide de Mishima, le 25 novembre 1970, et celui de Kawabata, le 16 avril 1972, marquent une nette rupture dans l'histoire de la littérature japonaise. La détresse et le désespoir poussent les écrivains à abandonner la peinture de la réalité pour s'engouffrer dans un univers aux prises avec la folie. Cette nouvelle tendance est notamment illustrée par Oe Kenzaburo (né en 1935), très tôt remarqué pour ses écrits engagés, qui dépeignent avec force l'absurdité et la brutalité du monde moderne et témoignent de l'horreur de la guerre. Dans la même veine, on peut citer Abe Kobo (1924-1993), auteur entre autres du recueil de nouvelles les Murs (Kabe, 1951) et du roman la Femme des sables (Suna no onna, 1962) qui lui vaut une consécration internationale. Le thème du deuil et du devoir de mémoire traverse à cette époque l'oeuvre de la plupart des écrivains. L'autobiographie comme témoignage touche tous les domaines artistiques : s'y illustrent des écrivains comme Ooka Shohei, Nakamura Shinichiro, Noma Hiroshi, Haniya Yutaka, Shimao Toshio, Nosaka Akiyuki, Sata Ineko, etc. Si le passé national continue de fasciner et inspire encore bon nombre d'écrivains, la tendance de la littérature japonaise est, malgré tout, à l'ouverture sur le reste du monde : l'écriture « investit l'étranger « ; on assiste simultanément à une évolution des problématiques qui semblent se recentrer sur des préoccupations plus individuelles (plus égoïstes ?). Le précurseur en est peut-être Inoue Yasushi (1907-1991), auteur d'ouvrages en prose d'une grande puissance poétique, qui décrivent notre monde avec une précision souvent cruelle. Parmi ses oeuvres les plus significatives, on peut citer Combat de taureaux (Togyu, 1947) et le Fusil de chasse (Ryoju, 1949). Nakagami Kenji (1946-1992), fait aujourd'hui partie des auteurs contemporains les plus lus. Dans une langue puissante, révoltée, parfois violente, il laisse éclater sa colère contre le monde moderne, contre ses contemporains, contre lui-même, publiant de gigantesques et magnifiques romans dont le Cap (Misaki, 1976), Mille Ans de plaisir (Sennen yuraku, 1982) ou encore Sur les ailes du soleil (Nichirin no tsubasa, 1984). 7 LA FIN DU XXE SIÈCLE ET LE DÉBUT DU XXIE SIÈCLE La fin du XXe siècle voit apparaitre une nouvelle génération d'écrivains qui n'a connu ni la guerre ni le traumatisme de la bombe atomique. Les thèmes de prédilection de cette nouvelle génération explorent la contestation, le désenchantement, les remises en question, la recherche d'identité. Deux auteurs majeurs émergent dans les années 1980 : Murakami Haruki et Murakami Ryû. Murakami Haruki (né en 1949) se fait connaître dès son premier livre, Écoute la voix du vent (1979), et ne cesse depuis de rencontrer le succès à chaque nouvelle parution. Au fil de ses ouvrages, il affirme son refus du conformisme imposé par la société japonaise, conformisme qu'il combat en faisant évoluer ses personnages dans un monde où le fantastique vient insidieusement déranger la « normalité « apparente. Murakami Ryû quant à lui explore le côté obscur de la société japonaise -- son premier livre, Bleu presque transparent (1976), dépeint les tribulations d'un groupe d'adolescents portés sur les drogues et le sexe --, et la violence qu'elle exerce sur ceux qui en sont exclus, notamment dans les Bébés de la consigne automatique (1980). La génération « postmoderne « se féminise, avec Banana Yoshimoto (Kitchen, 1988), Matsuura Rieko (Pénis d'orteil), ou encore Yoko Ogawa (la Grossesse, 1991 ; la Formule préférée du professeur, 2003) ; Tsuji Hitonari, Shimada Masahiko, ou Hirano Keiichirô sont également parmi les auteurs marquants de la nouvelle génération. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Les hommes et femmes de cour prennent également l’habitude de noter leurs expériences et leurs impressions quotidiennes.

De ces nikki, récits de voyage ou journaux intimes, le chef-d’œuvre le plus représentatif est sans doute le Journal de Tosa (Tosa nikki), écrit en 935 par Ki no Tsurayuki.

Il y raconte, dans un style sobre et élégant, le long voyage entrepris depuis la province de Tosa, où il est gouverneur, jusqu’à la capitale.

Cependant le journal personnel est surtout illustré par les courtisanes de la cour impériale, avec des œuvres telles que le Journal d’une libellule (Kagero nikki, v.

975), le Journal de Murasaki Shikibu (Murasaki Shikibu nikki, v.

1010), le Journal d’Izumi Shikibu (Izumi Shikibu nikki, milieu du XIe siècle), ou encore le Journal de Sarashina (Sarashina nikki, v.

1060). C’est dans ce contexte déjà particulièrement riche pour les formes du récit que Murasaki Shikibu (v.

978-v.

1015) écrit le Dit du Genji (Genji monogatari, début du XIe siècle), considéré comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature romanesque de tous les temps.

Roman-fleuve qui occupe près de deux mille pages dans ses éditions modernes, d’une incroyable complexité et d’une saisissante diversité, le Dit du Genji est un phénomène unique.

Les personnages féminins, notamment, débordent de réalisme et d’authenticité, et forment une remarquable galerie de portraits.

À l’arrière-plan des intrigues des gens de la cour, c’est toute la société japonaise du Xe siècle que nous découvrons, avec ses plaisirs futiles, ses jeux subtils, sa tranquille et charmante oisiveté.

Souvent pastiché, mais jamais égalé, le Dit du Genji dominera pendant plusieurs siècles une littérature romanesque qui ne trouvera son second souffle qu’au XVII e siècle. Plus près encore de la vie telle qu’on la vit, telle qu’on la ressent, telle qu’on la commente, on trouve à la fin du Xe siècle les premiers zuihitsu (« notes au fil du pinceau »).

Les Notes de chevet (Makura no soshi, fin du Xe siècle) de dame Sei Shonagon (v.

966-v.

1000) rassemblent ainsi en trois cents courts paragraphes d’étonnantes listes poétiques, de délicieux petits poèmes en prose et de savoureux récits d’anecdotes quotidiennes mettant en scène les différents personnages de son entourage. 4 LA LITTÉRATURE DU JAPON GUERRIER (DU XII E AU XVI E SIÈCLE) En marge de la cour, dans l’est du Japon, se développe dès la période de Kamakura (1185-1333) une classe guerrière farouche et conquérante.

Lorsque ces seigneurs accèdent au pouvoir à la fin du XIIe siècle, inaugurant une période de guerres féodales incessantes qui ne prendra fin qu’avec l’avènement du shogunat des Tokugawa ( voir période d’Edo) en 1603, ils investissent d’emblée tous les domaines de la culture, et notamment ceux de l’écriture. 4. 1 Un nouveau goût pour l’histoire Le bouddhisme inspire depuis le Xe siècle des compilations de setsuwa (contes et légendes) qui, quoique encore fortement imprégnées d’éléments religieux, commencent à traiter des sujets plus anecdotiques.

Les Histoires qui sont maintenant du passé (Konjaku monogatari, début du XIIe siècle), héritières des setsuwa dans leur forme, composent une anthologie d’historiettes rassemblant les biographies de personnages célèbres ainsi que de nombreux récits épiques ou édifiants.

D’autres recueils tels que le Kojidan (« Propos sur les faits anciens », 1215) et le Kokon chomon-shu (« Recueil de choses entendues », XIIIe siècle) sont également rassemblés, tandis que l’intérêt des compilateurs se déplace lentement depuis l’anecdote vers la chronique du passé. De cet état d’esprit naît un nouveau goût pour l’histoire — authentique comme légendaire — et donc pour le genre du récit historique, à mi-chemin entre l’annale, précise et érudite, et l’épopée fabuleuse.

Le Eiga monogatari (« Dit de la magnificience », fin du XIe siècle) et le O Kagami (« Grand miroir », début du XIIe siècle), qui racontent la vie de la cour à l’époque de Fujiwara no Michinaga (966-1028), ainsi que le Taiheiki (« Chronique de la grande paix », fin du XIVe siècle), qui retrace les luttes de la fin de la période Kamakura et du début de la période de Muromachi, constituent les exemples les plus caractéristiques de cette forme littéraire, entre chronique et roman historique. Lorsque la civilisation des guerriers, dont la préférence va plutôt aux récits de bataille qu’aux jeux poétiques, prend le pas sur celle des nobles de cour, naît une littérature véritablement épique, dont le chef-d’œuvre est sans doute le Dit des Heike (Heike monogatari, v.

1220), œuvre anonyme qui retrace l’interminable lutte qui a opposé, au XIIe siècle, le clan des Taira à celui des Minamoto.

Récité aux carrefours ou dans les châteaux par des moines aveugles s’accompagnant au biwa (sorte de luth), le Dit des Heike est vraisemblablement une œuvre fondée sur un récit écrit mais destinée à être lue (comme tous les « dits » ou monogatari ), maintes fois remaniée et réécrite au fil des récitations publiques. C’est de cette forme de récit à haute voix que va naître au début du XVe siècle, à l’époque du shogun et mécène Ashikaga Yoshimitsu (1358-1408), le théâtre nô, première forme authentiquement dramatique inaugurant le théâtre classique japonais, et dont plus de la moitié des pièces (et les meilleures) sont dues à Zeami (1363-1443) et à son père Kan.ami (1333-1384). 4. 2 L’écriture poétique Au cœur de la capitale, le plus loin possible des fureurs de la guerre, les nobles de cour continuent cependant leurs jeux poétiques.

Dans cette atmosphère de convention minée par la conscience aiguë de l’impermanence et de la vanité de toutes choses, leurs meilleurs poèmes, dus à des artistes tels que Fujiwara no Sadaie (1162-1241) ou l’empereur Go-Toba tenno (1180-1239), en viennent à exprimer souffrance, solitude ou tristesse.

De nouvelles anthologies sont compilées, parmi lesquelles le Shinkokinwakashu (« Nouveau Recueil de poèmes d’hier et d’aujourd’hui », v.

1205). Néanmoins, l’art poétique se fige et ne se renouvellera qu’au XVII e siècle, avec Basho (1644-1694). 4. 3 La littérature de l’essai Dans le genre de l’essai, cette même atmosphère, alliée à la solitude de rudes ermitages, produit les Notes de ma cabane de moine (Hojo-ki, 1212), recueil de courtes réflexions philosophiques écrites dans un style limpide par Kamo no Chomei (1155-1216), ainsi que les Heures oisives (Tsurezure-gusa, v.

1333) de Kenko Hoshi (v.

1283-v.

1350), deux cent quarante paragraphes brillants et rythmés qui font le portrait de leur auteur, honnête homme libre, fin, sceptique et mesuré, dans un monde soumis à la violence. 5 LA LITTÉRATURE DE L’ÉPOQUE D’EDO (1603-1868) 5. 1 Le « siècle d’or d’Osaka » ( Genroku, 1650-1750) Avec le retour de la paix en 1603 sous la domination du clan Tokugawa, le pays voit s’épanouir une nouvelle classe bourgeoise et s’entrouvre aux influences extérieures : la Chine des Ming et l’Occident.

De la conjonction de ces deux facteurs naît une. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles