Devoir de Philosophie

négligé ou maltraité injustement ?

Publié le 22/10/2012

Extrait du document

négligé ou maltraité injustement ? il ne peut se passer du secours de son père, car il est incapable de se défendre ni de se secourir lui-même. Phèdre, 274e-275e 3. DISCOURS MNÉMONIQUE ET DISCOURS DIALECTIQUE [SOCRATE-PHÈDRE] — S. Tournons-nous du côté d'un autre discours, frère consanguin du précédent, pour voir comment il prend naissance et à quel point sa belle venue l'emporte en qualité et en vigueur. — P. Quel est-il et comment se développe-t-il selon toi. — S. C'est celui qu'accompagne la science et qui s'écrit dans l'âme de celui qui s'instruit ; celui qui est capable de se défendre tout seul et qui sait devant qui il faut parler et se taire. — P. Tu veux dire le discours de celui qui sait, discours vivant et animé, dont on serait en droit de dire que le discours écrit est le simulacre ? — S. C'est cela même. Mais dis-moi : si un paysan avisé avait des graines qui lui soient précieuses et dont il souhaiterait qu'elles portent fruit, crois-tu qu'il serait sérieux de sa part d'aller les semer en plein été dans les jardins d'Adonis pour le plaisir de les voir fleurir dans les huit jours ? S'il le faisait ne serait-ce pas pour s'amuser à l'occasion d'une fête ? Quant à celles dont il s'occuperait sérieusement, après les avoir semées en terrain convenable selon les règles de l'art agricole, ne se contenterait-il pas de les voir venir à terme en huit mois ? — P. Ainsi ferait-il, Socrate. — S. Celui qui possède la science du juste, du beau et du bien, se peut-il que nous lui accordions moins de bon sens que le paysan n'en montre avec ses graines ? — P. Non certes. — S. Ce n'est donc pas sérieusement qu'il « écrira sur l'eau «, l'eau noire de l'encre servant à la plume à semer des discours incapables de parler pour se défendre, incapables d'enseigner suffisamment le vrai. — P. C'est improbable. — S. En effet ! des jardinets en caractères d'écriture, c'est, selon toute apparence pour se divertir qu'il les ensemencera en écrivant. S'il lui arrive d'écrire, mettant en réserve des mémoires, tant à son propre usage, au cas où il parvienne à la vieillesse oublieuse, qu'à celui de quiconque marche sur ses traces, il prendra son plaisir à voir pousser ses délicates cultures ; tandis que d'autres s'adonneront à d'autres divertissements, banquets et réconforts du même genre, lui, au lieu de cela, selon toute apparence, c'est aux jeux que nous avons dit qu'il passera son temps. — P. Jeu merveilleux comparé à la vulgarité de l'autre, Socrate, que celui de l'homme capable de se divertir à des discours, faisant de la justice et des autres valeurs que tu as citées l'objet de ses inventions ! — S. C'est un fait, mon cher Phèdre, mais l'ardeur qu'on y met prend beaucoup plus de prix, si en s'emparant d'une âme qui s'y prête et en usant de l'art dialectique, on y plante et sème des discours que le savoir accompagne, discours capables de secourir aussi bien eux-mêmes que ceux qui les ont plantés, et qui loin d'êtres stériles sont porteurs d'une semence qui en fera naître d'autres en d'autres natures, capables d'en assurer l'immortelle perpétuation et procurant à qui la possède le plus haut bonheur dont un homme soit capable. Phèdre, 276a-277a 4. PENSÉE ET DISCOURS [SOCRATE-THÉÉTÉTE] — S. Appelles-tu : penser, la même chose que moi ? — T. Qu'appelles-tu ainsi ? — S. Un discours que l'âme se tient à elle-même et qu'elle entretient avec elle-même sur les choses qu'il lui arrive d'examiner. A vrai dire ce n'est pas en savant que je t'expose cela, car c'est l'image que je me représente d'une âme qui pense : elle ne fait rien d'autre que de dialoguer avec elle-même, se faisant les demandes et les réponses, affirmant et niant. Quand, après avoir mis plus ou moins de lenteur et de rapidité dans son mouvement, elle a défini son arrêt, supprimé la dualité de son propos pour dire désormais la même chose, c'est là ce que nous désignons comme étant son opinion. De sorte que, pour ma part, j'assimile opiner à discourir et opinion à énonciation, non pas à haute voix et à autrui, mais en silence à soi-même. Théététe 189e-190a [L'ÉTRANGER-THÉÉTÉTE] — É. Ainsi penser et discourir, c'est tout un, à ceci près que ce que nous avons désigné du nom de pensée, c'est le dialogue intérieur et silencieux de l'âme avec elle-même ? — T. Absolument. — É. On appelle discours le courant qui part de l'âme et passe par la bouche qui l'articule. — T. C'est juste. — É. Et nous savons qu'il y a de plus dans le discours... — T. Quoi ? — É. Affirmation et négation. — T. Nous le savons. — É. Ainsi quand cela se produit en silence dans l'âme sous forme de pensée, as-tu pour le désigner un autre terme que celui d'opinion ? — T. Comment en aurais-je un autre ? Sophiste 263e-264a [SOCRATE-PROTARQUE] — S. Avoir une opinion et entreprendre de nous en faire une, n'est-ce pas à partir de la mémoire et de la sensation que cela nous advient à chaque fois ? — P. Bien sûr. — S. N'est-il pas nécessaire que nous concevions cela de la façon que voici ? — P. Laquelle ?

« LE DISCOURS PHILOSOPHIQUE 25 plume à semer des discours incapables de parler pour se défendre, incapables d'enseigner suffisamment le vrai.

-P.

C'est improbable.- S.

En effet! des jar­ dinets en caractères d'écriture, c'est, selon toute appa­ rence pour se divertir qu'il les ensemencera en écri­ vant.

S'il lui arrive d'écrire, mettant en réserve des mémoires, tant à son propre usage, au cas où il par­ vienne à la vieillesse oublieuse, qu'à celui de qui­ conque marche sur ses traces, il prendra son plaisir à voir pousser ses délicates cultures; tandis que d'autres s'adonneront à d'autres divertissements, banquets et réconforts du même genre, lui, au lieu de cela, selon toute apparence, c'est aux jeux que nous avons dit qu'il passera son temps.

- P.

Jeu merveilleux com­ paré à la vulgarité de l'autre, Socrate, que celui de 1 'homme capable de se divertir à des discours, faisant de la justice et des autres valeurs que tu as citées l'objet de ses inventions!- S.

C'est un fait, mon cher Phèdre, mais l'ardeur qu'on y met prend beaucoup plus de prix, si en s'emparant d'une âme qui s'y prête et en usant de l'art dialectique, on y plante et sème des discours que le savoir accompagne, discours capa­ bles de secourir aussi bien eux-mêmes que ceux qui les ont plantés, et qui loin d'êtres stériles sont porteurs d'une semence qui en fera naître d'autres en d'autres natures, capables d'en assurer l'immortelle perpétua­ tion et procurant à qui la possède le plus haut bon­ heur dont un homme soit capable.

Phèdre, 276a-277a 4.

PENSÉE ET DISCOURS [SOCRATE- THÉÉTÈTE] -S.

Appelles-tu: penser, la même chose que moi? - T.

Qu'appelles-tu ainsi? - S.

Un discours que l'âme se tient à elle-même et qu'elle entretient avec. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles