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Pièces d'identité

Publié le 12/04/2013

Extrait du document

Ce roman parut en 1966, en pleine dictature franquiste, ce qui donne une autre signification au titre du roman, à côté de la tentative de reconstitution du « moi « : il marque aussi l' importance des pièces d' identité dans un État policier où il faut toujours justifier ses faits et gestes. Le titre s' applique également au pays lui-même qui, dénaturé par le régime autoritaire et par le touri sme, est en quête de sa propre identité.

« Goyti so lo fut lui-m êm e arr êté par la Guardia Civil à Ye ste pour avoir parlé avec le « rouge » du village.

Il fut calomnié d 'autre part dans la pre sse pour un film docum ent air e s ur Almerfa qu 'on lui attribua .

« -Il est toujours à Cuba, dit Dolorès, je ne sa is pas quand il reviendra.

- Il t'écrit ? -De temps en temp s.

Tu le connais.

Parfois, il reste des mois entiers sans donner signe de vie.» ITS ~~~~~~~~ ...;;;;=;;;..;;;..;;;;..;;;;.;;;;;;;.;;;;...;;;._ La révolte contre le clan familial La révolte acc umulée jour après jour co ntre le destin qui te fut généreusement offert par suite d'une maladroite éjaculation cherchait alors son explication et ses racines dans le détestable arbre généalogique.

Il n 'était pas possible , te disais-tu, qu 'un sentiment aussi vif et intense, une anomalie si profonde et irrévocable , pût sortir du néant et croître en­ tière me nt dans l'air co mme une orchidée aéricole.

Peut-être quelque membre ano­ nyme de ta lignée ava it-il expériment4 tout ce la avant toi, tel' avait-il transmis intact au prix de noires années de compromis et d e dissimulation.

Ce qui en toi mûrissait et donnait des fruits, un autre l'avait senti ger­ mer en soi, terrorisé, co mme un cancer qui se développe et qui se fortifie au milieu de la cécité et de l 'ig norance des autres .

Une force répressive à l'œuvre dans l'Espagne franquiste Pendant trois ans un vent de folie avait souf­ flé sur « la peau du taureau » -c'est ainsi que certains appellent la plaine désert e et chauve, votre sa­ crée marâtre de Péninsule -co m­ plétant l' œuvre des­ tru ctri ce commen­ cée, siècle après siècle, ave c obsti­ nation et patien ce, par tes illustres ancêtres.

Possédés d'instincts obscurs et inavouables, in­ cubes et succubes à la fois de leurs appétits et de leurs songes détestés , ils avaient pro­ cédé avec ordre et minutie à l'émonda ge cruel et inexorable d 'eux- mêmes , à l' expul­ sion et à l'extermination de leurs démons intérieurs, sans s'arrêter devant un motif ou ~ un e cons idéra tion qu elco nque , ruinant to ur à tour, en offrande à l'impossibl e exorcisme, l e co mmer ce, l'industrie , la scie n ce, les arts .

Ecrasé, balayé, co njur é mille fois, le fan­ tôme renaissait toujours avec des étiquettes a léatoires , et, ave c lui, le tena ce désir de le s upprimer , de descendre un échelon de plus sur l'échelle de la barbari e, h eu reux, les tiens, d'affirmer à la face du monde leur conce ption sinistre de la patri e co mm e un rocher dur, résistant , co ntr e lequel, inutilement, se bris e et meurt la houl e de toutes les histoires.

Alvaro retrouve une identité dans le dialogue amoureux - Deux années de paix et d 'oubli .

Il n'y a que deux ans que je suis né .

- Le te mps n'existe pas .

-- C'est toi mon pass é.

Mes pièces d'identité sont fauss es.

--Tu m' aimes ? --Je ne co nnais pas encore t o n cor ps.

Je ne suis pas arrivé jusqu 'au fond.

--Pou rquoi as-tu bu hier ? -C ' est quelque chose de plus fort que moi .

Autrefois , je pou vais ac­ cepter l'idé e que tu pui sses regar der un autre homm e.

Maintenant , ça m 'es t impos­ s ibl e.

--Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? --Je ne voulais pas me mêl er d e tes affaires.

Tu es libre .

--Je ne suis pas libre et toi non plu s.

Traduit de lespagnol par Maurice-Edgar Coindreau.

Gallimard , 1991 « - L'Europe est perdue , mon enfant.

L'Occident est entré dan s sa période de décadence biologique, et aucune intervention médicale ne peut la sauver.

» NOTES DE L'E DITEUR «Et l'obstination d' Alvaro Mendiola à fouiller en une rêverie faussement incoh érente son enfance, son passé familial et son expérience de !'e xil n'e st pa s gratuite : elle éclaire le drame d'une génération entière de jeune s E spagnols , privés de responsabilité s réelles et de di gnité humaine , condamnés à collaborer avec un régime d'ordre ave ugle et brutal , ou à le combattre sans espoir ou encore à s'ex patrier, trois solutions égaleme nt dérisoires, inefficaces et désespérantes.

» Christian Meerts, Tec hniqu e et vision dans Sefzas de identidad de Juan Goytisolo, in Analecta Romanica, Heft 31, Francfort , 1972.

Né en 1931 dans une famille profondément marquée par la Guerre civile, Juan Goytisolo a vu ses œuvres interdites sous la dictature franquiste .

Il a d 'ailleurs dû quitter l'Espagne en 1957, trouvant refuge à Paris, avant d'enseigner dans diverses universités américaines.

Il est considéré comme l'un des rénovateur s du roman espagnol.

Parmi ses autres œuvres, citons Deuil au paradis (1955), qui lui apporta la célébrité, et Le Ressac (1958).

« L 'arc hitecture de tous les chapitres d épend donc fondamentalement de cette alternance, équivalent romanesque du procédé cinématographique du " gros-plan " ( = deuxième personne) et du "panoramique " (troisième personne) obéissant à un double mouvement de rapprochement ou d'éloignement , d 'intériorisation et d'extériorisation , sur le double registre du temps et de l'e space.

» Christian Meerts, op.

cit.

1 Ulf And ersen/Ga mma 2, 3 pein tures de José Carr ete ro.

« Mu es Lra de Arte Jo ven ».

1986, Mini stère de la Culture .

Madrid 4 pei nlur e de Chili Ayuso.

ibidem GOYTISOLO 02. »

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